Histoire du géranium Rosat - Association Historique du Pays de

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HISTOIRE DU « GERANIUM ROSAT POUR PARFUMERIE » DANS LE PAYS DE GRASSE
Louis Peyron, Grasse 3013
Le « Géranium rosat » est depuis la moitié du XIXème siècle une importante matière première de
qualité pour l’industrie de la parfumerie.
Développé dans le Pays de Grasse, il en disparait dans les dernières décennies du XXème siècle, pour
des raisons d’insuffisances climatiques et des raisons économiques de concurrence mondiale puis
s’est fortement développé à partir de zones plus favorables.
Nous étudions ici, son introduction et son implantation dans le Pays Grassois, ainsi que les tentatives
de classement botanique, puis sa culture, ses traitements industriels de fabrication de l’huile
essentielle. Enfin ses utilisations, pour conclure quant aux causes de son crépuscule grassois.
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SOMMAIRE
1- Le « Géranium Rosat » : histoire et botanique
Histoire de son introduction et de son implantation
Aspects botaniques des géraniums et du « géranium rosat »
-systématique
-morphologie
2- Culture du « géranium rosat » dans le Pays de Grasse
Le milieu naturel de développement
La culture
La récolte du feuillage
3- Traitements industriels du feuillage
Les Fabriques grassoises
La distillation à la vapeur d’eau : huile essentielle
-le traitement du feuillage
-l’huile essentielle
Extraction aux dissolvants volatils
-du géranium végétal
-des eaux de distillation du feuillage
4- Utilisations des huiles essentielles, des absolues, des eaux
En parfumerie, cosmétiques, savonnerie, bougies
Dans les fabrications du rhodinol, de l’huile déterpenée
5- Son crépuscule dans le Pays de Grasse
Causes liées au milieu naturel
Causes économiques et de marchés internationaux
6- Sources documentaires
Origines des illustrations
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1 – LE GERANIUM ROSAT : HISTOIRE ET BOTANIQUE
1.1 Histoire de son introduction et de son implantation
Le géranium rosat aurait été importé du Cap de Bonne Espérance vers 1690 par Bentinck,
et distillé initialement par Recluz en 1819 à Lyon.
Au milieu du XIXème siècle, la véritable rose du Levant (Rosa damascena Mill.) devenant
rare et le prix de son huile essentielle très élevé, contraignit les parfumeurs de l’époque
de rechercher de nouvelles sources d’essences à odeur de rose. D’où les essais de culture
de géranium rosat par Demerson et les premières plantations dans la région de Grasse
pour la production d’huile essentielle.
La culture s’accommodant mal des contraintes climatiques et économiques du Sud de la
France, très rapidement sous l’impulsion de sociétés grassoises, A. Chiris en particulier,
de nouvelles plantations furent veloppées en Afrique du Nord, et à la Réunion, l’île
Bourbon, en 1880 A. Chiris fonde à Boufarik, de très grandes plantations et une usine,
sous la direction de Gros et Monk.
A la Réunion, dès 1880 les cultures se développent et c’est en 1882 les premières
distillations par Arnoux.
Si l’origine des plants de géranium pour parfumerie n’est pas réellement connue, les
boutures ayant servi à réaliser les premières plantations sont issues de pieds mères
introduits d’Afrique du Sud, s’ils proviennent de sélections réalisées en France ou en
Angleterre par quelques jardiniers perspicaces, deux hypothèses que l’on trouve dans la
littérature ancienne. Mais l’accord semble exister pour dire que les plantations établies
dans le monde à la fin du XIXème siècle, ont toutes é à partir de boutures provenant
du Sud de la France, en notant toutefois qu’il existe plusieurs cultivars
phénotypiquement très proches mais suffisamment différents pour les distinguer
visuellement.
1.2 Aspects botaniques des géraniums et du géranium rosat
-Systématique
Pour E. Guenther, la taxonomie des plantes cultivées dans le monde pour la production
des huiles essentielles commerciales de géranium est l’objet de beaucoup de
controverses donnant lieu à une confusion considérable.
Voici un résumé historique de ces travaux de taxonomie :
-1633 Première mention de Géraniacée sud-africaine (Chelsea-Londres)
-1687 Jardin botanique de Leyde
-1724 Millet mentionne sept espèces de géranium bec de cigogne
-1768 48 espèces de ces géraniums particuliers
-Puis c’est l’introduction accélérée de Pélargoniums d’Afrique australe fournissant un
grand nombre d’hybrides naturels et artificiels, sélectionnés ou crées par des jardiniers
-1895 L’Index Kewensis mentionne plus de 1 400 noms de Pélargonium
-1912 On répertorie 230 espèces naturelles authentiques.
Différentes tentatives de classification furent faites.
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-1721 Dillenius
-1738 Burmann
-1753 Linné
-1759 Burmann
-1787 Cavanilles (128 Geraniacees)
-1778-1779 Ch. Louis l’Héritier de Brutelle sépare définitivement Géranium et
Pélargonium
-1824 Candolle
-1820-1830 ce sont divers volumes sur ce thème
-enfin les travaux des temps modernes
Dès 1922 ce sont des travaux d’amélioration variétale du géranium rosat par les services
agricoles A. Chiris.
Puis en 1924, l’apparition d’une plante aberrante à feuilles parfumées comme celle du
rosat, stérile, à partir de semis de graines de l’espèce Pélargonium graveolens mais qui
ne sera pas exploitée par les sélectionneurs.
En 1927, on obtient à partir d’espèces nouvellement introduites des espèces à graines
viables : le géranium rosat n’est pas complétement stérile.
En 1928 des croisements sont réalisés pour donner des variétés nouvelles.
En 1933, Ducellier émet l’hypothèse que le géranium rosat est un hybride F1 entre
plusieurs types de Pélargonium.
En 1935 on sait que le rosat n’est qu’un mâle stérile d’origine hybride.
En 1937 Shakavinskan conclut que le rosat est un hybride naturel entre espèces
botaniques distantes.
A la suite de travaux récents et de la révision du genre Pélargonium, on peut affirmer que
les divers cultivars de parfumerie ne sont ni des Pélargonium capt , radens, graveolens,
vitifolium, odoratissimum, ou d’une autre espèce sauvage naturelle mais des hybrides
interspécifiques entre Pélargonium capitatum et Pélargonium radens, et/ou Pélargonium
graveolens (radens et graveolens étant proches). Ils constituent des populations plus ou
moins proches selon les zones géographiques de cultures, pouvant expliquer les
différences observées entre leurs huiles essentielles.
Connaissant l’adaptation des végétaux à l’environnement, avec des modifications plus ou
moins sensibles on peut se demander si ce n’est pas le cas des Géraniums rosat et de
leurs huiles essentielles.
Voici la position systématique des espèces de la section Pélargonium (Demarne).
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1.3 Morphologie
Sous arbrisseau à part érigé, très
ramifiant formant une touffe arrondie
le plus souvent de 1m de diamètre au
moins. Souche ligneuse formant à
croissance libre, des tiges diffuses
assez fortes, étalées à leurs bases.
Feuilles alternés à la partie inférieure
de la tige, crépues, cordiformes à 5 et
7 lobes principaux, eux-mêmes
découpés. Douces au toucher et
couvertes de poils sécréteurs.
Fleurs disposées en ombelles capitulées,
sans essence. Pétales inférieures roses ou
purpurins, les deux supérieurs striés de
lignes rouge sanguin.
Les poils sécréteurs d’essence odorante :
Dans les cas des Pélargoniums odorants, les
cellules sécrétrices sont superficielles. La
membrane externe constituant la seule
barrière à la libération de l’essence est vite
rompue lors de l’hydrodistillation.
L’observation morphologique des feuilles et
des tiges révèle la présence de poils
protecteurs très dispersés et de tailles
variables, ainsi que de poils sécréteurs,
capités constitués d’une ou plusieurs
cellules sécrétrices soutenues par un axe.
Les poils de protection constitués que de
cellules mortes, remplies d’air, alors que les
sites sécréteurs sont de type superficiel, en
l’occurrence des poils glandulaires.
L’observation au niveau des feuilles en
microscopie à balayage électronique
indique une distribution équivalente entre
les deux types de poils.
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