La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 5 - mai 2017 | 213
ÉDITORIAL
L’immunothérapie en oncohématologie :
tout est nouveau
Immunotherapy of cancer: everything is new
L’immunothérapie des cancers représente une nouvelle approche
enoncohématologie, qui vient compléter celles des médicaments
cytotoxiques, de l’hormonothérapie et des thérapies ciblées. Enparallèle
deleur mécanisme d’action original (molécules anti-CTLA-4, anti-PD-1 et anti-PD-L1
qui lèvent lesfreins bloquant les lymphocytesT), apparaissent, chez les patients,
des effets indésirables d’une nature différente de ceux observés avec les approches
thérapeutiques précédentes, dont la prise en charge est, elle aussi, de fait, différente.
Deplus,comparer lescourbes deKaplan-Meier montrant l’apport de l’immunothérapie
dans ses2premières indications thérapeutiques (cancers du poumon et cutanés) permet
d’observer desdifférences d’effet sur la survie des patients : les médianes de survie
sans progression peuvent ne pas être franchement améliorées, mais lepourcentage
depatients long-survivants (probablement guéris) est beaucoup plus important,
obligeant àunereconsidération des critères principaux d’évaluation decesnouveaux
traitements. Sans doute, le seul aspect qui n’est pas (tout à fait) nouveau pour
cesimmunothérapies est la pharmacocinétique, puisqu’il s’agit d’anticorps monoclonaux
et quel’oncohématologie était déjà concernée par ces molécules qui composent
1des2entités des thérapies ciblées.
La présentation des effets indésirables de l’immunothérapie dans La Lettre
duCancérologue s’imposait donc. Au-delà de la précision de la sémiologie
décrite dans les 3 articles du dossier, leur lecture inspire plusieurs commentaires.
L’associationdemolécules anti-CTLA-4 à un inhibiteur de PD-1 ou de PD-L1
représentant unedesvoies pour augmenter la proportion de patients ayant unesurvie
prolongée, ilest d’ores et déjà avéré que l’acuité et la fréquence deces effets indésirables
s’entrouvent augmentées. L’autre voie de progrès dans letraitement desaffections
tumorales est l’identification de facteurs prédictifs de laréponse tumorale. Ceconcept
n’est pas apparu avec l’immunothérapie –il était déjà applicable auxthérapies
ciblées–, mais il s’appliquera à coup sûr à ces traitements, cardepremières études
le valident. Des observations réalisées à partir d’essais cliniques comparant thérapie
ciblée etimmunothérapie (par exemple, pour le traitement descancers du rein
métastatiques) ont montré qu’il était possible de subdiviser lespatients qui avaient
été inclus dans cesétudes en fonction du profil transcriptomique des tumeurs.
Lemeilleur traitement n’est pas le même pour les différents groupes définis par
cesprofils : tumeur “immunogène” ou “néo-angiogénique”. Il est également possible
d’imaginer que desfacteurs prédictifs de la survenue d’une toxicité puissent être
identifiés, permettant ainsi de faire le choix de l’immunothérapie avec le plus grand
bénéfice possible pour les patients. Cette perspective ne sera envisageable que si
lesfacteurs prédictifs de la réponse et de la toxicité sont différents. Or, vous pourrez
lire quetoxicité dermatologique et réponse tumorale semblent corrélées. Qu’en est-il
desautres toxicités ? Ce sont les observations qui sont faites en parallèle du déploiement
decetteapproche thérapeutique qui nous le diront.
É. Chatelut déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
Pr Étienne
Chatelut
Inserm UMR 1037,
institut universitaire du cancer de Toulouse ;
Oncopole et université Paul-Sabatier,
Toulouse.
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