Thrombose portale Définition : Formation d`un caillot fibrino

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Thrombose portale
Définition :
Formation d’un caillot fibrino cruorique dans la veine porte
Interet de la question :
- Affection fréquente au cours de la cirrhose ou d’affections néoplasiques locales
demandant une recherche étiologique locale (néoplasie hépatique) et générale
(Thrombophilie, Sd myélodysplasique) lourdes de conséquences pronostiques et
thérapeutiques (anticoagulants)
- Rechercher un hépatocarcinome sur une cirrhose.
- tournant évolutif grave dans la cirrhose
- Ne pas s’arrêter à une seule cause, souvent multifactorielle
- Définir les modalités d’un traitement anticoagulant sachant que la complication la
plus grave est l’hémorragie digestive
Physiopathomogie :
- La veine porte représente 2 tiers des apports sanguins hépatiques, le tiers restant
est assuré par la veine hépatique
- Obstruction de la veine porte avec création d’une hypertension portale en amont (
risque d’hémorragie digestive) et baisse du flux portal en aval.
- Les voies de dérivation du sang mésentérique sont nombreuses. Le tableau initial
peut alors être silencieux
Adaptation de l’organisme :
- Par la suite, en 2 – 3 semaines, il se créer un réseau de collatérales (cavernome)
contournant l’obstacle rétablissant partiellement la circulation portale.
- Il existe par ailleurs une augmentation du flux sanguin dans l’artère hépatique en
compensation de la baisse du flux portal. Il n’y a donc pas d’ischémie hépatique
chronique.
CDD :
Dans la plupart des cas, la constitution d’une thrombose portale est
asymptomatique, découverte alors fortuitement au stade initial ou au stade de
cavernome
Lorsqu’elle est découverte en aigu il peut s’agir:
- Douleurs abdominales, présence fréquente de fièvre et d’un Sd inflammatoire en
l’absence de toute infection systémique
- Lorsqu’il existe une cirrhose, il peut s’agir du même tableau associé à une
décompensation ascitique
- Plus rarement, il peut exister des douleurs par ischémie intestinale congestive
voire un infarctus mésentérique, une septicémie à bactéroide dans le cadre d’une
pyléphlébite.
Lors d’une découverte plus tardive, le tableau peut être :
- Devant des signes d’hypertension portale (hypersplénisme, varices
oesophagiennes avec un risque de rupture, splénomégalie)
- Plus rarement devant une sténose digestive séquellaire d’une ischémie
intestinale méconnue, un ictère par compression des voies biliaires par le cavernome
Histoire naturelle de la maladie :
Une reperméabilisation est possible avec un traitement anti coagulant, dans 70%
des cas.
Le pronostic d’un cavernome portal est bon. Les principales complications sont les
hémorragies digestives, les thromboses dans d’autres territoires.
Le pronostic est surtout lié à la pathologie en cause
Dc positif :
Facilement fait par les techniques d’imagerie actuelle. Le doppler va confirmer
l’absence de flux portal cependant il faut soulever la difficulté dans certains cas
d’affirmer au doppler la thrombose.
L’imagerie sera obtenue par échographie, scanner, IRM.
Un thrombus spontanément dense en TDM date de quelques jours. Le cavernome
se constitue dès le premier jour et peut être entièrement constitué en 2 à 3 semaines
Arguments indirects : troubles de la perfusion hépatique
Cavernome portal
Visualisation du thombus dans le tronc porte
Visualisation de la thrombose dans une branche de division portale
Tronc porte élargi car thrombose en aval et signal doppler nul
Cavernome portal avec artériolisation de la vascularisation du foie en périphérique
puis , au temps veineux, vascularisation centrale et visualisation du cavernome
Diagnostic étiologique :
La cause est identifiée dans la majorité des cas.
Garder à l’idée de rechercher une cause tumorale.
- Rechercher à l’interrogatoire des ATCD familiaux ou personnels de thromboses,
de fausses couches, les facteurs hépatotoxiques, les ATCD néoplasiques
- L’imagerie qui a fait le diagnostic apporte des arguments sur les causes locales et
sur l’existence d’une cirrhose.
- La biologie ciblée recherchera une éventuelle thrombophilie. Nous y reviendrons
Les étiologies :
La cause est retrouvée dans la majorité des cas :
- La cirrhose hépatique :
Cette cause est très fréquente et le plus souvent évidente car découverte au cours
du suivi de celle-ci.
Explication : la diminution du flux portal entraînant une stase sanguine propice à la
formation de thrombose.
La fréquence est d’autant plus importante que la cirrhose est évoluée.
Dans certains cas alors qu’il n’y a pas notion de cirrhose, il faut savoir la
rechercher d’autant qu’elle n’est pas toujours évidente : Le cavernome peut entrainer
une baisse du TP et du facteur V (consommation des facteurs de la coagulation), des
signes d’HTP et une dysmorphie hépatique. Il peut se poser la question de la
réalisation d’une PBH à ce moment pour affirmer le Dc de cirrhose ce qui peut poser
problème du fait des troubles de la coagulation voire de l’ascite qui justifierait de la
faire par voie transjugulaire avec tous les risques qu’elle représente.
Tournant évolutif de la maladie car augmente fortement l’hypertension portale avec
risque de constitution d’une ascite réfractaire et de VO.
Recherche approfondie d’un CHC qui n’est pas toujours facile (AFP normale, petit
CHC). Nécessité de mettre un traitement anti coagulant avec les risques
hémorragiques et les risques de surdosage chez un patient pas toujours compliant.
- Causes tumorales par CHC, cholangiocarcinome, métastase hépatique. Se poser
la question d’une biopsie locale de la thrombose pour affirmer son caractère tumoral
ce qui est de moins en moins fréquent grâce à ue imagerie de plus en plus
performante.
- Les compressions extrinsèques ne donnent des thromboses que quand il s’y
associe une inflammation : ADP tuberculeuse, pseudo kyste pancréatique infecté
- Causes infectieuse dans les pylephlébites septiques notamment chez les patients
au septis graves, patients de réanimation liée à une infection intra abdominale telle
qu’une appendicite ou une sigmoïdite avec quasiment toujours un bactéroide.
- Affection thrombogène : Elle est présente dans 70% des cas en l’absence de
cirrhose ou de tumeur locale.
Parmi les facteurs de risque héréditaires :
- Déficit en protéine S et mutation du facteur II (prothrombine): 25%
- Déficit en antithrombine III, déficit en protéine C et mutation du facteur V Leden :
5 à 10%
- Une combinaison de 2 ou plusieurs facteurs prothrombotiques se voit dans 14%
des cas.
Doser les facteurs avant la mise sous anti coagulants
Parmi les facteurs de risque acquis :
- Sd myéloprolifératif (25 à 30%) avec des formes frustres sans anomalie dans le
sang (colonies érythroblastiques spontannées lors de cultures de précurseurs
médullaires sur milieu pauvre en érythropoïétine),
- Sd des anti phospholipides (10 à 15%) : Episodes récidivants de thrombose
veineuse ou artérielle, de fausse couche spontanée, plus rarement une
thrombopénie et la présence d’anticoagulants de type antiprothombinase ou d’Ac anti
cardiolipine. Peut être associé à certaines maladies de système dont le lupus, PR,
Horton, Sjögren…,
- Colite inflammatoire : En particulier au cours des poussées inflammatoire ce qui
implique de prévenir la thrombose par HBPM à doses préventives lors des poussées
avec fort syndrome inflammatoire. Ce qui pose problème lorsqu’il est nécessaire de
décoaguler un patient en pleine poussée
D’autres facteurs ne sont que favorisants : prise de contraceptifs oraux, grossesse,
splénectomie, chirurgie abdominale
Traitement :
Il comprend le traitement de la cause générale ou locale et l’administration d’anti
coagulants
Au stade de thrombose récente, le traitement anticoagulant est justifié avec un
taux de reperméabilisation partielle ou totale de 70% environ.
Dans de rares cas il faut avoir recours à la thrombolyse régionale par cathéter avec
risque hémorragique dans 30% des cas
Des reperméabilisations retardées jusqu’à 6 mois ont été rapportées
L’étendue de la thrombose est un facteur prédictif négatif de la reperméabilisation.
La reperméabilisation n’est jamais observée spontanément
En cas d’ischémie intestinale sévère ne cédant pas rapidement après la mises
sous anticoagulants, il faut se poser la question d’une laparotomie à la recherche de
lésions de nécrose irréversible de l’intestin grêle nécessitant une résection.
L’anticoagulation est débutée avec une HBPM avec un relais par anti vitamine K
avec une objectif d’INR entre 2 et 3.
Un traitement anticoagulant de 3 mois au moins est recommandé. Au-delà de 3
mois, aucune recommandation n’est faite. Se poser la question de la poursuite de
l’anticoagulation si la reperméabilisation n’est pas complète, si extension de la
thrombose à la veine mésentérique supérieure, si ATCD familiaux de thrombose
idiopatique, si douleur abdominale inexpliquée compatble avec une ischémie
mésentérique.
La décision de poursuivre un ttt à vie est raisonnable lorsque sont réunis 3 des
facteurs suivants : Pas de facteur favorisant transitoire, existence d’une
thrombophilie ou ATCD de thrombose idiopatique, pas de facteur de risque
hémorragique.
Au stade de thrombose ancienne, il faut utiliser tous les moyens de prévention
primaire ou secondaire d’hémorragie digestive à savoir les béta bloquants et les
ligatures élastiques de varices oesophagiennes selon les mêmes principes que pour
la cirrhose.
La prescription des anti coagulants diminue le risque d’extension de la thrombose
et la survenue de thromboses dans d’autres territoires sans augmenter la fréquence
ni la sévérité des hémorragies digestives. La question se pose en particulier lors de
l’existence d’une thrombophilie.
En l’absence de facteur de risque identifié, le traitement anticoagulant est envisagé
dans les mêmes cas que dans la situation de prolongation de l’anticoagulation de la
thrombose aigue au-delà de 3 mois
Les ATCD de varice digestive due à l’HTP ou d’hémorragie digestive ne sont pas
une CI au ttt anti coagulant dès lors qu’une prise en charge spécifique de prévention
d’hémorragie est réalisée.
Cependant, la situation pose problème lorsqu’il est nécessaire de décoaguler un
patient avec des varices oesophagiennes, un patient présentant une gastrite
d’hypertension portale pour laquelle le traitement béta bloquant n’est pas très
efficace pour améliorer cette muqueuse fragile potentiellement hémorragique et qui
ne peut pas bénéficier de ligature, traitement plus radical que les Béta bloquants
Concernant la thrombose portale au cours de la cirrhose, aucune recommandation
internationale n’a encore été élaborée, cependant, l’attitude doit s’inspirer des
recommandations précédentes et se discuter au cas par cas.
Penser au conseil génétique en cas de thrombophilie
Conclusion :
Pas encore assez de recul pour déterminer les patients nécessitant une
anticoagulation.
Indications de la thrombolyse qui reste encore peu utilisée
Encore des progrès à faire dans la compréhension de certains états de
thrombophilie non encore expliqués.
Traitement spécifique de certains états de thrombophilie pour éviter un ttt
anticoagulant à vie d’autant plus chez un sujet jeune
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