Nutrition
Une autre alternative, dans une vision à plus long
terme, serait d’accentuer les consultations d’ajustement
nutritionnel et/ou les consultations qui s’apparente-
raient à un trouble de type addictif. Pour diminuer
la consommation de saveur sucrée, donnée par l’as-
partame ou une autre substance, il convient de revoir
tout l’équilibre nutritionnel en équilibrant la glycémie,
en évitant les à-coups qui favorisent les appels au
sucre, en prenant en compte la dimension “apaisante”
émotionnellement de la prise de saveur sucrée… La
grossesse est un moment clé où les modifications de
l’hygiène de vie, dont l’alimentation, sont facilitées.
Nous avons en France un système de santé perfor-
mant, un suivi, pendant la grossesse, fiable et porté
sur la prévention autant que sur le dépistage. Outre
les consultations prénatales, pourquoi ne pas utiliser
la consultation préconceptionnelle pour réajuster
l’alimentation des futures parturientes ?
CONCLUSION
Trop d’inconnues subsistent quant à l’innocuité de
l’aspartame pour pouvoir en conseiller la consomma-
tion à nos patientes pendant la grossesse. Entendons
la dépendance au sucre au même titre qu’une autre
dépendance et envisageons-la en prenant en consi-
dération la femme enceinte dans sa globalité pour
que nos conseils ne soient pas vains. ●
Dans un communiqué publié en juin 2012,
l’ANSES précise qu’aucun intérêt nutritionnel, propre
à la consommation d’édulcorants intenses pendant
la période de grossesse, n’a été démontré.
QUELLES ALTERNATIVES PEUT-ON PROPOSER
POUR LES PATIENTES DIABÉTIQUES ?
La consommation de sucre a explosé depuis sa dé-
couverte et sa démocratisation. Aujourd’hui la consom-
mation évaluée pour les occidentaux est comprise
entre 50 et 70 kg/an soit entre 136 et 190 g/jour !
L’aspartame offre aux diabétiques la possibilité
d’apprécier la saveur sucrée de nombreux produits.
Cependant, il entretient l’appétence au goût sucré,
certainement également l’addiction au goût sucré.
Bien sûr, nous pourrions remplacer l’aspartame
par un autre édulcorant, par exemple la stévia qui
vient d’être autorisée. Mais nous ne réglerions pas le
problème de la dépendance au goût sucré. De plus,
nous manquons encore d’études suffisamment fiables
concernant la consommation pendant la grossesse.
Nous n’avons pas de recul, non plus, sur l’utilisa-
tion industrielle d’un composé isolé de la stévia, le
rébaudioside A, alors que la plante était utilisée de
manière traditionnelle par les Indiens du Paraguay
sous forme de tisane.
1. M
ulton
J-L. Additifs et auxiliaires
de fabrication dans les industries
agroalimentaires. Sciences et
Techniques alimentaires. Tec § Doc,
Lavoisier. 1992, p 45-54-59-61-73-
316-318-330.
2. EndrEs W. Inherited metabolic di-
seases affecting the carrier. J Inherit
Metab Dis. 1997 Mar ; 20 (1) : 9-20.
Review. Source Université Hôpital
des Enfants, Innsbruck, Autriche.
3. Halldorsson T.I. et al., Intake of
artificially sweetened soft drinks
and risk of preterm delivery : a
prospective cohort study in 59334
Danish pregnant women. Am. J. Clin.
Nutr. 2010, 92 : 626-633.
4. Englund-ÖggE L, BrantsætEr AL,
Haugen M, sEngpiEl V, KHatiBi a,
M
yHrE
r, M
yKing
s, M
EltzEr
HM,
K
acEroVsKy
M, n
ilsEn
rM, J
acoBsson
B. Association between intake of
artificially sweetened and sugar-
sweetened beverages and preterm
delivery : a large prospective cohort
study. Am J Clin Nutr. 2012 Sep ; 96
(3) : 552-9. Epub 2012 Aug 1.
5. couloMBE ra Jr, sHarMa R P.
Neurobiochemical alterations induced
by the artificial sweetener aspartame
(NutraSweet). Toxicol Appl Pharmacol.
1986 Mar 30 ; 83 (1) : 79-85.
6. MaHEr tJ, WurtMan RJ. Possible
neurologic effects of aspartame, a
widely used food additive. Environ
Health Perspect. 1987 Nov ; 75 :
53-7. Review.
7. t
saKiris
s, g
iannoulia
-K
arantana
a,
siMintzi i, scHulpis KH. The effect of
aspartame metabolites on human
erythrocyte membrane acetylcho-
linesterase activity. Pharmacol Res.
2006 Jan ; 53 (1) : 1-5. Epub 2005
Aug 29. Source Département de
physiologie expérimentale, Faculté
de Médecine, Université d’Athènes,
Grèce.
8. HuMpHriEs p, E prEtorius, naudé H.
Direct and indirect cellular effects
of aspartame on the brain. Eur J
Clin Nutr. Avr. 2008, 62 (4) : 451-
62. Epub août 2007. Département
d’Anatomie, Université de Pretoria,
Pretoria, Gauteng, Afrique du Sud.
9. Walton rg, HudaK r, grEEn-WaitE RJ.
Adverse reactions to aspartame :
double-blind challenge in patients
from a vulnerable population. Biol
Psychiatry 1993 ; 34 (1-2) : 13-7.
10. s
offritti
M, B
Elpoggi
f, E
sposti
dd,
falcioni l, Bua L. Consequences of
exposure to carcinogens beginning
during developmental life. Basic Clin
Pharmacol Toxicol. 2008 Feb ; 102
(2) : 118-24. Review.
11. WHitEHousE cr, Boullata J, MccaulEy
LA. The potential toxicity of artificial
sweeteners. AAOHN J. 2008 Jun ; 56
(6) : 251-9 ; quiz 260-1. Review.
12. c
ollison
Ks, M
aKHoul
nJ, z
aidi
Mz,
a
l
-r
aBiaH
r, i
nglis
a, a
ndrEs
B, u
BungEn
r, sHouKri M, al-MoHanna fA. Effects
of neonatal exposure to monosodium
glutamate and aspartame on glucose
homeostasis. Nutr Metab (Lond).
2012 Jun 14 ; 9 (1) : 58.
13. l
Ean
M
icHaEl
E J, professor. Aspartame
and its effects on health ; The swee-
tener has been demonised unfairly
in sections of the press and several
websites. BMJ. 2004 October 2 ;
329 (7469) : 755 – 756. Catherine
R Hankey, lecturer, University
Department of Human Nutrition.
14. a
nton
sd, M
artin
cK, H
an
H, c
oulon
s, cEfalu Wt, gEisElMan p, WilliaMson
DA. Effects of stevia, aspartame, and
sucrose on food intake, satiety, and
postprandial glucose and insulin le-
vels. Appetite. 2010 Aug ; 55 (1) : 37-
43. Epub 2010 Mar 18. Pennington
Biomedical Research Center, Baton
Rouge, LA, United States.
15. soffritti M., BElpoggi f, MansErVigi M,
tiBaldi E, lauriola M, falcioni l, Bua
l. Aspartame administered in feed,
beginning prenatally through life
span, induces cancers of the liver
and lung in male Swiss mice, Am.
J. Ind. Med. 2010, 53, 1197-1206.
16. soffriti M, BElpoggi f, dEgli Esposti d,
laMBErtini l, tiBaldi E, rigano a. First
experimental demonstration of the
multipotential carcinogenic effects of
aspartame administered in the feed to
Sprague-Dawley rats. Environ Health
Perspect. 2006 ; 114 : 379 – 385.
17. soffritti M, BElpoggi f, tiBaldi E, dEgli
Esposti d, lauriola M. Life-span expo-
sure to low doses of aspartame be-
ginning during prenatal life increases
cancer effects in rats. Environ Health
Perspect. 2007 ; 115 : 1293 – 1297.
18. JacoB sE, stEcHscHultE S.
Formaldehyde, aspartame, and
migraines : a possible connection.
rmatitis. 2008 May-Jun ; 19 (3) :
E10-1. Department of Dermatology
and Cutaneous Surgery, University
of Miami, Miami, FL, USA.
BIBLIOGRAPHIE
JANVIER 2013 ⁛ N° 422 ⁛ Les Dossiers de l’Obstétrique 13