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Les travaux relatifs aux pratiques comparées ont continué dans l’après-midi, sous la
présidence du Professeur Alisaona RAHARINARIVONIRINA, agrégé des Facultés de Droit,
Université Catholique de Madagascar, avocat au barreau de Madagascar, membre du Conseil
d’administration du CAMM.
Le thème relatif à la présentation et la comparaison des spécificités de l’arbitrage
institutionnel mauricien et malgache a fait l’objet d’un exposé présenté par Me Dipna
GUNNOO. La conseillère juridique d’un des centres d’arbitrage de Maurice, LCIA-MIAC en a
profité pour présenter son institution au public. L’étude comparative entre l’arbitrage à Maurice
et à Madagascar a été basée sur la loi CNUDCI [mesures provisoires, juges d’appui,
représentation, droit d’appel : « privacy council » pour Maurice) et la pratique juridictionnelle
(sphère d’intervention, code de procédure)]. Son analyse a mis en valeur les similarités des
pratiques malgaches et mauriciennes et leurs différences. Me DIPNA a notamment insisté sur
les forces de l’île Maurice comme véritable hub de l’arbitrage international.
La problématique de l’emprunt et l’inspiration en droit de l’arbitrage commercial :
Tunisie et Madagascar a été présentée par M. Walid BEN HAMIDA. Celui-ci a répondu à la
question de savoir pourquoi ces deux pays n’ont pas le même développement en matière
d’arbitrage alors que les textes sont quasiment identiques.
Selon M.BEN HAMIDA, il convient, pour répondre à cette interrogation, de sortir du champ
purement juridique et réfléchir sur le contexte d’adoption des textes. Il rappelle, à cet égard,
que la loi tunisienne a été élaborée au bout de quinze années et uniquement par des
Tunisiens. A Madagascar, c’est un cabinet américain qui a rédigé les projets de textes, la
conséquence étant la non implication des fonctionnaires malgaches et la non appropriation
par les magistrats malgaches desdits textes. Il a souligné, par ailleurs, que c’est la pratique
qui fait défaut à Madagascar et qu’il faudrait briser le mythe de l’arbitre mâle, âgé et blanc, et
imposer de plus en plus un « local content » dans les processus de désignation et nomination
des arbitres.
Rappelant ensuite la sécurité méthodologique exigée par le Président RANJEVA, le
rapporteur met au centre de l’arbitrage la question de la confiance tant sur le plan de la
compétence que de la probité, autant pour les arbitres que les juges d’appui. Si un arbitre ne
doit pas être perçu comme un homme d’affaires, la question de la confiance au juge d’appui
ainsi que la limite de son intervention entre dans le champ d’attractivité de Madagascar
comme place d’arbitrage (cf. la place d’arbitrage de Paris).
Enfin, Me Patrick SAERENS a exposé sur l’arbitrage à l’épreuve des nouvelles tendances
et des TIC. Il a mis en avant la manière dont les TIC et les outils qu’ils offrent peuvent
participer à l’évolution de l’arbitrage et comment l’arbitrage s’implique dans les échanges
résultant du numérique.
Aux fins d’illustration de son propos sur le développement en ligne de l’arbitrage,
l’intervenant a pris l’exemple de la loi belge qui tend vers l’international. Il recommande la
spécificité sectorielle des centres d’arbitrage, la formation d’alliances entre les centres locaux,
l’implication du pouvoir public et la sensibilisation des entreprises (notamment par des mises à
disposition de contrats-types gratuits contenant des clauses compromissoires).