Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker

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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies
musculaires de
Duchenne et de
Becker
JUIN 2008
AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
Sommaire
Faits marquants de la recherche .......................................................................................4
Mieux traiter la dystrophie musculaire de Duchenne par le saut d'exon .......................4
Succès d'un essai de tolérance du PRO051 (Prosensa) chez 4 garçons DMD ......4
Démarrage d'un essai anglais (Pr. Muntoni) de phase I avec des morpholinos......5
Le point sur les avancées du saut d'exon par AAV-U7 ...........................................5
Mieux traiter les dystrophies musculaire de Duchenne et de Becker par le PTC124 .....7
Succès d'un essai de phase II et lancement d'un essai international de phase IIb .7
Participer à l'essai PTC124 en pratique ..................................................................8
Mieux traiter les dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker par thérapie
génique...........................................................................................................................9
Le point sur deux essais de thérapie génique .........................................................9
Mieux traiter les dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker par thérapie
cellulaire .......................................................................................................................10
Succès d'un essai Italien de tolérance d'une autogreffe de cellules souches
musculaires adultes CD133+ ................................................................................10
La greffe de mésangioblastes améliore la fonction musculaire chez les chiens
GRMD ...................................................................................................................11
Suspension de l'essai québécois de phase II d'autogreffe de myoblastes............11
Mieux traiter les dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker par les
médicaments................................................................................................................11
Le périndopril permet aux enfants atteints de DMD de vivre plus longtemps........12
Idébénone et DMD : le point sur les résultats de l'essai Santhera ........................12
Résultats en demi teinte du premier essai clinique de phase I avec un inhibiteur de
la myostatine dans plusieurs formes de dystrophie musculaire ............................13
Autres publications ..........................................................................................................13
Mieux connaître pour mieux soigner les dystrophies musculaires de Duchenne et de
Becker ...........................................................................................................................13
Myoglobinurie et corticothérapie au long cours dans la myopathie de Duchenne :
une complication rare à connaître .........................................................................13
Sous-estimation des difficultés psychologiques et cognitives dans la myopathie de
Becker : à propos d’une enquête australienne ......................................................14
Risque cardiaque chez les femmes transmettrices de dystrophinopathie : pas si
grave que cela ?....................................................................................................14
Mieux diagnostiquer la dystrophie musculaire de Duchenne.......................................15
Dépistage néonatal et maladie de Duchenne : il est urgent d’attendre .................15
Mieux soigner la dystrophie musculaire de Duchenne .................................................15
Résultats décevants de l'étude pilote avec de l'oxatomide ...................................15
La place des corticoïdes dans l’arsenal thérapeutique de la myopathie de
Duchenne : une nouvelle revue Cochrane fait le point..........................................16
Confirmation des effets bénéfiques à long terme du Déflazacort dans un groupe
de jeunes patients canadiens................................................................................16
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AFM>Myoinfo
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AV08_DBMD.doc
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Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
La dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) et la dystrophie musculaire de
Becker (DMB) sont dues à des altérations du gène DYS qui code une protéine des
fibres musculaires, la dystrophine. L'anomalie moléculaire du gène DYS aboutit à
un déficit total (DMD) ou partiel (DMB) en dystrophine ou à une dystrophine de taille
anormale (DMB)
motoneurone
© AFM - M. Gilles
fibre
musculaire
La dystrophine est localisée sous la membrane cellulaire (sarcolemme) de la fibre
musculaire. Elle est associée à un complexe de protéines (DAG : glycoprotéines
associées à la dystrophine) qui relient à travers la membrane cellulaire, l'intérieur de
la fibre musculaire (cytosquelette) à l'extérieur (matrice extracellulaire).
L’absence de dystrophine déstabilise cette interaction et par conséquent fragilise la
membrane de la fibre musculaire. La membrane musculaire fragilisée ne résisterait
plus aux contraintes imposées lors de la contraction, et la fibre musculaire serait
détruite, libérant des enzymes musculaires (CPK) dans le sang.
La dystrophie musculaire de Duchenne est la plus répandue des myopathies de
l'enfant : elle concerne 1 garçon sur 3 500 à la naissance. C’est une maladie qui
touche l'ensemble des muscles de l'organisme (muscles squelettiques, muscle
cardiaque et muscles lisses).
La dystrophie musculaire de Becker est dix fois moins fréquente que la dystrophie
musculaire de Duchenne. Ses manifestations sont moins marquées et moins
évolutives que celles de la dystrophie musculaire de Duchenne.
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© AFM - M. Gilles
dystrophine
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Faits marquants de la recherche
MIEUX TRAITER LA DYSTROPHIE MUSCULAIRE DE DUCHENNE PAR LE
SAUT D'EXON
48
49
48
52
51
49
51
52
X
Pas de
dystrophine
La DMD résulte de mutations dans le gène de la dystrophine.
Dans 65% des cas, il s’agit de délétions d’un ou plusieurs
exons provoquant un décalage du cadre de lecture : la
dystrophine n’est pas synthétisée.
48
49
52
51
saut de l'exon 51 provoqué
par les oligonucléotides
anti-sens ciblés
48
49
52
Dystrophine raccourcie mais
fonctionnelle (quasi-dystrophine)
Le saut d’exon a pour objectif de rattraper un cadre de lecture fonctionnel en
éliminant un ou plusieurs exons de l’ARN muté. Certes, la dystrophine produite
est plus courte (quasi-dystrophine), mais elle est fonctionnelle.
Pour induire un saut d’exon, les chercheurs interviennent au niveau de la
réaction d’épissage de l’ARN à l’aide de petits ARN artificiels anti-sens
(oligonucléotides anti-sens) spécifiques des exons qu’ils cherchent à exclure.
Ces oligonucléotides anti-sens sont soit des molécules synthétiques (comme le
PRO51 ou les morpholinos), soit produits par un minigène (U7 ou U1) qui est
apporté dans la cellule par un vecteur viral AAV.
SUCCES D'UN ESSAI
ATTEINTS DE DMD
DE TOLERANCE DU
PRO051 (PROSENSA)
CHEZ
4
GARÇONS
Un essai clinique de phase I (faisabilité et tolérance) s’appuyant sur la technique du saut d’exon a
été mené avec succès aux Pays-Bas chez des enfants atteints de la myopathie de Duchenne. Cet
essai a utilisé des oligonucléotides anti-sens ciblant l'exon 51 : PRO051 mis au point par la société
de biotechnologie Prosensa.
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Lors de cet essai, mené par l'équipe néerlandaise de Judith van Deutekom et Gertjan van Ommen,
au Centre Médical de l’Université de Leiden, 4 enfants âgés de 10 à 13 ans ont reçu dans une
partie d’un muscle de la jambe une injection unique d’un traitement à base de PRO051. Quatre
semaines après cette injection, une biopsie réalisée sur ces patients a permis de constater la
présence de la dystrophine, avec un niveau d’expression significatif. Aucun effet secondaire n’a
été enregistré et la force musculaire n’a pas été altérée par cette injection.
Un essai de phase I/II a débuté pour tester la sécurité et apporter des indications d’efficacité du
traitement par PRO051 administré non plus intramusculaire (localisé) mais par voie sous-cutanée,
qui devrait permettre d’atteindre l’ensemble de la musculature squelettique et cardiaque. Cet essai
sera mené dans trois centres à Leiden (Pays-Bas), Gotteborg (Suède) et Leuven/Louvain
(Belgique).
Local Dystrophin Restoration with Antisense Oligonucleotide PRO051.
Van Deutekom et coll. N Engl J Med. 2007, 357(26) : 2677-86 (Décembre 2007).
DEMARRAGE D'UN ESSAI ANGLAIS DE PHASE I AVEC DES MORPHOLINOS
L’essai thérapeutique de phase I, mené par Francesco Muntoni au Hammersmith Hospital de
Londres, en collaboration avec le consortium britannique MDEX et la société américaine AVI
Biopharma Incorporation, évalue la tolérance d’une injection de morpholinos (molécules
synthétiques entraînant un saut d’exon) chez 9 garçons atteint de dystrophie musculaire de
Duchenne, âgés de 12 à 16 ans.
En pratique, les malades sont séparés en trois groupes, chaque groupe recevant, au niveau d’un
petit muscle du pied, une dose croissante de morpholinos. Au bout de 14, puis de 28 jours, les
médecins pratiqueront une biopsie dans la zone traitée afin d’y rechercher tout d’abord les ARN
messagers de la dystrophine puis, éventuellement, la protéine.
L’injection des morpholinos se fait actuellement en intramusculaire mais les médecins comptent
passer rapidement à une administration systémique. Leurs recherches précliniques sur un
traitement par voie systémique chez des souris mdx ont montré qu’une injection en sous-cutanée
ou en intraveineux avaient la même efficacité. Par contre, la dose de morpholinos est plus efficace
quand elle est injectée en 4 fois sur une semaine plutôt qu’en une seule fois. Ces données
précliniques seront probablement prises en compte dans la poursuite de l’essai dont les premiers
résultats sont attendus avec impatience.
Communication de Georges Dickson
Myology 2008 (Mai 2008).
LE POINT SUR LES AVANCEES DU SAUT D'EXON PAR AAV-U7
En 2004, Luis Garcia et son équipe du Généthon avaient réussi, grâce à la technique du saut
d’exon, à rétablir la production d’une dystrophine fonctionnelle chez la souris mdx (modèle de la
dystrophie musculaire de Duchenne), avec une restauration de la force musculaire. Les
chercheurs avaient injecté par voie intra-artérielle ou intramusculaire un vecteur AAV (adeno
associated virus) couplé au gène U7. Le rôle du gène U7 est de produire un petit ARN antisens qui
va masquer l’exon défectueux et rétablir ainsi la production d’une dystrophine incomplète mais
fonctionnelle, appelée quasi-dystrophine. L'avantage de cette stratégie est de faire exprimer par
l'organisme lui-même l'outil thérapeutique, en l'occurrence l'oligonucléotide anti-sens, et cela
pendant plusieurs années.
Depuis les chercheurs ont appliqué cette technique au chien GRMD, un modèle animal beaucoup
plus proche de la maladie humaine. Ils ont d’abord démontré l’efficacité de leur approche sur un
seul membre de l'animal. La quasi-dystrophine produite est fonctionnelle puisque les fibres
musculaires sont résistantes aux contractions et que la force du membre traité est améliorée par
rapport à celle du membre non traité.
Aujourd’hui, l’équipe de Louis Garcia, maintenant implantée à l’Institut de Myologie, a développé
une nouvelle approche pour traiter un chien en entier, en collaboration avec Stéphane Blot (École
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Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
Vétérinaire de Maison Alfort). Cette technique,qui s’appuie sur de nouvelles voies d’administration
via le cœur,permet d’atteindre l’ensemble de la musculature sans toucher d’autres organes. Cette
approche thérapeutique pose cependant le problème de la réaction de l'organisme à une injection
d’AAV, qui lui fait l’effet d’une vaccination contre le virus. Les injections suivantes n’auraient alors
pas l’effet escompté à cause d’une réaction immunitaire contre le vecteur AAV.
Dans une étude publiée en janvier 2008, l’équipe de L. Garcia a analysé ce phénomène chez la
souris mdx. Les expériences ont montré que la réaction immunitaire consistait en une production
d’anticorps contre le vecteur AAV. Pour empêcher la production d’anticorps anti-AAV, les
chercheurs ont testé l’effet d’un traitement immuno-modulateur de 5 jours débutant le jour de la
première injection. Les résultats montrent que ce traitement antirejet, transitoire, est suffisant pour
empêcher complètement la réaction immunitaire contre l’AAV et permettre à la deuxième injection
thérapeutique, réalisée deux semaines plus tard, d’être efficace et de restaurer la production de
dystrophine. En outre et bien qu’il soit de courte durée, le traitement immuno-modulateur semble
efficace pendant au moins 6 mois. Des expériences complémentaires ont également montré qu’il
était conseillé d’entreprendre ce traitement immuno-modulateur à chaque nouvelle injection afin de
conserver l’efficacité de la suivante. Cette étude représente une avancée conséquente en termes
d'application clinique de la stratégie du saut d’exon chez l’homme.
En parallèle, une équipe de chercheurs franco-italiens coordonnée par Luis Garcia et Yvan
Torrente, a réussi à "réparer" des cellules souches musculaires humaines de personnes atteintes
de dystrophie musculaire de Duchenne (DMD). Ces cellules dites CD133+, ont d'abord été isolées
par prélèvement sanguin, d'une part, et directement à partir du muscle, d'autre part. Les
chercheurs ont ensuite "corrigé" in vitro le décalage de lecture
Les techniques in vitro (en latin :
dans le gène DYS humain par la technique du saut d'exon, en
"dans le verre") sont, par
utilisant un dispositif composé d’un vecteur (lentivirus) couplé au
opposition aux techniques in vivo
gène U7. Puis, les cellules humaines "réparées" ont été injectées
(en latin : "dans le vivant")
dans des souris modèles de la myopathie de Duchenne (par voie
effectuées dans un récipient de
intramusculaire et par voie intra-artérielle). Près de 45 jours plus
laboratoire (autrefois en verre).
tard, les souris traitées expriment de la dystrophine humaine et
présentent des performances musculaires améliorées.
Cette étude, publiée en décembre 2007, prouve que des cellules souches musculaires provenant
de personnes atteintes de DMD, "réparées" in vitro, peuvent apporter des bénéfices
thérapeutiques. Un argument de plus pour combiner thérapie cellulaire et saut d'exon.
Muscle function recovery in dystrophic dog after exon skipping gene therapy
Garcia, Myology 2008, Communication orale (Mai 2008).
Transient Immunomodulation Allows Repeated Injections of AAV1 and Correction of Muscular
Dystrophy in Multiple Muscles.
Lorain et coll. Mol Ther. 2008, 16(3) : 541-7 (Mars 2008).
Restoration of human dystrophin following transplantation of exon-skipping-engineered DMD patient
stem cells into dystrophic mice.
Benchaouir et coll. Cell Stem Cell. 2007, 1(6) : 646-57 (Décembre 2007).
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MIEUX TRAITER LES DYSTROPHIES MUSCULAIRE DE DUCHENNE ET DE
BECKER PAR LE PTC124
Le PTC124 est un nouveau composé, développé par
PTC Therapeutics, utilisé dans le traitement des
maladies génétiques dues à des mutations dites "stop"
ou non-sens. Ce type de mutation conduit à la
formation d’un codon stop prématuré dans l’ARN
messager.
Un codon stop est un morceau
d’ADN formé de trois bases (trois
lettres) qui désigne la fin du
message génétique sur l'ARN
messager et qui détermine, par
conséquent, la fin de la synthèse
de la protéine.
Un codon stop prématuré est
un codon stop qui, se situe avant
la fin du message et conduit à la
synthèse d’une protéine plus ou
moins tronquée rarement
fonctionnelle.
© F. Borderie
On estime que 15% des
personnes atteintes de
dystrophie musculaire de
Duchenne (DMD) ont des
mutations "stop" ou non-sens.
Le PTC124 a la capacité de
passer à travers ces codons
stop prématurés, on parle
volontiers de "translecture", et
de restaurer ainsi la production
d’une protéine entière et
fonctionnelle.
© F. Borderie
SUCCES D'UN
PHASE IIb
ESSAI DE PHASE
II
ET LANCEMENT D'UN ESSAI INTERNATIONAL DE
Les résultats de l'essai de phase II de PTC Therapeutics sur le total des 38 garçons atteints de
dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) ayant participé à l'essai, sont désormais connus et
intègrent les données chez les 12 d'entre eux qui ont reçu la dose la plus élevée.
L'essai, qui avait pour objectif d’évaluer la tolérance de PTC124, a été mené aux États-Unis chez
38 jeunes garçons porteurs de mutations à l’origine de l’apparition de codons-stop prématurés. Le
traitement au PTC124 a été donné oralement tous les jours pendant 1 mois. Trois dosages ont été
testés : 16mg/kg; 40mg/kg et 80mg/kg.
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Les résultats préliminaires montrent que 47% des patients (18/38) ont un peu de dystrophine.
Deux semaines après le début du traitement, il y a eu une diminution du taux de créatine
phosphokinase dans le sang proportionnelle à la dose de PTC124. D'un point de vue subjectif, les
patients ou leur entourage ont observé une augmentation de
l’activité physique, de l’endurance et une diminution de la fatigue.
Le dosage des enzymes
Ces signes semblent régresser 2 à 4 semaines après l’arrêt du
musculaires consiste à mesurer
traitement.
la quantité d'enzymes musculaires
présentes dans le sang. Lorsque
Forts, de ces résultats, PTC Therapeutics a lancé un nouvel
des cellules musculaires sont
essai afin d’évaluer cette fois la tolérance et l’efficacité d’un
abîmées ou détruites, certaines
traitement à plus grande échelle et à plus long terme, en
enzymes, principalement la
l’occurrence durant un an. Cet essai, mené dans une trentaine de
créatine phosphokinase
centres en Europe - dans au moins trois centres de référence en
(CPK), l'aldolase et la lacticoFrance (Marseille, Nantes et Paris) - aux États-Unis, au Canada
déshydrogénase sont libérées
et en Australie, s’adresse à environ 165 personnes affectées
dans la circulation sanguine. Un
d’une myopathie de Duchenne ou de Becker. Les patients seront
taux élevé de CPK dans le sang
répartis par tirage au sort en trois groupes. L’un sera traité avec
est le signe d'une lésion
une dose quotidienne de 40mg/kg/jour de PTC124, le second en
musculaire, dont l'origine peut être
prendra 80mg/kg/jour, et le troisième recevra un placebo.
une maladie neuromusculaire, un
L’objectif affiché de PTC Therapeutics est d’évaluer si le PTC124
traumatisme musculaire, ou même
une activité physique intense.
permet d’améliorer la marche ainsi que la fonction et la force
musculaires, et si sa prise sur une longue période ne présente
pas de risques. Si les résultats sont concluants, PTC Therapeutics demandera une Autorisation de
Mise sur le Marché de son produit.
Premature stop codon suppression for the treatment of DMD and other genetic disorders
Lee Sweeney, Communication orale, Myology 2008 (Mai 2008).
PARTICIPER A L'ESSAI PTC124 EN PRATIQUE
Qui peut participer à cet essai ?
L’essai s’adresse aux malades porteurs d’une mutation non sens (c'est-à-dire avec un codon stop
prématuré) dans le gène DYS, atteints d’une dystrophie musculaire de Duchenne âgés d’au moins
5 ans et capables de marcher au moins 75 mètres sans aide à la date d’inclusion ou atteints d’une
dystrophie musculaire de Becker avec des signes cliniques nets à l'âge de 9 ans.
Les malades porteurs d'une délétion, d'une duplication, d'une mutation faux-sens ou d'un autre
type de mutation ne peuvent pas participer à cet essai.
Les malades qui prennent des médicaments comme les corticoïdes ou des médicaments pour le
cœur (périndopril, par exemple) peuvent participer à cet essai, à condition que ces traitements ne
soient pas commencés ou interrompus dans les trois mois qui précèdent l'essai. Seules des
adaptations de doses de ces traitements à l'évolution du poids sont possibles dans le cadre de cet
essai.
Comment cet essai se déroule-t-il ?
Il s'agit d'un essai en double aveugle avec 165 patients répartis en trois groupes (dose haute, dose
basse et placebo) sur une durée de 48 semaines. Tous les malades qui participent à cet essai
pourront ensuite bénéficier d'un traitement par dose haute, si elle se montre efficace et bien
tolérée, et ceci dans une étude ouverte d'observation, après avoir achevé les 48 semaines de
l'essai.
Pendant la durée de l'essai, deux biopsies musculaires du bras (muscle biceps brachial) seront
prélevées, une à l'inclusion et une vers la fin de l'essai. Des visites médicales au centre de
référence, comprenant notamment des prises de sang, des tests psychologiques et de mesure de
la fonction musculaire, seront effectuées toutes les 6 semaines. D'autres contrôles, qui pourront
être exécutés chez le médecin traitant ou à la consultation spécialisée "Maladies
neuromusculaires" de proximité, seront nécessaires.
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Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
Où se renseigner ?
Pour en savoir plus sur les critères d’inclusion et participer à cette étude, vous devez contacter le
médecin qui suit votre enfant, au sein de votre consultation spécialisée "Maladies
neuromusculaires". Le médecin analysera précisément si l’entrée de votre enfant dans l’essai est
possible ou pas. Des renseignements sont également disponibles auprès des trois centres de
référence investigateurs impliqués à ce jour dans cet essai :
- Contact à l’Hôpital la Timone à Marseille : Pr Brigitte Chabrol, tél 33(0)4 91 38 79 42 - 33(0)4
91 38 67 39, fax 33 (0) 4 91 38 56 38, [email protected]
- Contacts au CHU de Nantes : Contact médecin : Dr Armelle Magot, tél 02 40 08 36 17, fax 02
40 36 19, [email protected].
Contact coordinatrice paramédicale : Raphaele Chasserieau, tél 02 40 08 36 17, fax 02 40 36 19,
[email protected].
- Contact à La Pitié-Salpêtrière à Paris : Dr Valérie Doppler, Institut de Myologie, tél 01 42 16 58
73, [email protected]
- Service scientifique de l’AFM : 01 69 13 22 32.
MIEUX TRAITER LES DYSTROPHIES MUSCULAIRES DE DUCHENNE ET DE
BECKER PAR THERAPIE GENIQUE
© AFM - D. Hoarau
La thérapie génique consiste à administrer un gène thérapeutique dans des cellules où le gène est
défectueux ou manquant.
Les chercheurs ont développé différents types de vecteurs et de techniques permettant le transfert de
ces gènes dans l’organisme : vecteurs viraux (virus dont les éléments pathogènes sont remplacés par
le gène-médicament), vecteurs synthétiques (composés chimiques se liant au gène thérapeutique) et
des techniques "physiques" (électroporation, biolistique...). Les vecteurs viraux les plus utilisés in vivo,
sont les AAV (associated adeno virus).
LE POINT SUR DEUX ESSAIS DE THERAPIE GENIQUE
Un essai américain de phase I avec un AAV-mini-dystropine (Pr. Mendell) est en cours de
recrutement. L'objectif est d'évaluer la faisabilité et la tolérance de l’administration en
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Myoinfo>AFM
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Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
intramusculaire d’un AAV-mini-dystrophine chez 6 garçons atteints de DMD. La fin de l’étude est
prévue en décembre 2008.
Un essai franco-américain (Transgene) de phase I/II avec un plasmide dystrophine est en
préparation. L'objectif est d'évaluer la faisabilité et la tolérance de l’administration intraveineuse
d’un plasmide de dystrophine complète dans un membre entier chez des personnes atteintes de
DMD.
MIEUX TRAITER LES DYSTROPHIES MUSCULAIRES DE DUCHENNE ET DE
BECKER PAR THERAPIE CELLULAIRE
DONNEUR
prélèvement de cellules
souches (adultes ou
embryonnaires)
prélèvement de cellules
souches adultes
PATIENT
A
TRAITER
culture des cellules en laboratoire
Purification, prolifération, modification,…
allogreffe
autogreffe
transplantation des cellules
PATIENT
A
TRAITER
La thérapie cellulaire est fondée sur l'utilisation de cellules souches vivantes. Cette
technique consiste à prélever ces cellules soit chez le patient à traiter, soit chez un
donneur, à les purifier, les multiplier et éventuellement les modifier. Ces cellules seront
ensuite réimplantées chez le malade pour remplacer des cellules déficientes ou
disparues, du fait de la maladie.
SUCCES
D'UN ESSAI ITALIEN DE TOLERANCE D'UNE AUTOGREFFE DE CELLULES
SOUCHES MUSCULAIRES ADULTES CD133+
Les résultats d'un essai italien (Y. Torrente) de phase I de tolérance d'une autogreffe de cellules
souches musculaires adultes CD133+, ont été publiés en 2007. Cet essai a été mené chez 8
enfants d’une dizaine d’années, atteints de dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) et répartis
par tirage au sort en deux groupes (essai randomisé). Le premier groupe, composé de 5 patients a
reçu le traitement, le second comptant 3 garçons a reçu un placebo, en l’occurrence une solution
saline sans effet. Jusqu’à l’analyse des résultats, ni les médecins, ni les patients n’ont su qui
recevait le traitement ou le placebo (essai en double aveugle contre placebo).
AFM>Myoinfo
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AV08_DBMD.doc
AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
Dans un premier temps, les médecins ont effectué une biopsie au niveau du jambier antérieur
chez chaque patient. De cette biopsie, ont été isolées les cellules CD133+. Après 48 heures de
mise en culture, les cellules ont été injectées au patient dans un petit muscle du petit orteil du pied
gauche, à raison de 3 injections réalisées à 1 mm d’intervalle. Les 3 patients du groupe témoin ont,
eux, reçu la solution saline à la place de leurs cellules.
Sept mois après l'injection, il apparaît clairement que cette administration est bien tolérée. Aucune
réaction inflammatoire n’a été constatée tant au niveau local que général et aucune altération de la
fonction cardiaque n’a été observée. La fonction du muscle injecté n'a pas non plus été altérée.
Les expérimentateurs ont, par contre, observé au niveau du muscle injecté, une augmentation du
réseau capillaire et une transformation accrue de fibres lentes en
fibres rapides. La perspective pour les chercheurs est de modifier Schématiquement, les fibres
génétiquement ces cellules afin qu'elles expriment la dystrophine, musculaires rapides sont
avant de les injecter aux patients. Si cela a été fait chez les sollicitées lors des efforts
souris modèles de la DMD, il reste encore beaucoup de travail importants de courte durée tandis
que l’endurance met en jeu les
avant une application chez l'homme.
fibres musculaires lentes.
Autologous transplantation of muscle-derived CD133+ stem cells in Duchenne muscle patients.
Torrente et coll. Cell Transplant. 2007, 16(6) : 563-77.
Délocalisation réussie de cellules souches d'un muscle à l'autre
Dupuy-Maury, VLM n°132 (Janvier/Février 2008).
LA
GREFFE DE MESANGIOBLASTES AMELIORE LA FONCTION MUSCULAIRE CHEZ LES
CHIENS GRMD
Un groupe de chercheurs italiens et français de l’Institut San Raffaele à Milan, en collaboration
avec l’Université de Pavie et l’École Vétérinaire d’Alfort, a démontré l’efficacité d’une thérapie
cellulaire chez des chiens GRMD, un modèle animal de la dystrophie musculaire de Duchenne.
Les chercheurs ont injecté, dans la circulation générale des
Les mésangioblastes sont des
animaux, des mésangioblastes provenant d’un chien donneur
cellules souches issues de la paroi
sain. Chez 4 des 6 chiens traités, ces cellules se sont
des vaisseaux sanguins, capables
transformées en cellules musculaires permettant ainsi une
de former in vitro et in vivo
expression de la dystrophine et une restauration de la
plusieurs types cellulaires
morphologie musculaire. Chez deux chiens, une amélioration
différents, notamment des fibres
significative de la motricité a été également notée.
musculaires.
Cette étude suggère que ce protocole de thérapie cellulaire est
en grande partie un succès et conforte le projet d’un essai clinique chez l’homme. Ce d'autant que
l'équipe italienne a mise au point une technique pour prélever des mésangioblastes humains.
Mesoangioblast stem cells ameliorate muscle function in dystrophic dogs.
Sampaolesi & coll. Nature, 2006, 444(7119) : 574-9 (Novembre 2006).
SUSPENSION DE L'ESSAI QUEBECOIS DE PHASE II DE GREFFE DE MYOBLASTES
Suite à la réussite de l'essai de phase I d'une injection de myoblastes provenant d’un donneur sain
dans un centimètre cube d'un muscle de la jambe chez des patients atteints de dystrophie
musculaire de Duchenne (DMD), la même équipe de l'Université de Laval au Québec, prépare un
essai de phase II qui doit évaluer la tolérance et l’efficacité de l’injection de myoblastes provenant
d’un donneur sain, dans la totalité du muscle de l'avant-bras d’adultes atteints de DMD. La zone
d'injection est la principale différence avec l'essai de phase I dans lequel l'injection était très
localisée alors que dans l'essai de phase II, elle vise un segment de membre entier.
L'essai est pour l'instant suspendu et réexaminé par Santé Canada.
MIEUX TRAITER LES DYSTROPHIES MUSCULAIRES DE DUCHENNE ET DE
BECKER PAR LES MEDICAMENTS
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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
LE
PERINDOPRIL PERMET AUX ENFANTS ATTEINTS DE DMD DE VIVRE PLUS
LONGTEMPS
Une équipe de cliniciens chercheurs, coordonnée par le Pr Denis Duboc (Hôpital Cochin, AP-HP,
Université René Descartes Paris V) et le Dr Henri-Marc Bécane (Institut de Myologie, AFM), a
publié les résultats d’une étude portant sur le suivi sur 10 ans d’enfants atteints de dystrophie
musculaire de Duchenne (DMD) traités par le périndopril.
L’étude a impliqué 57 enfants âgés de 10 à 13 ans et a duré 10
Le périndopril est un inhibiteur
ans au total, dont 3 ans en double aveugle contre placebo. Un
de l’enzyme de conversion
premier groupe de 28 patients a reçu le traitement quotidien de
(IEC) de l'angiotensine. Cette
périndopril et un deuxième groupe de 29 patients a reçu un
classe de médicaments est
placebo. En 2005, les premiers résultats du suivi à 5 ans de
habituellement utilisée pour traiter
l’étude clinique ont montré le rôle préventif du périndopril dans
l’hypertension artérielle et
l’apparition de l’insuffisance du muscle cardiaque. Au terme de
l’insuffisance cardiaque mais de
l’étude, au bout de 10 ans, les résultats montrent que le
manière curative, c’est-à-dire
quand le dysfonctionnement est
périndopril réduit la mortalité chez ces enfants : dans le groupe
constaté.
ayant reçu le traitement 26 patients sur 28 sont toujours en vie,
contre 19 sur 29 dans le groupe contrôle.
Au-delà de son rôle protecteur sur le muscle cardiaque, le périndopril semble également avoir un
effet sur le diaphragme et les muscles intercostaux. Cette protection est d’autant plus efficace que
le traitement a débuté tôt.
Par ailleurs, une étude menée sur l’animal suggère que les IEC agiraient sur la fibrose, un
processus de cicatrisation qui s’avère plutôt délétère sur la fonction musculaire et qui démarre
assez jeune chez les enfants atteints de DMD. Les médecins supposent que le périndopril,
démarré très tôt, avant le début de la fibrose, pourrait mieux préserver la fonction musculaire. Un
essai a donc été lancé dans ce sens en janvier 2008, chez des enfants plus jeunes âgés entre 4 et
7 ans. L'essai doit durer 2 ans et concernera au moins 40 participants, dont une moitié recevra le
périndopril tandis que l'autre sera traitée au début par placebo, puis par périndopril si le
médicament s’avérait efficace rapidement.
Perindopril preventive treatment on mortality in Duchenne muscular dystrophy: 10 years' follow-up.
Duboc et coll. Am Heart J. 2007, 154(3) : 596-602 (Septembre 2007).
IDEBENONE ET DMD : LE POINT SUR L'ESSAI SANTHERA
La société suisse Santhera, spécialisée dans la recherche de médicaments pour le traitement des
maladies neuromusculaires, a développé un médicament appelé SNT-MC17 ou idébénone dans le
but de traiter certaines maladies rares dont la dystrophie musculaire de Duchenne. Cette molécule
et très proche du coenzyme Q10, bien connu pour ses vertus antioxydantes.
Un essai de phase II, mené en Suisse par la Société Santhera, chez 21 patients atteints de
dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) avec insuffisance cardiaque montre que l'idébénone
est bien toléré et qu'il améliorerait les fonctions cardiaque et respiratoire. L'essai d'une durée de 12
mois a concerné 21 enfants atteints de DMD âgés entre 8 et 16 ans et présentant une insuffisance
cardiaque, répartis par tirage au sort en deux groupes (essai randomisé). Le premier groupe,
composé de 13 patients a reçu le SNT-MC317 à la dose de 450mg/jour, le second comptant 8
garçons a reçu un placebo. Jusqu’à l’analyse des résultats, ni les médecins, ni les patients n’ont su
qui recevait le traitement ou le placebo (essai en double aveugle contre placebo). Les résultats
montrent que l'idébénone est bien toléré et qu'il améliorerait les fonctions cardiaque et respiratoire.
Santhera a démarré un essai de phase III de l'idébénone pour démontrer la réalité statistique de
son efficacité.
Santhera Presents Efficacy Data of SNT-MC17 in DMD at AAN Annual Meeting.
Communiqué de presse Santhera. 11 avril 2008
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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
RESULTATS
EN DEMI-TEINTE DU PREMIER ESSAI CLINIQUE DE PHASE I AVEC UN
DE LA MYOSTATINE DANS PLUSIEURS FORMES DE DYSTROPHIE
INHIBITEUR
MUSCULAIRE
La myostatine est un inhibiteur naturel de la croissance musculaire chez l’homme. Sur la base
d’études précliniques très encourageantes chez la souris mdx et de l’observation d’une mutation
de la myostatine humaine conduisant à un phénotype d’hypertrophie musculaire, un essai clinique
a été monté par le laboratoire Wyeth. Cent seize personnes âgées de plus de 18 ans souffrant de
dystrophie de Becker (36), de myopathie des ceintures (LGMD 2A, 2B, 2C, 2D, 2E ou 2I) (38) ou
de myopathie FSH (42), ont été inclus dans une étude clinique, randomisée, en double aveugle
contre placebo, avec doses progressives, d’un inhibiteur de la myostatine (en l’occurrence un
anticorps bloquant du nom de MYO-029) administré par voie
intraveineuse pendant 6 mois avec une période observationnelle Dans un essai randomisé, les
patients sont répartis par tirage au
complémentaire de 3 mois.
Dans un article très attendu publié en mars 2008, les sort dans les différents groupes.
investigateurs, réunissant 9 équipes américaines et 1 équipe
anglaise (Newcastle), font état de résultats satisfaisants pour la Dans un essai en double
tolérance du médicament (ce qui était le point principal de aveugle, ni les patients ni les
médecins ne savent quelle
l’étude). Cependant, aucun effet statistiquement significatif n'a pu alternative de traitement les
être mesuré sur les autres paramètres (force ou masse patients prennent.
musculaire, amélioration du processus dystrophique au niveau
histologique, ou même sensation d’amélioration perçue par le
patient). Le principal effet indésirable a résidé dans une hypersensibilité cutanée, celle-ci ayant
conduit à interrompre la dernière cohorte qui recevait le plus fort dosage (30 mg/kg/jour).
Ces résultats en demi-teinte incitent à envisager des essais à plus grande échelle (avec une
meilleure puissance statistique) avec peut-être des inhibiteurs encore plus puissants de la
myostatine. Le Laboratoire Wyeth a annoncé qu'il ne poursuivrait pas ses recherches cliniques sur
l'anticorps monoclonal MYO-029. Cependant, lui et d'autres laboratoires développent un produit
plus efficace, dirigé contre le récepteur musculaire de la myostatine. On compte une bonne dizaine
de molécules candidates et portant sur diverses cibles.
A phase I/IItrial of MYO-029 in adult subjects with muscular dystrophy.
Wagner et coll. Ann Neurol. 2008, 63(5) : 561-71 (Mai 2008).
Autres publications
MIEUX CONNAITRE POUR MIEUX SOIGNER LES DYSTROPHIES
MUSCULAIRES DE DUCHENNE ET DE BECKER
MYOGLOBINURIE ET CORTICOTHERAPIE AU LONG COURS
DUCHENNE : UNE COMPLICATION RARE A CONNAITRE
DANS LA MYOPATHIE DE
Dans la DMD, le déficit en dystrophine entraîne une fragilité intrinsèque de la fibre musculaire
laquelle, en se nécrosant, libère dans la circulation sanguine, non seulement des grandes
quantités d’enzymes musculaires (comme la créatine-phospho-kinase ou CPK) mais aussi, et à
des degrés variables, de la myoglobine. Une myoglobinurie qui se manifeste par des urines
foncées, peut alors apparaître notamment lors d’efforts violents ou inhabituels. Cette
myoglobinurie peut engendrer, dans certains cas exceptionnels, de graves complications rénales.
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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
La myoglobine est une protéine
spécifique au muscle, proche de
l'hémoglobine. La myoglobine fixe
dans les muscles, l'oxygène
nécessaire au travail musculaire.
En cas d'atteinte musculaire, de la
myoglobine est libérée, parfois en
grande quantité dans la circulation
sanguine.
Dans une étude de cas rapporté en janvier 2008, l’équipe
anglaise de Newcastle revient sur la survenue de cette
complication chez les patients souffrant de myopathie de
Duchenne et traités concomitamment par des stéroïdes au long
cours (prednisolone). Une observation similaire avait déjà été
rapportée par le groupe de Londres chez un enfant soumis au
même traitement. Dans la présente étude, 3 enfants ont présenté
une myoglobinurie sous stéroïdes, dont 2 de manière récurrente.
Dans un cas, la corticothérapie a été interrompue car il existait
La myoglobinurie est
aussi des troubles du comportement.
l'évacuation dans les urines de la
Les auteurs estiment que cette complication ne doit pas
myoglobine libérée dans le sang.
nécessairement inquiéter, ni faire arrêter la corticothérapie mais
qu’elle nécessite des précautions : une hyperhydratation par voie
orale et une surveillance clinique.
Myoglobinuria in boys with Duchenne muscular dystrophy on corticosteroid therapy.
Garrood et coll. Neuromuscul Disord. 2008, 18(1) : 71-3 (Janvier 2008).
SOUS-ESTIMATION DES DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES ET COGNITIVES
MYOPATHIE DE BECKER : A PROPOS D’UNE ENQUETE AUSTRALIENNE
DANS LA
La dystrophie musculaire de Becker (DMB) est une forme moins grave et moins évolutive que la
myopathie de Duchenne avec laquelle elle partage pourtant un déficit en dystrophine. Elle se
traduit classiquement par un déficit des muscles proximaux des membres débutant dans l’enfance
ou à l’adolescence et évoluant lentement. Une cardiomyopathie est invariablement associée, à un
âge très variable et souvent sans véritable corrélation avec l’atteinte des membres. Les troubles
cognitifs et/ou comportementaux semblaient jusqu’ici l’apanage de la myopathie de Duchenne.
Une étude australienne publiée en février 2008 rappelle que ces difficultés, souvent subtiles à
détecter, peuvent se rencontrer aussi dans la myopathie de Becker. Vingt-quatre patients
australiens atteints de ce type de myopathie ont subi de manière prospective une batterie très
complète de tests neuropsychologiques. Si le quotient intellectuel (QI) moyen dans ce groupe ne
diffère pas de celui de la population générale, ceci n’est pas vrai pour les difficultés
d’apprentissage (acquisition de la lecture ou capacités de calcul mental notamment) ou les
difficultés attentionnelles lesquelles étaient fréquemment retrouvées (jusqu’à 67% des individus).
Des études à plus grande échelle sont utiles et nécessaires pour confirmer ces données.
Cognitive and Psychological Profile of Males With Becker Muscular Dystrophy.
Youg et coll. J Child Neurol. 2008, 23(2) : 155-62 (Février 2008).
RISQUE CARDIAQUE CHEZ LES FEMMES TRANSMETTRICES DE DYSTROPHINOPATHIE :
UNE BONNE NOUVELLE ?
Les dystrophinopathies (dystrophie musculaire de Duchenne et dystrophie musculaire de Becker )
se transmettent selon un mode récessif lié au chromosome X. Un certain nombre de femmes
porteuses du gène malade, développent des symptômes musculaires voire une cardiomyopathie.
La prévalence de ces complications reste néanmoins très discutée, allant de 10 à 40% selon les
auteurs.
Une nouvelle étude écossaise, qui vient de paraître, va peut-être à l’encontre des chiffres déjà
avancés dans les enquêtes initiales, notamment en Italie. Au terme d’une enquête
épidémiologique exhaustive basée sur des registres, les auteurs ont pu repérer au sein de la
population écossaise dans son ensemble 397 femmes par qui une dystrophinopathie s'est
transmis, dont 94 étaient déjà décédées, et qui appartenaient à 202 familles différentes. L’étude
des causes de décès et de l’espérance de vie dans cette cohorte de personnes montrent que le
risque cardiaque, même s'il existe, n’est statistiquement pas à l’origine ni d’une surmortalité
d’origine cardiaque, ni d’une réduction de la longévité. Les auteurs tendent à remettre ainsi en
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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
L'histamine est une substance
participant aux mécanismes de
l'inflammation et aux phénomènes
allergiques.
Un antihistaminique est un
médicament qui sert à réduire ou à
éliminer les effets de l'histamine.
cause les programmes de dépistage de la cardiomyopathie tels
que préconisés par d’autres équipes.
Life expectancy and death from cardiomyopathy amongst carriers
of Duchenne and Becker muscular dystrophy in Scotland.
Holloway et coll. Heart. 2008, 94(5) : 633-6 (Mai 2008).
MIEUX DIAGNOSTIQUER LA DYSTROPHIE MUSCULAIRE DE DUCHENNE
DEPISTAGE NEONATAL ET MALADIE DE DUCHENNE : UNE ETUDE FAIT LE POINT
Avec la multiplication actuelle de thérapies potentiellement efficaces, la question du dépistage de
de la myopathie de Duchenne à la naissance refait surface. Il s’agit généralement d’un simple
dosage sanguin des CPK (enzyme musculaire) à partir d’un
papier buvard. Les expériences passées n’ont pas, de ce point Le dosage des enzymes
de vue, été concluantes, notamment en raison du nombre élevé musculaires consiste à mesurer
la quantité d'enzymes musculaires
de cas faux-positifs. En effet, les CPK ne sont pas, de par leur
présentes dans le sang. Lorsque
fluctuations physiologiques et leur manque de spécificité, un des cellules musculaires sont
critère fiable à 100%.
abîmées ou détruites, certaines
Dans un article de synthèse publié en décembre 2007, deux enzymes, principalement la
auteurs, un américain et un australien, ont analysé les données créatine phosphokinase
existantes de la littérature. Ils concluent à la prudence et à la (CPK), sont libérées dans la
nécessité de continuer à faire des études pilotes dans ce circulation sanguine.
domaine tant les questions qui se posent sont nombreuses. Les Un taux élevé de CPK dans le
parents sont généralement inquiets du risque de faux-positifs. Ils sang est le signe d'une lésion
ne modifient pas nécessairement leur planning familial en musculaire, dont l'origine peut être
fonction. On ne dispose pas encore d’études bien faites sur une maladie neuromusculaire, un
l’impact d’une thérapie précoce, quelle qu’elle soit, ni sur le coût traumatisme musculaire, ou même
une activité physique intense.
que ce dépistage représenterait à grande échelle.
Duchenne muscular dystrophy: issues in expanding newborn screening.
Kemper et coll. Curr Opin Pediatr. 2007, 19(6) : 700-704 (Décembre 2007).
MIEUX SOIGNER LA DYSTROPHIE MUSCULAIRE DE DUCHENNE
RESULTATS DECEVANTS DE L'ETUDE PILOTE AVEC L'OXATOMIDE
Dans la dystrophie musculaire de Duchenne des phénomènes
inflammatoires sont souvent observés, au moins initialement, sur
les biopsies musculaires : présence, dans le tissu conjonctif
entourant les fibres musculaires, de nombreuses cellules
immunitaires sécrétant des substances possiblement délétères
pour le muscle comme l'histamine. À partir de ces observations,
des cliniciens ont fait l’hypothèse d’un effet potentiellement
bénéfique de dérivés antihistaminiques.
Dans un article publié en novembre 2007, des auteurs belges et nord-américains appartenant au
réseau de recherche clinique CINRG (Cooperative International Neuromuscular Research Group)
rapportent les résultats négatifs d’un essai pilote bi-centrique (Washington et Louvain), conduit en
ouvert chez 14 garçons atteints de myopathie de Duchenne âgés entre 5 et 10 ans, marchant
encore et n’ayant jamais eu de corticoïdes. Ces enfants ont reçu 30 mg/kg d’un antihistaminique,
l'oxatomide, pendant 6 mois et ont fait l’objet d’évaluations mensuelles de la force et de la fonction
musculaires. Il n’a pas été noté d’amélioration significative à quelque niveau que ce soit dans le
temps imparti à l’étude.
L'inflammation est une réaction
de l'organisme contre une
agression (blessure, infection ou
un traumatisme...), caractérisée
par de la rougeur, de la chaleur, de
la douleur et un gonflement
(tuméfaction).
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AVANCÉES DE LA RECHERCHE 2007-2008
Dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
CINRG pilot trial of oxatomide in steroid-naive Duchenne muscular dystrophy.
Rederstorff et coll. Eur J Paediatr Neurol. 2007, 11(6) : 337-40 (Novembre 2007).
LA
PLACE DES CORTICOÏDES DANS LA MYOPATHIE DE DUCHENNE : UNE NOUVELLE
REVUE COCHRANE FAIT LE POINT
Une revue Cochrane a pour but
Initiée par les anglo-saxons dans les années 70, la
d'identifier quelles pratiques de
corticothérapie au long cours semble avoir prouvée son efficacité soins sont efficaces, celles qui
dans la dystrophie musculaire de Duchenne, au moins pour sont néfastes. Elle repose sur une
prolonger la marche de quelques années (de 18 à 24 mois). Ceci compilation et une analyse
avait été clairement démontré lors d’une première revue exhaustive de la littérature
médicale et scientifique sur un
Cochrane publiée en 2004.
Les mêmes auteurs publient 4 ans plus tard une version actu- sujet donné. Le processus suit une
alisée, prenant en compte l’analyse des essais cliniques qui ont méthodologie rigoureuse :
été menés dans l’intervalle, et dans laquelle ils se sont recensement des études publiées,
particulièrement intéressés aux effets des stéroïdes (ou cortico- sélection de celles qui sont
méthodologiquement recevables,
stéroïdes ou corticoïdes) sur la force et la fonction musculaires.
analyse de leurs données
Six essais remplissant les critères d’éligibilité Cochrane ont été combinées (méta-analyse). Le
pris en compte dans l’analyse. Les auteurs concluent à une résultat de cette méta-analyse fait
efficacité certaine des stéroïdes (à la dose quotidienne de généralement autorité.
0,75 mg/kg) sur le maintien ou l’amélioration de la force et de la
fonction musculaires, sur une période allant de 6 mois à 2 ans.
Les effets secondaires, bien que fréquemment rapportés surtout à court-terme, étaient
cliniquement gérables. Il n’a pas été possible d’affirmer la supériorité d’un type de stéroïde sur un
autre.
Glucocorticoid corticosteroids for Duchenne muscular dystrophy.
Manzur et coll. Cochrane Database Syst Rev. 2008, (1) : CD003725 (Janvier 2008).
CONFIRMATION DES EFFETS BENEFIQUES A LONG TERME DU DEFLAZACORT CHEZ DE
JEUNES PATIENTS CANADIENS
Une nouvelle étude canadienne publiée en mars 2008, confirme l’intérêt de l’administration
prolongée du déflazacort, un corticostéroïde dérivé de la prednisolone et possédant, semble-t-il,
moins d’effets secondaires. L’étude a porté sur 79 garçons atteints de myopathie de Duchenne,
suivis pendant près de 8 ans pour certains, et divisés en 2 groupes selon qu’ils recevaient ou non
1 mg de déflazacort/kg de poids corporel pendant plus d’un an. L’effet sur la prolongation de la
marche (près de 2 ans) est confirmé, de même que la préservation de la capacité vitale. Aucun
adolescent dans le groupe traité n’a dû subir d’arthrodèse du rachis. Les effets secondaires
concernaient surtout l’ostéoporose (avec un risque de fracture important notamment au niveau des
vertèbres) et l’apparition d’une cataracte. Le bénéfice sur le muscle cardiaque (myocarde) était
plus difficile à évaluer mais paraît également positif.
Deflazacort use in duchenne muscular dystrophy: an 8-year follow-up.
Houde et coll. Pediatr Neurol. 2008, 38(3) : 200-6 (Mars 2008).
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