Algèbre linéaire
Chapitre 1
Les espaces vectoriels ont été introduits par Cayley
et Grassmann au milieu du XIXe siècle. Cependant,
le premier ne proposait quun calcul sur des n-uplets et
la formalisation du second était des plus obscures. Ce
fut lœuvre de Giuseppe Peano de déchiffrer le travail
du mathématicien allemand et de donner le premier, en 1888,
une dé¿nition satisfaisante dun espace vectoriel. Il introduisit
les applications linéaires et montra que cette théorie ne
se réduit pas j la dimension ¿nie en citant le[emple des
polynômes. Giuseppe Peano est aussi connu pour son
a[iomatique des entiers naturels et pour avoir construit
une courbe remplissant un carré. 2n lui doit dastucieu[
contre-e[emples qui ont remis en cause des assertions
qui semblaient pourtant bien établies.
Giuseppe Peano
1858-1932
 Objectifs
Les incontournables
ZMontrer qu’une famille est libre, génératrice dans un espace vectoriel de dimension
quelconque
ZJustifier qu’une application est linéaire
ZReconnaître un hyperplan
ZApprofondir les notions de somme et de somme directe de sous-espaces vectoriels,
ainsi que de sous-espaces vectoriels supplémentaires, et donc de projecteur
ZDéterminer le rang d’une famille de vecteurs ou d’une application linéaire
ZUtiliser le théorème du rang.
Et plus si affinités
ZÉtablir que deu[ sous-espaces vectoriels sont supplémentaires dans un espace
vectoriel de dimension finie ou non
ZCalculer la trace d’un endomorphisme d’un K-espace vectoriel de dimension n.
esum´edecours
Dans ce chapitre, Kdésigne le corps Rou C,etEun K-espace vectoriel.
Familles génératrices, familles libres, bases
Soit Iun ensemble quelconque.
Combinaisons linéaires
Définition : Soit (xi)iIune famille de vecteurs de E. On appelle combinaison linéaire de
la famille (xi)iItoute somme
iI
λixidans laquelle (λi)iIest une famille de scalaires appelés
coefficients, tous nuls sauf éventuellement un nombre fini.
Commentaire : L’ensemble des combinaisons linéaires de la famille (xi)iIest un sous-espace
vectoriel de E,notéVect(xi)iI. On l’appelle le sous-espace vectoriel engendré par la famille
(xi)iI.
Familles libres, familles génératrices
Définition : Une famille (xi)iIde vecteurs de Eest libre si la seule combinaison linéaire nulle
de cette famille est la combinaison linéaire dont tous les coefficients sont nuls.
Commentaires : La famille (xi)iIest libre si toute combinaison linéaire
iI
λixi=0vérifie λi=0
pour tout iI.
La famille (xi)iIest dite liée lorsqu’elle n’est pas libre. Dans ce cas, il existe une partie finie J
de I, et une famille de scalaires (λj)jJnon tous nuls tels que
jJ
λjxj=0.
Proposition 1.1 — Soit (xi)iIune famille de E. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) (xi)iIest une famille libre ;
(ii) pour toute partie finie Jde I, la famille (xj)jJest libre.
Commentaire : Si Jest une partie de I, la famille (xj)jJest une sous-famille de la famille (xi)iI.
La proposition précédente se résume de la manière suivante : une famille est libre si et seulement
si toutes ses sous-familles finies sont libres.
Exemple : Toute famille de polynômes non nuls de K[X]de degrés échelonnés est libre.
Définition : La famil le (xi)iIde vecteurs de Eest une famille génératrice de Esi tout vecteur
de Epeut s’écrire comme une combinaison linéaire des vecteurs xi.
Commentaire : Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) (xi)iIest une famille génératrice de E;
(ii) Vect(xi)iI=E;
ALGÈBRE LINÉAIRE 5
(iii) pour tout vecteur xde E, il existe une famille de scalaires (λi)iItous nuls sauf un nombre
fini telle que :
x=
iI
λixi.
Base
Définition : Une famille libre et génératrice de Eest appelée une base de E.
Proposition 1.2 — Soit (ei)iIune famille de vecteurs de E. Les propositions suivantes sont
équivalentes :
(i) (ei)iIest une base de E;
(ii) tout vecteur de Es’écrit de manière unique comme combinaison linéaire des vecteurs ei.
Commentaire : Soit (ei)iIune base de E. Pour tout vecteur xde E, il existe une unique famille
de scalaires (λi)iItous nuls sauf un nombre fini telle que :
x=
iI
λiei.
Pour tout i, le scalaire λis’appelle la iième coordonnée ou composante de xdans la base (ei)iI.
Exemples : (Xn)nNest une base de K[X]appelée base canonique de K[X].
La famille (ei)i1,n,oùei=(0,...,0,1,0,...,0) (le 1se trouvant en iième position) forme une
base de Knappelée base canonique de Kn.
Toute famille (Pk)kNde polynômes vérifiant, pour tout k,deg(Pk)=k, est une base de K[X].
Cas des espaces vectoriels de dimension finie
On étend à des familles indexées par un ensemble quelconque les propriétés rencontrées en PTSI
dans le cadre de famille finie.
Proposition 1.3 — Soit Eun espace vectoriel de dimension finie n.
(i) De toute famille génératrice, on peut extraire une base de E.
(ii) Toute famille libre de Eest finie et a au plus néléments.
(iii) ToutebasedeEest finie et contient néléménts.
Somme, somme directe de sous-espaces vectoriels
Définition : Une partie Fde Eest un sous-espace vectoriel de Esi les propriétés suivantes
sont vérifiées :
(i) 0EF;
(ii) x, y F=x+yF;
(iii) xFet λR=λx F.
Commentaire : L’ensemble F, avec les lois induites par celles de E, est un espace vectoriel. Ceci
justifie la terminologie « sous-espace vectoriel ».
6CHAPITRE 1
Somme
Soit mun entier non nul et (Fi)i1,mune famille finie de sous-espaces vectoriels de E.
Définition : On appelle somme des sous-espaces vectoriels (Fi)i1,mle sous-espace vectoriel :
m
i=1
Fi=m
i=1
fi|(fi)
m
i=1
Fi.
Commentaire : Il s’agit bien d’un sous-espace vectoriel de Ecar il est non vide, stable par com-
binaison linéaire. On le note également F1+F2+···+Fmet il s’agit du plus petit sous-espace
vectoriel de Econtenant tous les Fi.
Somme directe
Soit mun entier non nul et (Fi)i1,mune famille finie de sous-espaces vectoriels de E;onnote
Fla somme des Fi:
F=F1+F2+···+Fm.
Définition : On dit que la somme Fdes Fiest directe si tout vecteur de Fse décompose de
manière unique en une somme de vecteurs de Fi.Onnotealors:
F=
m
i=1
Fi=F1F2···Fm.
Proposition 1.4 — Les propositions suivantes sont équivalentes :
(i) la somme Fdes Fiest directe ;
(ii) les hypothèses f1F1,f2F2,...,f
mFmet f1+f2+···+fm=0impliquent
f1=f2=···=fm=0.
Décomposition en somme directe
Définition : On dit que Eest somme directe des Fisi la somme des Fiest directe et égale à E,
autrement dit si :
E=F1F2···Fm.
Commentaires : Lorsque Eest somme directe des Fi, on dit que la famille (Fi)i1,mest une
composition en somme directe de E.
Dans le cas où m=2,direqueEest somme directe de F1et F2est équivalent à dire que F1et
F2sont supplémentaires dans E.
Des résultats précédents, on déduit les caractérisations suivantes.
Proposition 1.5 — Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) Eest somme directe des Fi;
(ii) tout vecteur de Ese décompose de manière unique en une somme de vecteurs de Fi;
(iii) E=F1+F2+···+Fmet les hypothèses f1F1,f2F2,...,f
mFm,f1+f2+...+fm=0
impliquent f1=f2=... =fm=0.
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