L’ L’immunothérapie en oncohématologie : tout est nouveau

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ÉDITORIAL
L’immunothérapie en oncohématologie :
tout est nouveau
Immunotherapy of cancer: everything is new
L’
Pr Étienne
Chatelut
Inserm UMR 1037,
institut universitaire du cancer de Toulouse ;
Oncopole et université Paul-Sabatier,
Toulouse.
É. Chatelut déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
immunothérapie des cancers représente une nouvelle approche
en oncohématologie, qui vient compléter celles des médicaments
cytotoxiques, de l’hormonothérapie et des thérapies ciblées. En parallèle
de leur mécanisme d’action original (molécules anti-CTLA-4, anti-PD-1 et anti-PD-L1
qui lèvent les freins bloquant les lymphocytes T), apparaissent, chez les patients,
des effets indésirables d’une nature différente de ceux observés avec les approches
thérapeutiques précédentes, dont la prise en charge est, elle aussi, de fait, différente.
De plus, comparer les courbes de Kaplan-Meier montrant l’apport de l’immunothérapie
dans ses 2 premières indications thérapeutiques (cancers du poumon et cutanés) permet
d’observer des différences d’effet sur la survie des patients : les médianes de survie
sans progression peuvent ne pas être franchement améliorées, mais le pourcentage
de patients long-survivants (probablement guéris) est beaucoup plus important,
obligeant à une reconsidération des critères principaux d’évaluation de ces nouveaux
traitements. Sans doute, le seul aspect qui n’est pas (tout à fait) nouveau pour
ces immunothérapies est la pharmacocinétique, puisqu’il s’agit d’anticorps monoclonaux
et que l’oncohématologie était déjà concernée par ces molécules qui composent
1 des 2 entités des thérapies ciblées.
La présentation des effets indésirables de l’immunothérapie dans La Lettre
du Cancérologue s’imposait donc. Au-delà de la précision de la sémiologie
décrite dans les 3 articles du dossier, leur lecture inspire plusieurs commentaires.
L’association de molécules anti-CTLA-4 à un inhibiteur de PD-1 ou de PD-L1
représentant une des voies pour augmenter la proportion de patients ayant une survie
prolongée, il est d’ores et déjà avéré que l’acuité et la fréquence de ces effets indésirables
s’en trouvent augmentées. L’autre voie de progrès dans le traitement des affections
tumorales est l’identification de facteurs prédictifs de la réponse tumorale. Ce concept
n’est pas apparu avec l’immunothérapie – il était déjà applicable aux thérapies
ciblées –, mais il s’appliquera à coup sûr à ces traitements, car de premières études
le valident. Des observations réalisées à partir d’essais cliniques comparant thérapie
ciblée et immunothérapie (par exemple, pour le traitement des cancers du rein
métastatiques) ont montré qu’il était possible de subdiviser les patients qui avaient
été inclus dans ces études en fonction du profil transcriptomique des tumeurs.
Le meilleur traitement n’est pas le même pour les différents groupes définis par
ces profils : tumeur “immunogène” ou “néo-angiogénique”. Il est également possible
d’imaginer que des facteurs prédictifs de la survenue d’une toxicité puissent être
identifiés, permettant ainsi de faire le choix de l’immunothérapie avec le plus grand
bénéfice possible pour les patients. Cette perspective ne sera envisageable que si
les facteurs prédictifs de la réponse et de la toxicité sont différents. Or, vous pourrez
lire que toxicité dermatologique et réponse tumorale semblent corrélées. Qu’en est-il
des autres toxicités ? Ce sont les observations qui sont faites en parallèle du déploiement
de cette approche thérapeutique qui nous le diront.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 5 - mai 2017 | 213
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