36 DOSSIER Les stomies >> DOSSIER Des soins de spécialistes Infos ... Adresses utiles – www.fnclcc.fr (Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer) – Écoute Cancer – Service personnalisé et anonyme d’accueil téléphonique de la Ligue : soutien, information et orientation des malades et des proches N° AZUR : 0810 810 821 Qu’elle soit provisoire ou définitive, la stomie requiert le même type d’appareillage et des soins identiques, qui doivent rester simples, sauf en cas de complications. Près de 90 % des stomies sont digestives. Mais les conséquences psychosociales des tumeurs colorectales pour le patient et pour ses proches sont associées à des contraintes inhérentes à la maladie et au traitement du cancer. L es contraintes psychosociales sont surtout causées par l’angoisse associée au diagnostic de tumeur maligne, et par les problèmes de la vie sociale et sexuelle auxquels le patient est confronté après l’intervention chirurgicale. Le bienêtre psychique, l’image de soi et la sexualité sont dévalorisés. Associé à des diarrhées, le transit intestinal irrégulier et accru provoque certains problèmes d’ordre social. L’adaptation individuelle à la maladie est très variable et on ne peut guère préjuger de la manière dont un patient s’arrangera avec les conséquences de sa maladie. Elle est étroitement liée à l’attitude du partenaire, qui, souvent, est tout aussi importante que celle du patient. À chaque étape de la maladie, il convient d’adapter le processus d’accompagnement à leurs besoins. Sur le plan sexuel, il est fréquent d’observer une impuissance chez les hommes, bien que les patients ayant subi une résection antérieure basse (low anterior resection) voient leurs fonctions sexuelles généralement conservées. Chez les femmes, les capacités fonctionnelles sexuelles restent maintenues après ce type d’intervention, mais nombre d’entre elles sont confrontées à des problèmes considérables au cours des relations sexuelles, même longtemps après l’opération. Il faut garder à l’esprit que les patients qui portent une stomie permanente à la suite d’une amputation abdominopérinéale sont confrontés en plus à des Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 inconvénients et problèmes psychiques du fait même de leur stomie. Le choc émotionnel, intense, peut être amoindri par le soutien de spécialistes, de proches ou encore de patients “avertis” ayant déjà subi la même opération. Il est particulièrement important de proposer au patient un soutien spécialisé précoce et d’accorder du temps à ces aspects. L’appareillage et les soins Il existe de très nombreuses variétés de poches, mais l’on dispose schématiquement de systèmes “une pièce”, que l’on change en entier, et de systèmes “deux pièces”, où le support peut rester en place plusieurs jours. La poche est adaptée sur ce support. Les poches peuvent être fermées ou vidables, transparentes ou opaques. L’orifice peut être prédécoupé (poche “une pièce”) ou découpable selon les besoins. La plupart des poches sont actuellement munies d’un filtre laissant passer les gaz tout en les désodorisant. La stomie ne devrait plus être considérée comme une plaie. Des soins d’hygiène très simples doivent alors suffire : nettoyage à l’eau et au savon et séchage avec un papier absorbant, sans frotter. Les poches “une pièce” se changent en bloc tous les un à deux jours. Le support des poches “deux pièces” peut rester en place quatre jours. Aucune toilette n’est utile en dehors des changements de support ; il suffit d’essuyer l’orifice à chaque renouvellement de poche. Le patient peut prendre des bains ou des douches, avec la poche s’il est porteur d’une iléostomie ou sans la poche s’il est porteur d’une colostomie. Il ne faut pas utiliser de colorants (éosine, produit iodés…) et d’antiseptiques, qui sont inutiles. De plus, ces produits modifient le pH cutané, ne permettant plus une parfaite adhésion du support. Cependant, le risque de sensibilisation n’est pas à exclure. En ce cas, il est recommandé de mettre des corps gras autour de la stomie. Mais ils empêchent l’adhésion du support, ce qui entraîne des fuites de matière, et donc des irritations cutanées, complications les plus fréquentes. Il faut alors protéger la peau avec le support lui-même. Il ne faut pas ouvrir davantage l’orifice du support, appliquer des produits cicatrisants ou antiseptiques ou utiliser des pansements hydrocolloïdes prévus, eux, pour d’autres affections, car ils ne sont pas adaptés aux effluents des stomies. Les autres complications sont l’éventration péristomiale et le prolapsus muqueux, qui, lorsque sa taille est trop importante, nécessite un conseil chirurgical. C’est aussi la sténose de l’orifice de stomie qui doit faire tôt ou tard l’objet d’une reprise chirurgicale. Le bourgeon inflammatoire est rare, mais il est plus fréquent sur la colostomie que sur l’iléostomie. Il ne faut pas appliquer d’antibiotiques, d’antiseptiques ou découper la poche de façon trop étroite, ce qui irrite la muqueuse. ALP Conférence de consensus Anaes, 1998