
de burn-out bien que le concept
d’une psychopathologie liée à la
situation professionnelle ait déjà été
évoqué par Hans Selye – le “père” du
stress, dès 1936. Depuis, la termino-
logie s’est affinée et Maslach et
Jackson, en 1986, lui ont donné la
définition encore d’actualité :
“Syndrome d’épuisement émotion-
nel, de dépersonnalisation et de
réduction de l’accomplissement per-
sonnel qui apparaît chez les individus
impliqués professionnellement
auprès d’autrui”. Et lorsqu’on inter-
roge le corps médical, il s’y retrouve
hélas parfaitement.
L’enquête
Une enquête réalisée par l’Union
Régionale des Médecins Libéraux de
Bourgogne (qui a été confirmée en
Champagne-Ardennes) révèle l’impor-
tance qualitative mais aussi quantita-
tive du phénomène : 47 % des
médecins interrogés se disent effecti-
vement atteints “d’épuisement émo-
tionnel” et 33 % reconnaissent avoir
tendance à ne plus voir leurs patients
comme des personnes (dépersonnali-
sation) (4). Et par delà le problème
psychopathologique propre du méde-
cin, se profile la conséquence inéluc-
table pour le soigné, à savoir une dété-
rioration progressive de la qualité des
soins prodigués par le soignant. On
peut alors aisément mesurer les réper-
cussions éthiques et socio-écono-
miques du burn-out. Autrement dit, on
retrouve dans cette problématique le
couple indissociable “médecin-
malade” et si les propositions présen-
tées visent en première intention
l’amélioration de la situation du méde-
cin, elles retentissent de facto sur la
prise en charge des patients.
Enfin à l’écoute du burn-out
Sensibilisée au problème croissant
du burn-out, l’Association d’aide pro-
fessionnelle aux médecins libéraux
(AAPML) se propose, en partenariat
avec l’Assurance maladie, de mettre
en place dans la région Ile-de-France,
à titre pilote, un dispositif innovant
d’aide aux médecins libéraux en diffi-
culté psychologique dans l’exercice
de leur profession. Projet ambitieux à
la fois lorsqu’on a pris conscience de
la fréquence du syndrome dans le
corps médical mais aussi sachant les
réticences naturelles du médecin à
se confier physiquement et psycholo-
giquement à un confrère.
Dispositif de soutien
Le principe de ce nouveau dispositif
de soutien entend allier la simplicité à
l’efficacité. Simplicité parce que le dis-
positif se fonde sur une écoute télé-
phonique anonyme, confidentielle,
par un(e) psychologue clinicien (ne)
formé(e) à ce type d’entretien.
Efficacité car l’objectif premier, au-delà
de l’aide apportée immédiatement au
confrère en difficulté, reste une amé-
lioration de la relation médecin-
patient donc de la qualité des soins.
Sur le plan pratique, cette ligne
d’écoute fonctionnera 24 h sur 24 et
7 jours sur 7 (0 826 004 580).
L’anonymat n’empêchera pas un suivi
puisque l’appelant se verra attribuer
un numéro spécifique en cas d’appel
ultérieur. Comme l’objectif est une
prise en charge psychologique au
long cours (et encore moins analy-
tique), il est prévu un maximum de 4
ou 5 appels pour le même deman-
deur ce qui n’empêchera pas, bien
entendu, l’orientation vers un psycho-
logue de voisinage, si elle s’avère sou-
haitable. Dans une première étape, le
dispositif ne s’appliquera qu’à la
région Ile-de-France ; il est opération-
nel depuis le 1er juin 2005.
Une dizaine de psychologues se
relaieront pour assurer la perma-
nence de l’écoute. Enfin, les initia-
teurs de ce projet souhaitent effec-
tuer une évaluation du dispositif à
moyen terme pour en mesurer l’effi-
cacité et envisager, en fonction des
résultats, l’extension de dispositif à la
fois à la France entière et à toutes les
professions de santé.
En effet, les infirmières dont on
connaît l’épuisement depuis long-
temps pourraient bénéficier de ces
soutiens car l’avenir du monde soi-
gnant se trouve dans l’interdisciplina-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
rité. Or pour la qualité des soins,
aucun chaînon ne doit être défaillant.
Et, si les hospitaliers bénéficient de
structures d’écoute notamment dans
les services les plus lourds, les libé-
raux sont de ce point de vue moins
avantagés.
On ne peut que leur souhaiter pleine
réussite, tant pour les médecins et les
soignants handicapés par l’isolement
généré par le burn-out, que pour les
patients.
Gérard Mégret
Références
(1) Ob
servatoire de l’insécurité. Conseil na-
tional de l’Ordre des médecins. Le Géné-
raliste, 8 avril 2005.
(2) Informations de la CARMF. N° 51
décembre 2004.
(3) Docteur Yves Léopold. « Les médecins se
suicideraient-ils plus que d’autres ». Conseil
de l’ordre du Vaucluse, Informations ordi-
nales Janvier/février 2003.
(4) Le temps de travail des médecins : l’im-
pact des évolutions sociodémographiques.
DRESS Études et résultats N° 114 mai 2001.
(5) Didier Truchot. Le burn-out des médecins
libéraux de Bourgogne. Rapport de recher-
che URML Bourgogne. Dijon, URLM et
Reims. Département de psychologie ; 2001.
Soins Libéraux
40
*Il va de soi que le médecin hos-
pitalier n’échappe pas aux
troubles psychiques rencontrés
dans le milieu médical libéral.
Mais d’une part, s’il existe des
causes communes on trouve
des spécificités liées à la pra-
tique hospitalière. D’autre part
l’initiative évoquée ici s’adresse
dans un premier temps aux
médecins libéraux. N.D.L.A
**En 1980, les médecins s’ins-
tallaient en moyenne à l’âge de
31 ans. Actuellement, ils le font
à 37 ans.
***On rappelle que le temps de
travail moyen hebdomadaire du
médecin est de 57,5 heures par
semaine (5).
Infos...
Ordre infirmier
Après les médecins,
les masseurs-
kinésithérapeutes et
les pédicures
podologues ont
enfin obtenu la
création d’un Ordre
professionnel à la
suite de bien des
péripéties. Cette fois,
les infirmières
semblent décidées à
créer leur Ordre
professionnel.
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