cela est beaucoup trop féminin pour le milieu du rugby. Il est donc important d’humaniser les
joueurs alors que les médias cherchent la forme et non le fond : le consommable.
Vous parlez de burnout, c'est un terme très fort, comment cela se manifestait ?
Les formations en psychologie et en philosophie m’ont permis de comprendre ce que
je cherchais à travers la quête d'alcool : la reconnaissance. Il a fallu tout déstructurer pour
que je puisse reconstruire. J’ai commencé une dépression le 30 juin 2008 avec l’envie de
tout envoyer voler. Je n'ai jamais eu d'idée noire mais on devient fou, on ne trouve pas de
réponse. J'avais peur de la normalité, j’évitais la vie sociale... Il faudrait un terme plus fort
que le burnout. J'ai vécu des moments très durs et ma responsabilité est de les accepter.
Est-ce que lors de votre parcours rugbystique vous faisiez déjà ce genre d'analyse sur
vos émotions, ou est-ce que c'est grâce à vos diverses formations (préparateur
mental, comédien, en philosophie et psychologie) ?
Tout cela a commencé par de la philosophie au coin d’un bar avec un journaliste de
l’Equipe. J'ai pris le temps de réfléchir sur l’ensemble de ma vie - 28 ans c’est peu et
énormément à la fois. Par exemple, je comprends mon ancien statut de joueur pro en lien
avec celui de Narcisse. Comme si j'avais dû mourir pour renaître plus humain. Au niveau de
mon amour pour le rugby, j’ai éprouvé différents sentiments - avant 2008 j'étais dans ma
période éros (le désir), je prenais tout - de 2008 à 2012 :
philia (l’amitié) grâce à une remise en question qui m’a
permis de me rendre compte que j'étais acteur de ma vie.
Et maintenant, je suis dans l’agapè (l’altruisme), je veux le
partager au théâtre avec les gamins... Je ne recherche pas
la perfection, j’ai simplement la volonté de partager !
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’écrire le livre « Quand j’étais Superman » ?
J’ai d’abord imaginé un scénario grâce à un livre de philosophie fin 2007, ça a été le
début de la prise de conscience. Au départ, le bouquin faisait 700 pages puis on s’est
contenté de le réduire à l’essence de chaque expérience. Après, libre à chacun de s’identifier
ou non à une partie du bouquin.
Après le rugby, la littérature. Et aujourd’hui vous revenez à la comédie, votre première
passion ?
Ma légitimité en tant que comédien m'a été
offerte par Nicolas Diégo lorsqu’il m'a dit que j'avais du
talent. Entre 2005 et 2008, je ne savais pas ce que je
renvoyais physiquement. Pour moi, j'étais un enfant dans
un corps d'adulte. Je me suis donc retrouvé dans une
équipe de jeunes avec pleins d'ondes positives, en étant
moins dans l'excès. C'est de la confiance en soi que l'on
gagne. En ce moment, je suis dans une période de transition où les deux mondes : rugby et
comédie se rencontrent. Je sais où est ma kryptonite (cf. matériau imaginaire qui affecte
Superman), je connais mes faiblesses... J'ai tout accepté ! Tout est là pour faire une belle
carrière.
Concrètement, vous êtes en train de créer un spectacle sur votre histoire ?
Tout à fait ! Je veux faire du théâtre avec l’idée d’une pièce où un homme vit à Paris
avec une femme qui le plaque parce qu’il est trop dans l’excès. Il quitte alors Paris pour se
reconstruire avant d’y revenir. Pour l’instant, je propose surtout d’intervenir dans les clubs de
rugby, les centres de formation, sous forme de one man show, même si je préfère dire « seul
en scène ». Je préviens les jeunes de ce qui peut arriver.
Actuellement, vous vous déplacez dans les clubs. Comment se passe votre
« Je suis dans une période de transition où les
deux mondes : rugby et comédie se rencontrent. »
« J’ai vécu des moments très durs et ma
responsabilité est de les accepter. »