Exp-français-27 28/11/07 14:48 Page 8 A PROPOS DU PATIENT Le patient allergique et son traitement : de l’insatisfaction à la nonobservance, quelles solutions ? ’adhésion au traitement proposé est un des déterminants majeurs du succès de la prise en charge du patient allergique. Au-delà des critères classiques d’efficacité et de bonne tolérance du traitement, l’acceptation de la thérapeutique est étroitement liée au degré de satisfaction ressenti par le patient dans sa vie quotidienne. Foundation of America) a montré que, malgré les nombreuses possibilités thérapeutiques disponibles, près d’un quart des patients allergiques déclarent rechercher « constamment » de nouveaux traitements pour en trouver un « qui marche » [1]. Des travaux menés au Canada, mais aussi en Allemagne, montrent que 40 % seulement des patients sont satisfaits de leurs traitements actuels et que la majorité d’entre eux ne sont pas, ou pas complètement, contrôlés. Il existe donc un besoin manifeste de thérapeutiques efficaces et bien tolérées par les patients pour contrôler leurs symptômes et améliorer leur qualité de vie. Expressions : Aujourd’hui, sait-on si les patients allergiques sont globalement satisfaits de leur traitement ? PR R. MÖSGES : En complément des données Expressions : Quels sont les principaux déterminants de l’insatisfaction ? Existet-il des différences entre les pays ? PR R. MÖSGES : Globalement, le sous-diagnostic issues des essais cliniques, des études ont été réalisées dans l’objectif de quantifier la satisfaction des patients « dans la vraie vie ». Ainsi, une récente enquête de l’AAFA (Asthma and Allergy des pathologies allergiques, l’automédication et la difficulté d’accès aux traitements de nouvelle génération sont les principaux facteurs à retenir, mais la réponse est en effet variable Une interview du professeur Ralph Mösges, ORL et allergologue, Université de Cologne (Allemagne) L 8 Exp-français-27 28/11/07 14:48 Page 9 selon les différents pays. Par exemple, en Allemagne, les traitements de la rhinite allergique conformes aux recommandations (corticoïdes nasaux et antihistaminiques) ne sont plus très en vogue actuellement. Dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, l’accès à un médecin allergologue est difficile et le recours au spécialiste est donc rare. Ailleurs, c’est le prix d’une consultation médicale qui peut rebuter le patient qui préférera alors se rendre directement en pharmacie, laquelle ne délivre pas toujours le meilleur traitement disponible. D’autres facteurs, liés au traitement lui-même, interviennent, tels que les modalités pratiques d’administration (voie d’administration, rythme, durée) et l’existence d’éventuels effets indésirables. Expressions : Quels sont les liens entre insatisfaction et observance des traitements prescrits ? PR R. MÖSGES : L’insatisfaction conduit à une diminution de l’observance des traitements prescrits et à une majoration du recours à l’automédication. Les patients ont également tendance à adapter eux-mêmes les dosages des traitements (prescrits ou en automédication) en raison d’un manque d’efficacité, notamment au cours du nycthémère, ou d’une diminution de l’efficacité au long cours, ou encore en raison d’effets secondaires divers. À l’inverse, l’amélioration du dialogue médecin-patient peut contribuer à améliorer l’adhésion aux traitements prescrits [2]. Il n’est pas inutile de rappeler que la satisfaction des patients est souvent surestimée par les professionnels de santé… Expressions : Qu’en est-il de la satisfaction des patients vis-à-vis de l’immunothérapie spécifique ? PR R. MÖSGES : Le pourcentage de patients traités par immunothérapie est encore faible et ne permet pas de disposer de données à grande échelle. Il est cependant légitime de penser que les modalités d’administration sont un des points qui peuvent améliorer la satisfaction des patients vis-à-vis de ce traitement. Dans de nombreux pays, notamment en Europe du Nord, la voie sous-cutanée est considérée comme le traitement de choix ; il est cependant clair que de nombreux patients n’apprécient pas les injections. L’immunothérapie sublinguale offre ainsi un net avantage, puisque la voie d’administration est plus confortable pour le patient et que, de plus, il n’a pas à se rendre aussi souvent en consultation chez le médecin. Les enfants représentent une problématique particulière car ils redoutent les piqûres, mais n’apprécient pas non plus les effets indésirables locaux de la voie sublinguale. Expressions : Dans quelle mesure les développements actuels de l’immunothérapie spécifique peuvent-ils apporter des réponses à cette problématique ? PR R. MÖSGES : Si on ne peut pas dire que les comprimés d’immunothérapie récemment développés entraînent moins d’effets secondaires locaux que les gouttes, les dernières études réalisées montrent que seul un faible nombre de patients se plaignent de ces effets. De plus, les comprimés sont plus pratiques pour les patients, car ils ne nécessitent pas de conservation au réfrigérateur. D’autre part, en raison des effets des modifications climatiques sur la saison pollinique, l’immunothérapie doit être plus flexible pour apporter une bonne réponse à une demande de produits efficaces et pouvant agir rapidement. Par exemple, en Allemagne, la dernière saison pollinique a débuté avec près de deux mois d’avance, et de nombreux patients ont consulté trop tardivement pour pouvoir bénéficier du traitement par voie sous-cutanée. Les nouveaux protocoles développés avec la voie sublinguale ont démontré l’efficacité de l’immunothérapie durant la saison pollinique. De plus, les patients rapportent une amélioration dans tous les domaines concernés par le RQLQ (Rhinoconjunctivitis Quality of Life Questionnaire) : limitation des activités, problèmes de sommeil, symptômes extra-nasaux ou oculaires, etc. [3]. L’immunothérapie spécifique doit être plus flexible pour apporter une bonne réponse à une demande de produits efficaces et pouvant agir rapidement. Propos recueillis par le Dr A. le Masne Dans un contexte d’augmentation de prévalence des pathologies respiratoires allergiques et sachant que seuls 40 % des patients estiment que les symptômes allergiques sont suffisamment contrôlés, le développement des traitements par comprimés sublinguaux paraît être une option prometteuse pour l’amélioration de l’immunothérapie spécifique. 1. Marple BF, Fornadley JA, Patel AA et al; American Academy of Otolaryngic Allergy Working Group on Allergic Rhinitis. Keys to successful management of patients with allergic rhinitis: focus on patient confidence, compliance, and satisfaction. Otolaryngol Head Neck Surg 2007 ; 136 (Suppl 6) : S107-24. 2. Nathan RA. The burden of allergic rhinitis. Allergy Asthma Proc 2007 ; 28 : 3-9. 3. Didier A, Malling HJ, Worm M et al. Optimal dose, efficacy, and safety of once-daily sublingual immunotherapy with a 5–grass pollen tablet for seasonal allergic rhinitis. J Allergy Clin Immunol 2007 [sous presse]. 9