selon les différents pays. Par exemple, en
Allemagne, les traitements de la rhinite allergique
conformes aux recommandations (corticoïdes
nasaux et antihistaminiques) ne sont plus très en
vogue actuellement. Dans d’autres pays, comme
le Royaume-Uni, l’accès à un médecin allergo-
logue est difficile et le recours au spécialiste est
donc rare. Ailleurs, c’est le prix d’une consulta-
tion médicale qui peut rebuter le patient qui
préférera alors se rendre directement en phar-
macie, laquelle ne délivre pas toujours le meil-
leur traitement disponible.
D’autres facteurs, liés au traitement lui-même,
interviennent, tels que les modalités pratiques
d’administration (voie d’administration, rythme,
durée) et l’existence d’éventuels effets indési-
rables.
Expressions : Quels sont les liens entre
insatisfaction et observance des traite-
ments prescrits ?
PRR. MÖSGES :
L’insatisfaction conduit à une
diminution de l’observance des traitements
prescrits et à une majoration du recours à l’auto-
médication. Les patients ont également ten-
dance à adapter eux-mêmes les dosages des
traitements (prescrits ou en automédication)
en raison d’un manque d’efficacité, notam-
ment au cours du nycthémère, ou d’une dimi-
nution de l’efficacité au long cours, ou encore en
raison d’effets secondaires divers. À l’inverse,
l’amélioration du dialogue médecin-patient peut
contribuer à améliorer l’adhésion aux traite-
ments prescrits [2]. Il n’est pas inutile de rappeler
que la satisfaction des patients est souvent
surestimée par les professionnels de santé…
Expressions : Qu’en est-il de la satisfac-
tion des patients vis-à-vis de l’immuno-
thérapie spécifique ?
PRR. MÖSGES :
Le pourcentage de patients trai-
tés par immunothérapie est encore faible et ne
permet pas de disposer de données à grande
échelle. Il est cependant légitime de penser
que les modalités d’administration sont un des
points qui peuvent améliorer la satisfaction des
patients vis-à-vis de ce traitement.
Dans de nombreux pays, notamment en Europe
du Nord, la voie sous-cutanée est considérée
comme le traitement de choix ; il est cependant
clair que de nombreux patients n’apprécient
pas les injections. L’immunothérapie sublin-
guale offre ainsi un net avantage, puisque la voie
d’administration est plus confortable pour le
patient et que, de plus, il n’a pas à se rendre
aussi souvent en consultation chez le médecin.
Les enfants représentent une problématique
particulière car ils redoutent les piqûres, mais
n’apprécient pas non plus les effets indésirables
locaux de la voie sublinguale.
Expressions : Dans quelle mesure les
développements actuels de l’immuno-
thérapie spécifique peuvent-ils apporter
des réponses à cette problématique ?
PRR. MÖSGES :
Si on ne peut pas dire que les
comprimés d’immunothérapie récemment déve-
loppés entraînent moins d’effets secondaires
locaux que les gouttes, les dernières études réa-
lisées montrent que seul un faible nombre de
patients se plaignent de ces effets. De plus, les
comprimés sont plus pratiques pour les patients,
car ils ne nécessitent pas de conservation au
réfrigérateur.
D’autre part, en raison des effets des modifica-
tions climatiques sur la saison pollinique,
l’immunothérapie doit être plus flexible pour
apporter une bonne réponse à une demande
de produits efficaces et pouvant agir rapidement.
Par exemple, en Allemagne, la dernière saison
pollinique a débuté avec près de deux mois
d’avance, et de nombreux patients ont consulté
trop tardivement pour pouvoir bénéficier du
traitement par voie sous-cutanée.
Les nouveaux protocoles développés avec la
voie sublinguale ont démontré l’efficacité de
l’immunothérapie durant la saison pollinique. De
plus, les patients rapportent une amélioration
dans tous les domaines concernés par le RQLQ
(Rhinoconjunctivitis Quality of Life
Questionnaire) : limitation des activités, pro-
blèmes de sommeil, symptômes extra-nasaux
ou oculaires, etc. [3].
Propos recueillis par le Dr A. le Masne
9
Dans un contexte d’augmentation de pré-
valence des pathologies respiratoires aller-
giques et sachant que seuls 40 % des
patients estiment que les symptômes
allergiques sont suffisamment contrôlés,
le développement des traitements par
comprimés sublinguaux paraît être une
option prometteuse pour l’amélioration
de l’immunothérapie spécifique.
1. Marple BF, Fornadley JA, Patel AA
et al
; American Academy of
Otolaryngic Allergy Working Group on Allergic Rhinitis. Keys to
successful management of patients with allergic rhinitis: focus on
patient confidence, compliance, and satisfaction.
Otolaryngol Head
Neck Surg
2007 ; 136 (Suppl 6) : S107-24.
2. Nathan RA. The burden of allergic rhinitis.
Allergy Asthma Proc
2007 ; 28 : 3-9.
3. Didier A, Malling HJ, Worm M
et al
. Optimal dose, efficacy, and
safety of once-daily sublingual immunotherapy with a 5–grass
pollen tablet for seasonal allergic rhinitis.
J Allergy Clin Immunol
2007 [sous presse].
L’immuno-
thérapie
spécifique
doit être plus
flexible pour
apporter une
bonne réponse
à une demande
de produits
efficaces et
pouvant agir
rapidement.