LIBÉRALE Une douleur tenace à l’épaule Quiz médical

Olga a pu terminer sa semaine de sport
d’hiver. Seuls certains mouvements res-
tent douloureux. Il suffit de les éviter.
Mais, en reprenant son activité, elle a vite “dé-
chanté” : tout mouvement nécessitant de lever
son bras avec rotation de l’épaule est quasi im-
possible. La nuit, la douleur l’empêche même de
dormir ; son bras devient lourd, presque impo-
tent. Est-ce une arthrose débutante ? Une périar-
thrite scapulo-humérale ? Or, Olga est infirmière
et la pratique des soins demande une dextérité
des membres supérieurs...
Une articulation complexe
Pour pouvoir produire des gestes aussi différents
que des élévations latérales, antérieures ou posté-
rieures, mais aussi des rotations externes et in-
ternes, l’épaule est l’articulation la plus mobile du
corps. Les os qui la composent sont principalement
la tête sphérique de l’humérus, qui se déplace dans
la cupule réalisée par l’omoplate à l’intérieur, et la
clavicule au-dessus. Cet ensemble n’est guère soli-
de, la sphère s’y déplace, et il ne tiendrait pas si des
muscles n’assuraient pas la stabilité de l’ensemble :
ils sont au nombre de 9 et réalisent la coiffe des ro-
tateurs. Une atteinte de cette coiffe a pour consé-
quence de fragiliser l’ensemble articulaire qui, en
souffrant, provoque une douleur tenace.
Un choc même minime
Lors de la chute au ski, comme lors d’une chute
en moto, la tête de l’humérus a abîmé la coiffe
musculaire par un véritable effet de bêlier. La
douleur ressentie depuis est due à cette dilacé-
ration musculo-tendineuse inflammatoire qui
peut même se calcifier. Les muscles peuvent
s’atrophier à la longue, tellement on hésite, de-
vant la douleur, à se servir de son épaule. La ré-
gion du cou et des muscles latéraux, comme le
trapèze, sont également très sensibles.
L’élévation du bras pour lever un malade, mais
aussi pour se coiffer, comme pour porter un ali-
ment à la bouche, est particulièrement pénible.
Olga consulte un orthopédiste.
Afin de préciser ses impressions, le médecin ana-
lyse la radio de l’épaule. On voit le plus souvent
une ascension de la tête de l’humérus. L’échogra-
phie permet, elle, de visualiser les muscles et les
tendons, et donc leurs atteintes. Le bilan s’arrête
là le plus souvent, sauf si un geste chirurgical est
décidé, devant l’importance des lésions et de la
gêne fonctionnelle. Une arthrographie permet
alors de voir l’articulation grâce à l’injection
d’un produit de contraste : celui-ci, en se répan-
dant dans les muscles alentour par la brèche
musculaire, permet de visualiser la lésion.
L’ arthroscanner précise l’atteinte et délimite les
dégâts tendineux, mieux que l’imagerie par réso-
nance magnétique (IRM), beaucoup moins per-
formante et très onéreuse. Le diagnostic est sûr.
Que faire ?
Les thérapeutiques seront différentes en fonc-
tion de l’étendue des lésions, de la gêne qu’elles
représentent et de l’âge du patient. Un sportif se
servant de son épaule devra être opéré, même si
les lésions ne sont pas très importantes, sous
peine d’une limitation d’activité.
Si la douleur est trop importante, une courte pé-
riode d’immobilisation peut être nécessaire avec,
sur avis médical, un traitement anti-inflammatoire
et antalgique. Sinon, dans un premier temps, la ré-
éducation sera toujours essayée. Celle-ci doit at-
teindre trois objectifs : le premier, sédater la dou-
leur, ensuite permettre de retrouver une bonne
mobilité articulaire, et enfin rétablir une bonne
En skiant, Olga a fait une chute et, en tombant sur le
côté, son épaule a heurté la glace. Elle souffre lors-
qu’elle se sert de son bras. La douleur immédiate est
passée sous anti-inflammatoires oraux et en applica-
tion locale.
LIBÉRALE
Quiz médical
Une douleur tenace à l’épaule
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Une personne sur cinq souffre de l’épaule.
Dans 90 % des cas, une rupture de la coiffe des
muscles rotateurs de l’épaule est en cause. Cette lésion
peut faire souffrir inutilement de longs mois.
fonction musculaire. Le masseur kinésithérapeute,
habitué à ce type de rééducation, enseigne la ma-
nière de se servir différemment de son épaule
pour la pratique des gestes de la vie courante, et
celle de compenser un déficit par l’utilisation de
muscles non atteints. Dans la même séance, un
massage doux redonne souplesse et fonctionnali-
té à l’épaule. Le plus souvent, cette rééducation
menée en équipe (médecin et masseur) fera céder
toute douleur et permettra un retour à la nor-
male. Si aucun résultat n’est acquis, le chirurgien
devra réparer les dégâts. Celui-ci peut se conten-
ter de nettoyer les lésions si elles ne sont pas trop
importantes. Il peut aussi suturer muscles et ten-
dons abîmés et s’aider, si besoin, d’un lambeau
musculaire (de trapèze par exemple) comme ren-
forcement et comblement de la brèche. En effet, si
les douleurs persistent, il ne faut pas attendre, cela
ne s’arrangera pas tout seul...
Dr Jacques Bidart
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Conseils du médecin
En accord avec son médecin traitant, en cas de rupture de
la coiffe, on peut faire appel à la mésothérapie (injection à
l’aiguille intradermique de substances à visée antalgique).
L’homéopathe peut conseiller Rhus tox 4 CH et Arnica
montana 4 CH : 3 granulés de chaque 3 fois par jour pen-
dant 10 jours.
En phytothérapie, les teintures mères de saule blanc,
de reine-des-prés et d’harpagophytum, à raison de 40 gouttes
matin et soir à avaler dans un peu d’eau pendant 10 jours,
peuvent apporter une aide au traitement prescrit. L’appli-
cation, matin et soir, de cataplasmes d’argile sur l’endroit
douloureux a aussi un effet antalgique et anti-inflammatoire.
L’arthroscopie
Essentiellement indiqué pour le genou, cet examen n’a
actuellement pas valeur de diagnostic ; les images radio-
logiques, IRM et scanner sont plus fiables, mais surtout
thérapeutiques.
L’arthroscopie se pratique sous anesthésie générale ou
rachi-anesthésie, ou bloc sciatique plus rarement local.
Elle se fait en salle d’opération en milieu stérile. En
ambulatoire le plus souvent, elle ne nécessite pas d’hos-
pitalisation, sauf parfois parfois un séjour hospitalier de
24 heures.
Mais attention, selon la conférence de consensus, tout
patient doit avoir eu auparavant un “dossier radiologique
standard”.
Technique
Deux ou trois voies d’abord articulaire : une pour l’ar-
throscope, une pour les crochets palpateurs et explo-
rateurs, la dernière éventuelle pour l’arrivée d’air ou
d’eau, ou la mise en place d’instruments complémen-
taires. L’intervention dure rarement plus de 15 à
25 minutes selon que l’acte est uniquement explorateur
ou thérapeutique.
Les suites sont simples et le lever est quasi immédiat en
fonction de l’acte réalisé et selon les conseils médicaux.
La récupération est en général bonne et rapide, surtout
chez un sujet sportif.
Il n’y a pas de cicatrice disgracieuse.
Complications
hémarthrose nécessitant une ponction hydarthrose
demandant une infiltration de corticoïdes ;
accidents septiques 3/10 000 ;
algodystrophie exceptionnelle ;
plaie nerveuse sciatique, poplité externe ou vasculaire.
Exceptionnellement, il peut y avoir des complications
thromboemboliques.
Indications
L’ arthroscopie ne présente aucun intérêt pour les atteintes
ligamentaires. Elle peut être indiquée pour une opération
réparatrice classique. Pour l’atteinte du cartilage, il y a peu
d’indications sauf le lavage articulaire ou l’émondage en cas
de contre-indications opératoires.
Elle a son intérêt dans les lésions méniscales qui sont repé-
rées et traitées, les lésions de la synoviale, les ostéochon-
drites, les fractures chondrales et corps étrangers intra-
articulaires, l’arthrite septique (dès les 48 à 72 heures
en cas d’échec de thérapeutique médicale).
Intérêt
C’est un geste peu invasif et précis. Il permet une meilleure
récupération s’il est pratiquée par un chirurgien expéri-
menté, à condition que les indications opératoires aient été
bien portées sur les arguments cliniques et radiologiques.
Répartition des accidents
selon les sports de glisse
Autres 0,6 %
Sport de glace 0,8 %Luge 1 %
Ski parabolique 1,1 %
Ski de fond 2,5 %
Ski alpin 75 %* Surf 19 %
*135 000/an en France.
Source
des statistiques d’accidents :
Médecins de Montagne
sur Internet.
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