A. LAMARCK ET LE LAMARCKISME Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck (17441829) propose, à partir de 1800, une théorie qui repose sur quatre idées fondamentales. . 1. Dans le monde vivant, il existe une gradation conduisant insensiblement des êtres les plus simples aux plus compliqués. Cette idée avait déjà été émise par Leibniz (1646-1716) pour qui "tous les êtres vivants ne forment qu'une seule chaîne, dans laquelle les différentes classes se tiennent si étroitement les unes aux autres qu'il est impossible aux sens et à l'imagination de fixer précisément le point où quelqu'une commence ou finit". Une telle gradation traduit, pour Lamarck, une tendance spontanée des êtres vivants a devenir de plus en plus complexes. 2. Cette tendance naturelle est infléchie par les «circonstances», c'est-à-dire en grande partie par les exigences du milieu. Chez un animal, un besoin nouveau peut faire apparaître un organe nouveau ; on traduit parfois cette idée par l'expression: «la fonction crée l'organe ». D'autre part, l'usage d'un organe entraîne son développement alors que le non-usage entraîne son atrophie. Les organes subissent donc une adaptation au milieu. 3. Les modifications acquises sont conservées par les descendants. Si les exigences du milieu se maintiennent au fil des générations, les modifications sont amplifiées par un processus cumulatif. Cette conception est héritée des idées de Maupertuis et d'Érasme Darwin (le grand père de Charles Darwin), entre autres. L'évolution de la Girafe vue par Lamarck. « Cet animal... vit dans des lieux où la terre, presque toujours aride et sans herbage, l'oblige de brouter le feuillage des arbres ... Il est résulté de cette attitude soutenue depuis longtemps, dans tous les individus, que ses jambes de devant sont devenues plus longues que celles' de derrière, et que son col s'est tellement allongé que la girafe, sans se dresser sur les jambes de derrière, élève sa tête et atteint six mètres de hauteur. » Texte d'après J.Génermont. B. DARWIN ET LE DARWINISME Trente ans après la mort de Lamarck, en 1859, Charles Darwin, (1809-1882) publie "L'Origine des espèces", ouvrage dans lequel il affirme ses convictions transformistes et propose une théorie explicative à partir de trois données fondamentales : 1. Les êtres vivants se reproduisent avec une abondance excessive. Si, dans une espèce donnée, tous les individus engendrés arrivaient à maturité et se reproduisaient à leur tour, ils manqueraient rapidement de nourriture et d'espace vital. Cette première donnée est directement inspirée des idées de l'économiste anglais *Malthus (1766-1834). 2. Malgré la prolificité des individus, on n'observe pas de surpopulation. Le maintien de l'équilibre est dû à la destruction massive des individus en excès. Seul un petit nombre parvient à survivre et à procréer. 3. La destruction des individus en surnombre ne se fait pas au hasard. Dans chaque espèce existent des variations d'un individu à l'autre. Il s'agit de différences minimes mais susceptibles de donner certains avantages (ou certains désavantages) à ceux qui les portent. Les individus présentant les variations les plus avantageuses sont favorisés dans leur lutte pour leur survie. Ils le sont non seulement dans la compétition qui les oppose à leurs congénères mais encore dans celle qu'ils livrent à des individus d'espèces différentes. Dans ce combat pour leur survie, seuls les plus aptes parviennent à procréer. Il existe donc une tendance à « retenir les meilleurs» que Darwin désigna sous l'expression de sélection naturelle. L'évolution de la Girafe vue par Darwin: •".. Pour la Girafe naissante dans la nature, les individus les plus élevés, et capables ainsi de brouter "un pouce ou deux plus haut que les autres, ont souvent pu être conservés en temps de famine car ils ont dû parcourir tout le pays à la recherche de nourriture ... Les individus de même espèce diffèrent souvent par les longueurs relatives de leurs diverses parties. Ces différences proportionnellement fort légères, dues aux lois de la croissance et de la variation, n'ont ni importance ni la moindre utilité chez la plupart des espèces. Mais en considérant les habitudes probables de la Girafe naissante, les choses ont dû se passer autrement, en ce que les individus ayant une ou plusieurs parties plus allongées qu'à l'ordinaire ont dû en général seuls survivre. Leur croisement a produit des descendants soit héritant des mêmes particularités corporelles, soit d'une tendance à varier de la même manière; tandis que les individus moins favorisés ... auront été plus exposés à périr." Texte d'après J.Génermont, Les Mécanismes de l'évolution, Dunod.