Sommes et sommes directes de sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel, cours de premier cycle uiversitaire. F.Gaudon 29 juillet 2005 Table des matières 1 Sommes et sommes directes de sous espaces vectoriels 2 2 Exemples 2.1 Sous espaces suppplémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4 1 On considère dans ce qui suit un espace vectoriel E sur un corps K. 1 Sommes et sommes directes de sous espaces vectoriels Proposition et définition : Soit (Fi )i∈I une famille quelconque de sous espaces vectoriels de E. Le sous espace de E engendré par par la réunion des Fi est l’ensemble des sommes P presque nulle d’éléments de M telle que i∈I xi , où (xi )i est une famille P xi ∈ Fi pour tout i ∈ I. Il est noté i∈I Fi et appelé la somme des Fi . Preuve : Soit H le sous espace engendré par la réunion des Fi . Si (xi )i∈I est une famille presque nulle d’éléments P de M telle que ∀i ∈ I xi ∈ Fi , alors ∀i ∈ IPxi ∈ ∪i∈I Fi donc i∈I xi ∈ H par conséquent, I = { i∈I xi / ∀i ∈ I xi ∈ Fi } ⊂ H. D’autre part I est un sous espace vectoriel qui contient les Fi donc I ⊂ H. Si J est un sous espace vectoriel contenant les Fi , il contient I donc I est le plus petit tel et I = H. Définition : Soit (fi )i∈I une famille P quelconque de sous espaces vectoriels de E. On dit que la somme F = i∈I Fi est directe si tout vecteur P v de F s’écrit de manière unique sous la forme d’une somme à support L fini i∈I ui où pour tout i de I, ui ∈ Fi . La somme F est alors notée F = i∈I Fi . Remarque : Dans le cas F1 , . . . , Fn de sous espaces vectoriels de E, on Ld’une familleLfinie L note F = ni=1 Fi = F1 . . . Fn la somme des Fi si elle est directe. On dit également dans ce cas que F1 , F2 ,. . ., Fn sont Pn en somme directe. Tout vecteur v de F s’écrit alors de manière unique v = i=1 ui où pour tout i, ui ∈ Fi . On dit que ui est la composante de u sur Fi relativement à cette somme directe. Proposition : Soit (Fi )i∈I une P famille quelconque de sous espaces vectoriels de E. La somme F = i∈I est directe ssi Ppour toute famille (ui )i∈I presque nulle telle que ui ∈ Fi pour tout i ∈ I, i∈I ui = 0 ⇒ ∀i ∈ I, ui = 0. 2 Preuve :L P Si F = i∈I Fi alors i∈I ui = 0 ⇒ ∀iL ∈ I, ui = 0 d’après l’unicité de la décomposition. Réciproquement, si F = i∈I Fi et P ( i∈I ∀i ∈ I, ui = 0) alors, supposons que x ∈ F s’écrive Pui = 0 ⇒P P x = i∈I xi = i∈I vi avec xi , vi ∈ I pour tout i ∈ I. Alors i∈I (xi − vi ) = 0 donc ∀i ∈ I, xi = vi d’où l’unicité de la décomposition. Proposition : Soient F et G deux sous espaces vectoriels de E. La somme F + G est directe ssi F ∩ G = {0}. Preuve : Si la somme F + G est directe, soit x ∈ F ∩ G et x = x1 + x2 avec x1 ∈ F et x2 ∈ G la décomposition de x. Comme x ∈ F , par unicité e la décomposition, x2 = 0 et de même puisque x ∈ G, x1 = 0 donc x = 0. Réciproquement, si F ∩ G = {0}, soit x ∈ F + G et x = x1 + x2 = y1 + y2 avec x1 , y1 ∈ F et x2 , y2 ∈ G deux décompositions. Alors x1 − y1 = x2 − y2 . x1 − y1 ∈ F ⇒ x2 − y2 ∈ F et x2 − y2 ∈ G ⇒ x1 − y1 ∈ G. Donc x1 − y1 ∈ F ∩ G ce qui implique que x1 = y1 et x2 − y2 ∈ F ∩ G qui implique que x2 = y2 . Proposition : P P Si la somme i∈I Fi est directe, et si J est une partie de I, alors i∈J Fi est directe. En particulier pour tous indices distincts i et j, Fi ∩ Fj = {0}. Preuve : Contenue dans la preuve de la proposition précédente. Remarque : La réciproque est fausse. Pour montrer que F1 , . . . , Fn sont en somme directe, avec n ≥ 3, il ne suffit pas de vérifier que pour tous indices i et j distincts, Fi ∩ Fj = {0}. Proposition : Soient F1 , . . . , Fn pour n ≥ 3 des sous espaces vectoriels de E. Alors la somme F1 + . . . + Fn est directe ssi pour tout i ∈ {2; . . . ; n}, on a Fi ∩ (F1 + . . . + Fi−1 ) = {0}. 3 2 Exemples 2.1 Sous espaces suppplémentaires Définition : Soient F et G deux sous espaces L vectoriels de E. On dit que F et G sont supplémentaires dans E si E = F G. Cela signifie que tout u de E s’écrit de manière unique u = v + w avec v ∈ F et w ∈ G. Théorème : Soit F un sous espace vectoriel de E. Alors F possède au moins un supplémentaire G dans E. Preuve : Cas où E est de dimension finie n uniquement. Soit {e1 ; . . . ; ep } une base de F , on la complète en une base {e1 ; e2 ; . . . ; en }L de E et on considère G = vect{ep+1 ; . . . ; en }. On a de manière évidente E = F G. Remarque : Un même sous espace F de E possède en général une infinité de supplémentaires dans E. Il y a cependant deux cas d’unicité : – Si F = E, le seul supplémentaire de F dans E et {0}. – Si F = {0}, le seul supplémentaire de F dans E est E lui-même. Exemple : – Dans l’espace vectoriel Mn (K) des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans K, les sous espaces Sn (K) et An (K) formés respectivement des matrices symétriques et antisymétriques sont supplémentaires. – Dans l’espace vectoriel F(R; R) des applications de R dans R, les sous espaces P(R; R) et A(R; R) formés respectivement des donctions paires et impaires sont supplémentaires. Proposition : Si p est un projecteur de E (c’est L à dire un endomorphisme de E tel que p ◦ p = p) alors E = Ker(p) Im(p). L’application p est la projection sur Im(p) parallèlement à Ker(p). 4 Preuve : Soit x ∈ E, alors x = x − p(x) + p(x) avec p(x) ∈ Im(p) et x − p(x) ∈ ker(p). En outre, si x ∈ ker(p) ∩ Im(p), x = p(y) avec y ∈ E et p(x) = 0 = p ◦ p(y) = p(y) = x. Proposition : Si s est un endomorphisme involutif de E (c’est à dire si s ◦ s = id) alors L E = Inv(s) Opp(s) où Inv(s) = {x ∈ E / s(x) = x} et Opp(s) = {x ∈ E / s(x) = −x}. L’application s est la symétrie par rapport à Inv(s) parallèlement à Opp(s). Preuve : Il est évident que Inv(s) ∩ Opp(s) = {0}. Proposition et définition : Soit H un sous espace vetoriel de E. Les conditions suivantes sont équivalentes : L – Il existe un vecteur u dans E − H tel que E L= Ku H. – Pour tout vecteur u dans E − H, E = Ku H. – il existe une forme linéaire non nulle f telle que H = Ker(f ). Si ces conditions sont réalisées ont dit que F est un hyperplan de E. Preuve : L – Si E = Ku H, soit v ∈ E − H. Alors v = λu + h avec h ∈ H et λ ∈ K∗ . On a donc u = λ−1 (v − h). Soit x ∈ E, alors x = x1 u + x2 avec x1 ∈ K et x2 ∈ H. D’où x = λ−1 x1 v − λ−1 h + x2 ∈ Kv + H. Par conséquent, E = Kv + H. Si x ∈ Kv ∩ H, x = βv = βλu + βh. On a donc βλu + βh ∈ H et h ∈ H donc βλu ∈ H L ce qui, puisque u ∈ / et λ 6= 0 impose β = 0 et achève L de prouver que E = Kv H. – Si E = Ku H, soit f la forme linéaire définie par f (λu + h) = λ. Alors f est une forme linéaire non nulle telle que ker(f ) = H. – Si f est une forme linéaire non nulle, soit x tel que f (x) 6= 0. On note H = ker(f ). On sait que H est un sous espace vectoriel de E. x ∈ / h. Soit ∗ u ∈ Kx ∩ H. On a u = λx avec λ ∈ K et puisque u ∈ H, on a f (u) = λf (x) = 0 d’où λ = 0 et u = 0. Soit y ∈ E. f (y − f (y)f (x)−1 x) = f (y) − f (y)f (x)−1 f (x) = 0 donc y − f (y)f (x)−1 x ∈ H et y = y − f (y)f (x)−1 x + f (y)f (x)−1 x ∈ H + Kx. Finalement, E = Kx + H. 5 Remarque : Si E est de dimension finie égale à n alors les hyperplans de E sont les sous espaces de E de dimension n − 1. Proposition : Les hyperplans de E sont les noyaux des formes linéaires non nulles sur E. Proposition : Deux formes linéaires non nulles sont proportionnelles ssi elles ont le même hyperplan noyau. Preuve : Si f et g sont deux formes linéaires proportionnelles, il existe λ ∈ K, f = λg. D’où ker(f ) = ker(g). Réciproquement, si ker(f ) = ker(g), soit u ∈ / ker(f ). L On a f (u) 6= 0 et E = Ku ker(f ). Soit x = λu + h. On a f (x) = λf (u) + f (h) = λf (u) donc λ = f (x)f (u)−1 et g(x) = λg(u) + g(h) = λg(u) = f (x)f (u)−1 g(u). Par conséquent, on a pour tout x ∈ E, g(x) = g(u)f (u)−1 f (x), ce qui montre que g et f sont proportionnelles. 6