HISTOIRE DU « GERANIUM ROSAT POUR PARFUMERIE » DANS LE PAYS DE GRASSE Louis Peyron, Grasse 3013 Le « Géranium rosat » est depuis la moitié du XIXème siècle une importante matière première de qualité pour l’industrie de la parfumerie. Développé dans le Pays de Grasse, il en disparait dans les dernières décennies du XXème siècle, pour des raisons d’insuffisances climatiques et des raisons économiques de concurrence mondiale puis s’est fortement développé à partir de zones plus favorables. Nous étudions ici, son introduction et son implantation dans le Pays Grassois, ainsi que les tentatives de classement botanique, puis sa culture, ses traitements industriels de fabrication de l’huile essentielle. Enfin ses utilisations, pour conclure quant aux causes de son crépuscule grassois. 1 SOMMAIRE 1- Le « Géranium Rosat » : histoire et botanique • Histoire de son introduction et de son implantation • Aspects botaniques des géraniums et du « géranium rosat » -systématique -morphologie 2- Culture du « géranium rosat » dans le Pays de Grasse • Le milieu naturel de développement • La culture • La récolte du feuillage 3- Traitements industriels du feuillage • Les Fabriques grassoises • La distillation à la vapeur d’eau : huile essentielle -le traitement du feuillage -l’huile essentielle • Extraction aux dissolvants volatils -du géranium végétal -des eaux de distillation du feuillage 4- Utilisations des huiles essentielles, des absolues, des eaux • En parfumerie, cosmétiques, savonnerie, bougies • Dans les fabrications du rhodinol, de l’huile déterpenée 5- Son crépuscule dans le Pays de Grasse • Causes liées au milieu naturel • Causes économiques et de marchés internationaux 6- Sources documentaires • Origines des illustrations 2 1 – LE GERANIUM ROSAT : HISTOIRE ET BOTANIQUE 1.1 Histoire de son introduction et de son implantation Le géranium rosat aurait été importé du Cap de Bonne Espérance vers 1690 par Bentinck, et distillé initialement par Recluz en 1819 à Lyon. Au milieu du XIXème siècle, la véritable rose du Levant (Rosa damascena Mill.) devenant rare et le prix de son huile essentielle très élevé, contraignit les parfumeurs de l’époque de rechercher de nouvelles sources d’essences à odeur de rose. D’où les essais de culture de géranium rosat par Demerson et les premières plantations dans la région de Grasse pour la production d’huile essentielle. La culture s’accommodant mal des contraintes climatiques et économiques du Sud de la France, très rapidement sous l’impulsion de sociétés grassoises, A. Chiris en particulier, de nouvelles plantations furent développées en Afrique du Nord, et à la Réunion, l’île Bourbon, en 1880 A. Chiris fonde à Boufarik, de très grandes plantations et une usine, sous la direction de Gros et Monk. A la Réunion, dès 1880 les cultures se développent et c’est en 1882 les premières distillations par Arnoux. Si l’origine des plants de géranium pour parfumerie n’est pas réellement connue, les boutures ayant servi à réaliser les premières plantations sont issues de pieds mères introduits d’Afrique du Sud, où s’ils proviennent de sélections réalisées en France ou en Angleterre par quelques jardiniers perspicaces, deux hypothèses que l’on trouve dans la littérature ancienne. Mais l’accord semble exister pour dire que les plantations établies dans le monde à la fin du XIXème siècle, ont toutes été à partir de boutures provenant du Sud de la France, en notant toutefois qu’il existe plusieurs cultivars phénotypiquement très proches mais suffisamment différents pour les distinguer visuellement. 1.2 Aspects botaniques des géraniums et du géranium rosat -Systématique Pour E. Guenther, la taxonomie des plantes cultivées dans le monde pour la production des huiles essentielles commerciales de géranium est l’objet de beaucoup de controverses donnant lieu à une confusion considérable. Voici un résumé historique de ces travaux de taxonomie : -1633 Première mention de Géraniacée sud-africaine (Chelsea-Londres) -1687 Jardin botanique de Leyde -1724 Millet mentionne sept espèces de géranium bec de cigogne -1768 48 espèces de ces géraniums particuliers -Puis c’est l’introduction accélérée de Pélargoniums d’Afrique australe fournissant un grand nombre d’hybrides naturels et artificiels, sélectionnés ou crées par des jardiniers -1895 L’Index Kewensis mentionne plus de 1 400 noms de Pélargonium -1912 On répertorie 230 espèces naturelles authentiques. Différentes tentatives de classification furent faites. 3 -1721 Dillenius -1738 Burmann -1753 Linné -1759 Burmann -1787 Cavanilles (128 Geraniacees) -1778-1779 Ch. Louis l’Héritier de Brutelle sépare définitivement Géranium et Pélargonium -1824 Candolle -1820-1830 ce sont divers volumes sur ce thème -enfin les travaux des temps modernes Dès 1922 ce sont des travaux d’amélioration variétale du géranium rosat par les services agricoles A. Chiris. Puis en 1924, l’apparition d’une plante aberrante à feuilles parfumées comme celle du rosat, stérile, à partir de semis de graines de l’espèce Pélargonium graveolens mais qui ne sera pas exploitée par les sélectionneurs. En 1927, on obtient à partir d’espèces nouvellement introduites des espèces à graines viables : le géranium rosat n’est pas complétement stérile. En 1928 des croisements sont réalisés pour donner des variétés nouvelles. En 1933, Ducellier émet l’hypothèse que le géranium rosat est un hybride F1 entre plusieurs types de Pélargonium. En 1935 on sait que le rosat n’est qu’un mâle stérile d’origine hybride. En 1937 Shakavinskan conclut que le rosat est un hybride naturel entre espèces botaniques distantes. A la suite de travaux récents et de la révision du genre Pélargonium, on peut affirmer que les divers cultivars de parfumerie ne sont ni des Pélargonium capt , radens, graveolens, vitifolium, odoratissimum, ou d’une autre espèce sauvage naturelle mais des hybrides interspécifiques entre Pélargonium capitatum et Pélargonium radens, et/ou Pélargonium graveolens (radens et graveolens étant proches). Ils constituent des populations plus ou moins proches selon les zones géographiques de cultures, pouvant expliquer les différences observées entre leurs huiles essentielles. Connaissant l’adaptation des végétaux à l’environnement, avec des modifications plus ou moins sensibles on peut se demander si ce n’est pas le cas des Géraniums rosat et de leurs huiles essentielles. Voici la position systématique des espèces de la section Pélargonium (Demarne). 4 1.3 Morphologie Fleurs disposées en ombelles capitulées, sans essence. Pétales inférieures roses ou purpurins, les deux supérieurs striés de sanguin. lignes rouge Sous arbrisseau à part érigé, très ramifiant formant une touffe arrondie le plus souvent de 1m de diamètre au moins. Souche ligneuse formant à croissance libre, des tiges diffuses assez fortes, étalées à leurs bases. Feuilles alternés à la partie inférieure de la tige, crépues, cordiformes à 5 et 7 lobes principaux, eux-mêmes découpés. Douces au toucher et couvertes de poils sécréteurs. Les poils sécréteurs d’essence odorante : Dans les cas des Pélargoniums odorants, les cellules sécrétrices sont superficielles. La membrane externe constituant la seule barrière à la libération de l’essence est vite rompue lors de l’hydrodistillation. L’observation morphologique des feuilles et des tiges révèle la présence de poils protecteurs très dispersés et de tailles variables, ainsi que de poils sécréteurs, capités constitués d’une ou plusieurs cellules sécrétrices soutenues par un axe. Les poils de protection constitués que de cellules mortes, remplies d’air, alors que les sites sécréteurs sont de type superficiel, en l’occurrence des poils glandulaires. L’observation au niveau des feuilles en microscopie à balayage électronique indique une distribution équivalente entre les deux types de poils. 5 FAMILLE POSITION SYSTEMATIQUE DES ESPECES DE LA SECTION PELARGONIUM GENRES SECTIONS ESPECES Erodium Géranium Geraniaceae Monsonia Pelargonium Sarcocaulon Campylia Ciconium Cortusina Dibrachya Eumorpha Glaucophyllum Hoarea Jenkinsonia Ligularia Myrrhidium Otidia Pelargonium Peristera Polyactium Seymouria betulinum capitatum citronellum cordifolium crispum cucullatum denticulatum englerianum glutinosum graveolens greytonense hermaniifolium hispidum panduriforme papilionaceum pseudoglutinosum quercifolium radens ribifolium scabrum scabroide sublignosum tomentosum vitifolium 6 2 LA CULTURE DU GERANIUM ROSAT DANS LE PAYS DE GRASSE 2.1 Le milieu naturel -les conditions climatiques ont une forte influence sur le développement du géranium rosat, qui demande un climat chaud, sec, sans vent nuisible (nord-ouest). L’exposition au midi l’altitude et la lumière ont une action marquée sur la qualité de l’huile essentielle et de son rendement. La température doit rester supérieure ou égale à 3/5 ° C. Les faibles gelées sont à craindre d’autant que les plants sont plus jeunes. Il résiste à la sécheresse, l’humidité atmosphérique lui étant nuisible. -Le sol : ses caractéristiques indispensables Terres légères ou moyennes, un peu calcaires, profondes, riches, bien pourvues en humus, suffisamment fraiches avec possibilité d’arrosage en période chaude. Plantations dans les riches terrains d’alluvions de la Siagne, Pégomas, Plaine de Laval, Mandelieu (Abadie), Vallauris, Villeneuve Loubet (Plaine du Loup), Vidauban, Hyères. Préparation indispensable du sol avant plantation liée au très large système radiculaire en profondeur du géranium et sur les besoins intrinsèques de celui-ci. Action également indispensable sur la structure, la personnalité et la porosité du sol. Labour de défoncement soigné à 0,30/0,40 cm de profondeur plusieurs mois à l’avance, automne de préférence. L’association d’engrais organiques et chimiques avec du fumier de ferme, de compost et de résidus après fermentation de distillation de géranium, ainsi que des tourteaux. Par exemple : nitrate 200/300 kg ou sulfate ammonium 150/200 kg, super ou scories : 300 à 400 kg et parfois plus de 3000 kg de tourteaux. Notons que l’acide phosphorique doit être prédominant, trop d’azote abaissant la qualité de l’huile essentielle. Voici une autre formule adoptée dans la plaine de Mandelieu : nitrate 600 kg – super 1000 kg – chlorure K 500 kg. Récolte 71428 kg feuillage, sans 16071. 2.2 La culture La production des plants est réalisée uniquement par bouturage à partir de rameaux bien aoûtés d’un an si possible, soit au printemps, soit mieux fin août début septembre, sur planches légèrement sablées et sol assez léger. Celles-ci sont séparées entre elles d’un passe-pied de 0,40 cm et d’un niveau sensiblement inférieur à celui des planches pour faciliter le drainage et l’écoulement des eaux d’arrosage. On peut aussi mettre en coffres ou sous-abris de bruyère des boutures de 8 à 10 cm, à 2 ou 3 cm de distance sur lignes séparées de 15 à 20 cm. Pour séparer les boutures, partir de jeunes branches sur meilleurs pieds, bien saines et développées, avant la deuxième récolte éventuelle d’automne. Les tiges de moins de 5 mm d’épaisseur sont à rejeter. 7 Débarrassées des feuilles vertes, elles sont coupées au ras de la jointure des autres feuilles et des ramifications, en laissant 4 ou 5 bourgeons à l’extrémité supérieure et 2 à 3 feuilles au moins si possible, selon les conditions atmosphériques. Ces bourgeons de 15 à 30 cm de long, simples ou à talons, sectionnées à la base près d’un nœud, par une lame bien tranchante et pas au sécateur trop enclin à écraser les tissus et les exposer à la pourriture. Certains conseillent de les laisser un peu flétrir avant la plantation, alors que d’autres de les tenir au frais avant. La plantation à la mi-mai après les gelées d’avril, en densité élevée est souhaitable pour le rendement. Plantation manuelle dans des trous de 15 cm de profondeur sur 10 de côté, des boutures verticalement contre une des deux faces, puis rebouchage en tassant au pied. La plantation est réalisée en carré de 0,80 m ou 0,70 x 0,90 m pour les terres arrosables (15 000 à 16 000 pieds / ha) ou à 0.60 x 0,70 m en carré, pour les sols profonds, frais, non irrigables (25 000 pieds), mais aussi 1 m x 1 m (10 000 pieds). Plantations en lignes distantes de 0,70 à 0,80 m (12 000 à 15 000 pieds / ha) également ou à 0,45 x 0,50 m (40 000 à 50 000 / ha) traditionnelles. 8 2.3 La coupe du feuillage -La coupe sur la base d’un an est assurée à partir du 15 septembre et en octobre par temps sec ensoleillé. Une deuxième coupe en octobre-novembre n’est pas souhaitable, les rendements en huile essentielle étant trop faible. Coupe traditionnelle au couteau, plus rarement à la faucille, de la plante entière au ras du sol, en août/septembre. On peut aussi faucher, dès que les feuilles perdent leur éclat le soir par temps sec, pour éviter la dessiccation. Si les branches sont longues on dispose les tailles en petites bottes sur le champ, au lieu de charger à la fourche. Transport rapide aux distilleries, un léger départ de fermentation conduisant à une importante diminution quantitative et qualitative de l’huile essentielle. -Rendements à l’hectare : 3 à 4 kg par pied. 25 à 30 tonnes de matière première et même 75 à 100 tonnes pour 25 000 pieds/ha. En moyenne on compte 40 tonnes. Les prix de revient sont très variables selon la richesse du sol, le mode de culture, les engrais, l’irrigation, et selon que les tiges ont été tranchées plus ou moins bas. 1901 6 1923 1907 6 1924 Prix de vente aux distillateurs F/100kg végétal 1908 1909 1919 1920 1921 1922 6 6 25/40 20 20 13/15 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1923 25 1931 1924 25 1933 9 24,5/25 25 25/33 33/40 30 50 60 30/35 30 30/50 10 3 Traitements industriels du feuillage 3.1 Fabriques grassoises : 19ème et 20ème siècles. Ayant très probablement distillé du géranium rosat local en quantité plus ou moins importantes pour certains : Alzieri (Pelissier Aragon), Berenger Jeune, Bruno Court, Jean Roure, Camili Albert Laloue, Cavallier frères, A. Chiris, Cresp Martinenq, Escoffier Bernard, Hugues Ainé, Isnard Maubert, Lautier fils, Meyro Boyreau, Moutet J.H., Muraour frères, Niel Jean, Payan Bertrand, Pilar Antoine Frères, Rancé, Robertet, Roure Bertrand Fils, Schmoller Bompard, Selin, Sornin, Sozio J.J., Tombarel frères, … 1901 2 1954 55 Tonnages de feuilles de géranium traités à Grasse (en tonnes) 1905 1913 1914 1925 1927 1928 1930 1950 1951 63 250 255 900 400 300 400 55 140 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1967 57 43 87 155 140 100 132 71 75 1952 180 1970 1,7 1953 100 3.2 Distillation à la vapeur d’eau : huile essentielle On traite les branches feuillues et fleuries, en notant que les tiges ligneuses ne produisent pas plus que les tiges et les pétioles, d’huile essentielle. -Distillation à la vapeur directe : Autrefois les alambics étaient rustiques et à feu nu entretenu sous la cucurbite remplie en dessous du végétal, d’eau pour générer vapeur. Dans les appareils modernes, le chauffage est assuré par un double fond, calotte chauffante ou tubes plongeurs et introduction de vapeur directe avec ouvertures supérieures et latérales. 11 Alambics de 500l - charge végétal 1000 à 1200 kg – durée de distillation (une passée) : 1h à 1h30 – vitesse de coulée jusqu’à 400l/h. Alambic du type à ouverture totale muni d’une grille au fond et d’un palan de déchargement. Ultérieurement séparation classique de l’huile essentielle par condenseur et florentin. Conservation de celle-ci dans des estagnons de 5 kg bien bouchés, au frais et dans l’obscurité. -Rendements en huile essentielle : Ils sont variables avec le climat, l’époque de la récolte… en rappelant qu’une charge classique de 1 000 kg de feuillage, renferme 395 kg de feuilles, le reste étant constitué de tiges et de pétales sans intérêt. Un peu plus de 1 tonne de feuillage : 1 kg huile essentielle – Rdt 0,08 à 0,12 % Feuilles vertes sans pétioles : Rdt 0,164 % Les eaux séparées de l’huile sont extraites à l’éther de pétrole : 79 kg tailles → 0,13 HE + 130 l d’eaux → 0,025 HE récupérée. Les résidus végétaux de distillation sont enfouis à la charrue après fermentation, constituant un excellent engrais naturel. 12 L’huile essentielle du géranium rosat du Pays de Grasse -Constantes physicochimique (Naves-Guenther) d 15 0,895 à 0,903 alpha D – 9,00 à – 12°40 15 nD 1,4670 à 1,4730 IA 1,9 à 5,4 E % 39,9 à 72 Alcools totaux (en géraniol) 68 à 74 % Esters (en tiglate géranyle) 16,8 à 30,3 % Cetone (en isomenthone ) 8 à 10 % -Adultérations Les plus anciennes : additions d’huile végétale d’essence de térébenthine, d’huiles essentielles d’Andropogon. Schoenanthus en particulier ou palmarosat de gurjun puis d’huiles essentielles de géranium d’Algérie ou de la Réunion et même d’alcool phénylettylique, de géraniol, … Les moyens physiques actuels permettent la mise en évidence d’adultérations plus subtiles que les simples constantes physicochimiques qui ont été très utiles pendant longtemps. Depuis 1969, on distingue les huiles de la Réunion de celles d’Afrique par la présence ou l’absence de gaiadiène 6,9 et de 10 epigamma eudesmol au moyen de la CPG. Réunion : gaiadiène 5 à 10 % - epiendesnol absent Afrique : gaiadiène absent – epiendesnol en proportion importante 3.3 Extraction aux dissolvants volatils : limitée à Grasse -Au moyen de benzene– Rdt 0,20 à 0,25 %, plutôt que d’éther de pétrole moins utilisé. Rdt 500 kg → 1kg concrète → 0,6 à 0,7 kg absolue. -Les fabricants sont peu nombreux (Roure 1935 …) -Caractéristiques : concrète masse pâteuse vert foncé F48-49° Absolue sirupeuse à 35-36 % de citronellol, très colorée, Rdt 60-70 % Extraction des eaux de distillation séparées dans le florentin, au moyen de benzène ou d’éther de pétrole : Rdt 10% par tonne de feuillage. Absolue riche en rhodinol. 4 UTILISATIONS 4.1 En parfumerie, cosmétiques, savonnerie, bougies…. -Notes olfactives : influencées par l’origine géographique - géranium de Grasse : prototype à odeur rosée particulièrement fine, tenace, suave et forte, très voisine de celle de l’huile essentielle de rose. 13 - géranium Réunion : rosée de feuille, de grande plénitude, aux accents de menthe poivrée -Afrique : plus légère, un peu moins menthée, puissante de note de rose. Quelques parfums connus renferment du Géranium rosat : Brut (Fabergé), Déclaration (Cartier), Miss Dior (Dior), Calèche (Hermès), Habit rouge (Guerlain). Mais l’emploi du Géranium rosat est très répandu en parfumerie. Formulations comparées des huiles essentielles : - Type Grasse : pour parfumerie fine et « extraits d’odeur » - Carles le parfumeur en utilisait de grandes quantités dans ses formules, comme un élément de composition très apprécié dans un large domaine d’applications, et souvent comme substitut de l’huile essentielle de rose. - Type Réunion : très nombreuses utilisations en parfumerie - Type Afrique : toilette, savonnerie. Formulations avec concrète et absolue : Excellents résultats lorsqu’une longue présence de l’odeur est recherchée (savons, cosmétiques, parfums). Les eaux séparées dans le florentin, puis filtrées sur millipore, parfaitement stables et stériles sont intéressantes en cosmétique et en alimentation. 4.2 Dans des fabrications industrielles. plus rarement avec des huiles essentielles de géranium de Grasse. - Huile essentielle de géranium rosat déterpénée apparemment deux fois plus concentrée, avec des différences sensibles selon les fabricants. - Rhodinol très utilisé dans la parfumerie à odeur de rose Floral, doux, frais : tonalités chaudes rosées. - Fabriqué principalement à partir d’huiles essentiellement à titre supérieur évalué en rhodinol, de celles de Grasse et moins couteuses (dans les premières décennies du 20ème siècle en particulier). Saponification de l’huile essentielle, puis distillation à la vapeur et fractionnement. Rhodinol dans les HE (Naves) : Grasse : 35,3 à 44,4 % Réunion : 41,7 à 55 % Afrique : 26 à 43 % 5 SON CREPUSCULE DANS LE PAYS DE GRASSE Apparemment, il semble lié à deux groupes de causes. 5.1 Milieu naturel 14 La climatologie est l’une des causes les plus importantes : le froid et l’humidité qui limitent à un an les plantations, de même que la grêle ou un ensoleillement insuffisant. Les sols convenables au développement du géranium sont de plus en plus rares en liaison avec une urbanisation généralisée. Les maladies cryptogamiques et les insectes, concernent la pourriture de la tige, ou de sa base (botrytis, blanc, …) Les courtilières, la chenille de la noctuelle et les pucerons. 5.2 Economie et marchés internationaux Evolution des cours d’huiles essentielles de géranium rosat (en francs/kilo) Années Grasse Afrique du Nord Réunion 1850 180 1861 120 1907 90 36 34 1912 90 1915 85 38 30 1920 300 1925 630 1926 750 220 200 1929 490 300 250 1930 450/600 270 270 1938 575 265 1939 290 1957 480 - - Les besoins mondiaux en huiles essentielles de géranium rosat sont très évolutifs, compte tenu des nombreuses offres d’isolats naturels ou synthétiques et des bases géranium. Ils restent importants malgré les modes parfumistiques. Concurrence mondiale dans la production des huiles essentielles de géranium rosat. Dès le début du XXème siècle, la culture du géranium rosat est apparue en dehors de France, Algérie, Réunion : Corse, Italie, Espagne, Portugal, Maroc, Tunisie, Egypte, Russie, Comores, Afrique du Sud, Congo, Indes, Brésil, Chine, Israël, … avec peu de développements importants. Puis ce sont d’autres productions d’importance assez limitée jusqu’aux années 1960 : Maroc (géranium d’Afrique), Egypte (d’abord discontinue puis abandonnée en 1955 et repris plus tard), Congo Belge, Afrique de l’est et de l’ouest, URSS, Indes… La mondialisation se généralisant, se sont développées des plantations en dehors de la Réunion et de l’Algérie, très activement : Egypte, Maroc, Chine… POUR CONCLURE : Les espoirs de reprise d’une culture de « Géranium rosat » dans le Pays de Grasse sont minimes, à moins d’envisager un développement limité, de haute qualité, participant à la création et au lancement d’un parfum original, fortement soutenus par de puissants moyens financiers et de marketing. Bien sûr, il est toujours permis de rêver. 15 6 SOURCES DOCUMENTAIRES Si les sources documentaires concernant les Géraniums rosat de la Réunion et d’Afrique sont très nombreuses et facilement accessibles, celles du Géranium du Pays de Grasse plus rares et dispersées. Arctander St. : Perfume and Flavor materials of natural origine, Géranium 262-273, Saint Arctander – Elizabeth N.J, 1960 Ardoino H. : Flore analytique des Alpes-Maritimes 79-81, Menton 1837 Boukhatem M. ; Hamadi M.S ; Saidi F. ; Hatim Y. : Huile essentielle de geranium roast d’Algérie, structures sécrétices, Juin 2013 (03) – 37-45. Nature et Technologie Chiris A. : Les parfums de France, 1923 – 193. Géranium : articles annuels Chiris A. : Les essences de géranium, Les Parfums de France, 1925, 272-280 Chiris A. : Service agricole, Les Parfums de France, 1932, 282-289 Demarne F. : L’amélioration variétale du géranium rosat – contribution systématique, caryologique et biochimique. Doctorat Sciences (798), Orsay, 1989, CIRAD, Réunion Demarne F. : Histoire de la culture botanique et systématique du géranium, Ouvrage collectif, 1992 Ducellier L. : La Parfumerie moderne, sept 1933. Bull. soc. Hist. Nat. Afrique Nord, 1933 (24), 142-148 Farnarier J. : Contribution à la connaissance de la Ville de Grasse : Parfumerie. Edit. auteur Grasse, 1983 Foucque E. de Cambiaire : Etude des espèces à feuilles odorantes du genre Pelargonium. Doctorat 3ème cycle, Orsay, 1986 Galerie d’images : Cellules de trichrome de feuilles de géranium, CNRS – gc – ca/fra/éducation/biologie/galerie/trichrome, 2009 Gildmeister E. , Hoffmann Fr. : Die Atherischen öle, 1899, 587-591 Gilmeister E., Hoffmann Fr. : Die Atherichen öle, 2ème edition, 1910 – Berlin- 155 Gilmeister E., Hoffmann Fr. : Die Atherichen öle, V 350-384, Krieger N.Y 19 Gilly G. : Les plantes à parfum et huiles essentielles à Grasse. 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London, 1879 – 124 Raibaudi M. : Les diverses essences de Géranium du point de vue commercial. Les Parfums de France (A. Chiris), 1934 (137) 181-186 Recluz : Distillation du géranium à Lyon en 1819. Pharm. Journal London, 1852 I (11).325 Rolet A. : Plantes à parfums et plantes aromatiques, Bailière, Paris, 1930. 147-161 Rolet A. : L’Eclaireur agricole et horticole. 1 nov. 1931. Culture du Géranium rosat Rolet A. ; Peyron L. ; LAPORTE J.F : Plantes à parfums et plantes aromatiques, CME, Paris 1998. 188-207 Roure, Bertrand fils : Bulletin scientifique et industriel, 1901 avril 17 – 1907 oct. (2)6-32 Sauvaigo E. : Les cultures sur le littoral de la Méditerranée, J.B. Baillière, Paris 1929. 257-258 17 Speranza A. ; Calzoni G. : Atlas de la structure des plantes. Anatomie microscopique Géranium. Edit. Belin, Paris 2005, 57-62 18 ORIGINES DES ILLUSTRATIONS - - Position systématique des espèces de la section Pelargonium, (F. Demarne) Géranium rosat. Planche botanique (Perrot Plantes médicinales II. 1934) Poils sécréteurs et protecteurs. o CIRAD (3) o Métabolites secondaires : cours Paris Diderot (4) o Boukhatem (5) Pégomas : champ de géranium. (Bull. Roure, 1901 mars, 17) L’Abadie : récolte du géranium, A. Chiris, (Perrin, 1987) Distillation du géranium, A. Chiris, (Perrin, 1987) Alambics à double fond, a trou d’homme et dans partie cylindrique, (Tournaire, 1910) Remerciements G. Benalloul, N. Derra, J. Dejardin, J.C Ellena, J. Smadja, C. Viale, L. Ziegler. 19