
conscience. L’intensité de ces signes est variable,
allant des perturbations modérées à l’état de choc. La
phase de début est en règle de courte durée, inférieure
à 48 heures [11, 52]; mais elle peut être longue de 2 à
10 jours [10,99].
Phase d’état
Deux états successifs caractérisent cette phase:
•L’état prégangréneux
C’est le prolongement de la phase de début dont les
signes s’aggravent.
- Localement, l’oedème augmente. Le scrotum, tendu,
devient luisant érythémateux ou, signant une infection
à germes gram négatifs, «bronzé». La douleur atteint
son intensité maximale. L’inflammation reste limitée à
la sphère urogénitale (35 à 50% des cas) ou s’étend au-
delà de celle-ci gagnant le périnée, la paroi abdomina-
le, le thorax et les creux axillaires [11, 22]. La palpation
provoque une crépitation neigeuse (30 à 66% des cas),
témoins d’un emphysème sous-cutané ou, à une phase
plus tardive, retrouve une fluctuation en rapport avec
une collection purulente [11, 20].
- Sur le plan général, aux troubles thermiques et hémo-
dynamiques et à l’altération de la conscience (avec sou-
vent un état de prostration et de délire) peuvent s’ajou-
ter des défaillances fonctionnnelles diverses, notam-
ment rénales et respiratoires [30].
A ce stade la symptomatologie peut régresser sous un
traitement efficace et révéler une gangrène secondaire.
Mais souvent, elle évolue vers l’état suivant.
• Etat de gangrène
Au cours de cette période, à la gravité des lésions
locales s’oppose une amélioration progressive de l’état
général:
- Localement, la peau se couvre de phlyctènes, puis de
plages de sphacèle qui en quelques heures peuvent
s’étendre à toute la surface inflammatoire. La peau gan-
grénée forme des croûtes qui se durcissent puis tombent
en 2 à 3 jours. Les sécrétions, purulentes, et les tissus
mortifiés sont fétides. Il existe une démarcation entre la
peau saine et la peau gangrénée selon un découpage
irrégulier. En profondeur, la gangrène respecte les tes-
ticules et leurs annexes qui restent appendus aux cor-
dons spermatiques. Au niveau du pénis, les corps érec-
tiles sont respectés. La gangrène s’accompagne d’une
diminution des douleurs [10, 30, 74].
- Sur le plan général, interviennent progressivement la
défervescence thermique, la stabilité hémodynamique
et l’amélioration des fonctions vitales.
Phase de restauration
Dans cette phase, des lambeaux de peau nécrotiques
s’éliminent. Un tissu de granulation apparaît.
Progressivement la plaie se contracte et une épithéliali-
sation centripète s’engage. La cicatrisation spontanée
est obtenue en 2 à 3 mois. Le scrotum guéri est de petit
volume [10, 30].
ETIOLOGIE
On considère actuellement que la gangrène des OGE a
presque toujours une cause [17, 31, 74]. Mais malgré
l’efficacité des moyens d’exploration, la maladie reste
sans explication dans 5 à 35% des cas [11, 34, 36, 67,
86, 90, 99].
On reconnaît à la gangrène secondaire un grand
nombre de facteurs étiologiques ou prédisposants loco-
régionaux ou généraux. Dans l’analyse qui suit, la fré-
quence respective de ces facteurs est établie sur un
regroupement de 198 cas issus de travaux divers [4, 7,
9, 12, 14, 19, 22, 26, 28, 31, 34, 41, 43, 47, 50, 59, 64,
72, 75, 76, 80, 83, 84, 85, 86, 93, 99].
Les facteurs locorégionaux (98%)
Il s’agit des foyers infectieux localisés dans les organes
génitaux ou dans leur voisinage, proche ou éloigné.
Facteurs cutanés (15%)
C’est d’abord un ensemble de lésions relevant de la
pathologie dermatologique: en particulier, folliculite,
hydrosadénite, maladies éruptives, ulcères vénériens,
piqûre ou morsure d’insectes ou d’animaux. Ce sont
aussi des lésions relevant de la pathologie chirurgicale:
posthite, paraphimosis, circoncision, vasectomie,
usage chronique du condom, traumatisme du coït, cure
d’hypospadias, injection intracaverneuse, notamment.
Facteurs urogénitaux (33%)
Ils sont représentés par les atteintes des structures pro-
fondes des OGE et par les lésions des organes génitaux
internes. Sont rapportés au niveau des OGE: les infec-
tions et les migrations de prothèses péniennes, les
rétrécissements urétraux complexes, les fausses routes
urétrales traumatiques, la nécrose urétrale sur ballonnet
de sonde mal positionnée, les abcès épididymaires ou
testiculaires et la cure d’hydrocèle. Au niveau de la
prostate, on cite la prostatite et la biopsie transrectale.
Lésions anorectales (42%)
Sont fréquemment rapportés les hémorroïdes, le cancer
rectal, et les fissures anales infectées ainsi que les abcès
ischiorectaux et périanaux.
Autres facteurs (7%)
On regroupe dans cette catégorie diverses affections
abdominales, pariétales et intra-abdominales: compli-
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