LIBÉRALE Une douleur tenace à l’épaule Quiz médical

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LIBÉRALE
Quiz médical
Une douleur tenace à l’épaule
En skiant, Olga a fait une chute et, en tombant sur le
côté, son épaule a heurté la glace. Elle souffre lorsqu’elle se sert de son bras. La douleur immédiate est
passée sous anti-inflammatoires oraux et en application locale.
O
lga a pu terminer sa semaine de sport
d’hiver. Seuls certains mouvements restent douloureux. Il suffit de les éviter.
Mais, en reprenant son activité, elle a vite “déchanté” : tout mouvement nécessitant de lever
son bras avec rotation de l’épaule est quasi impossible. La nuit, la douleur l’empêche même de
dormir ; son bras devient lourd, presque impotent. Est-ce une arthrose débutante ? Une périarthrite scapulo-humérale ? Or, Olga est infirmière
et la pratique des soins demande une dextérité
des membres supérieurs...
Une articulation complexe
Pour pouvoir produire des gestes aussi différents
que des élévations latérales, antérieures ou postérieures, mais aussi des rotations externes et internes, l’épaule est l’articulation la plus mobile du
corps. Les os qui la composent sont principalement
la tête sphérique de l’humérus, qui se déplace dans
la cupule réalisée par l’omoplate à l’intérieur, et la
clavicule au-dessus. Cet ensemble n’est guère solide, la sphère s’y déplace, et il ne tiendrait pas si des
muscles n’assuraient pas la stabilité de l’ensemble :
ils sont au nombre de 9 et réalisent la coiffe des rotateurs. Une atteinte de cette coiffe a pour conséquence de fragiliser l’ensemble articulaire qui, en
souffrant, provoque une douleur tenace.
Un choc même minime
Lors de la chute au ski, comme lors d’une chute
en moto, la tête de l’humérus a abîmé la coiffe
musculaire par un véritable effet de bêlier. La
douleur ressentie depuis est due à cette dilacération musculo-tendineuse inflammatoire qui
• Une personne sur cinq souffre de l’épaule.
• Dans 90 % des cas, une rupture de la coiffe des
muscles rotateurs de l’épaule est en cause. Cette lésion
peut faire souffrir inutilement de longs mois.
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peut même se calcifier. Les muscles peuvent
s’atrophier à la longue, tellement on hésite, devant la douleur, à se servir de son épaule. La région du cou et des muscles latéraux, comme le
trapèze, sont également très sensibles.
L’élévation du bras pour lever un malade, mais
aussi pour se coiffer, comme pour porter un aliment à la bouche, est particulièrement pénible.
Olga consulte un orthopédiste.
Afin de préciser ses impressions, le médecin analyse la radio de l’épaule. On voit le plus souvent
une ascension de la tête de l’humérus. L’échographie permet, elle, de visualiser les muscles et les
tendons, et donc leurs atteintes. Le bilan s’arrête
là le plus souvent, sauf si un geste chirurgical est
décidé, devant l’importance des lésions et de la
gêne fonctionnelle. Une arthrographie permet
alors de voir l’articulation grâce à l’injection
d’un produit de contraste : celui-ci, en se répandant dans les muscles alentour par la brèche
musculaire, permet de visualiser la lésion.
L’arthroscanner précise l’atteinte et délimite les
dégâts tendineux, mieux que l’imagerie par résonance magnétique (IRM), beaucoup moins performante et très onéreuse. Le diagnostic est sûr.
Que faire ?
Les thérapeutiques seront différentes en fonction de l’étendue des lésions, de la gêne qu’elles
représentent et de l’âge du patient. Un sportif se
servant de son épaule devra être opéré, même si
les lésions ne sont pas très importantes, sous
peine d’une limitation d’activité.
Si la douleur est trop importante, une courte période d’immobilisation peut être nécessaire avec,
sur avis médical, un traitement anti-inflammatoire
et antalgique. Sinon, dans un premier temps, la rééducation sera toujours essayée. Celle-ci doit atteindre trois objectifs : le premier, sédater la douleur, ensuite permettre de retrouver une bonne
mobilité articulaire, et enfin rétablir une bonne
fonction musculaire. Le masseur kinésithérapeute,
habitué à ce type de rééducation, enseigne la manière de se servir différemment de son épaule
pour la pratique des gestes de la vie courante, et
celle de compenser un déficit par l’utilisation de
muscles non atteints. Dans la même séance, un
massage doux redonne souplesse et fonctionnalité à l’épaule. Le plus souvent, cette rééducation
menée en équipe (médecin et masseur) fera céder
toute douleur et permettra un retour à la normale. Si aucun résultat n’est acquis, le chirurgien
devra réparer les dégâts. Celui-ci peut se contenter de nettoyer les lésions si elles ne sont pas trop
importantes. Il peut aussi suturer muscles et tendons abîmés et s’aider, si besoin, d’un lambeau
musculaire (de trapèze par exemple) comme renforcement et comblement de la brèche. En effet, si
les douleurs persistent, il ne faut pas attendre, cela
ne s’arrangera pas tout seul...
Dr Jacques Bidart
Conseils du médecin
En accord avec son médecin traitant, en cas de rupture de
la coiffe, on peut faire appel à la mésothérapie (injection à
l’aiguille intradermique de substances à visée antalgique).
• L’homéopathe peut conseiller Rhus tox 4 CH et Arnica
montana 4 CH : 3 granulés de chaque 3 fois par jour pendant 10 jours.
• En phytothérapie, les teintures mères de saule blanc,
de reine-des-prés et d’harpagophytum, à raison de 40 gouttes
matin et soir à avaler dans un peu d’eau pendant 10 jours,
peuvent apporter une aide au traitement prescrit. L’application, matin et soir, de cataplasmes d’argile sur l’endroit
douloureux a aussi un effet antalgique et anti-inflammatoire.
Répartition des accidents
selon les sports de glisse
Luge 1 %
Ski parabolique 1,1 %
Sport de glace 0,8 %
Autres 0,6 %
Ski de fond 2,5 %
Source
des statistiques d’accidents :
Médecins de Montagne
sur Internet.
Surf 19 %
Ski alpin 75 %*
*135 000/an en France.
L’arthroscopie
Essentiellement indiqué pour le genou, cet examen n’a
actuellement pas valeur de diagnostic ; les images radiologiques, IRM et scanner sont plus fiables, mais surtout
thérapeutiques.
L’arthroscopie se pratique sous anesthésie générale ou
rachi-anesthésie, ou bloc sciatique plus rarement local.
Elle se fait en salle d’opération en milieu stérile. En
ambulatoire le plus souvent, elle ne nécessite pas d’hospitalisation, sauf parfois parfois un séjour hospitalier de
24 heures.
Mais attention, selon la conférence de consensus, tout
patient doit avoir eu auparavant un “dossier radiologique
standard”.
• Technique
Deux ou trois voies d’abord articulaire : une pour l’arthroscope, une pour les crochets palpateurs et explorateurs, la dernière éventuelle pour l’arrivée d’air ou
d’eau, ou la mise en place d’instruments complémentaires. L’intervention dure rarement plus de 15 à
25 minutes selon que l’acte est uniquement explorateur
ou thérapeutique.
Les suites sont simples et le lever est quasi immédiat en
fonction de l’acte réalisé et selon les conseils médicaux.
La récupération est en général bonne et rapide, surtout
chez un sujet sportif.
Il n’y a pas de cicatrice disgracieuse.
• Complications
– hémarthrose nécessitant une ponction hydarthrose
demandant une infiltration de corticoïdes ;
– accidents septiques 3/10 000 ;
– algodystrophie exceptionnelle ;
– plaie nerveuse sciatique, poplité externe ou vasculaire.
Exceptionnellement, il peut y avoir des complications
thromboemboliques.
• Indications
L’arthroscopie ne présente aucun intérêt pour les atteintes
ligamentaires. Elle peut être indiquée pour une opération
réparatrice classique. Pour l’atteinte du cartilage, il y a peu
d’indications sauf le lavage articulaire ou l’émondage en cas
de contre-indications opératoires.
Elle a son intérêt dans les lésions méniscales qui sont repérées et traitées, les lésions de la synoviale, les ostéochondrites, les fractures chondrales et corps étrangers intraarticulaires, l’arthrite septique (dès les 48 à 72 heures
en cas d’échec de thérapeutique médicale).
• Intérêt
C’est un geste peu invasif et précis. Il permet une meilleure
récupération s’il est pratiquée par un chirurgien expérimenté, à condition que les indications opératoires aient été
bien portées sur les arguments cliniques et radiologiques.
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