Gangrène des organes génitaux externes

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ARTICLE
DE REVUE
Progrès en Urologie (1995), 5, 911-924
Gangrène des organes génitaux externes
Jacques HUBERT (1), Georges FOURNIER (2), Philippe MANGIN (1) , Monga PUNGA-MAOLE (3)
(1) Service
d’Urologie, CHU Brabois, Nancy, (2) Service d’Urologie, CHU Morvan, Brest,
(3) Service d’Urologie, Cliniques Universitaires, Kinshasa, Zaïre
RESUME
Le terme de gan grène des organes géni taux
externes (OGE) de l’homme regroupe deux entités
différentes.
La gangrène primitive des OGE (5% des cas) appelée maladie de Fournier décrite en 1883 : gangrène
des téguments des OGE sans cause loco-régionale,
de mécanisme inconnu et d’évolution inéluctable
vers une nécrose de topographie déterminée quel
que soit le traitement.
La gangrène «secondaire» des OGE (95% des cas)
liée à une cause loco-régionale, cutanée, urogénitale
ou digestive, dont l’évolution peut être modifiée par
la précocité et le type du traitement.
La précocité du diagnostic est essentielle :
- Dans la vraie maladie de Fournier, pour éviter les
complications générales de cette nécrose.
- Dans la gangrène secondaire pour limiter l’extension loco-régionale et prévenir les complications générales. Compte tenu de l’évolution galopante de la maladie et dans un but de diagnostic
ultra-rapide, de nombreux auteurs préconisent :
ponction locale, biopsie ou recherche de gaz souscutané par méthode radiologique ou ultrasonique.
Le traitement comporte :
• Une antibiothérapie, bi ou tri-thérapie permettant
de couvrir la flore bactérienne habituellement
mixte (Cocci gram positifs, bacilles gram négatifs et
anaérobies).
• Un débridement chirurgical à la demande, éventuellement répété pour exciser les zones nécrosées,
drainer les collections et mettre en place une irrigation des cavités.
• Une oxygénothérapie hyperbare.
• Eventuellement une dérivation urinaire (cystostomie) ou digestive (colostomie) si l’un des deux appareils est en cause ou si la dérivation facilite la gestion des soins.
<10% si le patient est jeune, si son état général est
bon, si le diagnostic est précoce, s’il est bien traité,
> 50% s’il est âgé, s’il existe des tares, un retard de
diagnostic et de traitement.
Mots clés : Fasciite, gangrène, appareil uro-génital, maladies,
gangrène de Fournier.
Progrès en Urologie (1995), 5, 911-924.
La publication initiale sur la gangrène des organes
génitaux externes (OGE) date de 1764 et revient à
BAURIENNE (in 51,57,74). Jean Alfred FOURNIER à l’occasion de 2 mémoires publiés en 1883 [38] et 1884 (in
74) portant sur 5 cas eût le mérite d’en faire le premier
une description détaillée.
Cette gangrène était réputée potentiellement léthale.
Ces caractéristiques furent confirmées dans les travaux
ultérieurs [44, 78]. Des cas chez l’enfant [57] et chez la
femme [15] furent également rapportés, donnant un
caractère moins restrictif à la maladie.
Les progrès en thérapeutique améliorèrent considérablement l’évolution et le pronostic de cette affection. MC
CREA [63] dans sa revue de la littérature allant de1764 à
1945 colligea 267 cas et montra d’une part l’effet bénéfique de l’antibiothérapie, d’autre part le caractère crucial d’une prise en charge thérapeutique précoce, faits
confirmés par d’autres auteurs durant les années 1950
[18, 92]. Les travaux de HIMMAL et DUFF en 1967 [46]
révélèrent l’intérêt de l’oxygénothérapie hyperbare
(OHB). L’évolution de la maladie, devenue dans bien des
cas subaiguë [82], mais aussi la nécessité d’un traitement
précoce ouvrirent, au plan diagnostique, la porte aux
moyens d’investigation modernes. Cet article propose
une revue générale sur la gangrène des OGE de l’homme
à la lumière des connaissances actuelles.
NOSOLOGIE
L’entité nosologique réalisée par la gangrène des OGE
repose sur un tableau clinique, un mode évolutif, une
bactériologie et la nature des tissus lésés. Se basant sur
ces éléments, les auteurs ont désigné la gangrène des
• La reconstruction chirurgicale (greffe ou lambeaux) si besoin.
Manuscrit reçu le 6 avril 1994, accepté : avril 1995.
Adresse pour correspondance : Pr. Ph. Mangin, Service d’Urologie, CHU Brabois,
54511 Nancy.
La mortalité reste lourde, de l’ordre de 20% :
911
OGE selon diverses appellations: gangrène fulgurante
[31], gangrène synergistique du scrotum [82], gangrène idiopathique du scrotum [78], fasciite nécrosante
synergistique du périnée [7, 60], gangrène essentielle,
gangrène scrotale, syndrome de Fournier [28, 30, 31],
gangrène gazeuse du scrotum et du périnée [46], cellulite streptococcique du scrotum [31].
Cette riche terminologie est le fait d’imprécisions étiopathogéniques historiques. Par conséquent, les différentes dénominations ne renseignent que de manière
imparfaite sur les aspects de la maladie qu’elles sont
censées décrire. Les connaissances actuelles nous permettent de revoir la nosologie en tenant compte des éléments suivants:
La nature des lésions
En 1924, MELENEY décrivit 20 cas d’infection des téguments extragénitaux d’évolution rapide, extensive et
souvent léthale. Il s’agissait de cellulite évoluant vers la
nécrose à la fois du tissu cellulaire sous-cutané et des
plans aponévrotiques sous-jacents. WILSON en 1952 (in
94) désigna cet état pathologique sous le terme, consacré depuis, de fasciite nécrosante (FN). De nombreux
auteurs [13, 22, 60, 81, 94,] considèrent la gangrène des
OGE comme une forme topographique particulière de
FN.
Ce terme décrit un état histopathologique. Nous lui préférons l’appellation de gangrène qui se réfère à un état clinique et dont la définition n’est pas en contradiction avec
la FN. La gangrène est une mortification des tissus, quelle qu'en soit la nature, par nécrose ischémique [65].
L’étiologie et le mode évolutif
Ces éléments permettent de définir deux cas de figure
correspondant à notre avis à deux entités nosologiques:
1993, 204 cas [3, 11, 16, 21, 23, 25, 27, 29, 33, 34, 40,
41, 52, 56, 67, 68, 70, 71, 73, 83, 84, 89, 90, 91, 96, 98].
La gangrène des OGE survient à tout âge avec les
extrêmes publiés de quelques jours à 89 ans [1, 22, 34].
Classiquement, elle a une prédilection pour l’adulte
jeune de 20 à 50 ans. On note cependant un accroissement de l’âge moyen. Il est passé de 40,6 ans entre
1883 et 1945 dans la revue de M C CREA [63] à 51,3 ans
entre 1945 et 1979 dans l’étude de JONES [51]. De nombreux travaux des années 1980 et 1990 rapportent une
moyenne généralement supérieure à 54 ans [7, 22, 27,
40, 55, 86, 99].
Antécédents
Ils peuvent être marqués par un traumatisme périnéal
récent, un rétrécissement urétral connu, une pathologie
proctologique chronique (fissure anale, hémorroïde
externe), des lésions dermatologiques... Des affections
systémiques chroniques, diabète fréquemment, sont
retrouvées.
Parfois l’interrogatoire même minutieux ne retrouve
aucun antécédent.
Circonstances de découverte
Le début brutal typique de la maladie chez l’adulte
jeune en bonne santé demeure. Mais de plus en plus, on
observe des cas d’installation moins brutale, insidieuse,
surtout chez des sujets âgés [51, 60, 82]. La symptomatologie classique est précédée dans ces cas par des prodromes divers qui durent le plus souvent 1 ou 2 jours;
mais parfois plusieurs jours à quelques semaines. Il
peut s’agir de troubles digestifs, de douleurs lombaires,
de malaise, d’état subfébrile, d’irritabilité ou de simple
inconfort scrotal [10, 51, 88, 99].
• L’étiologie ou les facteurs prédisposants restent inconnus : la maladie, quel que soit le traitement, évolue
alors vers la nécrose en accord avec la définition princeps. C’est la gangrène primitive des OGE.
Stades évolutifs
• L’étiologie ou les facteurs prédisposants sont mis en
évidence : dans ce cas, l’évolution de la maladie peut
être modifiée par un traitement spécifique précoce.
C’est la gangrène secondaire des OGE.
Phase de début
La maladie évolue en 3 phases marquées par des signes
locaux et généraux:
Fréquence et âge
Le point de départ est souvent scrotal, rarement pénien
ou pénoscrotal [31]. Il peut être périneal lorsque l’étiologie de la gangrène est anorectale [55]. L’oedème initialement localisé se généralise rapidement à l’ensemble des OGE. Une sensation de brûlure et de striction, avec parfois prurit l’accompagne. Cette sensation
se transforme très rapidement en douleur vive spontanée.
La gangrène des OGE est une pathologie rare.
L’incidence en est de 1/7500 pour BEJANGA [10] en
1979 et de 1/5300 pour PUNGA en 1986 [76]. BASKIN et
al. [7] en 1990 relevaient environ 500 cas dans la littérature. Nous dénombrons, quant à nous, de 1990 à
Les signes généraux précèdent ou suivent les signes
locaux. Ils réalisent au maximum un tableau de toxiinfection avec: hyperthermie dans la majorité des cas,
parfois hypothermie, frissons, sudation, instabilité
hémodynamique et, dans certains cas, altération de la
CLINIQUE
912
conscience. L’intensité de ces signes est variable,
allant des perturbations modérées à l’état de choc. La
phase de début est en règle de courte durée, inférieure
à 48 heures [11, 52]; mais elle peut être longue de 2 à
10 jours [10,99].
s’éliminent. Un tissu de granulation apparaît.
Progressivement la plaie se contracte et une épithélialisation centripète s’engage. La cicatrisation spontanée
est obtenue en 2 à 3 mois. Le scrotum guéri est de petit
volume [10, 30].
Phase d’état
ETIOLOGIE
Deux états successifs caractérisent cette phase:
• L’état prégangréneux
C’est le prolongement de la phase de début dont les
signes s’aggravent.
- Localement, l’oedème augmente. Le scrotum, tendu,
devient luisant érythémateux ou, signant une infection
à germes gram négatifs, «bronzé». La douleur atteint
son intensité maximale. L’inflammation reste limitée à
la sphère urogénitale (35 à 50% des cas) ou s’étend audelà de celle-ci gagnant le périnée, la paroi abdominale, le thorax et les creux axillaires [11, 22]. La palpation
provoque une crépitation neigeuse (30 à 66% des cas),
témoins d’un emphysème sous-cutané ou, à une phase
plus tardive, retrouve une fluctuation en rapport avec
une collection purulente [11, 20].
- Sur le plan général, aux troubles thermiques et hémodynamiques et à l’altération de la conscience (avec souvent un état de prostration et de délire) peuvent s’ajouter des défaillances fonctionnnelles diverses, notamment rénales et respiratoires [30].
A ce stade la symptomatologie peut régresser sous un
traitement efficace et révéler une gangrène secondaire.
Mais souvent, elle évolue vers l’état suivant.
• Etat de gangrène
Au cours de cette période, à la gravité des lésions
locales s’oppose une amélioration progressive de l’état
général:
- Localement, la peau se couvre de phlyctènes, puis de
plages de sphacèle qui en quelques heures peuvent
s’étendre à toute la surface inflammatoire. La peau gangrénée forme des croûtes qui se durcissent puis tombent
en 2 à 3 jours. Les sécrétions, purulentes, et les tissus
mortifiés sont fétides. Il existe une démarcation entre la
peau saine et la peau gangrénée selon un découpage
irrégulier. En profondeur, la gangrène respecte les testicules et leurs annexes qui restent appendus aux cordons spermatiques. Au niveau du pénis, les corps érectiles sont respectés. La gangrène s’accompagne d’une
diminution des douleurs [10, 30, 74].
- Sur le plan général, interviennent progressivement la
défervescence thermique, la stabilité hémodynamique
et l’amélioration des fonctions vitales.
Phase de restauration
Dans cette phase, des lambeaux de peau nécrotiques
On considère actuellement que la gangrène des OGE a
presque toujours une cause [17, 31, 74]. Mais malgré
l’efficacité des moyens d’exploration, la maladie reste
sans explication dans 5 à 35% des cas [11, 34, 36, 67,
86, 90, 99].
On reconnaît à la gangrène secondaire un grand
nombre de facteurs étiologiques ou prédisposants locorégionaux ou généraux. Dans l’analyse qui suit, la fréquence respective de ces facteurs est établie sur un
regroupement de 198 cas issus de travaux divers [4, 7,
9, 12, 14, 19, 22, 26, 28, 31, 34, 41, 43, 47, 50, 59, 64,
72, 75, 76, 80, 83, 84, 85, 86, 93, 99].
Les facteurs locorégionaux (98%)
Il s’agit des foyers infectieux localisés dans les organes
génitaux ou dans leur voisinage, proche ou éloigné.
Facteurs cutanés (15%)
C’est d’abord un ensemble de lésions relevant de la
pathologie dermatologique: en particulier, folliculite,
hydrosadénite, maladies éruptives, ulcères vénériens,
piqûre ou morsure d’insectes ou d’animaux. Ce sont
aussi des lésions relevant de la pathologie chirurgicale:
posthi te, paraphimosis, circoncision, vasectomie,
usage chronique du condom, traumatisme du coït, cure
d’hypospadias, injection intracaverneuse, notamment.
Facteurs urogénitaux (33%)
Ils sont représentés par les atteintes des structures profondes des OGE et par les lésions des organes génitaux
internes. Sont rapportés au niveau des OGE: les infections et les migrations de prothèses péniennes, les
rétrécissements urétraux complexes, les fausses routes
urétrales traumatiques, la nécrose urétrale sur ballonnet
de sonde mal positionnée, les abcès épididymaires ou
testiculaires et la cure d’hydrocèle. Au niveau de la
prostate, on cite la prostatite et la biopsie transrectale.
Lésions anorectales (42%)
Sont fréquemment rapportés les hémorroïdes, le cancer
rectal, et les fissures anales infectées ainsi que les abcès
ischiorectaux et périanaux.
Autres facteurs (7%)
On regroupe dans cette catégorie diverses affections
abdominales, pariétales et intra-abdominales: compli913
Tableau 1. Affections pouvant être associées à la gangrène des
OGE.
Diabète
Tableau 2. Espèces bactériennes les plus fréquemment isolées
sur 342 cas [7, 22, 34, 47, 74, 99].
Vascularite allergique
Ethylisme
Cirrhose hépatique
Immunodéficience par :
Leucémie
- Stéroïdes
- Cancers divers
- Chimiothérapie
- Infection VIH
Insuffisance rénale
Espèces
Fréquence
Bacilles gram -
E. coli
Pseudomonas
Proteus
autres
53%
25%
23%
24%
Cocci gram +
Streptocoques
Staphylocoques
42%
29%
Clostridium (Perfrigens)
Bactéroïdes (fragilisfragilis)
Peptostreptococus
-
10%
Aérobies
cations de cure de hernie inguinale, appendicite aiguë,
pancréatite, ulcère gastroduodénal perforé, diverticulite sigmoïdienne, cancer colique, infection rétropéritonéale, infarctus intestinal, laparotomie pour péritonite
[24, 40, 53, 55].
Anaérobies
Les facteurs généraux (63%)
Autres de tous groupes
Le diabète représente 42% des affections générales
impliquées dans la gangrène des OGE. Les autres
causes sont l’éthylisme et les immunodéficiences de
toutes natures (Tableau 1).
BACTERIOLOGIE
Historique
FOURNIER avait dans son second mémoire en 1884 (in
74) émis l’hypothèse que la gangrène des OGE était en
relation avec une infection streptococcique. En 1920,
RANDALL [78] rapportait des cas associés à une infection mono-microbienne à Streptocoque non hémolytitique ou au B. aérogènes. MELENEY en 1924, dans sa
description des FN [94], imputait celles-ci également à
une infection monomicrobienne au Streptocoque ßhémolytique. La conception de gangrène des OGE
monomicrobienne à Streptocoque se confortait.
Mais en 1952, WILSON [94], repris ultérieurement par
REA et al. [79], montra que dans les FN l’infection
n’était pas liée à un seul germe spécifique mais à une
grande variété d’agents infectieux.
Dans leurs travaux plus récents, MENDA et de GIULANO
[13] établirent qu’à côté des FN extragénitales exclusivement streptococciques dues au Streptocoque A, il en
existait d’autres dues à d’autres germes. Ces autres
espèces bactériennes étaient généralement trouvées en
association et agissaient en synergie pour acquérir le
pouvoir pathogène responsable de FN.
Bacille gram + sporulé
Bacille gram Cocci gram +
46%
24%
4%
avec une moyenne de 4 espèces bactériennes [74, 87] et
un maximun connu de 9 [7]. La grande fréquence de E.
Coli, isolé ou associé, mérite d’être soulignée. On trouve en association des germes aérobies et anaérobies, ce
qui est en faveur de la facilitation (Tableau 2).
L’existence d’une synergie bactérienne a été initialement démontrée entre le Staphylocoque doré et le
Streptocoque aérophile [35]. D’autres coopérations
interbactériennes ont été décrites par la suite.
Nous ne pouvons en donner ici que quelques exemples
[13, 35 ,51, 65, 74]:
• Les bactéries aérobies facultatives facilitent la croissance des anérobies strictes en consommant l’oxygène
ou en diminuant le potentiel d’oxydoréduction des tissus, ou encore en mettant à la disposition des derniers
de la catalase.
• Certaines bactéries protègent les espèces démunies de
défense. Le Bactéroïde, à titre d’exemple, inhibe la phagocytose de nombreuse bactéries aérobies.
• Le Staphylocoque sécrète la coagulase, qui rend possible
la coagulation du plasma citraté et oxalaté, et entraîne une
formation de fibrine. Les bactéries se couvrent de cette
substance pour se soustraire à la phagocytose.
• Une bactérie peut synthétiser des substances nutritives
utiles aux espèces déficientes.
La culture typique
• La streptodornase du Streptocoque dépolymérise
l’ADN. Puisque la viscosité du pus résulte des desoxyribonucléoprotéines, la streptodornase liquéfie le pus,
favorisant l’infection.
Il est exceptionnel que la culture des sécrétions de la
gangrène ne mette en évidence qu’une seule espèce
bactérienne comme certains l’ont rapporté [31]. La culture typique montre une infection polymicrobienne,
- De nombreuses sécrétions bactérienne, enzymes ou
toxines, interviennent dans le développement de la
nécrose. Celle-ci constitue le milieu nécessaire à la pullulation des anaérobies.
914
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les stigmates histopathologiques ont été étudiés à la
fois dans le cadre général des FN [89] et dans celui,
restreint, de la gangrène de OGE [18, 51]. On peut les
synthétiser de la manière suivante en fonction du stade
évolutif de la maladie :
Stades précoces (phase de début et état pré-gangréneux)
Macroscopiquement, la chirurgie ou la nécropsie
montrent un oedème important intéressant l’ensemble
de la peau et le fascia superficiel. Des zones de nécrose et de collection purulente dans le tissu sous-cutané
et les plans aponévrotiques accompagnent cet oedème. Ils épargnent le derme et l’épiderme [51, 89].
Microscopiquement, selon STAMENKOVIC [88], la FN
se caractérise par 6 éléments, reconnaissables entre 0
et 4 jours d’évolution (moyenne 21 heures): 1) la
nécrose des fascia, 2) une infiltration leucocytaire de
la partie profonde du derme, 3) une thrombose fibrinoïde des veinules et artérioles du tissu sous-cutané,
4) une nécrose fibrinoïde des parois vasculaires, 5)
une infitration microbienne des tissus atteints, et 6) la
préservation des plans musculaires. Nous précisons,
avec JONES [51] et BERNARD [13] qu’il existe une
infiltration oedémateuse, neutrophilique et même
lymphocytaire du tissu cellulaire sous-cutané. Une
séquestration érythrocytaire selon U MBERT [94] est
par ailleurs souvent présente.
Stades tardifs (état gangréneux)
Macroscopiquement, la nécrose est massive et
concerne l’ensemble des plans tégumentaires y compris les fascia. La supuration est importante.
Microscopiquement, le derme et l’épiderme sont le
siège d’une nécrose de coagulation. La nécrose hypodermique et fasciale est extensive, concordant avec
l’aggravation des lésions vasculaires décrites dans les
stades précoces [51].
L’examen anatomopathologique se réalise soit en
extemporané [89] soit selon la technique habituelle.
Les fragments tissulaires à examiner sont prélevés
chirurgicalement. Ils doivent comporter tous les plans
anatomiques de la peau et le fascia superficiel [89].
PHYSIOPATHOGENIE
plique ni le début subit de la maladie, ni sa progression
rapide et moins encore la gangrène.
La théorie microbienne [78] résume la physiopathologie à une lymphangite «suraiguë, extensive et gangréneuse» secondaire à une lésion de voisinage souvent
méconnue. Cette théorie souffre des limites de la précédente.
La théorie vasculaire [37, 54, 69] ne reconnaît pas le
rôle primordial de l’infection. Elle propose une explication d’une part de la gangrène et de son caractère
subit, d’autre part de la topographie de la maladie, par
des lésions vasculaires, en particulier une thrombose
des artères scrotales. La théorie vasculaire n’explique
pas l’atteinte extensive des OGE puisque ceux-ci sont
richement vascularisés.
La théorie associant infection et lésion vasculaire [32,
51]. Elle considère l’infection comme cause primaire et
les lésions vasculaires comme conséquences mais
déterminant l’extension de la maladie. L’atteinte vasculaire porterait non pas sur les artères distales mais sur
les réseaux capillaires locaux. Elle serait due au choc
septique, responsable de microthromboses et de coagulopathie de consommation. Les vaisseaux concernés
seraient les branches de l’artère honteuse interne à destinée scrotale, siège d’endartérite oblitérante.
La théorie basée sur la coagulation intravasculaire
[42], la CIV primitive ou secondaire serait la cause de la
maladie. Elle se compliquerait secondairement de surinfection bactérienne. Cette CIV primitive serait le fait des
troubles hémodynamiques locorégionaux, la CIV secondaire une complication d’infection extragénitale.
Cette théorie n’explique pas pourquoi la CIV est localisée aux OGE.
Essai actuel de physiopathogénie
On peut actuellement tenter une approche physiopathologique fondée sur des données étiologiques, bactériologiques, cliniques, et anatomopathologiques confirmées.
L’infection [20, 22, 51, 86]. Il est maintenant admis
que le primum movens de la gangrène est l’infection du
tissu sous-cutané, compliquée de celle du plan fascial
sousjacent. L’analyse des facteurs étiologiques met en
évidence 4 modes d’inoculation de l’hypoderme:
• l’effraction cutanée en cas de lésion cutanée,
Elles sont multiples. Citons les 5 principales:
• l’effraction des plans aponévrotiques, particulièrement du fascia de Buck, des aponévroses scrotales
superficielle et profonde en cas de lésion uro-génitale.
La théorie initiale [18, 44]. La gangrène résulterait
d’une infiltration urineuse des tissus sous-cutanés à
partir de lésions urétrales minimes. Cette théorie n’ex-
• la diffusion de l’infection à travers un fascia fenêtré,
le fascia de Colles principalement, lorsque le point de
départ est péri-ano-rectal ou rétropéritonéal [74, 86].
Les théories
915
• la métastase septique sanguine ou lymphatique dans
les infections intrapéritonéales [35].
La nécrose [7, 13, 31, 35, 51, 74, 94, 97). Elle est la
conséquence des lésions de thrombose vasculaire liées
à la compression par l’oedème inflammatoire [74].
La symptomatologie clinique
Les signes locaux
La cellulite détermine la douleur, l’oedème et l’érythème. L’accumulation de gaz dans les tissus se manifeste
par la crépitation et l’odeur fétide [11, 74]. La gangrène détruit les fibres nerveuses en même temps que les
autres tissus; ceci explique la diminution ou la disparition des douleurs qui caractérise l’état de gangrène [74].
Les signes généraux
Ils sont dûs à la libération des bactéries et leurs toxines
dans la circulation sanguine, maximale en phase d’état
avant l’apparition de la gangrène. Celle-ci, véritable
drainage naturel, évacue au dehors les sécrétions bactériennes et amène l'amendement des signes généraux. Ce
fait est un argument en faveur du traitement précoce.
EXPLORATIONS COMPLEMENTAIRES
L’aide des explorations complémentaires est double.
D’une part, elles interviennent dans le diagnostic positif,
en particulier dans les premiers stades de la maladie où ils
rendent possible l’instauration d’un traitement précoce.
D’autre part, elles mesurent les répercussions systémiques de la maladie dont la connaissance est utile pour
le traitement médical et pour le pronostic. Les explorations complémentaires indiquées en phase aiguë peuvent
dans certains cas constituer une partie du bilan étiologique. Mais il est admis que celui-ci se réalise à froid.
Hématologie
Une hyperl eucytose, généralement supérieure à
15000/ml, est retrouvée dans plus de 90% des cas [7,
10, 74]. Une anémie modérée est mentionnée dans 12%
des cas par DE JONG [27]. D IETRICH [31] note une hypothrombocytémie, signe d’infection à germes gram
négatif, chez un patient sur 3. La crase sanguine est
souvent perturbée par une hypoprothrombinémie [22].
La VS est constamment élevée.
Biochimie
Des perturbations transitoires de la fonction rénale,
avec un taux de créatinine plasmatique de 130 à 270
micromoles concernent de 25 à 50% des patients [27,
74]. L’ionogramme plasmatique peut être perturbé par
une hyponatrémie et une hypocalcémie [7].
L’hyponatrémie est en rapport avec l’hyperglycémie.
L’hypocalcémie est expliquée par l’activation de la
lipase. Cette enzyme baisse le taux des triglycérides et
libère les acides gras libres qui forment des chélates de
calcium. Les protéine plasmatiques, l’albumine notamment, peuvent être basses [10, 22]. La glycémie est
souvent perturbée en raison des troubles transitoires de
la tolérance aux glucides ou de décompensation de diabète connu ou non. Le dosage de CPK est indiqué dans
les lésions extensives à la recherche d’une myonécrose.
Bactériologie
L’uroculture, l’hémoculture et la culture des sécrétions
de la gangrène systématiques s’effectuent en milieux
aérobie et anérobie.
• 6 à 41% d’hémocultures sont positives [3, 11, 22, 52].
Elles le sont d’autant plus que les lésions sont étendues.
• 13 à 38% d’urocultures sont positives [3, 11].
L’infection urinaire est souvent en relation avec une
étiologie urologique.
• La culture des prélèvements pariétaux est en règle
positive. Mais des résultats négatifs sont rapportés dans
13 à 23% des cas, en contradiction avec les signes cliniques d’infection, crépitation et odeur fétide notamment [1, 3, 11]. La négativité de la culture des prélèvements pariétaux résulte d’une technique de prélèvement déficiente. Selon BENIZRI [11], la biopsie et l’aspiration à la seringue doivent être préférées à la technique peu précise d’écouvillonnage.
Examen anatomopathologique
Dans le travail de STAMENKOVIC [89] sur les FN extragénitales, l’examen anatomopathologique extemporané, permettait un diagnostic et une prise en charge thérapeutique précoces (délai moyen < 21 heures). Ceci
abaissait le taux de mortalité à 11%, au lieu de 73% en
cas de diagnostic tardif (délai moyen > 6 jours).
L’examen anatomopat hologique systémat ique aux
stades précoces pourrait donc se révéler intéressant
dans la gangrène des OGE.
Explorations radiologiques
La radiographie de l’abdomen sans préparation doit
être systématique. Elle peut montrer l’emphysème
sous-cutané scrotal et son éventuelle extension abdominale. Cet examen constitue le premier temps du
bilan étiologique radiologique. La radiographie de
l’abdomen sans préparation ne décèle pas 25 à 50%
des emphysèmes sous-cutanés [89].
L’échographie [9, 39, 40] est abdomino-périnéale. Elle
reconnaît l’emphysème sous-cutané et son extension.
Elle renseigne sur l’état des organes intra-scrotaux, le
916
plus souvent normal. La peau y apparaît épaissie. Le
tissu sous-cutané peut présenter des foyers hyperéchogènes qui correspondent à la nécrose. Son intérêt est
capital dans les stades précoces lorsqu’elle détecte du
gaz.
L'hidrosadénite ne s’accompagne pas de signes généraux. Localement, l’oedème est peu prononcé. Des
nodules et des zones cicatricielles alternent. Ils se distinguent nettement de la surface lisse, tendue et luisante des phases initiales de la gangrène des OGE.
La tomodensitométrie apporte les mêmes renseignements que l’échographie. Mais sa description des
lésions locales, de l’extension de la nécrose et d’éventuelles affections abdominales est meilleure, et son
champ d’exploration est plus étendu. Elle est utilisable
même sur des gangrènes déclarées. Des affections
intra-abdominales graves peuvent avoir comme signe
révélateur la gangrène des OGE [40]. C’est la raison
pour laquelle nous recommandons la tomodensitométrie en cas de doute. Elle a été réalisée pour la première fois pour cette indication en 1990.
Le traitement de l'hidrosadénite est d’abord conservateur: chaleur locale pour favoriser le ramollissement
des nodules puis leur fistulisation; antibiotiques et
débridement des sit es se drainant difficilement.
L’exérèse large des zones infectées est indiquée en cas
d’échec du traitement conservateur.
L’Imagerie par Résonance Magnétique Nucléaire a
les même avantages que la tomodensitométrie quant à
la qualité des renseignements mais présente l’inconvénient de la durée d’exécution et de coût. O KIZUKA [71]
l’a utilisée pour la première fois dans la gangrène des
OGE en 1992.
L’urétrocystographie rétrograde recherche une lésion
urétrale: extravasation, rétrécissement. Elle s’inscrit
dans le bilan étiologique et permet de poser l’indication
d’une éventuelle cystostomie [74].
Explorations endoscopiques
Il s’agit en particulier de la fibroscopie urétro-vésicale ou
de la rectoscopie en cas de suspicion de lésion urétrale ou
anorectale. De telles lésions constituent une indication de
drainage sus-pubien ou de colostomie [74].
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Les affections à différencier de la gangrène des OGE
concernent le revêtement cutané et les structures profondes de ces organes.
Affections du revêtement cutané
Hidrosadénite suppurée [74]. On réserve cette appellation à une suppuration des glandes sébacées de la peau
des OGE, du périnée et de l’aisselle. L'hidrosadénite
résulte de l’obstruction des canaux sudoripares par du
matériel kératineux. Ce bouchon provoque une dilatation d’amont puis une rupture de la glande. Il s’en suit
une réaction inflammatoire à l’origine d’un nodule
pourpré. Celui-ci s’abcède et se rompt laissant une
cicatrice. L'hidrosadénite se caractérise par de multiples sites de suppuration dus à l’infection des canaux
sudoripares voisins. Les germes impliqués sont le
Streptocoque, le Staphyl ocoque, l’E. coli, et le
Pseudomonas.
Localisation génitale du pyoderma gangrenosum [8,
74, 76]. Connue depuis la publication de BRUNSTING en
1930 [76], cette affection rare est émaillée par des ulcérations cutanées non infectieuses. L’examen histopathologique, non spécifique, retrouve une infiltration
leucocytaire ainsi que des abcès sous-cutanés et sousépidermiques. C’est une affection récidivante. Dans
50% des cas le pyoderma gangrenosum s’associe à une
maladie systémique: gammapathie monoclonale, polyarthrite rhumatoïde, entéropathie inflammatoire, leucémie... Le pyoderma gangrenosum se reconnaît par des
ulcérations, de 1 à 30 cm, multiples, disséminées sur
différentes parties du corps.
Les ulcérations génitales peuvent être larges et
s’étendre à l’ensemble des OGE. Elles s’accompagnent
de phénomènes inflammatoires sévères: oedème, douleurs, érythème et sécrétions. La nécrose y est présente, de même que les signes généraux. Le pyoderma
gangrenosum se distingue cliniquement de la gangrène
des OGE par les lésions satellites et son installation
insidieuse. Sur le plan bactériologique, contrairement à
la gangrène des OGE, les cultures des sécrétions cutanées y sont stériles. L’évolution de la maladie n’est pas
modifiée par les antibiotiques. La base du traitement
est la corticothérapie.
Balanite et balanoposthite. L’infection du gland survient chez l’homme non circoncis à l’hygiène déficiente. Elle se développe à la faveur de la chaleur, de l’humidité et d’une pauvreté relative en oxygène. Les
germes en cause sont variés: virus, bactéries, et
mycoses chez le diabétique. La balanite peut compliquer un sarcome de Kaposi ou un carcinome squameux
de la verge. L’oedème, d’importance variable, s’accompagne d’érythème, de douleur et de sécrétions
purulentes et parfois d’ulcérations. Des signes généraux et des adénopathies satellites peuvent exister.
Le traitement d’une balanoposthite repose sur des soins
locaux, à base d’antiseptiques ou d’antibiotiques, auxquels peut être associée une antibiothérapie parentérale.
L’oedème aigu idopathique du scrotum. Décrit par
QUIST en 1956 [77], cet oedème se caractérise par sa
survenue brutale chez le jeune garçon. Il ne s’accom917
pagne pas de douleur ni de signes généraux. Beaucoup
d’auteurs lui attribuent une origine allergique se basant
sur les fréquents antécédents d’allergie et d’autres
oedèmes. L’oedème aigu idopathique ne nécessite
aucun traitement et se résorbe en 48 heures [66, 95].
La filariose scrotale [2, 6, 10, 34, 66]. Elle résulte
d’une infestation par 3 espèces de filaires à tropisme
lymphatique ou sous-cutané: la filaire de Bancroft (
Wuchereria bancrofti), la filaire de Malaisie (Brugia
malayi) et rarement l’Onchocerca volvulus. La filariose est pantropicale. En zone tempérée, elle représente
une pathologie des populations migrantes.
Les filaires à tropisme lymphatique déterminent une
endolymphite oblitérante responsable de stase puis de
rupture lymphatique d’amont, entraînant un oedème
sous-cutané. Les filaires à tropisme sous-cutané agissent directement à ce niveau où elles déterminent des
réactions inflammatoires.
Les premières manifestations de la filariose sont
aiguës. Les signes généraux réalisent un syndrome
pseudogrippal avec hyperthermie, frissons et courbatures. Une symptomatologie inflammatoire scrotale
peut leur être associée, due à une lymphagite ou cellulite allergique. Les manifestations aiguës de la filariose
sont régressives spontanément ou sous traitement. Elles
n’évoluent jamais vers la nécrose.
Les manifestations chroniques sont représentées par le
lymphoscrotum (stase lymphatique sous-cutanée),
l’éléphantiasis (oedème et fibrosclérose sous-cutanés)
et, en cas d’onchocercose la «gale filarienne» ( prurit
allergique et lésions de grattage). Ces lésions peuvent
s’infecter et déterminer un tableau aigu.
Le diagnostic repose sur la mise en évidence des microfilaires soit directement dans le sang ou dans le derme,
soit indirectement par diverses techniques immunologiques. Le traitement étiologique se fonde sur les différentes substances microfilaricides. La surinfection est
traitée par antibiothérapie par voie générale. Les complications chroniques relèvent du traitement chirurgical
développé ailleurs.
Nécrose localisée du tissu cellulograisseux scrotal.
Elle touche le garçon prépubère souvent obèse présentant des antécédents récents de traumatisme scrotal ou
d’exposition au froid. Le scrotum est érythémateux et
oedématié. Ces phénomènes inflammatoires précèdent
l’apparition de masses scrotales fermes et sensibles, de
topographie particulière: déclive, en arrière et en
dedans des testicules. Il n’y a pas de signes généraux.
L’évolution se fait vers la régression complète en 3 à 4
semaines. La récidive est possible. Cette affection ne
nécessite aucun traitement. L’exploration chirurgicale
pratiquée en cas de doute retrouve une masse graisseuse, ferme, grisâtre et nécrosée. Elle n’influence pas
l’évolution de la maladie [66].
Affections des organes intra-scrotaux
Torsion testiculaire. Vue tardivement (délai > 8
heures), le scrotum présente des signes inflammatoires:
rougeur, douleur et oedème pouvant s’étendre au côté
sain; signes absents en phase précoce. A ce stade, un
fébricule peut apparaître. En l’absence de traitement
ces signes disparaissent progressivement laissant en
place un testicule hypotrophique. L’aide des explorations radiologiques est diversement appréciée.
L’exploration chirurgicale confirme le diagnostic et
permet le traitement [61].
Torsion des annexes testiculaires. Affection de l’enfance ou de l’adolescence, elle se présente comme la torsion testiculaire. Mais la douleur y est moins vive et
l’oedème peu prononcé. Le diagnostic en est confirmé
par l’exploration chirurgicale [61].
Orchiépididymites aiguës de cause urologique. Le
début de la maladie est brutal. Les signes généraux
peuvent être sévères: hyperthermie de 39 à 40°C, frissons. Localement l’intensité des signes inflammatoires
est progressive, au maximum comparable à celle de la
phase d’état de la gangrène des OGE. Les explorations
radiologiques peuvent exclure une torsion testiculaire
et éliminer l’emphysème sous-cutané. Le traitement
médical à base d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires
améliore les signes généraux et entraîne une résorption
des signes locaux en quelques jours. L’involution complète locale s’effectue en 6 à 8 semaines. Non traitée,
l’orchiépididymite se complique d’abcès ou de chronicité.
Autres affections aiguës de l’épidydime et du testicu le. Ces affections se présentent comme une orchiépididymite de cause urologique. Elles peuvent en être différenciées par diverses explorations complémentaires.
Ces affections sont: l’orchite isolée de l’adulte, l’orchite aiguë de l’enfant, la forme aiguë de l’orchiépididymite tuberculeuse, les poussées inflammatoires des
cancers testiculaires, et l’orchiépidimite xanthogranulomateuse en phase aiguë [61].
TRAITEMENT
Principes
Le traitement de la gangrène des OGE repose sur un
impératif et une approche.
L’impératif. C’est la précocité de la mise en route des
mesures thérapeutiques. Cet impérat if garantit le
meilleur pronostic en réduisant les complications systémiques et en limitant l’extension de la nécrose [47,
61, 99]. Les plus forts taux de mortalité sont associés à
une prise en charge thérapeutique tardive [17, 22, 74].
L’approche. Elle découle des connaissances acquises
918
en bactériologie et en physiopathologie, ainsi que de la
redéfinition de la maladie mettant en lumière de nombreux facteurs étiologiques. La thérapeutique doit
d’une part faire face aux graves perturbations générales
menaçant le pronostic vital, d’autre part agir localement pendant et après la phase de gangrène.
Le traitement chirurgical, historiquement le premier,
vise la réparation des lésions, mais aussi selon le cas
leurs causes. Son application isolée, comme VILAIN le
préconisait [20], était grevée d’une importante mortalité, ainsi que MC CREA [63] l’a démontré dans son analyse comparative des résultats avant et après l’ère des
antibiotiques.
Le traitement médical vise les troubles systémiques et,
avec l’OHB, agit sur l’infection. Sa part est considérable dans l’amélioration des résultats obtenus sur la
gangrène des OGE mais n’explique pas tout. A titre
d’exemple, l’introduction de nouveaux antibiotiques
dans l’expérience de CLAYTON et al. [22] n’a pas modifié le taux de survie sur une période de 10 ans. Sans
traitement chirurgical, le taux de mortalité pourrait
avoisiner les 100%.
Une approche thérapeutique médico-chirurgicale est
donc une nécessité: le traitement médical lutte contre
l’infection et ses conséquences mais ne supprime pas la
porte d’entrée sur laquelle seul le traitement chirurgical agit.
logue est selon les auteurs systématique ou sélective,
limitée aux patients à risque [20, 31, 66]. La sérothérapie anti-gangréneuse ne s’impose pas.
• L’héparinothérapie. Elle est systématique et adaptée
au bilan de la coagulation. Elle se justifie non pas par
les microthromboses locales mais par l’immobilisation
prolongée [20, 28, 30].
Oxygénation hyperbare. BRUMELKAMP et al. [81] ont
montré les premiers en 1960 que la mortalité et le développement d’un ulcère après inoculation des bactéries
pouvaient être significativement réduites chez le rat
traité par OHB. Mais c’est seulement en 1967 que
HIMAL et DUFF [46] introduisirent cette méthode dans
la gangrène des OGE. L’OHB réduit la vitesse d’extension de la nécrose [47 ,74, 81]. Il produit ses effets
selon 5 mécanismes: activation des leucocytes polynucléaires, hyperoxygénation tissulaire génératrice des
radicaux libres aux propriétés bactéricides, réduction
de l’oedème, stimulation de l’angiogénèse capillaire,
facilitation du transport tissulaire d’antibiotiques [47,
48, 74, 81]. Elle doit être appliquée dans les délais les
plus courts en période post-opératoire. Son utilisation
est systématique chez la majorité des auteurs [20, 28,
47, 62, 74, 81]. Chez certains auteurs, elle est sélective
[22]. Ses indications indiscutées sont la persistance des
signes toxiques, une culture positive à Clostridium, un
emphysème sous-cutané et la myonécrose [74].
Moyens et méthodes
En pratique, elle est administrée selon les modalités
suivantes [11, 47, 55, 74, 81]:
Le traitement médical. Il comprend plusieurs volets:
• Pression: 2,5 à 3 ATA, dose bactéricide et bactériostatique (80).
• La réanimation. Elle vise les troubles de l’hémodynamique cardiovasculaire, l’insuffisance respiratoire et
rénale ainsi que les troubles nutritionnels induits par
l’état toxi-infectieux. Cette réanimation fait appel aux
méthodes classiques: remplissage vasculaire adéquat
(substituts du plasma, transfusion...), analeptiques cardiovasculaires, correction des troubles électrolytiques,
alimentation parentérale [17, 28, 51].
• Durée des séances: 45 à 90 mn souvent, rarement 120
mn.
• Nombre de séances par jour: 3 le premier jour, 2 les
jours suivants.
• Durée du traitement : de 7 à 10 jours en fonction de
l’état général et de l’état de la plaie.
• L’antiobiothérapie. Essentielle, elle doit être massive
et entreprise dès que les différents prélèvements bactériologiques sont réalisés. Probabiliste visant les germes
les plus fréquemment rencontrés au départ, elle sera
adaptée dès que possible [7, 31].
L’OHB est contre-indiquée en présence de bronchospasme, de sinusite et d’épilepsie. Ses complications
sont la neurotoxicité, le traumatisme bronchopulmonaire, une myopie et un traumatisme auditif réversibles
[74].
L’antiobiothérapie doit être active à la fois sur les
germes aérobies et anaérobies. En règle, elle s’administre en association, triple souvent [47, 86, 99], double
parfois [27, 34]. Certains ont même préconisé une
monothérapie par uréidopénicilline [34]. La durée du
traitement dans les cas favorables est généralement de
courte durée: 7 jours en moyenne (extrêmes de 5 à 10
jours) [27, 34]. Elle dépendra évidemment de l’évolution de la toxi-infection.
Le traitement chirurgical. On l’envisage en fonction
du stade évolutif et de l’étiologie.
• La sérothérapie. La sérothérapie antitétanique homo-
• Avant l’état déclaré de gangrène, le diagnostic affirmé par les explorations radiologiques et l’analyse anatomopathologique, le geste chirurgical est minimal et
consiste en de multiples incisions de drainage [84].
• En phase de gangrène, le geste chirurgical est «agressif»: exérèse des tissus nécrotiques jusqu’en zones
saines reconnaissables parce qu’elles ont un aspect nor919
mal, saignent et ne se laissent pas décoller au doigt des
plans profonds [27]. A ce débridement limité aux tissus
franchement nécrotiques s’oppose un débridement radical étendu à toute zone accusant une crépitation. Ces 2
attitudes n’auraient pas de conséquence sur le taux de
mortalité. Le débridement respecte en profondeur le testicule et ses annexes ansi que les formations érectiles.
Le sacrifice, rare, de ces organes se justifie par leurs
atteintes primitives: abcès, traumatisme [46, 74]. Des
cas de castration sont rapportés [74], mais nous n’avons
pas trouvé dans la littérature de sacrifice des formations
érectiles. Le débridement est souvent répété, allant de 1
à 10 fois [7]. Le traitement appliqué après lui est
variable: irrigation continue au soluté physiologique
rifociné, au liquide de Dakin ou à la Betadine ® [17, 51,
74]; pansement humide au soluté physiologique simple,
aux antibiotiques ou au liquide de Dakin [31]; application d’eau oxygénée, ou de tétrachlordecaoxyde [74,
87]; application de peau allogénique conservée [31, 74];
application de miel naturel [34].
• En phase de restauration, les testicules dénudés peuvent être conservés provisoirement sous la peau de la
face interne des cuisses. Selon l’importance de la perte
de substance la couverture des OGE est obtenue rarement par cicatrisation dirigée ou suture secondaire
[17]; souvent par greffe cutanée partielle; moins fréquemment par lambeauplasties de la cuisse: lambeau
fasciocutané [45] ou lambeau myocutané du droit interne [8].
• Dérivations urinaires et digestives temporaires de
confort. En l’absence de lésions urinaires ou digestives,
elles sont pratiquées pour faciliter les soins locaux et
pour éviter l’imbibition urinaire ou la contamination
fécale [4, 7, 28]. La cystostomie sytématique chez de
nombreux auteurs [4, 51] ne s’impose pas pour d’autres
[99]. La colostomie est indispensable dans les gangrènes extensives.
• Traitement étiologique. Certaines affections urogénitales (rétrécissements urétraux complexes..) ou anorectales (cancers infectés...) peuvent faire l’objet d’un
traitement d’attente, les dérivations (de nécessité)
notamment. D’autres affections par leur caractère
urgent (abcès ischiorectaux, infections intra-abdominales) justifient un traitement définitif.
Résultats
Morbidité et mortalité. Malgré les progrès de la réanimation, une antibiothérapie adaptée, l’OHB et une chirurgie appliquée dans le respect des règles, la gangrène
des OGE reste une affection grave:
• Le taux moyen de mortalité est de 20% sur 206 cas
issus de diverses études des années 1980 et 1990 [7, 20,
28, 34, 47, 51, 80, 98]. Ce taux semble incompressible
depuis plus de 20 ans, puisque BROWN [74] dans une
Tableau 3. Complications marquant l’évolution de 114 cas de
gangrène d’OGE [7, 22, 47, 80, 99].
Etat septique prolongé
20%
Trouble de la coagulation
10%
Détresse respiratoire
17%
Insuffisance hépatique
7%
Insuffisance cardiaque
4%
Troubles gastro-intestinaux
5%
Insuffisance rénale
11%
Une ou plusieurs complications
54%
Absence de complications
46%
revue de 116 cas des années 1970 trouvait une moyenne identique.
• Le taux moyen de morbidité sur un collectif issu des
séries des 13 dernières années est de 54% (Tableau 3)
Facteurs de pronostic. On reconnaît à la gangrène des
OGE un certain nombre de facteurs de mauvais pronostic [7, 11, 22, 28] : les tares, notamment le diabète
et l’éthylisme; la grande extension des lésions; le
caractère secondaire de la maladie, surtout en présence
d’une cause anorectale; l’âge supérieur à 60 ans et le
défaut de traitement précoce. A titre d’exemple,
BENIZRI et al. [11] rapportent un taux de mortalité de
50% après 60 ans et de 17% avant; de 28% en présence de tare mais 23% en son absence.
Séquelles. Elle peuvent être négligeables (esthétique),
graves (retrécissements urétraux, stérilité, impuissance), gravissimes (carcinomes cutanés) [7, 10, 27]. Elles
nécessitent par conséquent un suivi urologique à long
terme (Tableau 3).
FORMES INHABITUELLES
La gangrène des OGE de l’enfant
Historique et fréquence. La gangrène des OGE chez
l’enfant (0 mois à 15 ans) était connue de BAURIENNE
[57] mais c’est LEVINSON en 1931 [57] qui le premier
en fit la description la plus complète. C’est une forme
rare. A DAMS en 1990 [1] relevait 56 cas dans la littérature depuis 1764. De 1990 à 1993, quelques cas sont
rapportés, mais sans précision de nombre, dans des travaux portant surtout sur l’adulte [7, 22, 34]. La gangrène des OGE de l’enfant concerne dans la majorité
des cas le nouveau-né et le nourrisson: 66% des cas
sont trouvés en dessous de l’âge de 3 mois, 86% en
dessous de 3 ans [57].
Clinique. L’évolution de la maladie est schématique920
ment superposable à celle de l’adulte. Mais contrairement à celui-ci, l’enfant présente un état général relativement bon: les signes de toxi-infection, hormis l’hyperthermie, sont peu prononcés ou absents [57, 74].
Etiologie, bactériologie et diagnostic différentiel. Les
causes rapportées de la gangrène des OGE de l’enfant
sont: les traumatismes scrotaux, les piqûres d’insectes,
la circoncision, les brûlures, les affections anorectales,
les lésions péri-urétrales et les infections systémiques.
Les bactéries les plus souvent mises en évidence sont le
Streptocoque (45%) et le Staphylocoque (26%). Le diagnostic différentiel se discute comme chez l’adulte [57].
• La gangrène primitive des OGE ou maladie de
Fournier qui correspond à la définition princeps: étiologie inconnue, mais surtout évolution inéluctable vers
la nécrose de topographie déterminée quel que soit le
traitement.
• La gangrène secondaire des OGE liée à une cause
locorégionale ou générale. L’évolution peut en être
modifiée par une prise en charge thérapeutique précoce. Sa fréquence est de 95%.
Diagnostic
• L’intérêt d’un diagnostic précoce est souligné:
Traitement et résultats. Le traitement ne présente de
différence avec celui de la gangrène de l’adulte que par
la contrainte d’un débridement économique limité aux
zones franchement nécrotiques. Des surfaces cutanées
d’aspect douteux doivent en effet être respectées
puisque souvent, elles apparaissent viables avec le
temps. La mortalité de 23% avant 1950, est après cette
date de 9%. Les complications de la maladie sont parfois graves: embolie pulmonaire, CIVD, abcès métastatiques, péritonite [57].
- Dans la gangrène primitive, il permet d’éviter les
complications générales.
La gangrène des OGE de la femme
Thérapeutique
Historique et fréquence. BODIN [15] faisait état en 1928
de 5 premiers cas colligés sur une période de 30 ans. Les
observations récentes restent rares : 10 cas de 1974 à ce
jour [7, 20, 28, 46]; insuffisamment documentés, et
inclus dans des rapports traitant des cas chez l’homme.
Clinique et étiologie. Le jeune âge souligné par BODIN
[15] est inconstant dans les travaux actuels où l’on trouve
une majorité de patientes de plus de 60 ans [20, 28]. La
clinique est peu différente de celle de l’homme quant à la
survenue, l’évolution et aux signes généraux. Localement,
la gangrène se limite à la vulve ou s’étend au-delà d’elle
[15]. Aux cas idiopathiques initiaux s’opposent les formes
secondaires actuelles. D’autres aspects de la maladie n’ont
pas de spéficité par rapport à l’homme.
CONCLUSION
Les connaissances acquises en physiopathologie, en
bactériologie et anatomie pathologique, mais aussi
l’amélioration des techniques d’explorations paracliniques et l’introduction de nouveaux moyens thérapeutiques ont modifié l’évolution de la gangrène des OGE
depuis sa description en 1883. Ces acquisitions aident à
préciser des notions essentielles dans 3 domaines:
- Dans la gangrène secondaire, il permet, outre la prévention des complications générales, la limitation de
l’extension des lésions.
• Divers moyens de diagnostic rapide sont disponibles:
biopsie chirurgicale ou par ponction avec analyse histopathologique extemporanée, mise en évidence d’emphysème sous-cutané par méthode radiologique.
• Dans son approche, elle doit être médico-chirurgicale:
- L’antibiothérapie, bi ou triple association, couvre une
flore mixte aéro-anaérobie.
- Le geste chirurgical est un drainage en phase prénécrotique, en phase de gangrène un débridement des tissus nécrosés et un drainage des cavités. Parfois itératif,
il respecte en principe les éléments profonds des OGE.
- L’OHB est un complément nécessaire (action antiinfectieuse, effet bénéfique sur la trophicité des tissus).
- Les dérivations urinaires (cystostomie) ou digestives
(colostomie) sont pratiquées de principe ou de nécessité.
- La reconstruction chirurgicale consiste généralement
en greffe cutanée ou lambeaux divers (5).
• Dans ses résultats, elle garde une mortalité moyenne
constante au cours des 2 dernières décennies, de l’ordre
de 20%.
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SUMMARY
Gangrene of the external genital organs.
The term gangrene of the male external genital organs is applied
to two different entities :
Primary gangrene of the external genital organs (5% of cases),
also called Fournier’s disease, first described in 1883 : gangre ne of the integument of the external genital organs in the absen ce of a local cause, according to an unknown mechanism and
with inevitable progression towards a specific distribution of
necrosis, regardless of treatment.
«Secondary» gangrene of the external genital organns (95% of
cases) related to a local, cutaneous, urogenital or gastrointesti nal cause, whose course can be modified by early application of
approrpiate treatment. An early diagnosis is essential : in true
Fournier’s disease to avoid the systemic complications of this
necrosis, and in secondary gangrene to limit the local extension
and to prevent systemic complications. In view of the galloping
course of the disease and in order to very rapidly reach the dia gnosis, many authors recommend : local aspiration, biopsy or
search for subcutaneous gas by ultrasound or radiology.
Treatment consists of :
• Antibiotic therapy using two or three antibiotics to cover the
usually mixed bacterial flora (Gram positive cocci, Gram negat tive bacilly and anaerobes).
• Surgical debridement as required, possibly repeated to excise
necrotic zones, to drain collections and for irrigation of cavities.
• Hyperbaric oxygen therapy.
• Urinary div ersion (cystostomy) or gastrointestinal diversion
(colostomy) may be required when either of these two tracts are
responsiblee for the infection, or when diversion facilitates
management.
• Surgical reconstruction (grafts or flaps) as required. The mor tality is high, of the order of 20% : < 10% in young patients with
a good general condition who are correctly treated after an early
924
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