1.2 Le module des champs de vecteurs sur une vari´et´e compacte 5
mˆeme germe s’il existe1U⊂U1∩U2contenant ptel que f1|U=f2|U. Les germes de fonctions lisses
au point pforment une R-alg`ebre qu’on note AX,p.
On a alors le petit (( miracle alg´ebrique )) suivant : l’alg`ebre AX,p est naturellement isomorphe
au localis´e (AX)Spo`u Spest la partie multiplicative des fonctions non nulles au point p. En effet,
si (U, f) d´efinit le germe gconsid´erons une fonction h∈AXqui est ´egale `a 1 sur un ouvert Wtel
que p∈W⊂Uet qui est nulle en dehors de U. Alors chacun des trois couples (U, f), (W, f|W) et
(X, fh) d´efinit le germe g, et fh peut ˆetre vu comme un ´el´ement de (AX)Sp. Il reste `a voir que la
correspondance g↔fh ´etablit bien un isomorphisme de l’alg`ebre AX,p sur l’alg`ebre (AX)Sp, ce qui
n’offre pas de difficult´e.
Bref nous venons d’alg´ebriser la notion de germe de fonction lisse ! Sauf que le mono¨ıde Spest
d´efini `a partir de la vari´et´e X, pas seulement `a partir de l’alg`ebre AX.
Mais si Xest compacte, les mono¨ıdes Spsont exactement les compl´ementaires des id´eaux maximaux
de AX. En effet, d’une part, que Xsoit ou non compacte, l’ensemble des f∈AXnulles en pconstitue
toujours un id´eal maximal Mpde corps r´esiduel ´egal `a R. D’autre part, si Mest un id´eal maximal de
AXl’intersection des Z(f) = {x∈X|f(x)=0}pour les f∈Mest un compact non vide (notez que
Z(f)∩Z(g) = Z(f2+g2)). Comme l’id´eal est maximal, ce compact est n´ecessairement r´eduit `a un
point pet on a facilement M=Mp.
Rappelons maintenant la notion de fibr´e vectoriel au dessus de X. Un fibr´e vectoriel est donn´e par
une vari´et´e lisse Y, une application surjective lisse π:Y→X, et une structure d’espace vectoriel sur
chaque fibre π−1(p). En outre, localement, tout ceci doit ˆetre isomorphe `a la situation simple suivante,
dite triviale :
π1: (U×Rm)→U, (p, v)7→ p
Cela signifie que la structure d’espace vectoriel (de dimension finie) sur la fibre au dessus de pdoit
d´ependre convenablement de p.
Un exemple d´ecisif de fibr´e vectoriel est le fibr´e tangent, dont les ´el´ements sont les couples (p, v)
o`u p∈Xet vest un vecteur tangent au point p.
Lorsque la vari´et´e Xest une vari´et´e plong´ee dans un espace Rn, un vecteur tangent vau point p
peut ˆetre identifi´e `a la d´erivation au point pdans la direction de v.
Lorsque la vari´et´e Xn’est pas une vari´et´e plong´ee dans un espace Rn,un vecteur tangent vpeut
ˆetre d´efini comme une d´erivation au point p,c’est-`a-dire comme une forme R-lin´eaire v:AX→Rqui
v´erifie la r`egle de Leibniz
v(fg) = f(p)v(g) + g(p)v(f).
On v´erifie par quelques calculs routiniers et fastidieux que les vecteurs tangents `a Xforment bien
un fibr´e vectoriel TXau dessus de X.
`
A un fibr´e vectoriel π:Y→X, on associe le AX-module ΓYform´e par les sections lisses du fibr´e :
une section est une fonction σ:X→Yqui associe, `a chaque point pde Xun vecteur dans la fibre
π−1(p). On dit encore que σest un champ de vecteurs (du fibr´e Y).
Dans le cas du fibr´e tangent, ΓTXn’est rien d’autre que le AX-module des champs de vecteurs
lisses.
On constate alors le nouveau petit miracle alg´ebrique suivant : se donner un fibr´e vectoriel Y
´equivaut `a se donner le AX-module ΓY, et la contrainte `a imposer sur un AX-module Mpour qu’il
soit (isomorphe `a) un ΓYest d’ˆetre localement libre au sens suivant : pour tout point pde X,MSp
doit ˆetre un (AX)Sp-module libre (de dimension finie).
Cela est dˆu au fait que dans la situation triviale o`u X=U⊂Rn,et Y=U×Rmse donner
une section du fibr´e, c’est se donner un champ de vecteurs de Rm, c’est-`a-dire encore se donner les m
coordonn´ees de ces vecteurs, qui sont m´el´ements de AU, bref c’est se donner un ´el´ement de AUm.
1Nous utilisons le symbole ⊂pour l’inclusion au sens large.