L
es stomies peuvent con-
cerner également l’arbre
urinaire. Au niveau de l’ap-
pareil digestif, il y a des stomies
d’alimentation, d’évacuation ou de
mise en repos d’un organe. Plus
récente est la fonction de stoma-
thérapeute, visant à aider le
patient à surmonter un handicap
dont les répercussions psychiques,
sociales et familiales sont parfois
lourdes de conséquences.
Indications
Une stomie digestive ou entéro-
stomie signifie que, temporaire-
ment ou définitivement, l’intestin
est abouché à la peau. Le malade
présente alors une incontinence
des matières par la stomie dont le
but consiste à mettre l’intestin au
repos, la partie située en aval étant
exclue de la fonction digestive,
sauf dans le cas de la jéjunosto-
mie. Les stomies sont indiquées
dans les pathologies infectieuses,
les pathologies malignes et les
pathologies inflammatoires.
On distingue trois classes de sto-
mies.
•La jéjunostomie :c’est l’abou-
chement du jéjunum à la peau ;
elle permet d’assurer l’alimenta-
tion d’un malade dont la partie
haute du tube digestif n’est pas
fonctionnelle.
•L’iléostomie : c’est l’abouche-
ment de l’iléon par sa partie termi-
nale ou latérale à la peau. Elle est
caractérisée par des selles liqui-
diennes et abondantes.
•La colostomie : c’est la réalisa-
tion d’une stomie au niveau du
côlon. Plus la colostomie est
basse, plus les selles sont solides
et peu abondantes.
Encadrement psychologique
Le rôle infirmier est capital dans la prise
en charge du malade entérostomisé.
Avant l’intervention, l’infirmier doit
expliquer au patient la nécessité
vitale du port d’un anus artificiel, le
mettre au courant du fait que les
selles seront éliminées provisoire-
ment ou définitivement par un
abouchement sur l’abdomen, et l’ai-
der dans la mesure du possible à
accepter la réalité que lui impose sa
maladie.
Après l’intervention, l’infirmier doit
apporter un soutien au patient, sur-
tout lors du premier pansement.
Lorsque le malade découvre la sto-
mie, il doit lui donner le maximum de
temps au cours de la discussion pour
le rassurer et le sécuriser. Si la stomie
est provisoire, on doit lui expliquer
que c’est une situation passagère et
qu’il retournera à la situation normale
dans un ou deux mois. Quand la sto-
mie est définitive, il faut soutenir psy-
chologiquement le malade, qui doit
faire des efforts pour s’y adapter. La
famille doit également être impliquée
dans l’aide à apporter au patient.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
Surveillance
Le choix de l’appareillage (système
avec une pièce, système à deux
pièces, système à plusieurs pièces)
doit être approprié à chaque type
de stomie, en tenant compte des
possibilités de participation du
patient.
En dehors de la surveillance cuta-
née, essentielle, le personnel de
santé puis, très rapidement, le
patient lui-même contrôleront l’état
du côlon, afin de prévenir ou détec-
ter au mieux une complication
hémorragique externe, le plus sou-
vent liée à un lâchage de suture. En
ce cas, une reprise chirurgicale est
indispensable. Autre complication à
craindre : une nécrose de l’extré-
mité terminale avec, à l’aspect, un
côlon qui change de couleur consti-
tuant un signe d’alerte. Si le prolap-
sus simple, en l’absence de compli-
cations, ne pose que peu de
problèmes, il n’en est pas de
même de la sténose orificielle
secondaire, qui peut nécessiter une
intervention réparatrice.
ALP
Infos ...
Pose d’une stomie
La pose d’une stomie
impose une
information
du patient sur l’acte
opératoire lui-même
et nécessite
un accompagnement
pour l’aider
à assumer
une modification
de l’image corporelle
dont les conséquences
psychologiques sont
variables. De plus,
il a besoin d’aide pour
faire face à
une perturbation plus
ou moins importante
de ses habitudes
de vie : alimentation,
soins quotidiens
de la stomie,
étude et adaptation
de l’appareillage
dont dépend
sa qualité de vie.
DOSSIER
36
>> DOSSIER
Dès le XVIIesiècle, la littérature relate deux interventions chirurgicales appelées gas-
trostomies. Aujourd’hui, les parties du tube digestif peuvent être mises en abouche-
ment à la peau. Ce sont les stomies, qui sont des dérivations définitives ou provisoires.
Considérées comme des orifices naturels et non comme des plaies, leur prise en char-
ge est spécifique, mais fait appel aux pansements.
Les stomies digestives
Ce ne sont pas des plaies mais...
L’importance de l’hygiène
–Vider la poche de recueil chaque fois qu’elle est remplie.
–Nettoyer la stomie avec un antiseptique non irritant ou du sérum physiologique.
–Appliquer une crème protectrice de la peau autour de la stomie s’il y a un
début d’irritation.
–Appareiller le malade en fonction des situations et des moyens disponibles.
–Changer le linge du malade après avoir fait sa toilette.
–Changer le pansement d’une manière aseptique.
–Apprendre au malade à s’auto- appareiller, car la stomie digestive conduit à
l’incontinence des matières fécales chez le sujet et impose la mise en place d’un
appareillage de recueil (exception faite pour la jéjunostomie).
Les infirmières et infirmiers diplômés d’État peuvent suivre
une formation d’entérostoma-thérapeutes agréée par l’association française
d’entérostoma-thérapeutes (A.F.E.T.)
et le World Council of Enterostomal Therapists (W.C.E.T.)