perfection, la complexité croissante des êtres étant une preuve de l’existence de
Dieu, créateur des lois universelles, qui privilégie l’harmonie. L’Échelle des êtres ne
contient donc aucun postulat transformiste ou généalogique.
- La théologie naturelle
Dès 1691, dans Wisdom of God (La sagesses de Dieu), J. RAY établit déjà les
bases d’une théologie naturelle. Il pense que l’évidence de Dieu vient plus de
l’observation de la nature que de la divine révélation : la complexité du monde ne
peut être, en effet, que le produit d’une main et d’une intelligence supérieures et non
celui d’un simple hasard.
Au XVIIIe siècle, « siècle des Lumières », s'est produit l'essor de toutes les
disciplines scientifiques : mathématique, physique, chimie et sciences naturelles.
Après observation du vivant, les naturalistes ont été frappés des adaptations, parfois
stupéfiantes, des organismes à leur milieu. Un évêque anglais, William PALEY (1743-
1805), a utilisé cet aspect adaptatif et spectaculaire du monde organique pour
apporter « la preuve du christianisme ». Dans son ouvrage de 1802, Natural
Theology, or Evidence of the Existence and Attributes of the Deity collected from the
Appearances of Nature (« Les Évidences du christianisme »), il démontre l’existence
de Dieu par la perfection des lois naturelles et des adaptations biologiques. Où
W. PALEY voit une preuve de l’existence de Dieu, DARWIN verra l’effet de la sélection
naturelle. W. PALEY a influencé plusieurs générations, comme le souligne DARWIN dans
son Autobiographie : « Pour passer l'examen de bachelier, il était également nécessaire de
posséder les Évidences du christianisme de Paley, et sa Philosophie morale...La logique de ce
livre, et je puis ajouter, de sa Théologie naturelle, me procura autant de plaisir qu'Euclide...
Je ne me préoccupais pas à cette époque des prémisses de Paley ; m'y fiant d'emblée, j'étais
charmé et convaincu par la longue chaîne de son argumentation. » (Autobiographie, Paris,
Belin, 1992, p. 44-45). Dans sa Théologie naturelle, W. PALEY prend d'abord l'exemple
d'une montre, dont toutes les pièces sont ajustées à une fin précise, la mesure du
temps, pour conclure que l'existence de la montre implique obligatoirement celle de
son auteur. Puis il prend l'exemple de l'œil humain, dont la comparaison avec un
télescope lui permet de valoriser l'étonnante adaptation de l'oeil à sa fonction ; il en
conclut que l'existence de l'œil implique celle de Dieu. Si l'on peut s'émerveiller des
adaptations de certains organismes à leur milieu (voir la section 3 2 2 : « Le
mimétisme »), on peut le faire également pour des organes aussi complexes que le
cœur et l'oreille interne... Comme on ne saurait concevoir que de tels organes soient
apparus spontanément, il est plus logique et plus simple d'admettre une création
divine. Personne ne nie l'existence d'un ingénieur à l'origine d'un objet aussi élaboré