L. Monnier - C. Colette 4
chez le diabétique les contributions respectives de l'hyperglycémie basale et prandiale et d'analyser
le "spectre" des désordres glycémiques postprandiaux quand on se déplace de la physiologie vers la
pathologie, c'est à dire de l'état normal vers un diabète sucré patent, en passant par l'étape
intermédiaire de l'intolérance au glucose. Le choix des thérapeutiques dépend de cette détermination
et de cette analyse.
LES LEÇONS DE LA PHYSIOLOGIE :
L'ÉTAT POSTPRANDIAL CHEZ LE NON DIABÉTIQUE
L'état postprandial, dérivé du latin "postprandium", s'étale sur une période de 4 heures après ingestion
d'un repas [5]. Pendant cette période, les glucides alimentaires (en majorité les amidons et à un degré
moindre les oligosaccharides et les disaccharides) sont progressivement hydrolysés par les enzymes
du tube digestif. Les monosaccharides (essentiellement des unités glucose) qui sont libérés par cette
hydrolyse sont ultérieurement absorbés par l'intestin pour pénétrer dans le système porte et pour
être déversés in fine dans la circulation sanguine systémique. La conséquence est une montée de la
glycémie qui peut être plus ou moins intense. L'état postabsorptif qui suit l'état postprandial
correspond à une période de 6 heures pendant laquelle, chez une personne non diabétique, la glycémie
reste dans la zone normale. Au cours de cette période, l'utilisation périphérique du glucose est
compensée par une production équivalente de glucose par le foie à partir de l'hydrolyse du glycogène
qui a été stocké dans la glande hépatique au cours de la période précédente.
L'état de jeûne réel débute seulement à la fin de l'état postabsorptif c'est à dire approximativement 10
à 12 heures après le début du dernier repas. Pendant les états de jeûne et postabsorptifs, les glycémies
restent stables et normales chez les personnes qui ne sont pas diabétiques. Cette stabilisation est
due au fait que la production hépatique de glucose passe progressivement de la glycogénolyse à la
néoglucogenèse c'est à dire à la production de glucose à partir des lactates, d'alanine ou de glycérol.
Il apparaît ainsi que chez les personnes qui ne sont pas diabétiques et qui prennent 3 repas quotidiens
à des heures relativement fixes, le nycthémère peut être divisé en 3 périodes qui correspondent aux
états de jeûne, postprandiaux et postabsorptifs [6]. Les périodes postprandiales (4 heures chacune)
couvrent donc un intervalle de temps de l'ordre de 12 heures, c'est à dire une demie journée. L'état de
jeûne est limité uniquement à une période de 3 à 4 heures en fin de nuit. Par ailleurs, compte tenu des
superpositions entre états postprandiaux et postabsorptifs, on peut considérer qu'une dizaine d'heures
sont passées en période postabsorptive .
Dans la mesure où nous passons la moitié de notre vie en période postprandiale, il semble important
de s'intéresser aux variations glycémiques au cours de cette période. Chez les personnes qui ne sont
pas diabétiques, les montées glycémiques postprandiales restent limitées dans leur intensité et leur
durée. En particulier, la montée glycémique au dessus de la ligne de base excède rarement 2 heures
alors que l'état postprandial (passage des glucides à travers la barrière intestinale) dure environ
4 heures. En effet, chez les personnes qui ne sont pas diabétiques, la montée glycémique est
parfaitement contrôlée par la stimulation de la sécrétion insulinique et par la réduction de la
glucagonémie [7]. Ces deux phénomènes sont en partie contrôlés par la sécrétion de plusieurs
hormones gastro-intestinales, les incrétines [8]. La plus représentative est le "glucagon-like-peptide
1" (GLP1). Sa sécrétion au niveau des entérocytes est initiée par la présence de nutriments tels que le
glucose, le galactose, le saccharose ou le maltose. Son mode d'action original a conduit à la production
de médicaments antidiabétiques capables d'améliorer la tolérance glucidique postprandiale. Ces
médicaments désignés sous le terme d'insulino-mimétiques appartiennent à 2 classes : les analogues
du GLP1 dont le premier représentant commercialisé est l'exenatide [9] et les gliptines qui agissent
en inhibant l'acitivité de la dipeptidyl petpidase-IV, c'est à dire de l'enzyme qui assure la dégradation
physiologique du GLP1 [10]. La stimulation de la sécrétion de l'insuline et la freination de la sécrétion
du glucagon au cours de la période postprandiale ont deux conséquences au niveau des flux de