de la tête suivie d’une véritable ostéolyse avec présence de nom-
breux corps étrangers) ;
•une omarthrose facilement diagnostiquée sur les radiographies
simples. On distingue classiquement les omarthroses centrées (pin-
cement de l’interligne gléno-huméral, respect de l’espace acromio-
huméral, ostéosclérose et géodes sous-chondrales, et ostéophytose
en goutte prédominant au pôle inférieur de la glène et de la tête humé-
rale) des omarthroses dites excentrées (pincement sous-acromial,
néoarticulation acromio-humérale, puis atteinte gléno-humérale
tardive), secondaires à une rupture de la coiffe des rotateurs (5).
Mais cette classification est imparfaite, car il existe :
–des omarthroses dites centrées, mais avec une subluxation posté-
rieure de la tête humérale mal visible sur les radiographies de face ;
–des omarthroses centrées avec atteinte tendineuse associée ;
–des omarthroses excentrées sans arthrose gléno-humérale.
Il vaudrait mieux parler :
–d’omarthrose à coiffe continente (coiffe normale ou lésions
minimes) ;
–d’omarthrose à coiffe rompue (rupture massive de la coiffe,
lésions irréparables).
Il peut également s’agir d’une atteinte osseuse locale (humérus,
omoplate, clavicule). L’humérus est, en effet, le siège fréquent de
lésions tumorales (chondrome, chondroblastome, enchondrome,
chondrosarcome, métastases osseuses). Un autre siège favori des
tumeurs osseuses est l’omoplate : ostéome ostéoïde (coracoïde, col
de l’omoplate, acromion), tumeurs des parties molles (histiocytome
malin, sarcomes, synovialosarcome), sans oublier le myélome et
le syndrome de Pancoast-Tobias, qui doit être écarté de principe chez
le fumeur. L’IRM est l’examen de référence dans ces situations.
●
●Si l’épaule n’est pas raide,il s’agit d’une atteinte périarticu-
laire,et différents tableaux cliniques peuvent se présenter :
–l’épaule est électivement limitée lors d’une manœuvre de mobi-
lité contrariée : il s’agit d’une tendinopathie calcifiante ou non ;
–l’épaule est le siège d’une dissociation actif-passif (épaule
pseudo-paralytique) : il s’agit d’une rupture étendue de la coiffe,
souvent une extension à l’ensemble des rotateurs externes d’une
rupture plus limitée jusque-là bien tolérée.
Un bilan radiographique simple bilatéral et comparatif est souvent
suffisant pour confirmer l’impression clinique et faire débuter le
traitement médical. L’échographie est intéressante mais opérateur-
dépendante. Elle dépend également grandement du matériel utilisé
et peut objectiver des signes de tendinopathie ou un épanchement
dans la bourse. La bursographie peut également rendre service en
cas de bursite.
CONDUITE À TENIR
Chez la personne âgée, la stratégie thérapeutique fait appel à une
prise en charge médico-physique qui repose sur l’économie articu-
laire et les antalgiques associés à une rééducation spécialisée pour
l’épaule. La technique dépend de l’étiologie ; elle sera débutée
avec le kinésithérapeute (15 séances deux à trois fois par semaine)
et poursuivie quotidiennement par le patient chez lui.
En cas d’échec, une infiltration péri- ou intra-articulaire, en utili-
sant les dérivés corticoïdes peu fluorés, associée au repos articu-
laire pendant 48 heures donne souvent d’excellents résultats et peut
être renouvelée une ou deux fois si le résultat est incomplet.
Ce traitement doit être bien conduit (et suffisamment longtemps :
quatre à six semaines) avant de parler d’échec thérapeutique.
Ce n’est qu’en cas de passage à la chronicité, de doute diagnostique
ou d’échec thérapeutique véritable que des investigations complé-
mentaires se justifient.
Un bilan lésionnel précis s’impose pour discuter, selon la nature
et l’étendue des lésions, d’un éventuel traitement arthroscopique ou
chirurgical.
Il fait appel à l’arthrographie opaque, complétée par un scanner,
qui peut mettre en évidence des signes de souffrance de la coiffe
des rotateurs (fissuration ou rupture tendineuse). Cette technique
précise le siège, l’étendue de la rupture et son retentissement sur
les muscles voisins (fonte musculaire, infiltration graisseuse). Elle
permet aussi d’étudier parfaitement le sous-scapulaire et le long
biceps. Elle semble constituer une technique sûre, et la moins oné-
reuse dans les formes traînantes, rebelles au traitement.
L’IRM est un examen qui se forge depuis quelques années une place
indiscutable dans le bilan des épaules douloureuses ou instables
chroniques. L’arthro-IRM est prometteuse.
CONCLUSION
Il est classique de dire qu’une dorsalgie est rarement en rapport
avec une atteinte du rachis dorsal et plus souvent liée à une patho-
logie viscérale de voisinage. Il en est un peu de même pour la dou-
leur d’épaule de la personne âgée, qui ne doit pas être hâtivement
rattachée à une pathologie de la coiffe des rotateurs et traitée par
une infiltration, même si les lésions de la coiffe sont très fréquentes.
Qui n’a pas rencontré, chez l’un de ses patients, une douleur d’épaule
révélatrice d’un cancer pulmonaire ou d’un infarctus du myocarde ?
Il faut donc rappeler l’importance d’un excellent interrogatoire et
d’un examen clinique minutieux devant toute douleur d’épaule
sans orientation précise, et se méfier d’une douleur d’épaule rebelle
au traitement médical.
La clinique dicte donc la conduite à tenir ultérieure et, bien souvent,
la seule imagerie nécessaire et suffisante de première intention
(lorsque l’on suspecte une lésion intrinsèque) est représentée par
les radiographies simples de l’épaule. Elles suffisent souvent à
confirmer l’impression clinique et permettent de proposer un trai-
tement adapté. Elles seront complétées par un bilan biologique s’il
existe des arguments pour une pathologie inflammatoire, infectieuse
ou métabolique, ou si l’évolution sous traitement infirme le dia-
gnostic initial ou fait craindre une complication.
■
Bibliographie
1. Van Lankveld W. Gerontorheumatology: the challenge to meet health-care demands
for the elderly with musculoskeletal conditions. Rheumatology 2005;44:419-22.
2. O’Reilly D, Bernstein RM. Shoulder pain in the elderly. Br Med J 1990;301:503-4.
3. Bard H. Pièges de l’épaule douloureuse. In : Laredo JD, Bard H. La coiffe des
rotateurs et son environnement. GETROA-Opus XXIII, Paris : Éd. Sauramps
Médical, 1996:15-21.
4. Walch G. L’examen programmé de l’épaule douloureuse chronique et l’examen
clinique d’une épaule traumatisée. In : Walch G, Noël E, Liotard JP. Journées
lyonnaises de l’épaule. Lyon, avril 1993;169-89.
5. Giraudet-le Quintrec JS. Omarthrose : épidémiologie et classification. Lettre
du Rhumatologue 2005;309:6-10.
NOUVEAUX CONCEPTS KINÉSITHÉRAPIQUES
La Lettre du Rhumatologue - n° 316 - novembre 2005
53