Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
Infos ...
Adresses utiles
– www.fnclcc.fr
(Fédération
Nationale des
Centres de Lutte
Contre le Cancer)
– Écoute Cancer –
Service personnalisé
et anonyme
d’accueil
téléphonique
de la Ligue :
soutien, information
et orientation des
malades et des
proches N° AZUR :
0810 810 821
DOSSIER
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>> DOSSIER
Les contraintes psychoso-
ciales sont surtout cau-
sées par l’angoisse asso-
ciée au diagnostic de tumeur
maligne, et par les problèmes de
la vie sociale et sexuelle auxquels
le patient est confronté après l’in-
tervention chirurgicale. Le bien-
être psychique, l’image de soi et
la sexualité sont dévalorisés.
Associé à des diarrhées, le transit
intestinal irrégulier et accru pro-
voque certains problèmes d’or-
dre social. L’adaptation indivi-
duelle à la maladie est très
variable et on ne peut guère pré-
juger de la manière dont un
patient s’arrangera avec les
conséquences de sa maladie.
Elle est étroitement liée à l’atti-
tude du partenaire, qui, souvent,
est tout aussi importante que
celle du patient. À chaque étape
de la maladie, il convient d’adap-
ter le processus d’accompagne-
ment à leurs besoins. Sur le plan
sexuel, il est fréquent d’observer
une impuissance chez les hom-
mes, bien que les patients ayant
subi une résection antérieure
basse
(low anterior resection)
voient leurs fonctions sexuelles
généralement conservées. Chez
les femmes, les capacités fonc-
tionnelles sexuelles restent main-
tenues après ce type d’interven-
tion, mais nombre d’entre elles
sont confrontées à des pro-
blèmes considérables au cours
des relations sexuelles, même
longtemps après l’opération. Il
faut garder à l’esprit que les
patients qui portent une stomie
permanente à la suite d’une
amputation abdominopérinéale
sont confrontés en plus à des
inconvénients et problèmes psy-
chiques du fait même de leur
stomie. Le choc émotionnel,
intense, peut être amoindri par le
soutien de spécialistes, de
proches ou encore de patients
“avertis” ayant déjà subi la même
opération. Il est particulièrement
important de proposer au patient
un soutien spécialisé précoce et
d’accorder du temps à ces aspects.
L’appareillage et les soins
Il existe de très nombreuses
variétés de poches, mais l’on dis-
pose schématiquement de sys-
tèmes “une pièce”, que l’on
change en entier, et de systèmes
“deux pièces”, où le support peut
rester en place plusieurs jours. La
poche est adaptée sur ce sup-
port. Les poches peuvent être
fermées ou vidables, transpa-
rentes ou opaques. L’orifice peut
être prédécoupé (poche “une
pièce”) ou découpable selon les
besoins. La plupart des poches
sont actuellement munies d’un
filtre laissant passer les gaz tout
en les désodorisant.
La stomie ne devrait plus être
considérée comme une plaie.
Des soins d’hygiène très simples
doivent alors suffire : nettoyage
à l’eau et au savon et séchage
avec un papier absorbant, sans
frotter. Les poches “une pièce”
se changent en bloc tous les un
à deux jours. Le support des
poches “deux pièces” peut rester
en place quatre jours. Aucune
toilette n’est utile en dehors des
changements de support ; il suf-
fit d’essuyer l’orifice à chaque
renouvellement de poche. Le
patient peut prendre des bains
ou des douches, avec la poche
s’il est porteur d’une iléostomie
ou sans la poche s’il est porteur
d’une colostomie. Il ne faut pas
utiliser de colorants (éosine, pro-
duit iodés…) et d’antiseptiques,
qui sont inutiles. De plus, ces
produits modifient le pH cutané,
ne permettant plus une parfaite
adhésion du support. Cepen-
dant,
le risque de sensibilisation
n’est pas à exclure. En ce cas, il
est recommandé de mettre des
corps gras autour de la stomie.
Mais ils empêchent l’adhésion
du support, ce qui entraîne des
fuites de matière, et donc des
irritations cutanées, complica-
tions les plus fréquentes. Il faut
alors protéger la peau avec le
support lui-même. Il ne faut pas
ouvrir davantage l’orifice du sup-
port, appliquer des produits
cicatrisants ou antiseptiques ou
utiliser des pansements hydro-
colloïdes
prévus, eux, pour d’au-
tres affections, car ils ne sont pas
adaptés aux effluents des sto-
mies. Les autres complications
sont l’éventration péristomiale et
le prolapsus muqueux, qui,
lorsque sa taille est trop impor-
tante, nécessite un conseil chi-
rurgical. C’est aussi la sténose de
l’orifice de stomie qui doit faire
tôt ou tard l’objet d’une reprise
chirurgicale. Le bourgeon inflam-
matoire est rare, mais il est plus
fréquent sur la colostomie que
sur l’iléostomie. Il ne faut pas
appliquer d’antibiotiques, d’anti-
septiques ou découper la poche
de façon trop étroite, ce qui irrite
la muqueuse.
ALP
Conférence de consensus Anaes, 1998
Qu’elle soit provisoire ou définitive, la stomie requiert le même type d’appareillage et
des soins identiques, qui doivent rester simples, sauf en cas de complications. Près de
90 % des stomies sont digestives. Mais les conséquences psychosociales des tumeurs
colorectales pour le patient et pour ses proches sont associées à des contraintes inhé-
rentes à la maladie et au traitement du cancer.
Les stomies
Des soins de spécialistes