LES AMPHETAMINES_4 1. Qu`est-ce que c`est ? Les amphétamines

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LES AMPHETAMINES_4
1. Qu’est-ce que c’est ?
Les amphétamines sont une famille de produits de synthèse très
fortement stimulants sur le psychisme et l’organisme.
Les amphétamines entraînent toutes une dépendance psychique et
physique qui expliquent leur classement comme stupéfiant. Elles
entrainent des effets psychiques correspondant à un syndrome
maniaque artificiel, et des effets secondaires graves mais rares comme
une atteinte cardiaque exposant à des malaises graves pouvant
entraîner la mort.
Les amphétamines sont des substances psychostimulantes, découvertes
par le chimiste roumain Lazar Edeleanu en 1887. A l’occasion de
recherches sur l’adrénaline (qui ne peut être administrée par voie orale),
elles ont été redécouvertes en 1927 par Gordon Alles aux USA par leur
proximité avec l’éphédrine, et utilisées comme médicaments pour leurs
propriétés bronchodilatatrices, stimulantes et anorexigènes (coupe-faim).
D’abord utilisées dans les années 1930 pour leur action
bronchodilatatrice, c’est ensuite les propriétés stimulantes qui sont
recherchées dans les amphétamines. Pendant la seconde guerre
mondiale elles sont utilisées par toutes les puissances belligérantes à
des fins militaires, pour éviter l’interruption des combats la nuit. Vendues
sans ordonnance jusqu’en 1955, elles ont été classées en France
comme substances stupéfiantes en 1967, après la constatation d’un
mésusage massif du produit par les étudiants en période d’examen, et
d’un dopage très répandu et très dangereux pour la santé des sportifs de
haut niveau. L’usage toxicomaniaque chronique a depuis fortement
diminué.
Quelques amphétamines ont continué à être utilisées sur le plan
médical, en particulier dans les troubles de déficit de l’attention avec
hyperactivité chez l’enfant (TDAH), et dans certains cas d’obésité et de
sevrage tabagique. Leurs effets secondaires risqués ont suscité dans le
grand public plusieurs débats, en France, liés au déséquilibre bénéfice-
risque que font courir les amphétamines et dérivés : fenfluramine et
dexfenfluramine (utilisées dans l’obésité dans les années 1980 et 1990,
retirés du marché en 1997), benfluorex (utilisé dans certaines obésités
dans les années 1990 et 2000, retiré du marché en 2009),
méthylphénidate et dérivés (utilisés dans les hyperactivités de l’enfant),
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bupropion (utilisé dans le sevrage tabagique, anciennement appelée
amfébutamone).
Les amphétamines se présentent sous forme de comprimés, de poudre
blanche ou de cristaux parfois conditionnés en gélules. Elles sont le plus
souvent ingérées par voie orale mais peuvent aussi être prisées
(sniffées), fumées et injectées par voie intraveineuse.
Le marché parallèle a longtemps été approvisionné par le détournement
d’ordonnances médicales, ou par la production illicite.
L’ecstasy
Il existe également un mésusage « récréatif » des amphétamines, sous
forme de comprimés d’ecstasy (aussi appelée MDMA pour « méthylène-
dioxy-3,4-méthamphetamine »), dans le milieu de la nuit.
Diffusé sous forme de comprimés contenant entre 1 et 200 mg de
MDMA mais aussi d’autres produits psychotropes, cet usage
occasionnel entraînerait une toxicité neuronale par atteinte de la
régulation de la sérotonine. A dose moyenne (inférieures à 150 mg), ses
propriétés sont celles des amphétamines ; à forte dose, ses effets sont
proches des hallucinogènes (Cf. fiche Hallucinogènes). Elle entraîne
rarement une dépendance chronique.
La métamphétamine
Egalement appelée « speed » ou « ice », ou « crystal meth » par sa
présentation en cristaux, est un dérivé très addictogène des
amphétamines. Ce produit est en expansion, et le nombre d’usagers qui
en consomment dépasseraient ceux de la cocaïne.
Le khat
Le khat (Catha edulis), plante originaire des régions montagneuses du
sud de la Mer Rouge (Ethiopie, Erythrée, Djibouti, Yémen) contient dans
ses feuilles fraîches de la cathinone, qui est une amphétamine naturelle
se dégradant rapidement en un produit moins actif. Elle entraine une
dépendance dans une très large part de la population de ces pays.
Les feuilles de khat ne pouvant être conservées sans perdre leurs
propriétés stimulantes, une grande part de l’activité économique de ces
pays (par voie maritime, ferroviaire, routière) est dirigée vers
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l’acheminement de feuilles fraîches à des distances éloignées de leur
production.
Les quantités actives sont moindres que pour les amphétamines de
synthèse et entraîneraient moins de complications, mais le khat reste un
véritable enjeu dans l’évolution socio-économique difficile de ces pays.
2. Comment cela marche ?
Les amphétamines sont des « agonistes sympathomimétiques indirects
» dérivés des phenyléthylamines : elles stimulent le système de
l’adrénaline (inhibition de la MAO, la monoamine oxydase) qui contrôle
notamment le cœur, les artères ainsi que de nombreuses autres
fonctions biologiques essentielles.
Elles augmentent la quantité de neuromédiateurs (dopamine,
noradrénaline, et pour les ecstasy la sérotonine) en vidant les réserves
des neurones (libération et inhibition de la recapture), d’où l’effet limité
dans le temps des amphétamines et la durée du contrecoup après
utilisation, le temps que les médiateurs soient à nouveau reconstitués
par le corps.
3. Ce que je ressens ?
La durée d’action des amphétamines est d’environ 6 heures.
Sur le plan physique, les amphétamines accélèrent le cœur, provoquent
des troubles du rythme cardiaque et une hypertension artérielle majorée
par l’effet de contraction des artères (vasoconstriction). Elles accélèrent
la respiration et entrainent une dilatation des bronches. Elles augmentent
la température corporelle, entraînent une dilatation des pupilles
insensible à la lumière, une sécheresse de la bouche, des douleurs
musculaires et une crispation de la mâchoire.
Au niveau psychique, moins d’une heure après l’ingestion, les effets
temporaires des amphétamines se manifestent. Elles abolissent la
sensation de fatigue, et donc stimulent l’éveil et réduisent la durée du
sommeil. Elles provoquent une euphorie, une désinhibition et une
stimulation psychomotrice (le « rush ») pour laquelle les patients
présentent une dépendance psychique. Les patients se sentent très
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bien, ne sont plus freinés par des doutes et ont l’impression d’être plus
endurants, plus forts, ils ressentent une augmentation de leurs faculs
intellectuelles et de leurs capacités à se concentrer. L’augmentation des
capacités n’est pas confirmée par les observations médicales et les tests
psychométriques ; il ne s’agit donc que d’une sensation de surestimation
par l’usager.
Elle est suivie d’un contrecoup dépressif (ou descente) durant environ 8
heures, avec des tremblements, des maux de tête, une irritabilité, des
crises d’angoisse, un sentiment de lassitude, un épuisement mais une
insomnie paradoxale, et une perte des initiatives. Contrairement à la
phase précédente, les activités intellectuelles semblent impossibles et un
sentiment de dévalorisation s’installe.
La consommation répétée et chronique entraîne une dépendance
physique et peut s’accompagner d’un amaigrissement par inhibition de
l’appétit, une acné, et une ostéoporose. La dépendance psychique peut
entraîner une insomnie (souvent compensée par une automédication par
des somnifères plus ou moins addictifs eux-mêmes), des troubles du
jugement, une hyperactivité maniaque (cf. fiche Manie) voire des
troubles délirants (paranoïa), une irritabilité et parfois une agressivité
s’exprimant par des passages à l’acte agressifs. Certains cliniciens
parlent d’une « pharmacopsychose » consécutive à la consommation
chronique
L’arrêt brutal de la consommation chronique entraine un syndrome de
sevrage peu bruyant.
4. Que faire ?
Lors d’une intoxication grave aux amphétamines avec agitation
persistante ou perte de connaissance, il semble indispensable de
prévenir les secours (centre 15-SAMU) et de placer la personne en
position latérale de sécurité. Les risques encourus impliquent de pouvoir
bénéficier dès que possible de moyens réanimatoires et d’une
surveillance par scope pour le transport à l’hôpital par un camion de
SMUR.
Une présence des amphétamines peut être détectée par des bandelettes
urinaires.
Les examens urgents à réaliser sont une prise de la température, un
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examen neurologique, un bilan cardiaque (électrocardiogramme puis
échographie cardiaque dès que possible), un bilan rénal (urée,
créatinine), un contrôle des paramètres d’équilibre biochimique (sodium,
potassium, bicarbonates, calcium, glycémie), des gaz du sang
(évaluation du retentissement de la respiration accélérée).
En cas de prescription d’amphétamines sous strict contrôle médical, il
est indispensable de régulièrement réévaluer la prescription et ses effets
secondaires avec son médecin spécialiste.
En cas de consommation chronique toxicomaniaque, c’est un psychiatre-
addictologue qui pourra accompagner le patient motivé à réaliser un
sevrage des amphétamines.
5. Quels traitements ?
En cas d’intoxication aigüe, le patient doit être transporté à l’hôpital
par le SAMU, et dès que possible, on peut tenter de réduire au
maximum l’absorption du produit par une ingestion de charbon
activé ou par un lavage gastrique. Une acidification des urines peut
accélérer l’élimination des amphétamines.
De manière générale, le traitement des répercussions des
amphétamines est avant tout un traitement symptomatique.
Une hydratation est indispensable pour éviter le développement
d’une fièvre maligne, et éviter une aggravation. En cas de fièvre
maligne, on peut envisager de refroidir le corps par des moyens
physiques (par des sacs de glace sur les grands carrefours
artériels des épaules et de l’aine) et par une injection de
Dantrolène, en réanimation.
Si le syndrome psychiatrique entraîne une agitation ou une forte
angoisse, l’on peut utiliser des tranquillisants benzodiazépiniques
ou neuroleptiques le temps de la crise. Si l’angoisse ou si le délire
se maintient, c’est une spécialité neuroleptique (antipsychotique)
qui pourra être poursuivie.
On peut utiliser des anticonvulsivants si le risque épileptique est
fort, ou si le patient a présenté des convulsions.
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