ÉDITORIAL L’immunothérapie en oncohématologie : tout est nouveau Immunotherapy of cancer: everything is new L’ Pr Étienne Chatelut Inserm UMR 1037, institut universitaire du cancer de Toulouse ; Oncopole et université Paul-Sabatier, Toulouse. É. Chatelut déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. D’après La Lettre du Cancérologue 2017;XXVI:213. immunothérapie des cancers représente une nouvelle approche en oncohématologie, qui vient compléter celles des médicaments cytotoxiques, de l’hormonothérapie et des thérapies ciblées. En parallèle de leur mécanisme d’action original (molécules anti-CTLA-4, anti-PD-1 et anti-PD-L1 qui lèvent les freins bloquant les lymphocytes T), apparaissent, chez les patients, des effets indésirables d’une nature différente de ceux observés avec les approches thérapeutiques précédentes, dont la prise en charge est, elle aussi, de fait, différente. De plus, comparer les courbes de Kaplan-Meier montrant l’apport de l’immunothérapie dans ses 2 premières indications thérapeutiques (cancers du poumon et cutanés) permet d’observer des différences d’effet sur la survie des patients : les médianes de survie sans progression peuvent ne pas être franchement améliorées, mais le pourcentage de patients long-survivants (probablement guéris) est beaucoup plus important, obligeant à une reconsidération des critères principaux d’évaluation de ces nouveaux traitements. Sans doute, le seul aspect qui n’est pas (tout à fait) nouveau pour ces immunothérapies est la pharmacocinétique, puisqu’il s’agit d’anticorps monoclonaux et que l’oncohématologie était déjà concernée par ces molécules qui composent 1 des 2 entités des thérapies ciblées. La présentation des effets indésirables de l’immunothérapie dans La Lettre du Cancérologue puis La Lettre du Pharmacologue s’imposait donc. Au-delà de la précision de la sémiologie décrite dans les 3 articles du dossier, leur lecture inspire plusieurs commentaires. L’association de molécules anti-CTLA-4 à un inhibiteur de PD-1 ou de PD-L1 représentant une des voies pour augmenter la proportion de patients ayant une survie prolongée, il est d’ores et déjà avéré que l’acuité et la fréquence de ces effets indésirables s’en trouvent augmentées. L’autre voie de progrès dans le traitement des affections tumorales est l’identification de facteurs prédictifs de la réponse tumorale. Ce concept n’est pas apparu avec l’immunothérapie – il était déjà applicable aux thérapies ciblées –, mais il s’appliquera à coup sûr à ces traitements, car de premières études le valident. Des observations réalisées à partir d’essais cliniques comparant thérapie ciblée et immunothérapie (par exemple, pour le traitement des cancers du rein métastatiques) ont montré qu’il était possible de subdiviser les patients qui avaient été inclus dans ces études en fonction du profil transcriptomique des tumeurs. Le meilleur traitement n’est pas le même pour les différents groupes définis par ces profils : tumeur “immunogène” ou “néo-angiogénique”. Il est également possible d’imaginer que des facteurs prédictifs de la survenue d’une toxicité puissent être identifiés, permettant ainsi de faire le choix de l’immunothérapie avec le plus grand bénéfice possible pour les patients. Cette perspective ne sera envisageable que si les facteurs prédictifs de la réponse et de la toxicité sont différents. Or, vous pourrez lire que toxicité dermatologique et réponse tumorale semblent corrélées. Qu’en est-il des autres toxicités ? Ce sont les observations qui sont faites en parallèle du déploiement de cette approche thérapeutique qui nous le diront. La Lettre du Pharmacologue • Vol. 31 - n° 2 - avril-mai-juin 2017 | 47 0047_LPH 47 29/06/2017 17:14:40