Que change la TEP dans la prise en charge chirurgicale des cancers broncho-pulmonaires ?
586 Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2004 - vol.28 - n°11
Avant de répondre à cette interroga-
tion, il paraît utile de rappeler les cri-
tères habituels de décision chirurgi-
cale, de présenter les situations "sim-
ples", admises par tous, et dégager fi-
nalement les situations problémati-
ques, où, compte tenu de l’accès en-
core difficile de la technique, ses in-
dications trouvent une place de
choix.
LES CRITÈRES DÉCISIONNELS
[1, 2, 3]
1. C’est d’abord l’opérabilitél’opérabilité
l’opérabilitél’opérabilité
l’opérabilité qu’il faut
évaluer : elle se juge avant tout sur
des critères cliniques qui doivent
noter attentivement l’état général et
fonctionnel (respiratoire et cardiaque
en particulier). Cette observation sim-
ple, mais soigneuse (désignée parfois
ironiquement sous le terme "d’œil du
maquignon") est complétée par des
examens paracliniques qui devraient
permettre de quantifier cet aspect
fonctionnel : ils tentent du moins de
mesurer les réserves cardio-respira-
toires en fonction de l’étendue pré-
sumée de la résection pulmonaire.
2. C’est ensuite à la résécabilitéla résécabilité
la résécabilitéla résécabilité
la résécabilité qu’il
faut s’intéresser : elle se définit en
fonction du siège de la tumeur, de son
étendue et de ses rapports de voisi-
nage. Les possibilités techniques de
résection sont donc définies en fonc-
tion des renseignements de l’image-
rie (tomodensitométrie (TDM) et ima-
gerie par résonance magnétique
(IRM) et de l’examen fibroscopique.
3) Les aspects oncologiquesaspects oncologiques
aspects oncologiquesaspects oncologiques
aspects oncologiques sont cer-
tainement les plus complexes, et de
difficulté variable .
· Le diagnostic anatomo-pathologique
est généralement connu avant l’inter-
vention (mais un nombre non négli-
geable de nodules pulmonaires sans
diagnostic troublent parfois la discus-
sion pré-chirurgicale).
· L’extension métastatique est une
notion fondamentale puisque sa dé-
monstration annule en principe le
projet chirurgical. Ce bilan d’exten-
sion guidé par la clinique se fait par
imagerie. Le rôle de la TEP peut être
de préciser une anomalie radiologi-
que et par sa négativité, autoriser la
chirurgie : en effet, un nodule pulmo-
naire d’accompagnement peut être
bénin et une grosse surrénale
hyperplasique.
· L’état des ganglions du médiastin [4]
est la question la plus difficile à ré-
soudre. L’exploration classique fait
appel à la TDM et à l’exploration chi-
rurgicale, désignée sous le terme
générique de médiastinoscopie. En
pratique, la découverte d’une exten-
sion médiastinale grève lourdement
le pronostic de la maladie, même si
l’exérèse chirurgicale de ganglions
homolatéraux reste possible. Quant
à l’extension controlatérale (N3) non
accessible à une exérèse, elle doit
être considérée comme une contre-
indication chirurgicale formelle.
L’examen tomodensitométrique reste
prépondérant et indispensable (TDM
APC) puisqu’il possède un haut pour-
centage de sensibilité et de spécifi-
cité (détermination du N clinique
(cN)). Mais, c’est sans doute un
truisme de le dire, un gros ganglion
peut être une hyperplasie, des cellu-
les néoplasiques peuvent exister
dans un petit ganglion et un petit can-
cer peut s’accompagner de métasta-
ses ganglionnaires : ainsi, seule la
biopsie peut affirmer un envahisse-
ment.
La médiastinoscopie [5, 6, 7] permet
une exploration du médiastin et une
biopsie ganglionnaire (détermination
du N pathologique (pN)), mais ne
donne pas de certitude absolue sur
l’état médiastinal car certaines chaî-
nes sont peu ou pas accessibles (Fi-Fi-
Fi-Fi-
Fi-
gure 1gure 1
gure 1gure 1
gure 1). D’une manière générale, la
médiastinoscopie n’est pas un exa-
men anodin, nécessitant une anesthé-
sie générale, comportant un risque
faible mais pas nul (mortalité 1%) et
n’ayant de valeur que réalisée par un
chirurgien entraîné. Plus précisé-
ment elle se différencie en médiasti-
noscopie axiale cervicale (devenue
vidéo médiastinoscopie plus ou
moins étendue (Figure 2Figure 2
Figure 2Figure 2
Figure 2), vidéo
médiastinoscopie antérieure
parasternale et vidéo médiastino-
scopie postérieure qui fait partie en
pratique de la vidéo thoracoscopie
(FF
FF
Figurigur
igurigur
igure 3e 3
e 3e 3
e 3). Ainsi, même si en théorie
il est possible d’atteindre toutes les
loges, le prix à payer est variable et
justifie que le recours à ces techni-
ques soit discuté. Depuis longtemps,
des controverses ont été entretenues
pour savoir si cette exploration de-
vait être systématique. Nous nous ran-
geons aux côtés de ceux qui en limi-
tent les indications et la réservent aux
trois situations suivantes :
- diagnostic à porter ou à préciser :
élimination d’un carcinome à petites
cellules,
- recherche d’un pN2 contre-indi-
quant l’exérèse chirurgicale ou sug-
gérant le recours à une thérapeutique
néo-adjuvante : ganglion en rupture
capsulaire ou atteinte de plusieurs
chaînes ganglionnaires,
- enfin suspicion de N3, interdisant
l’exérèse.
Tout ce bilan décisionnel, indispen-
sable, va orienter soit vers une chi-
rurgie à faible risque et à bon résultat
lointain, soit vers une chirurgie à ris-
que élevée et/ou résultat incertain
faisant discuter le principe même de
cette intervention.
LES SITUATIONS CHIRURGICALES
SIMPLES
!Certaines sont clairement en de-
hors de la chirurgie : tout le monde
est d’accord pour refuser l’opération
en cas d’insuffisance cardio-respira-
toire grave et irréductible, d’envahis-
sement massif du médiastin (artère
pulmonaire à son origine, syndrome
cave supérieur, envahissement
oesophagien ou myocardique), de
carcinose pleurale prouvée, de mé-
tastases multiples. Il est inutile dans
de telles situations de multiplier les
examens, car la contre-indication est
évidente.
D’autres sont a priori de bonnes in-
dications chirurgicales : CBNPC de
stade faible survenant sur un terrain
floride, la chirurgie est alors propo-
sée d’emblée, sans aller plus loin dans
les bilans. Cependant, malgré l’impres-
sion globalement favorable et le
staging initial bas, la fréquence des
évolutions métastatiques post-opéra-