L’ L’immunothérapie en oncohématologie : tout est nouveau

La Lettre du Pharmacologue Vol. 31 - n° 2 - avril-mai-juin 2017 | 47
ÉDITORIAL
Limmunothérapie en oncohématologie :
tout est nouveau
Immunotherapy of cancer: everything is new
L’immunothérapie des cancers représente une nouvelle approche
enoncohématologie, qui vient compléter celles des médicaments
cytotoxiques, de l’hormonothérapie et des thérapies ciblées. Enparallèle
deleur mécanisme d’action original (molécules anti-CTLA-4, anti-PD-1 et anti-PD-L1
qui lèvent lesfreins bloquant les lymphocytesT), apparaissent, chez les patients,
des effets indésirables d’une nature différente de ceux observés avec les approches
thérapeutiques précédentes, dont la prise en charge est, elle aussi, de fait, différente.
Deplus,comparer lescourbes deKaplan-Meier montrant l’apport de l’immunothérapie
dans ses2premières indications thérapeutiques (cancers du poumon et cutanés) permet
d’observer desdifférences d’effet sur la survie des patients : les médianes de survie
sans progression peuvent ne pas être franchement améliorées, mais lepourcentage
depatients long-survivants (probablement guéris) est beaucoup plus important,
obligeant àunereconsidération des critères principaux d’évaluation decesnouveaux
traitements. Sans doute, le seul aspect qui nest pas (tout à fait) nouveau pour
cesimmunothérapies est la pharmacocinétique, puisqu’il s’agit d’anticorps monoclonaux
et quel’oncohématologie était déjà concernée par ces molécules qui composent
1des2entités des thérapies ciblées.
La présentation des effets indésirables de l’immunothérapie dans La Lettre
duCancérologue puis La Lettre duPharmacologue s’imposait donc.
Au-delà de la précision de la sémiologie décrite dans les 3 articles du dossier,
leur lecture inspire plusieurs commentaires. L’associationdemolécules anti-CTLA-4
à un inhibiteur de PD-1 ou de PD-L1 représentant unedesvoies pour augmenter
la proportion de patients ayant unesurvie prolongée, ilest d’ores et déjà avéré que
l’acuité et la fréquence deces effets indésirables s’entrouvent augmentées. Lautre voie
de progrès dans letraitement desaffections tumorales est l’identification de facteurs
prédictifs de laréponse tumorale. Ceconcept nest pas apparu avec l’immunothérapie
–il était déjà applicable auxthérapies ciblées–, mais il s’appliquera à coup sûr
à ces traitements, cardepremières études le valident. Des observations réalisées àpartir
d’essais cliniques comparant thérapie ciblée etimmunothérapie (par exemple,
pour le traitement descancers du rein métastatiques) ont montré qu’il était possible
de subdiviser lespatients qui avaient été inclus dans cesétudes en fonction du profil
transcriptomique des tumeurs. Lemeilleur traitement nest pas le même pour les
différents groupes définis par cesprofils : tumeur “immunogène” ou “néo-angiogénique”.
Il est également possible d’imaginer que desfacteurs prédictifs de la survenue
d’unetoxicité puissent être identifiés, permettant ainsi de faire le choix de l’immunothérapie
avec le plus grand bénéfice possible pour les patients. Cette perspective ne sera
envisageable que si lesfacteurs prédictifs de la réponse et de la toxicité sont différents.
Or, vous pourrez lire quetoxicité dermatologique et réponse tumorale semblent
corrélées. Qu’en est-il desautres toxicités ? Ce sont les observations qui sont faites
enparallèle du déploiement decetteapproche thérapeutique qui nous le diront.
É. Chatelut déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
Pr Étienne
Chatelut
Inserm UMR 1037,
institut universitaire du cancer de Toulouse ;
Oncopole et université Paul-Sabatier,
Toulouse.
D’après La Lettre du Cancérologue
2017;XXVI:213.
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