Supplément au MCED n°83 – Cas Cliniques Diabète n°9 – Août 2016 Supplément au MCED n°83 – Cas Cliniques Diabète n°9 – Août 2016
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Diabète
CAS CLINIQUE
ditaire secondaire à un décit en glucose-
6-phosphate, caractérisée par des hypog-
lycémies à jeun, un retard de croissance
et une hépatomégalie par accumulation de
glycogène et de graisse dans le foie [1].
Dans le cadre du diabète, cette glycogé-
nose hépatique a été initialement décrite
par Mauriac [2], chez des enfants, devant
l’association d’une hépatomégalie avec
une augmentation des enzymes hépa-
tiques, un retard de croissance, un retard
pubertaire et un aspect cushingoïde. Cette
entité est devenue rare depuis la mise à
disposition des analogues de l’insuline et
la généralisation de schémas d’insulino-
thérapie permettant d’obtenir un meilleur
équilibre du diabète chez l’enfant.
A l’âge adulte, la glycogénose hépatique se
caractérise par des douleurs abdominales,
une anorexie, des nausées et des perturba-
tions du bilan hépatique dans un contexte
de déséquilibre glycémique majeur. Dans
le tableau classique, les transaminases
sont très élevées, les ASAT pouvant at-
teindre 4 000 UI/l et les ALAT 1 900 UI/l
[3, 4]. Comme dans le cas de notre pa-
tient, une hyperlactatémie peut s’ajouter à
ce tableau [5]. L’échographie abdominale
trouve une hépatomégalie et un aspect de
surcharge [3].
Le diagnostic de glycogénose hépatique
est un diagnostic d’élimination. Avant de
porter le diagnostic, il est donc nécessaire
d’éliminer les causes virales (hépatites
A,B,C et E, CMV et EBV), métaboliques
(maladie de Wilson et décit en alpha 1
anti-trypsine), obstructives, de surcharge
en fer ou auto-immunes [6].
Mais les examens d’imagerie ne per-
mettent pas de différencier une glyco-
génose hépatique d’une stéatose hépa-
tique non alcoolique [7]. Le seul examen
permettant d’affirmer formellement le
diagnostic est la biopsie hépatique avec
un aspect de surcharge glycogénique vi-
sible à la coloration PAS (periodic acid-
schiff ) [6,8]. Néanmoins certains auteurs
recommandent de ne pas la réaliser si le
bilan hépatique se normalise avec le bon
contrôle glycémique [6].
L’évolution est le plus souvent favorable
grâce à l’équilibre glycémique, l’atteinte
hépatique disparaissant en 2 à 4 semaines
[9]. Cependant, les doses d’insuline jour-
nalières nécessaires à l’obtention de l’équi-
libre glycémique sont souvent plus impor-
tantes que chez les sujets diabétiques de
type 1 sans glycogénose hépatique (1,33
U/kg contre 0,6 à 1,1 UI/kg) [10].
Deux cas de transplantations pancréa-
tiques permettant une guérison de la gly-
cogénose hépatique ont été décrits [11].
La physiopathologie est la suivante : en
cas d’hyperglycémie majeure, le glucose
entre passivement dans les hépatocytes via
GLUT 2 (transporteur du glucose indé-
pendant de l’insuline) et est rapidement
transformé en glucose-6P par la glucoki-
nase [12] ; l’administration importante
d’insuline entraîne la transformation du
glucose-6P en glycogène par la glyco-
gène-synthase [3] (Figure 4). Ce phéno-
mène est amplié en cas d’acidocétoses
fréquentes, comme chez notre patient : la
séquence niveaux élevés d’hyperglycémie
et fortes doses d’insuline intraveineux se
répète [13].
Les auteurs de cet article n’ont aucun lien
d’intérêt actuel ou passé avec l’industrie
pharmaceutique dans le domaine de la
diabétologie ou tout autre domaine qui
soit susceptible d’inuencer l’écriture
de ce cas clinique, et son orientation dia-
gnostique ou thérapeutique.
Anne-Cécile Paepegaey, Aurore Mensah,
Philippe Chanson
RéféRences
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Diagnosis and management of glycogen storage
disease type I: a practice guideline of the American
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10. Morrison EY & McKenzie K. The Mauriac syn-
drome. West Indian Med J 1989; 38:180-82.
Figure 4. Formation du glycogène dans l’hépatocyte à partir de l’entrée de glucose passive-
ment dans la cellule via GLUT 2.
Hépatocyte
Glucose
Glucose
Glucose-6-phosphate
Glycogène
Glycogène synthase
Glucokinase
GLUT 2 (indépendant de l’insuline)