la thyroïde - Europa Ziekenhuizen

publicité
N° 11 • Mai 2008
BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
LA THYROÏDE
Site 2 Alice
Site St-Michel
Site Ste-Elisabeth
| www.cliniquesdeleurope.be • [email protected] |
Une photoprotection réellement efficace
doit agir contre les rayonnements UVB,
mais également contre les UVA.
� Protection UVA-UVB MAXimale :
Le nouveau système filtrant
Photoderm MAX, grâce à sa
combinaison de 4 filtres garantit une
protection optimale contre les UVB et
une protection contre les UVA jamais
atteinte de 35 (méthode PPD in vivo)
Photoderm MAX
� Protection cellulaire MAXimale :
Grâce à un complexe breveté : la
Bioprotection cellulaire, pour une
protection active qui intervient
directement sur les cellules en les
protégeant des effets délétères des UV.
SPF 50+ UVA 35
Protections solaires spécifiques
ACNÉ
Photoderm AKN
SPF 40
Spray
Crème
HYPERPIGMENTATION
CICATRICES
ROUGEURS
COUPEROSE
Photoderm SPOT
SPF 50+
Crème
Photoderm AR
SPF 50+
Crème teintée
ENFANTS
Photoderm KID
SPF 50+
Spray
MINERAL
(sans filtre chimique)
Photoderm MINERAL
SPF 50+
Fluide
� Plaisir d’utilisation MAXimal :
La texture "Nouvelle Sensation"
soyeuse et ultra-légère procure à la
peau une sensation de confort et de
douceur extrême.Incolore à
l’application, ne laisse pas de film gras.
Vous souhaitez avoir
des renseignements
complémentaires sur
les produits Photoderm ?
Laboratoire BIODERMA Belgique
Boulevard de France, 9
1420 Braine l’Alleud
[email protected]
Tel +32 (0)2.389.97.49
BRONZ
(accélérateur
de mélanogenèse)
Photoderm
BRONZ
SPF 40
Spray
www.bioderma.com
Encart Euroscoop-FR-V1.indd 1
28/05/08 10:07:16
BAY-521-B-06-08
SOMMAIRE
ÉDITEUR RESPONSABLE
Dr Marc Van Campenhoudt
ÉDITO
04
E. NEWS
- Nouveaux collaborateurs
- Actualités thérapeutiques en dermatologie
- Médiation interculturelle
- Programme de prévention des chutes
- Cas clinique – Apport du Xolair dans le traitement de l’asthme sévère
- Clinique des allergies respiratoires sur le site St-Michel
- Ateliers de « Training de confiance en soi »
- La Stone Clinic
05
06
07
08
10
12
12
13
DOSSIER : LA THYROÏDE
- Flash sur la thyroïde
- Evaluation et prise en charge d’un goitre
- Thyroïde et grossesse
- Les anticorps anti-thyroïdiens au laboratoire
- L’échographie
- Prise en charge chirurgicale
- Le radio-iode dans le traitement
des affections thyroïdiennes bénignes
- Prise en charge du goitre chez l’adolescent
16
Dr Augustine BESSOMO
Dr Valérie GODART
Dr Marina van YPERSELE
Equipe Labo
Dr Vincent STAUMONT
Dr Pascale CHOUVEL
Dr Yvan de MEEÛS
14
16
18
18
20
22
23
Dr Frédéric MOTTE
26
COUP DE CŒUR
- Clair de clown
27
A QUOI SERT CETTE TECHNIQUE ?
- Nouvelle caméra SPECT-CT
EN PRATIQUE
- Situations d’urgence en fin de vie
JE T’AI DANS LA PEAU
- Peau et Thyroïde
Dr Yvan de MEEÛS
Dr Peter MATTHYS
28
Dr Michel STROOBANT
30
Dr Sophie BALASS
32
ÉVÉNEMENTS
- Séminaires de pneumologie à St-Michel
34
DANS LE PROCHAIN NUMÉRO
- La chirurgie cardiaque
34
RÉDACTEURS EN CHEF
Dr Roxane Audistère
Dr Pierre Nys
COORDINATION
Dr Roxane Audistère
Mme Chantal Dekempeneer
COMITÉ DE LECTURE
Dr Dorothée Berben
Dr Leopold Ghijselings
Dr Frédéric Haven
Dr Daniel Hublet
Dr Luca Leone
Dr Carl Salembier
Dr Jean-Marie van Caster
Dr Guy Vielle
GRAPHISME & IMPRESSION
Maca-Cloetens
Illustrations : P. Maka
ADRESSE DE RÉDACTION
Euroscoop
Site Ste-Elisabeth
avenue De Fré 206
1180 Bruxelles
Tél. : 02/373 16 89
Fax : 02/373 18 96
E-mail : [email protected]
Magazine réservé au corps médical.
Les médecins qui souhaitent recevoir
l’Euroscoop sont invités à prendre contact
avec la Rédaction.
SECRÉTARIAT
Mme Jacqueline Snoeck
Le contenu des articles n’engage que la responsabilité
de leur(s) auteur(s).
Tous droits réservés, y compris la traduction.
rue de Linthout 150, 1040 Bruxelles
Tél. : 02/737.80.00 - Fax : 02/737 80 01
Urgences 24h/24 - Tél. : 02/737 89 00
2 Alice
St-Michel
Ste-Elisabeth
avenue De Fré 206, 1180 Bruxelles
Tél. : 02/373 16 11 - Fax : 02/373 18 96
Urgences 24h/24 - Tél. : 02/373 16 00
rue Groeselenberg 57, 1180 Bruxelles
Tél. : 02/373 45 11 - Fax : 02/373 46 86
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 03
EDITO
Avec le retour des beaux jours, virevoltent, ici et là, quelques papillons, … au gré du vent.
Emerveillés par leurs délicates harmonies de couleurs, nous sommes bien loin d’imaginer que « le battement d’aile
d’un papillon à Paris peut provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New York » (adaptation de la
citation d’Edward N. Lorenz).
Ainsi se comporte notre « papillon intérieur ».
Il suffit d’un dysfonctionnement subclinique de notre thyroïde pour engendrer, parfois loin d’elle, une préoccupante
situation de crise.
Nous la rêvons invisible et réservée…
D’une pirouette, la voici capable de nous jouer des tours pendables, qui solliciteront bien souvent la réflexion
concertée de plusieurs intervenants spécialisés.
Mutine, c’est à tout âge qu’elle manifeste sa coquetterie, de la grossesse… à la sénescence.
Elle transforme le médecin et son patient en savants funambules qui avancent prudemment sur le fil du dosage
optimal, en quête perpétuelle du subtil équilibre.
Saluons d’un sourire ce refrain bien connu d’Euroscoop !
C’est pour nous une nouvelle occasion d’affûter notre souci de précision, tant dans le choix des investigations que
dans l’instauration et le suivi d’un traitement.
Et partons ainsi à la découverte des recommandations et des outils de diagnostic mis à votre disposition au sein de
nos cliniques.
Dr Roxane Audistère
Rédactrice en Chef
04 |
N°11 - MAI 2008
E. NEWS
Les nouveaux collaborateurs
Chirurgie
Dr BOMANS Benoît
KUL 1999
Chirurgie digestive
Tropismes :
coelioscopie, troubles fonctionnels,
obésité
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Médecine interne
Dr DE DECKER Albert
KUL 2000
Gynécologie - Obstétrique
Tropismes :
chirurgie pelvienne et prolapsus,
douleurs pelviennes chroniques
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Dr KORN Dana
ULB 1996
Pneumologie
Tropismes :
laboratoire du sommeil, endoscopie
et échoendoscopie bronchiques
Site St-Michel
Dr VAN ISACKER Tom
VUB 2000
Orthopédie
Tropismes :
épaule - coude - hanche
Site St-Michel
Chirurgie
Chirurgie
Gynéco - Obstétrique
Dr PALGEN Gaëtane
UCL 2002
Gynécologie - Obstétrique
Tropisme :
suivi prénatal
Site St-Michel
Dr BASTIN Philippe
UCL 1997
Psychiatrie
Tropismes :
psychiatrie de l’adulte, psychothérapie
d’orientation psychanalytique
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Gynéco - Obstétrique
Ophtalmologie
Dr CASTEL Amélie
UCL 1996
Ophtalmologie
Tropismes :
rétine médicale, neuroophtalmologie, uvéites
Site St-Michel
Psychiatrie
Dermatologie
Dr BALASS Sophie
UCL 2003
Dermatologie
Tropismes :
dermatologie générale et esthétique
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice –
St-Michel
Dr WESE Sébastien
UCL 2001
Urologie
Tropismes :
urologie générale et pédiatrique,
laparoscopie, chirurgie uréthrale
Site St-Michel
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 05
E. NEWS
Actualités thérapeutiques en
1. La cantharidine… le traitement idéal
pour le molluscum contagiosum ?
La cantharidine est une substance vésicante ; son application sur
la peau provoque un décollement bulleux intra-épidermique.
Cette substance est un alcaloïde, extrait d’un insecte coléoptère
appelé cantharide.
Il s’agit d’un traitement ancien, utilisé en médecine chinoise
depuis des centaines d’années pour toutes sortes de maladies…
Dans les années 50, elle a été employée aux USA et dans
d’autres pays industrialisés pour traiter les verrues.
En 1962, elle a perdu son approbation de la FDA suite à de
nouvelles réglementations concernant sa fabrication. Elle a été
retirée du marché et son usage a de ce fait diminué.
Récemment, son utilité a été réévaluée dans le traitement des
verrues et des mollusca contagiosa.
En pratique, l’utilisation de ce produit est très simple.
Une goutte de cantharidine est appliquée sur le molluscum ou
la verrue à l’aide d’un bâtonnet.
Le produit sèche rapidement (quelques minutes).
Le patient a pour instruction de rincer la zone traitée à l’eau et
au savon après 4 à 6h.
Une vésicule apparaît ensuite sur la zone d’application dans les
24 à 48h. Dans les jours qui suivent, cette vésicule va sécher et
la croûte s’éliminer en maximum 10 jours.
Le traitement par cantharidine présente différents avantages
par rapport aux autres techniques utilisées; il est indolore et ne
laisse pas de cicatrice (le décollement est intra-épidermique et
laisse la membrane basale intacte).
Dans le traitement du molluscum contagiosum, il est très
efficace puisque dans 90% des cas, l’on constate une disparition
des lésions traitées.
L’efficacité de la cantharidine dans le traitement des verrues
n’est pas aussi spectaculaire ; il faut la considérer comme une
arme supplémentaire de notre arsenal thérapeutique.
Les patients décrivent occasionnellement une sensation de
brûlure quelques heures après l’application. De très rares cas
de lymphangite ont été décrits dans la littérature suite à un
traitement de verrues plantaires par la cantharidine.
La cantharidine est un poison, potentiellement toxique s’il est
ingéré. L’usage de ce produit doit être strictement réservé aux
médecins et uniquement à usage topique. Le produit doit être
stocké en lieu sûr.
En conclusion, la cantharidine est un traitement très efficace,
indolore et qui ne laisse pas de cicatrice.
06 |
N°11 - MAI 2008
Elle est aussi indiquée dans le traitement des verrues.
Vu son potentiel toxique, son usage doit être strictement réservé
au corps médical.
2. Efficacité de la toxine botulique
dans l’hyperhidrose
L’hyperhidrose est définie comme une transpiration abondante,
au-delà du volume requis pour la thermorégulation. Elle affecte
environ 3% de la population.
L’hyperhidrose peut être généralisée ou focale. L’hyperhidrose
focale affecte principalement les aisselles, les mains et les pieds
et moins fréquemment la région crâniofaciale et l’aine.
Elle peut engendrer un handicap social, professionnel et
psychologique important.
La majorité de ces patients souffrent en silence, refusant de
consulter comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse.
L’hyperhidrose n’est pas une fatalité, des traitements existent et
ils sont efficaces.
Les traitements locaux font appel à des préparations à base de
chlorure d’aluminium.
Un traitement par ionophorèse peut être envisagé pour les
mains et les pieds. La technique consiste à tremper les mains
et /ou les pieds dans deux bassins remplis d’eau du robinet où
un courant galvanique de 15 à 20 mA d’intensité est transmis.
L’injection de toxine botulique est un traitement efficace, rapide
et sans danger de l’hyperhidrose axillaire.
La toxine bloque la libération présynaptique d’acétylcholine au
niveau de la jonction neuromusculaire des muscles striés.
Elle agit sur les glandes eccrines stimulées par le système
sympathique dont le neurotransmetteur est l’acétylcholine.
Au niveau axillaire, on administre généralement une ampoule de
toxine botulique en injection sous-cutanée pour les 2 aisselles.
Le traitement est efficace pendant une période d’environ 6 à
7 mois.
Au niveau palmaire, les injections sont réalisables mais elles
sont très douloureuses.
Le traitement nécessite parfois la réalisation d’un bloc nerveux.
Ceci rend la procédure plus lourde pour le patient, il y a un plus
grand risque de développer des complications et le traitement
est plus onéreux.
Récemment, un injecteur sans aiguille appelé « Med-Jet » a été
mis sur le marché. Il permet d’injecter en intradermique des
petits volumes d’anesthésique local (0,03 ml de lidocaïne 2%
par site) et ceci sans douleur !
Lorsque cette anesthésie locale est réalisée, il est alors aisé
d’injecter la toxine.
dermatologie
Cette procédure est très prometteuse, elle permettra certainement de traiter plus de patients et des localisations plus difficiles (hyperhidrose plantaire).
Médiation
interculturelle
L’injection de toxine botulique peut provoquer un syndrome
grippal de faible intensité, qui disparaît en quelques jours.
Une faiblesse musculaire au niveau des mains peut se manifester
chez environ 20% des patients au cours de la semaine qui
suit l’injection de Botox. Elle dure en moyenne deux à trois
semaines.
En conclusion, la toxine botulique offre une thérapeutique
intéressante dans les hyperhidroses sévères. Ce produit agit
rapidement, il est sûr et très efficace.
Le coût élevé de ce traitement reste un problème pour certains
patients.
3. Efficacité de l’immunothérapie locale
dans le traitement des verrues
L’immunothérapie locale consiste à déclencher un eczéma de
contact au niveau de la verrue pour précipiter sa chute.
On commence par sensibiliser le patient avec de la diphenciprone (ou diphenylcyclopropenone) concentrée à 2%. Un
eczéma de contact apparaît au niveau du site d’application.
Une semaine plus tard, on applique le même produit mais à une
concentration moindre.
La concentration utilisée dépend de la localisation des lésions.
On peut répéter l’application une fois par semaine jusqu’à
disparition complète des verrues.
Cette méthode de traitement donne de très bons résultats avec
un taux de guérison qui varie de 65 à 85% selon les auteurs.
Les effets secondaires sont rares. Les réactions suivantes
possibles sont rapportées dans la littérature scientifique :
urticaire, eczéma généralisé, érythème polymorphe.
L’utilisation de diphenciprone est déconseillée chez les patients
atopiques et les patients greffés.
L’application de ce traitement est simple. Il ne laisse pas de
cicatrice et est indolore. Néanmoins, il nécessite, en général,
de multiples applications et n’est donc pas un traitement de
première ligne des verrues.
En conclusion, l’immunothérapie locale par diphenciprone
permet de traiter des verrues résistantes aux autres traitements
ainsi que des verrues multiples.
Dr Céline de Halleux
Dermatologie
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice – St-Michel
Les diversités ethniques et culturelles
observées dans la population générale se
manifestent également dans le secteur des
soins de santé. Les patients étrangers sont
de plus en plus nombreux à solliciter de l’aide
suite à des difficultés de communication.
En effet, ils vivent parfois la maladie
différemment et expriment leurs souffrances
autrement. Ces situations peuvent engendrer
des insatisfactions tant chez eux qu’au sein du
personnel soignant.
Pour améliorer les échanges et optimaliser les
relations entre les différents intervenants, les
Cliniques de l’Europe se sont adjointes l’aide de
Mme Nazia Dahmani, médiatrice interculturelle.
Elle parle couramment le français, le néerlandais,
l’anglais, l’arabe et le marocain.
De plus, elle dispose d’un réseau relationnel
multilingue composé de personnes « ressource »,
pour aider les patients qui ne parlent aucune de ces
langues.
Les patients, leur famille et leurs proches, ainsi que
tous les membres du personnel des Cliniques peuvent
y faire appel.
Nazia Dahmani
bip 1658
ou contact via le service social
du lundi au mercredi
de 8h30 à 15h30
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 07
E. NEWS
Programme de prévention
Pour de nombreux seniors, la chute constitue le facteur
déclenchant de la perte de mobilité et d’autonomie.
Les conséquences physiques en sont variables (fractures, …) mais l’impact psychologique se traduit presque
systématiquement par une perte de confiance en soi
pouvant accélérer le déclin fonctionnel.
En Belgique, chaque année, 30 à 50% des plus de 65 ans font
une chute. Dans 60% des cas il s’agit d’accidents domestiques.
Le taux de récidive au cours de l’année suivante est très
important.
L’objectif majeur d’un programme de prévention des chutes est
d’évaluer les troubles de l’équilibre, d’augmenter les aptitudes
fonctionnelles par une prise en charge personnalisée, de réduire
les facteurs de risques par l’acquisition de comportements
sécurisants et de proposer des aménagements au domicile.
A qui s’adresser ?
Le patient consulte son médecin généraliste ou un spécialiste
(neurologue, orthopédiste, rhumatologue, gériatre, interniste).
Pour qui ?
- Tout patient ayant fait une chute avec des conséquences
+/- graves nécessitant une mise au point médicale ;
- Tout patient pris en charge dans le cadre d’une affection
touchant l’équilibre.
Quels sont les facteurs de risques ?
Facteurs de risques intrinsèques
- âge : plus de 80 ans
- troubles neurologiques (Parkinson, polyneuropathie, troubles
vestibulaires, AVC, …)
- pathologies cardiovasculaires (hypotension orthostatique, …)
- affections orthopédiques, rhumatologiques (fractures, P.T.H.,
P.T.G., arthrose, …)
- antécédents de chute au cours de l’année qui précède
- altérations des aptitudes sensorielles
Facteurs de risques extrinsèques
- comportementaux : consommation d’alcool, sédentarité,
malnutrition, obésité, …
- polymédication
- environnementaux : nécessité d’une aide à la marche
(canne, rollator, …)
- habitat mal adapté
Dans tous les cas, la mise au point médicale est essentielle et
permet de réduire un grand nombre de facteurs de risques.
08 |
N°11 - MAI 2008
des chutes
Plan d’intervention
ÉVALUATIONS
Tinetti
“ Get up and go test ”
“ One leg balance ”
“ Falls efficacy scale ”
Autonomie de Berg
INTERVENTION PLURIDISCIPLINAIRE
Kinésithérapeute
Ergothérapeute
Podologue
- Équilibre statique
- Checklist de l’environnement
- Soins pédicure
- Rééducation à la marche
- Mise en situation d’activités de la vie
journalière (A.V.J.)
- Adaptation des semelles, etc.
- Renforcement musculaire
- Mobilité articulaire
- Mobilité autour du centre de gravité
- Réflexes posturaux
- Proprioception
- Parcours de simulation
des déplacements extérieurs
- Proprioception
- Stimulation tactile plantaire
- Préparation au relevé du sol
- Adaptation aux éléments perturbateurs
et gestion du stress
- Conseils de prévention et
d’aménagement
BILAN FINAL
Evolution comparative par rapport aux tests initiaux
La prise en charge individuelle, pluridisciplinaire, fonctionnelle et comportementale est indispensable pour obtenir
une autonomie satisfaisante du patient.
Véronique Tennstedt et
Bénédicte Baltus, ergothérapeutes
Philip Duval, kinésithérapeute responsable
Service de Médecine Physique des Cliniques de l’Europe
Infos et contact
Europehospitals Rehability Center (E.R.C.)
Ste-Elisabeth : 02/373 17 60
St-Michel : 02/737 85 21
Deux Alice : 02/373 47 60
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 09
E. NEWS
Cas clinique
Un asthme sévère
Nous rapportons ici le cas d’un patient de 43 ans, non
fumeur, suivi depuis 8 ans pour asthme sévère (VEMS passant
difficilement au-dessus des 60% des valeurs prédites) malgré
différents traitements de fond dont l’association combinaison
fixe – ß2 longue durée et corticoïdes – et antileucotriènes.
Ce patient a présenté de nombreuses exacerbations (au moins
4 par an) nécessitant un recours aux corticoïdes oraux ou
injectables.
La mise au point a permis d’exclure le reflux gastrooesophagien, la sinusite chronique, l’aspergillose bronchopulmonaire allergique, l’emphysème ainsi que d’autres
pathologies parenchymateuses.
La nature allergique est confirmée en ce qui concerne les
acariens (prick test cutanés et RAST positifs , avec des IgE totales
à 629).
10 |
N°11 - MAI 2008
Il y a 9 mois, le patient, qui répond aux critères de remboursement, a été mis sous omalizumab (Xolair®) à raison de 300 mg
tous les 15 jours. Après cette période, aucune exacerbation
n’est survenue et le VEMS moyen s’est même amélioré, ce qui
n’est pas nécessairement le cas avec ce type de traitement
(cf. courbes ci-contre).
Dr Philippe Gris
Pneumologie
Site St-Michel
Apport du Xolair® dans
le traitement de l’asthme
sévère
Moyenne des spirométries après Xolair®
Moyenne des spirométries avant Xolair®
6
4
L’asthme sévère (stade IV selon GINA(1)) doit être
traité de manière aussi optimale que possible afin de
diminuer la morbidité et la mortalité qui y sont liées.
Le traitement classique comprend notamment les
corticoïdes inhalés, les bronchodilatateurs à longue
durée d’action, le montelukast sodique, et si nécessaire,
les corticostéroïdes par voie systémique.
Environ 20% des patients asthmatiques présentent un asthme
sévère ; 5 à 10% d’entre eux sont insuffisamment contrôlés et
50% souffrent d’allergie. Il en résulte donc que 0,5 à 1% des
patients asthmatiques sont atteints d’un asthme extrinsèque
sévère insuffisamment contrôlé.
Depuis environ un an, nous disposons sur le marché belge
d’une nouvelle molécule, l’omalizulab (Xolair®), réservée au
traitement de l’asthme sévère mal contrôlé.
Le Xolair® est un anticorps monoclonal anti-IgE recombinant
humanisé qui se lie aux molécules d’IgE libres et inhibe dès lors
toutes les réactions IgE-dépendantes. Ces réactions jouent un
rôle important dans la pathogénie de l’asthme, en particulier allergique. C’est ainsi que le Xolair® entraîne, par exemple, une diminution du nombre d’éosinophiles chez le patient asthmatique.
De nombreux effets bénéfiques du Xolair® ont en particulier été
documentés dans l’étude INNOVATE,(2) chez des patients âgés
de plus de 12 ans atteints d’asthme sévère :
- réduction du nombre d’exacerbations nécessitant des
corticostéroïdes systémiques,
- diminution de 50% du nombre d’exacerbations sévères,
- diminution du nombre de visites urgentes,
- amélioration des scores de qualité de vie.
Il n’y a pas de corrélation entre l’effet du traitement et, l’âge, le sexe,
le taux initial d’IgE ou la prise initiale de corticostéroïdes systémiques.
Le Xolair® est bien toléré. Aucune réaction anaphylactique n’a
été observée lors des études cliniques ; néanmoins, des cas
sporadiques ont été rapportés. Une surveillance s’impose donc
après l’administration du médicament.
2
0
l/s
(l)
1
2
3
Le Xolair® est indiqué dans le traitement de patients asthmatiques
sévères allergiques au stade IV, âgés de plus de 12 ans, et qui
restent insuffisamment contrôlés malgré un traitement optimal.
Les critères nécessaires pour obtenir le remboursement de ce
traitement sont les suivants :
-
asthme sévère sous traitement optimal,
taux d’IgE total compris entre 76 et 700 UI/ml,
allergie documentée par Prick test ou RAST,
mauvais contrôle de l’asthme (symptômes diurnes
2/semaine ou réveils nocturnes),
- deux exacerbations sévères, documentées au cours des 12 mois
précédents, avec nécessité de corticostéroïdes systémiques,
ou de traitement aux urgences, ou d’hospitalisation.
Avant d’introduire la demande, un questionnaire de qualité de
vie est rempli par le patient.
La préparation et l’administration sous-cutanée de Xolair® se font
suivant une procédure propre aux anticorps monoclonaux. La
dose est administrée 1 à 2 fois par mois et est fonction du taux
initial d’IgE et du poids du patient (maximum 375 mg 2/mois).
Après 16 semaines, on décide de la poursuite du traitement en
fonction de l’amélioration du contrôle de l’asthme et du score
de la qualité de vie.
Le Xolair® représente donc une avancée significative dans le
traitement de l’asthme sévère, chez les patients insuffisamment
contrôlés en dépit d’un traitement optimal.
Dr Thierry Van Vyve
Pneumo-allergologie
Site St-Michel
1) Global Initiative for Asthma. Global strategy for asthma management and prevention. NIH Publication.
2) Humbert M, Beasley R, Ayres J, et al. Benefits of omalizulab as add-on therapy in patients with severe persistent asthma who are inadequately controlled despite best available therapy (GINA 2002 step 4 treatment): INNOVATE. Allergy 2005; 60: 309-316.
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 11
E. NEWS
Création de la clinique
des allergies respiratoires
sur le site St-Michel
La prise en charge actuelle des allergies respiratoires,
de l’asthme et des rhinosinusites, requiert une approche
multidisciplinaire menée conjointement par le pneumologue et l’otorhinolaryngologiste.
Pneumo-allergologie
Tél. : 02/737 84 30
Dr Philippe GRIS - Dr Dana KORN - Dr Thierry VAN VYVE
ou
En effet, ces affections coexistent fréquemment et il est
nécessaire de les traiter simultanément pour améliorer le
contrôle de l’asthme et ainsi la qualité de vie du patient.
ORL
Tél. : 02/737 84 85
Dr Pascale CHOUVEL - Dr Vincent MUSTIN
Afin d’optimaliser l’efficacité de cette prise en charge,
les services ORL et de Pneumologie du site St-Michel
unissent leurs efforts au sein de la Clinique des allergies
respiratoires.
Le patient peut, dans un même temps, y effectuer un bilan
allergologique complet et bénéficier de l’avis des deux
spécialistes.
Quant aux rendez-vous, ceux-ci se prennent aux secrétariats.
Ateliers de « Training de con
Depuis sept ans, le service de psychiatrie des 2 Alice organise des ateliers de « training de confiance en soi »
pour les patients hospitalisés. Pour répondre à une demande
de plus en plus grande au niveau des consultations, un
training similaire a été mis sur pied en ambulatoire.
l’insertion sociale ou encore l’adéquation entre son
ressenti et ses actes, sont abordés en petits groupes. A titre
d’exemple, les réunions peuvent être construites autour
de thèmes généraux tels que « oser dire non », « savoir
accepter ses limites », « la comparaison aux autres », « gérer
ses émotions », « se donner les moyens de s’en sortir »,
etc.
Quel est le but de cet atelier ?
Comment ?
Cet atelier est conçu dans le but de travailler l’assertivité,
c’est-à-dire la limite adéquate entre l’agressivité et la
soumission. Différents sujets, tels la gestion des émotions,
En fonction des thèmes choisis, le « training de confiance en
soi » est abordé de différentes manières : jeux de rôles, travail
sur des situations individuelles ou mises en situation.
12 |
N°11 - MAI 2008
La STONE CLINIC des sites
Ste-Elisabeth et St-Michel
La lithiase urinaire est une pathologie fréquente
qui résulte le plus souvent d’anomalies diététiques ou
métaboliques. Elle est plus rarement liée à un processus
infectieux chronique ou à une maladie génétique.
Son incidence est en augmentation ces dernières
décades, suite aux modifications de notre mode de vie
et de nos habitudes alimentaires.
De quels outils disposons-nous pour optimaliser
la prise en charge de cette pathologie ?
En urologie, des progrès technologiques importants ont été
réalisés au cours de ces dernières années. L’urétéroscopie souple
couplée à un laser ainsi que la lithotripsie extra-corporelle de
dernière génération sont d’actualité dans nos cliniques.
En néphrologie, l’analyse des calculs par spectrophotométrie
infrarouge, actuellement recommandée dès la première
lithiase par les guidelines urologiques, permet une meilleure
compréhension de la lithogenèse de l’affection. Cette
analyse est accessible au laboratoire. Un bilan métabolique
complémentaire est en outre réalisé chez les patients jeunes
ou chez les patients récidivistes. L’accent est mis sur le bilan
étiologique et la prévention de récidives.
fiance en soi »
Pour qui ?
Cet atelier est ouvert à toute personne éprouvant des
difficultés à s’affirmer, à prendre sa place socialement, à
réagir adéquatement à différentes situations.
Le patient peut également consulter un(e) diététicien(ne)
spécialisé(e) qui lui proposera un régime selon le type de lithiase.
Pour tout renseignement ou prise de rendez-vous
STONE CLINIC
Site Ste-Elisabeth : 02/373 17 40
Site St-Michel : 02/737 84 49
Dr Gaëtan Clerbaux, néphrologue
Dr Pierre De Groote et Dr Sylvain Nesa, urologues
Mme Laurence Norkiewicz
et Mme Nadia Stevens, diététiciennes
Un dossier plus complet sur la STONE CLINIC sera développé
dans un prochain numéro d’Euroscoop.
Renseignements et inscriptions au
02/373 47 50
Psychiatres
Dr Paul De Hertogh
Dr Ignace Lindemans
Licenciées en Psychologie
Mme Isabelle André
Mme Aurélie Bartelous
Mme Laurence Goraj
Où et quand ?
Sur le site des 2 Alice. Tous les samedis de 14h à 16h.
Modalités ?
Le tarif est de 80 euros pour les 5 séances. L’atelier est limité
à 8 personnes maximum pour permettre un travail efficace.
Dans le but d’obtenir un groupe homogène et pour un
meilleur déroulement de l’atelier, un entretien préalable est
prévu avec la personne candidate. Le coût de cet entretien,
indépendant du forfait des 5 séances, est de 30 euros. Les
ateliers sont organisés dès la formation d’un groupe de 6 à
8 personnes. Ils sont animés par Mme Aurélie Bartelous.
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 13
LA THYROÏDE
Flash sur la thyroïde
Les causes les plus fréquentes d’hyperthyroïdie
dans la pratique courante sont :
Dr Augustine Bessomo
Endocrinologie
Site St-Michel
Les hormones thyroïdiennes influencent grandement
diverses fonctions de notre organisme.
En voici quelques exemples :
- maturation cérébrale et squelettique au cours de la vie
foetale,
- métabolisme de base, consommation en oxygène des tissus
et production de chaleur,
- effets inotrope et chronotrope positifs sur le muscle
cardiaque,
- accélération de la motilité du tube digestif,
- résorption et formation osseuse,
- effets sympathiques : sensibilité aux catécholamines,
modulation des récepteurs bêta adrénergiques
(muscle cardiaque, squelettique, tissu adipeux, …),
- homéostasie glucidique et lipidique : néoglucogenèse
hépatique, glycogénolyse et absorption intestinale
des glucides, augmentation des récepteurs hépatiques
du LDL, régulation de la lipolyse.
Au vu des différentes actions des hormones thyroïdiennes,
les signes d’un dysfonctionnement peuvent être fort
variés… De manière caricaturale, ils seront marqués par un
ralentissement général des fonctions en cas d’hypothyroïdie
ou par une accélération de celles-ci en présence d’une
hyperthyroïdie, mais le tableau symptomatique n’est pas
toujours complet…
- une maladie de Basedow,
- un goitre multinodulaire toxique ou un adénome toxique isolé,
- une hyperthyroïdie sur surcharge iodée (amiodarone,
administration de produit de contraste dans une thyroïde
pathologique).
On peut encore trouver une hyperthyroïdie dans le décours
d’une thyroïdite inflammatoire ou infectieuse.
Il existe des causes plus rares telles que des tumeurs
hypophysaires, un tératome ovarien, …
Sur le plan biologique
Sur le plan biologique, le marqueur clé est la TSH basse ou
indosable.
Bilan biologique complémentaire
1. T4 et T3 libres normales : il s’agit d’une hyperthyroïdie sub-clinique.
Contrôler les paramètres à 4 semaines d’intervalle, sauf
urgence sur le plan clinique.
2. T4 libre normale, mais T3 libre augmentée : hyperthyroïdie
à T3, souvent le cas dans les adénomes toxiques.
3. T4 et T3 libres élevées : hyperthyroïdie patente.
Chez un sujet jeune, la forte probabilité de maladie de
Basedow doit faire rechercher les anticorps spécifiques qui
sont les TSI ou anticorps anti-récepteurs de la TSH selon les
laboratoires.
Chez le patient traité par amiodarone, la T4 libre sera élevée
par diminution de transformation périphérique de T4 en T3,
aussi le diagnostic repose-t-il surtout sur l’association de
TSH basse et T4 libre élevée.
Chez le patient âgé, la T3 libre est plus basse. Une TSH
effondrée en présence d’une T4 libre normale et d’une T3
libre limite supérieure doit faire évoquer le diagnostic.
L’examen complémentaire
HYPERTHYROÏDIE
Symptômes
Palpitations, arythmies (fibrillation auriculaire ou tachycardie
sinusale), émotivité marquée voire agressivité, insomnies,
tremblements, polyphagie, intolérance à la chaleur, sudation,
amaigrissement, troubles du cycle menstruel, accélération du
transit intestinal voire diarrhées, asthénie, faiblesse musculaire,
chute de cheveux, …
14 |
N°11 - MAI 2008
L’examen complémentaire de référence dans le contexte
d’hyperthyroïdie est la scintigraphie thyroïdienne, qui
orientera quasi immédiatement le diagnostic :
- hyperavidité et captation diffuse homogène généralement
dans une maladie de Basedow,
- adénome toxique, avec nodule chaud et extinction
du parenchyme voisin,
- goitre multinodulaire toxique, avec un ou plusieurs nodules
chauds et extinction du parenchyme voisin,
- hypoavidité dans les cas de surcharge iodée (produit
de contraste, amiodarone) et dans les cas de thyroïdite
(de Quervain, chronique).
L’utilité prioritaire de la scintigraphie réside également dans le
fait que l’interprétation de la scintigraphie s’avère difficile après
usage d’antithyroïdiens de synthèse.
Le traitement
Le traitement de première intention pour réduire les taux
d’hormones consiste en l’administration de Strumazol® ou
de Propylthiouracile® (préféré en cas de surcharge iodée) à
doses dégressives.
L’autre examen complémentaire
L’autre examen complémentaire sera une échographie de
la thyroïde, afin de documenter la présence de nodules, de
kystes, d’une hypervascularisation, … qui servira dans le cadre
du suivi et de l’éventuelle thérapeutique définitive.
Des patients présentant un goitre multinodulaire avec zones
autonomes peuvent rester euthyroïdiens par carence chronique
légère ou modérée en iode, mais l’administration de quantités
importantes d’iode (produit de contraste pour scanner par
exemple) peut fournir l’occasion à ces zones autonomes de
décupler leur production en hormones thyroïdiennes. Ceci
peut être évité au moyen de l’administration de perchlorate de
potassium qui entre en compétition avec l’iode au niveau de la
pompe à iodure de la cellule thyroïdienne et empêche ainsi sa
captation. Cette solution doit être administrée pendant 3 jours,
24 heures avant et 48 heures après l’administration du produit
de contraste, à raison d’un gramme par jour.
A défaut, des antithyroïdiens de synthèse peuvent être employés,
à petite dose, mais ceci ne fait pas l’objet d’un consensus.
HYPOTHYROÏDIE
Symptômes
Asthénie, prise pondérale, frilosité, constipation, ralentissement,
somnolence, troubles menstruels, bradycardie, ongles cassants,
anémie…
Une fois encore, le tableau est rarement complet.
Causes les plus fréquentes
- thyroïdites auto-immunes (maladie d’Hashimoto, thyroïdite
chronique atrophique),
- thyroïdites iatrogènes (post traitement par antithyroïdiens
de synthèse, post thyroïdectomie, post traitement par radioiode, amiodarone, lithium, interféron).
Sur le plan biologique
Il s’agit d’hypothyroïdies primaires par atteinte de la glande
thyroïdienne, caractérisées par une TSH élevée et des
hormones périphériques basses, ainsi que la présence
d’anticorps anti-microsomes (ou anti-TPO) et d’anticorps
anti-thyroglobuline.
Ces thyroïdites sont caractérisées, dans le cadre de la maladie
d’Hashimoto, par une infiltration lymphocytaire de la glande qui
se traduit par des formes variées, avec ou sans goitre, nodulaire
ou homogène, globale ou localisée.
Une échographie de la thyroïde sera donc nécessaire pour
évaluer l’architecture de la thyroïde. En présence de nodules
d’un diamètre supérieur ou égal à 10 mm, une scintigraphie
est recommandée afin d’en évaluer le caractère « froid »
ou « chaud », qui induira éventuellement une surveillance
particulière ou une modification d’attitude thérapeutique.
Le traitement
Le traitement consiste en la substitution en hormones
thyroïdiennes, dépendant de la sévérité de l’hypothyroïdie,
de la présence de nodules, de l’âge du patient.
En cas de simple substitution et d’hypothyroïdie modérée,
introduire et majorer la T4 libre par paliers de 25µg, avec des
contrôles espacés de 2 mois (la TSH a un délai de normalisation
de plusieurs semaines) jusqu’à obtention d’une TSH et d’une T4
libre normales. Prudence chez le sujet âgé présentant des comorbidités cardiaques…
En cas de nodules associés, le traitement visera non seulement la
substitution mais aussi le ralentissement du développement des
nodules; l’objectif thérapeutique sera ainsi une TSH comprise
entre 0.5 –1 µU/ml et une T4 libre normale.
En cas de substitution après thyroïdectomie, la majoration
des doses est beaucoup plus rapide et vise une dose totale
de lévothyroxine comprise entre 100-125 µg/j chez la femme
et 150-200 µg/j chez l’homme, à atteindre en deux semaines,
visant des taux normaux de TSH et T4 libres.
En cas de substitution après thyroïdectomie dans un contexte de
cancer, le traitement est dit suppressif et visera une TSH basse
(0.2 µU/ml).
Il est utile de rappeler que la Belgique est un pays en carence
iodée relative, mais que les mesures de santé publique
d’iodation des produits laitiers et du sel de cuisine déjà
instaurées devraient permettre, si elles sont associées à
une alimentation équilibrée en produits de mer, d’observer
une diminution des dysthyroïdies qui y sont liées.
Les séjours en bord de mer, contrairement aux idées reçues,
n’ont pas d’effet direct sur la fonction thyroïdienne, qui est en
réalité influencée par l’alimentation essentiellement axée sur les
produits de mer, riches en iode. La quantité d’iode alimentaire
de ces produits n’est cependant pas dangereuse au point de
recommander aux malades de les éviter.
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 15
LA THYROÏDE
Evaluation et prise en charge
Examen clinique
Une thyroïde normale n’est pas palpable !
Dr Valérie Godart
Endocrinologie
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Définition
Un goitre est défini comme toute hypertrophie de
la glande thyroïde, survenant de manière diffuse et
généralement visible.
Caractéristiques du goitre
-
caractère diffus ou localisé,
présence de nodules,
douleur,
consistance du goitre et des nodules,
mobilité par rapport aux autres structures du cou,
auscultation (un souffle traduit une hypervascularisation),
adénopathies,
signes de compression trachéale ou raucité de voix.
Physiopathogénie
Biologie
La formation d’un goitre résulte de l’incapacité de la glande
thyroïde à sécréter des hormones en quantité suffisante, ce qui
induit une élévation secondaire de la TSH.
Ce dysfonctionnement a en partie une origine génétique, à
savoir un déficit enzymatique qui entrave les différentes étapes
de l’hormonosynthèse.
Une atteinte inflammatoire, infectieuse, auto-immune, alimentaire
(chou, manioc), médicamenteuse (lithium, antithyroïdiens de
synthèse, thiocyanates) ou tabagique peut également contribuer à
ce dysfonctionnement.
La carence en iode est un élément pathogène très important :
en dessous de 100 µg/j d’apport alimentaire, le bilan iodé est
inversement corrélé à la prévalence des goitres.
L’élévation de la TSH va induire une hyperplasie des cellules
thyroïdiennes et une augmentation de leur nombre. A ce stade,
le goitre est encore totalement ou partiellement réversible. Si la
stimulation se poursuit, des nodules se forment et la situation
devient irréversible.
- T4l, T3l, TSH pour s’assurer de l’euthyroïdie.
- Anticorps anti-TG (thyroglobuline), anti-TPO (peroxydase)
et anti-récepteurs de la TSH (TSI).
- Thyroglobuline : toute augmentation est aspécifique
(goitre, inflammation, cancer) ; utilité dans le suivi.
- Iodurie (sur spot urinaire) : en cas de suspicion de carence
ou surcharge iodée.
Prise en charge
La prise en charge doit pouvoir permettre de déterminer s’il
s’agit d’une pathologie sécrétoire (hypo- ou hyperthyroïdie),
inflammatoire (thyroïdite), tumorale (bénigne ou maligne)
ou s’il s’agit d’un goitre simple.
Anamnèse
Origine géographique : la carence en iode est bien plus importante
dans les régions montagneuses
Maladie virales récentes
Administration d’un produit de contraste dans les 3 derniers mois
Utilisation de lithium ou cordarone
Antécédents familiaux
16 |
N°11 - MAI 2008
Echographie
Elle permet de visualiser la taille de la thyroïde, son caractère
homogène, l’existence de nodules et leur caractère liquidien ou
charnu, ainsi que la présence d’adénopathies.
Scintigraphie
Elle est utile dans les goitres multinodulaires (pour déterminer le
caractère chaud ou froid des nodules) et les goitres plongeants
(l’échographie étant alors inopérante).
Elle est toutefois inutile si un examen avec produit de contraste
a été réalisé dans les 3 mois précédents (la surcharge en iode
empêchant la captation du produit).
Radiologie du thorax et CT scanner du cou
Ces examens permettent d’évaluer la compression trachéale ou
oesophagienne ou encore l’atteinte du nerf récurrent.
Classifications
1. Goitre simple ou sporadique : secondaire à une carence
en iode
Il correspond à une hyperplasie diffuse, indolore, apparaissant le plus souvent chez une femme jeune.
d’un goitre
La fonction est euthyroïdienne, rarement hypothyroïdienne
dans les zones de grande carence iodée.
Un traitement n’est pas nécessaire s’il est petit et non
évolutif; il faut toutefois recommander une majoration des
apports iodés (sel iodé, produits d’eau de mer).
Un traitement freinateur (50 – 100 µg/j de thyroxine) peut
être utile si le goitre est évolutif, s’il existe un contexte
familial ou endémique. Il faut alors essayer d’obtenir une TSH
entre 0.5 et 1 µU/ml. L’efficacité de ce traitement freinateur
est controversée mais environ 50 % des patients semblent y
répondre (surtout si le goitre est débutant).
2. Goitre endémique : concerne 200 millions de personnes
dans le monde !
Il s’agit d’un goitre diffus dans une région à haute prévalence.
L’ampleur du déficit iodé peut être évaluée par l’iodurie. Une
tendance familiale est très souvent retrouvée. Le goitre peut
être simple ou multinodulaire.
La fonction thyroïdienne peut être normale ou basse selon
la gravité de la carence iodée. Une échographie suffit pour
déterminer la taille de la thyroïde et l’existence de nodules.
Le traitement consiste en l’administration d’hormones
thyroïdiennes à visée freinatrice en plus de l’administration
de suppléments en iode.
Si le goitre devient compressif, il peut être nécessaire de
recourir à la chirurgie.
3. Goitre multinodulaire hétérogène
Il représente la forme évoluée du goitre simple.
A l’échographie, les nodules sont hétérogènes.
La scintigraphie montre une association de nodules chauds
et froids ou isocaptants.
En l’absence de signes de compression et de nodule froid
volumineux, deux attitudes sont envisageables : une
surveillance simple ou un traitement freinateur.
Le traitement freinateur semble moins efficace que dans les
goitres simples et un contrôle régulier de la fonction est alors
nécessaire en raison de la possibilité de développement
de nodules autonomes, surtout chez les personnes âgées.
Pour la même raison, l’administration d’un produit de
contraste doit être réfléchie en raison du risque potentiel
d’hyperthyroïdie.
La survenue d’un cancer est possible; les critères d’alarme
sont : une augmentation brutale du volume du goitre, un
nodule froid unique, une modification de consistance,
l’apparition d’adénopathies ou de signes de compression.
Une exérèse chirurgicale partielle (nodulectomie) est alors
réalisée pour obtenir des analyses anatomopathologiques.
Une alternative au traitement freinateur est le traitement
par radio-iode qui permet, dans 50 % des cas, de diminuer le
volume du goitre. Il y a un risque d’hyperthyroïdie transitoire
et également un risque d’hypothyroïdie définitive.
En cas de compression locale, le traitement devient chirurgical.
Lors de la résection partielle d’un lobe, un traitement freinateur
est le plus souvent administré pour éviter le développement
d’un goitre sur le lobe restant, mais l’efficacité de ce procédé
est également controversée.
4. Goitre multinodulaire toxique (GMN)
Il est caractérisé par l’association de signes d’hyperthyroïdie
et de plusieurs nodules chauds devenus plus ou moins
autonomes (GMN secondairement toxique) ou stimulés par
des TSI (GMN secondairement basedowifié).
Le traitement est chirurgical (résection des nodules
autonomes) après s’être assuré de l’euthyroïdie. En présence
de contre-indication chirurgicale, le traitement consiste en
l’administration de radio-iode (plusieurs doses sont souvent
nécessaires).
CONCLUSION
Le goitre est une pathologie extrêmement fréquente.
La première mesure thérapeutique consiste à majorer
les apports iodés (poissons d’eau de mer, crustacés, sel
enrichi en iode) qui, même dans nos régions, sont la
plupart du temps insuffisants.
Le traitement freinateur peut être utile dans les premiers
stades mais semble nettement moins efficace dès
l’apparition de nodules multiples et peut même s’avérer
dangereux en cas de nodules autonomes chez des
sujets âgés.
Un bilan initial par biologie et échographie est suffisant
pour faire le diagnostic étiologique. La scintigraphie est
recommandée en cas de goitre multinodulaire ou de
goitre plongeant.
Un suivi annuel biologique et échographique est
souhaitable en raison des complications potentielles
(dysthyroïdie, compression, cancer).
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 17
LA THYROÏDE
Thyroïde et grossesse
Dr Marina van Ypersele
Endocrinologie
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Introduction
La grossesse provoque des variations physiologiques de
la fonction thyroïdienne secondaires à la majoration de
la clairance iodée, à l’augmentation des besoins en hormones thyroïdiennes et au transfert d’iode vers le fœtus.
La fonction thyroïdienne maternelle influence le
développement neurologique du bébé, en particulier
pendant le premier trimestre de la grossesse parce que la
thyroïde fœtale n’est pas encore fonctionnelle.
Les valeurs de référence de la TSH ne sont guère modifiées
par la grossesse, en dehors d’une diminution de celle-ci
durant le premier trimestre suite à l’effet « TSH-like » de
l’HCG beta.
ATTITUDES
Hypothyroïdie
Si en Belgique nous ne connaissons pas de carence iodée majeure
responsable du crétinisme endémique, il existe cependant chez
nous une carence modérée en iode (48% des femmes enceintes
ont une excrétion urinaire d’iodure < 50 mcg/jour). Elle provoque
une stimulation et de la fonction et de la croissance thyroïdienne,
ce qui représente un facteur de goitrigenèse.
D’autre part, des études épidémiologiques montrent qu’une
hypothyroïdie primaire est retrouvée chez 3 à 10% des femmes
en âge de procréer. Il est à noter que 1 à 2% des femmes enceintes
reçoivent des hormones thyroïdiennes et 0.4% des femmes
enceintes ont une TSH > 10 µU/ml.
L’hypothyroïdie peut avoir des conséquences sur la fécondité,
le bon déroulement de la grossesse, et surtout sur le développement fœtal.
Des études montrent l’importance d’une fonction thyroïdienne
parfaite pour le développement neuropsychologique du fœtus et
les conséquences possibles d’une hypothyroïdie légère durant le
premier trimestre de la grossesse.
En dehors d’un déficit iodé, la première cause d’hypothyroïdie durant
la grossesse est la thyroïdite auto-immune (maladie d’Hashimoto)
avec des anticorps anti-microsomes et/ou anti-thyroglobuline.
Les femmes atteintes d’une thyroïdite auto-immune ont plus
souvent une dysfonction thyroïdienne en post partum (5%).
Il n’y a pas encore de consensus dans la littérature en faveur d’un
dépistage systématique de la fonction thyroïdienne chez les
femmes en âge de procréer ; il semble cependant logique de le
proposer en période préconceptionnelle. Les arguments contre
ce dépistage sont son coût et l’induction d’une certaine anxiété.
Une mesure de la fonction thyroïdienne doit être proposée à
toutes les femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux
thyroïdiens et à celles souffrant d’une maladie auto-immune
(diabète de type 1, …).
Les anticorps anti-thyroïdiens
Dr Albert Veys,
Dr Brigitte Claeys,
Mr Daniel Allemeersch
Equipe labo
Site Ste-Elisabeth
Le dosage de la TSH est considéré comme l’approche la
plus sensible d’un dysfonctionnement thyroïdien.
18 |
N°11 - MAI 2008
En l’absence de traitement ou de situation particulière (grossesse, prise
de Cordarone®), il est suffisant en première intention pour approcher la
fonction thyroïdienne dans le cadre d’un bilan biologique de base sans
signes d’appel. En fonction des recommandations de l’AACC (American
Association of Clinical Chemistry) et de l’AACE (American Association of
Clinical Endocrinologists), le laboratoire a porté depuis novembre 2006
les valeurs de référence adultes de la TSH à 0.3 - 3.0 µU/ml.
Une TSH comprise entre 3 et 4.5 µU/ml constatée sur 2 prélèvements
à intervalle de 3 semaines peut révéler un stade précoce de pathologie
thyroïdienne et nécessiter une recherche d’anticorps thyroïdiens.
Dans le cadre d’une hypothyroïdie, en cas de prise d’hormones
thyroïdiennes avant la grossesse, il est très souvent nécessaire
(50 – 80% des cas) de majorer la dose dès la 5ème semaine de
gestation. Actuellement, on recommande de maintenir la TSH
entre 0.5 et 1 µU/ml avec une T4 libre dans les limites de la
normale.
Certains auteurs proposent, dès la première semaine de retard
des règles, de faire prendre deux doses supplémentaires par
semaine d’hormones thyroïdiennes jusqu’à la première visite
prénatale soit à 5-6 semaines de grossesse. Il faut contrôler la
TSH et la T4 libre entre la 5ème et la 7ème semaine de grossesse
puis toutes les 6 semaines environ durant la première moitié de
la grossesse.
Après l’accouchement, on n’oubliera pas de réduire immédiatement la substitution hormonale à la dose administrée
avant la grossesse ; un contrôle biologique sera réalisé 2 mois
plus tard.
Hyperthyroïdie
Une hyperthyroïdie peut également être découverte au décours
d’une grossesse ; le diagnostic différentiel peut parfois s’avérer
difficile.
Le plus souvent, il s’agit d’une hyperthyroïdie non autoimmune secondaire à l’effet « TSH-like » de l’HCG beta.
De part sa similitude avec la TSH, l’HCG est un faible agoniste
du récepteur à la TSH, augmentant progressivement les valeurs
de T3 et de T4 totales ; la TSH devient parfois quasi indosable,
surtout à la fin du premier trimestre.
A cette période, une hyperthyroïdie subclinique peut être
observée dans 10 à 20% des grossesses ; elle est transitoire et ne
nécessite pas de traitement dans la majorité des cas.
Parfois, ce mécanisme se manifeste de manière très exagérée
chez des femmes souffrant d’« hyperemesis gravidarum », avec
un tableau de vomissements incoercibles et de perte de poids, et
sur le plan biologique, une T4 libre nettement majorée.
Parmi les pathologies réellement thyroïdiennes, la maladie de
Basedow est l’étiologie la plus fréquente en cas d’hyperthyroïdie
durant une grossesse. Sa prévalence est d’environ 0.2% des
grossesses. Une hyperthyroïdie mal contrôlée expose la grossesse
à un risque accru d’hypertension artérielle, de fausse couche, de
travail prématuré, de retard de croissance, de décompensation
cardiaque et même de mort in utero.
Il peut également y avoir un risque d’hyperthyroïdie fœtale si la mère
a gardé un taux élevé d’anticorps anti-récepteurs à la TSH (TSI) alors
qu’elle est en euthyroïdie suite à une thyroïdectomie ou un traitement
par radio-iode (donné au minimum 1 an avant la conception). Il est
conseillé de doser ces anticorps TSI au début du 3ème trimestre chez les
mères ayant un antécédent de maladie de Basedow. S’ils sont positifs,
une surveillance fœtale et néonatale particulières seront nécessaires.
Après l’accouchement (ou une fausse couche), une thyroïdite
peut être observée, plus fréquemment chez les patientes qui
avaient un taux élevé d’anticorps anti-peroxydase au cours du
premier trimestre de la grossesse. Elle va se manifester par une
hyperthyroïdie brève (1-2 mois) et/ou une phase d’hypothyroïdie
durant quelques mois avant la restauration d’une fonction normale
(dans 80% des cas) dans les 12 mois qui suivent la naissance.
La récidive est fréquente lors de grossesses ultérieures.
Un traitement n’est pas toujours nécessaire et est fonction
des symptômes et de leur durée.
EN PRATIQUE
- Chez toute femme en âge de procréer, faire une anamnèse
familiale et personnelle d’antécédents endocriniens ainsi
qu’un bilan biologique en fonction de celle-ci.
- Avant la conception et au plus tard en début de grossesse,
prescrire un supplément de vitamines « iodées ».
- En cas d’hypothyroïdie ou d’immunité thyroïdienne connue,
effectuer un contrôle de la TSH et des hormones avant
la conception et à 5-6 semaines de grossesse, puis
en fonction des résultats.
au laboratoire
Les principaux anticorps thyroïdiens et leurs intérêts sont décrits
ci-dessous.
Les antigènes de la thyroïde sont constitués par :
• la thyroperoxydase (enzyme clé de la biosynthèse
thyroïdienne, appelée autrefois antigène microsomial)
• la thyroglobuline
• le récepteur de la TSH
Chaque antigène est susceptible d’induire la formation d’autoanticorps :
• Les anti-thyroperoxydase (anti-TPO) sont des IgG dont
le taux est corrélé avec l’abondance de l’infiltrat lymphoplasmocytaire de la thyroïde. Ils sont présents à des taux très
élevés dans la maladie d’Hashimoto et à des taux généralement plus faibles dans d’autres thyropathies autoimmunes
(Basedow, thyroïdite autoimmune asymptomatique, thyroïdite du post-partum). La prévalence de ces anticorps dans la
population est reprise dans le tableau ci-après.
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 19
LA THYROÏDE
L’utilisation de peroxydase purifiée a augmenté
la sensibilité et la spécificité du dosage, rendant
obsolète le dosage des anti-microsomiaux.
• Les anti-thyroglobuline (anti-Tg) accompagnent
habituellement les anti-TPO; ils surviennent
rarement isolément.
Habituellement, le dosage de ces anticorps est
prescrit simultanément avec celui des anti-TPO.
L’échographie
de la thyroïde
Dr Vincent Staumont
Radiologie
Site St-Michel
Les anti-Tg et anti-TPO sont sans intérêt pour le
suivi des pathologies thyroïdiennes.
• Les anti-récepteurs de la TSH (anti-RTSH)
Ils sont généralement thyréostimulants (TSAb
ou TSI pour Thyroid stimulating antibodies ou
immunoglobulines) et constituent un marqueur
diagnostique de la maladie de Basedow.
Ils sont également un marqueur pronostique. Un titre
élevé à la fin du traitement est associé à un risque
élevé de récidive.
Dans de rares cas, les anti-RTSH sont bloquants et
sont alors responsables d’hypothyroïdie.
Les anticorps antithyroïdiens passent la barrière
placentaire. Toutefois, seuls les anti-RTSH ont un
effet direct sur le fonctionnement thyroïdien et
sont susceptibles de déterminer des dysfonctions
thyroïdiennes chez le fœtus et le nouveau-né.
Estimated prevalence of antithyroid antibodies
(in percent)
Group
Anti-TSHR
Ab
Anti-Tg
Ab
Anti-TPO
Ab
0
5 - 20
8 - 27
Graves’ disease
80 - 95
50 - 70
50 - 80
Autoimmune
thyroiditis
10 - 20
80 - 90
90 -100
Type 1 diabetes
0
30 - 40
30 - 40
Pregnant woman
0
About 14
About 14
General population
Anti-TSHR Ab : Antithyrotropin receptor antibodies; Anti Tg Ab :
Antithyroglobulin antibodies; Anti-TPO Ab : Antithyroid peroxidase antibodies.
2008 online 16.1 Up To Date.
L’échographie permet de mesurer
la glande thyroïde et d’analyser
son échostructure. Elle permet
également de visualiser, de localiser, et éventuellement de ponctionner les nodules.
1. Mesure des dimensions
Les valeurs normales de la thyroïde, chez l’adulte, sont
les suivantes : longueur 4 à 6 cm, largeur 1 à 2 cm,
épaisseur inférieure à 2 cm (images 1).
2. Analyse de l’échostructure globale
du parenchyme
Le parenchyme thyroïdien est normalement hyperéchogène par rapport au plan musculaire (image 2).
Une échostructure hypo-échogène avec hypervascularisation au Doppler suggère l’existence d’une thyroïdite
(image 3).
3. Recherche de nodule
(image 4).
L’échographie peut identifier les faux positifs de l’examen
clinique.
C’est l’examen de choix lorsque l’on suspecte la présence
d’un ou de plusieurs nodules. L’échographie les localise
et permet de rechercher les caractéristiques suivantes :
- la taille,
- l’échogénicité (aspect hyper-, hypo- ou iso-échogène),
- les contours qui, s’ils sont réguliers, orientent plutôt vers
une pathologie bénigne,
- la forme et l’orientation du grand axe nodulaire qui,
s’il est perpendiculaire au grand axe du lobe, est plutôt
de nature défavorable,
- l’échostructure qui différencie la nature liquidienne,
solide ou mixte,
20 |
N°11 - MAI 2008
1
- la présence de calcifications qui plaident pour une nature
tumorale,
- la vascularisation au Doppler qui constitue souvent
un critère de malignité lorsqu’elle prédomine en intranodulaire.
4. L’ échographie comme guide
de la cytoponction
En cas de doute sur la nature du nodule, l’approche échoguidée permet une cytoponction dans un environnement des
plus favorables et des plus sécurisants pour le patient.
2
3
4
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 21
LA THYROÏDE
Prise en charge chirurgicale
des pathologies thyroïdiennes
sujet à de l’arthrose cervicale, suite à la position sur la table
d’opération.
Une douleur dans la gorge et une difficulté à avaler pendant les
premiers jours peuvent apparaître.
Dr Pascale Chouvel
ORL
Site St-Michel
Préparation à l’intervention
Le bilan comprend une échographie qui permet d’évaluer
la dimension des nodules et renseigne sur la morphologie
de la glande.
La scintigraphie apprécie l’état fonctionnel du nodule
(fixe ou non) ainsi que l’homogénéité de la glande.
Le bilan sanguin : dosage T3 – T4 – TSH – thyroglobuline
(afin de détecter les cancers de la thyroïde) - calcitonine.
But de l’intervention
Plusieurs maladies thyroïdiennes conduisent à la chirurgie :
hyperthyroïdie – suspicion de tumeur – goitre. Selon la nature
et l’étendue de l’affection et l’âge du patient, l’endocrinologue
et le chirurgien décideront de l’étendue exacte de la résection
nécessaire. Il peut s’agir d’une thyroïdectomie totale ou
subtotale, d’une loboisthmectomie ou d’une lobectomie.
Dans notre service, nous ne réalisons pas l’exérèse d’un
nodule isolé. En effet, en cas de récidive ou de reprise
chirurgicale, les risques d’atteinte du nerf récurrent sont
très nettement majorés.
Intervention
L’opération se fait sous anesthésie générale. L’incision est
horizontale, basse, située dans les plis naturels de la peau. La
cicatrice devient très fine avec le temps et très peu visible. En
cas de nodule isolé de la thyroïde, un examen extemporané
est effectué pendant l’intervention. Cet examen permet, avec
une fiabilité de 95% environ, de savoir si la zone en question
est cancéreuse ou non et guide la suite de l’intervention. En
fin d’intervention, un petit drain aspiratif est généralement
mis en place pendant 24 à 48 heures.
Douleurs post-opératoires
Les interventions sont peu douloureuses. Le patient peut
cependant ressentir des douleurs dans la nuque s’il est
22 |
N°11 - MAI 2008
Risques
La chirurgie thyroïdienne est bien connue. Réalisée minutieusement, elle ne comporte que très peu de risques de complication.
L’infection de la plaie est très rare (moins de 1%) et sans gravité.
Les deux risques spécifiques sont situés au niveau des
parathyroïdes et des nerfs récurrents.
Parathyroïdes : les enlever n’a de conséquence durable que si les
quatre sont retirées.
Cette complication oblige à suivre indéfiniment un traitement
pour compenser la chute de la calcémie. En revanche, il est
courant d’observer une baisse modérée et transitoire (quelques
jours) de la calcémie due à une sidération de ces glandes.
Récurrents : la blessure d’un nerf occasionne la paralysie
de la corde vocale correspondante, ce qui modifie la voix.
La rééducation logopédique permet habituellement une
récupération presque complète. Cette complication ne survient
que dans 2% des thyroïdectomies. Parfois, le nerf doit être
sacrifié délibérément; il ne s’agit donc pas d’une complication
de la chirurgie mais d’une nécessité imposée par la maladie
(c’est le cas dans certains cancers).
Soins post-opératoires
Pour la cicatrice, nous réalisons un surjet. Les stéristrips sont ôtés
une semaine après l’intervention. La cicatrice est un peu tuméfiée
pendant deux à trois semaines. Le patient ne peut pas l’exposer
au soleil tant qu’elle est rouge (pendant trois à neuf mois).
Un massage quotidien de la cicatrice avec une crème hydratante
est conseillé.
Le patient quitte l’hôpital entre le 2ème et le 4ème jour. Avant son
départ, la calcémie est dosée systématiquement et un examen
des cordes vocales est effectué.
En cas de thyroïdectomie totale, les hormones thyroïdiennes
sont prescrites à la sortie en fonction de l’analyse histologique
de la pièce opératoire.
En cas de thyroïdectomie partielle, un bilan thyroïdien est
réalisé un mois après la sortie. En fonction des résultats,
l’endocrinologue jugera si un traitement est nécessaire ou non.
Le radio-iode dans
le traitement des affections
thyroïdiennes bénignes
Dr Yvan de Meeûs
Médecine nucléaire
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice –
St-Michel
1. L’iode dans la biosynthèse des hormones
thyroïdiennes
L’iode joue un rôle essentiel dans la biosynthèse des
hormones thyroïdiennes.
Cette biosynthèse fait intervenir une protéine : la
thyroglobuline, une enzyme : la thyroperoxydase (TPO),
et la pompe à iodure.
On distingue plusieurs étapes dans la biosynthèse des
hormones thyroïdiennes :
1) le transport de l’iodure dans la thyroïde,
2) l’oxydation, puis la fixation de l’iodure à des
résidus de tyrosine de la thyroglobuline grâce à la
TPO, permettant la formation de mono et de diiodotyrosine,
3) le couplage de résidus d’iodotyrosine en
iodothyronines également catalysés par la TPO,
4) la protéolyse de la thyroglobuline et la libération
des hormones thyroïdiennes.
2. L’iode 131
L’iode 131 est un isotope radioactif de l’iode, produit de fission
nucléaire, dont la demi-vie est de 8.02 jours. Sa transformation
radioactive se produit par émission de particule Béta et
de rayon Gamma menant à la formation du Xénon 131. La
particule Béta est un rayonnement corpusculaire de haute
énergie avec un haut pouvoir d’ionisation mis à profit sur le plan
thérapeutique. Le rayonnement Gamma, électromagnétique et
moins « irradiant », est utilisé pour l’imagerie scintigraphique.
La thérapie métabolique exploite le mécanisme d’absorption
de l’iodure pour incorporer l’iode 131 dans la cellule thyroïdienne.
3. Principe de la thérapie métabolique
L’iode, constituant indispensable à cette biosynthèse, est
essentiellement d’origine alimentaire. La forme absorbable
de l’iode est l’iodure. Une fois absorbés par la muqueuse
intestinale, les iodures sont captés par la glande thyroïde
grâce à un mécanisme membranaire de transport actif,
établissant un gradient de concentration compris entre
20 et 40 fois. Cette concentration peut atteindre jusqu’à
10 fois les valeurs normales en cas d’hyperthyroïdie. Cette
particularité peut donc être mise à profit pour introduire au
sein de la glande un isotope radioactif de l’iode, l’iode 131,
dans le but d’irradier localement le tissu thyroïdien
hypersécrétant et corriger ainsi l’hyperthyroïdie.
La fixation de l’iode 131 dans la cellule thyroïdienne emprunte
les mêmes voies métaboliques que l’iodure. Administré le plus
souvent per os, il est absorbé par le jéjunum. Il est ensuite
capté par la glande thyroïde proportionnellement au niveau de
turnover des pompes à iodure.
Dans des conditions d’euthyroïdie, le niveau de fixation peut
atteindre jusqu’à 3.5% de la dose ingérée.
En cas d’hyperthyroïdie (si les récepteurs ne sont pas saturés),
ce pourcentage peut atteindre 15%, parfois 20 ! L’excédent non
fixé est éliminé par voie urinaire, salivaire et, dans une moindre
mesure, dans la sueur. Une fois intégré dans la thyroïde, l’iode
radioactif libère son énergie et détruit la cellule.
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 23
LA THYROÏDE
1
2
3
4. Principales indications
Il s’agit des hyperthyroïdies de la thyroïdite auto-immune
(Hashimoto et post-partum, cf. Fig. 3), des hyperthyroïdies
L’iode 131 moléculaire est utilisé dans 4 indications principales :
iatrogènes (contraste iodé, prise de Cordarone, d’hormones
a) La maladie de Basedow (Fig. 1)
thyroïdiennes et d’interféron), de la thyroïdite subaiguë de
En Europe occidentale, il existe un certain consensus pour De Quervain et de toutes les thyrotoxicoses avec TSH élevée.
traiter en première intention la maladie de Basedow non
compliquée, par des antithyroïdiens de synthèse (ATS) 5. Bilan préalable
pendant 1 à 2 ans. En cas de récidive, il faut envisager une Avant toute administration de radio-iode à visée thérapeutique,
solution radicale, soit la chirurgie, soit le radio-iode.
le bilan doit être complet car le traitement entraînera des
La chirurgie sera préférée en cas de nodule associé car le modifications parfois irréversibles de l’hormonologie et de
risque de transformation maligne est plus élevé que sur une l’imagerie thyroïdienne. Il est donc essentiel de poser le bon
thyroïde saine.
diagnostic mais aussi d’avoir, à titre comparatif, une image fidèle
Le radio-iode a d’emblée la préférence chez le patient âgé.
et complète de la situation au temps « zéro ». Une proposition
Dans tous les cas, la surveillance doit être prolongée car de bilan est reprise dans le tableau ci-dessous :
une récidive ou une hypothyroïdie secondaire peut survenir
même des années après l’épisode initial.
Biologie clinique
b) L’adénome toxique et goitre multinodulaire toxique (Fig. 2)
Le traitement médical seul ne suffit quasi jamais à obtenir
la rémission. En outre, les ATS peuvent avoir un effet
goitrogène contre-indiqué. Ici aussi, l’iode 131 est préféré
à la chirurgie chez la personne âgée. Le risque d’hypothyroïdie secondaire est moins élevé qu’en cas de Basedow.
La dose à administrer est, en général, plus élevée.
c) Le goitre non toxique
Médecine nucléaire
Radiologie
Hémogramme, fonction rénale,
TSH, T3 libre, T4 libre, anticorps
anti-thyroglobuline, anticorps antimicrosomes, cholestérol et triglycérides.
Un test de grossesse doit être effectué
chez toute femme en âge de procréer.
Scinti-tomographie au technétium (ou à
l’iode 123) avec calcul de l’uptake. Examen
à faire si possible après l’arrêt de toute
médication thyréotrope.
Echographie (avec éventuellement
cytoponction en cas de nodule froid à la
scintigraphie).
Indication controversée, le goitre euthyroïdien, surtout
diffus, peut dans certains cas bénéficier de radio-iode dans
6. Administration de la dose
le but de contrôler, voire de réduire sa taille.
d) Les carcinomes différenciés de la thyroïde
Le radio-iode est le traitement adjuvant de la plupart
des carcinomes thyroïdiens. La dose administrée est de
100 millicuries, soit une dose 10 à 20 fois supérieure à celle
administrée dans les pathologies bénignes. Les conditions
de radioprotection imposent une hospitalisation de 4 jours
en chambre plombée. Nous ne reviendrons pas sur cette
indication qui nécessite des installations spéciales, non
disponibles au sein de nos cliniques.
Certaines hyperthyroïdies ne sont pas des indications
pour le radio-iode, lorsque la glande ne capte pas l’iode.
24 |
N°11 - MAI 2008
Le gros avantage du traitement au radio-iode est sa simplicité.
En dehors des doses utilisées pour les carcinomes (supérieures
à 15 millicuries et dont nous ne parlerons pas ici), le traitement
ne nécessite pas d’hospitalisation. La dose est calculée en
fonction du niveau de captation et de la taille de la glande.
Un délai de 1 à 2 mois, voire plus, est nécessaire à son action.
Il est rigoureusement contre-indiqué en cas de grossesse.
Afin d’optimaliser la fixation thyroïdienne, les ATS doivent
être interrompus 1 mois avant l’administration de la dose. Si
le patient reçoit de la thyroxine, il faut l’interrompre 15 jours
avant. Après avoir fait commander la dose nécessaire (délai
d’environ 3 à 5 jours), le patient doit se présenter à jeun dans
un service de Médecine nucléaire. La dose est le plus souvent
administrée sous forme de gélule. Il est recommandé de
rester à jeun 2 heures après l’administration afin de garantir la
meilleure biodisponibilité.
7. Radioprotection
Après l’administration de radio-iode, le patient doit suivre
certaines règles de radioprotection afin de réduire l’irradiation
inutile d’organes autres que l’organe cible. Une hydratation
abondante est préconisée pendant une semaine. En outre, il est
évidemment recommandé d’éviter l’irradiation de l’entourage,
en particulier des femmes enceintes et des jeunes enfants. La
durée de ces recommandations dépend surtout de la dose
administrée. Le tableau ci-dessous en résume les principaux
aspects :
Recommandations
5 mCi
10 mCi
15 mCi
Eviter la contamination par
la salive
7 jours
15 jours
21 jours
Eviter la contamination par
les urines
7 jours
15 jours
21 jours
Douches fréquentes
7 jours
15 jours
21 jours
Abstinence sexuelle
2 jours
5 jours
10 jours
Eviter les contacts
rapprochés et prolongés avec
les enfants (<10 ans)
7 jours
15 jours
21 jours
Eviter les contacts
rapprochés et prolongés
avec les femmes enceintes
14 jours
20 jours
25 jours
Eviter les lieux et
les transports publics où
la promiscuité est inévitable
7 jours
15 jours
21 jours
Source : recommandations proposées par les services de Médecine Nucléaire et de Radioprotection de
l’Université Catholique de Louvain.(Mathieu et al. Lancet, 350 :1074 - 1075; 1997)
Ces recommandations fixent une ligne de conduite de « sécurité
optimale ».
Il est parfois difficile d’imposer ces règles selon les situations
sociales et familiales de certains patients. Pour autant que
le bon sens domine, certaines dérogations peuvent être
faites, le principe étant de réduire l’irradiation autant que
raisonnablement réalisable (principe « A.L.A.R.A. »).
Par contre, une contraception efficace doit être poursuivie
pendant 6 mois chez toute femme en âge de procréer.
Dernière petite recommandation aux patients devant prendre
l’avion : plusieurs aéroports internationaux sont aujourd’hui
équipés de détecteurs d’armes radioactives très sensibles
susceptibles de détecter les rayonnements émis par le radioiode jusqu’à 5 semaines après l’administration de la dose. La
lettre du médecin ne suffit pas toujours à éviter une enquête
approfondie du personnel de sécurité !
8. Quand faut-il hospitaliser ?
Compte tenu des recommandations exposées ci-dessus, le
patient doit être collaborant et capable de comprendre et de
suivre les instructions reçues. Il doit être autonome et ne pas
souffrir d’incontinence. Le médecin qui administre le traitement
doit non seulement donner au patient (ou à son responsable
légal) des instructions écrites auxquelles ce dernier devra
se conformer dès son départ du service, mais consignera au
dossier médical cette délivrance et la date à laquelle elle a eu
lieu.
Le médecin doit également s’assurer que les conditions de vie
socio-économiques du patient lui permettent de se conformer
aux instructions reçues (espace vital disponible, nombre de
chambres, qualités des installations sanitaires, …).
Si le patient séjourne dans une maison de repos ou de soins,
le médecin informera le responsable de celle-ci des mesures
éventuelles à prendre et des précautions à suivre (avec une
attention particulière pour la protection de la grossesse). Si ces
recommandations ne peuvent être suivies, il faudra hospitaliser
le patient pendant la durée nécessaire à l’observation des règles
de radioprotection.
9. Le suivi
Le traitement au radio-iode est, en général, très bien toléré.
Dans certains cas, les patients peuvent ressentir une petite
douleur cervicale temporaire dans les dix jours qui suivent le
traitement. Le plus souvent, le paracétamol suffit à calmer la
symptomatologie.
Chez les personnes âgées qui présentent un goitre volumineux,
l’on observe plus rarement une augmentation paradoxale des
symptômes de thyrotoxicose qu’il conviendra de prévenir et de
suivre pendant le mois qui suit l’administration de la dose.
Un contrôle biologique de la TSH et de la T4 libre devra ensuite
être effectué 4 à 6 semaines après le traitement. Il devra être
répété tous les 2 à 3 mois pendant la première année afin de
dépister les éventuelles récidives (environ 12%) ou l’évolution
vers l’hypothyroïdie (de 15 à 45%). Ensuite, le dosage annuel
de la TSH et le suivi clinique suffiront. La récidive peut justifier
l’administration d’une deuxième, voire, rarement et à certaines
conditions, d’une troisième dose.
CONCLUSION
La thérapie métabolique au radio-iode des affections
bénignes de la thyroïde est une alternative simple et
efficace aux antithyroïdiens de synthèse ou à la chirurgie
lorsque ces derniers sont contre-indiqués ou s’avèrent
inefficaces. Le respect de certaines conditions de
radioprotection impliquant la collaboration du patient
est un pré-requis indispensable.
Les récidives sont rares et le seul effet secondaire sérieux
est une hypothyroïdie souvent définitive mais préférable
à une hyperthyroïdie réfractaire !
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 25
LA THYROÏDE
Prise en charge du goitre
chez l’adolescent
Dr Frédéric Motte
Pédiatrie
Site Ste-Elisabeth
Le goitre thyroïdien est défini par l’augmentation du
volume de la glande thyroïde.
Volume thyroïdien (ml)
Filles
Garçons
15
15
P90
10
5
N97
P50
N50
10
P10
0
P90
N97
P50
5
N50
P10
0
10 11 12 13 14 15 16 17
10 11 12 13 14 15 16 17
Age (ans)
Age (ans)
1
Volume de la glande thyroïdienne selon le sexe et l’âge.
Le goitre peut être la manifestation principale, voire unique,
d’une pathologie thyroïdienne et peut rester inaperçu si la
glande thyroïde n’est pas examinée systématiquement. Une
augmentation de volume, constatée à l’examen clinique,
doit être précisée chez l’enfant et l’adolescent par une
mesure du volume de la glande à l’aide de l’échographie.
Des courbes de volume thyroïdien (Fig. 1) en fonction de l’âge
permettent de définir, pour chaque âge, une valeur limite (P90)
au-delà de laquelle on parle de goitre. Parmi les adolescents
âgés de 10 à 18 ans, 1% présente un goitre thyroïdien. La
thyroïdite auto-immune, le goitre colloïde simple ou par
carence en iode sont les causes les plus fréquentes de goitre
diffus chez l’adolescent.
Tout goitre correspond à une pathologie thyroïdienne :
hypertrophie diffuse de la glande thyroïde (goitre colloïde) ou
dysfonction de la glande thyroïdienne.
La mise en évidence d’une glande thyroïde élargie implique
une mise au point, l’établissement d’un diagnostic et la mise
en route d’un suivi.
L’éventualité d’un carcinome doit être évoquée en cas de
goitre multi-nodulaire et surtout en présence d’un nodule
solitaire. Une mise au point complémentaire comprenant
une échographie, une scintigraphie, une ponction à l’aiguille
ou une approche chirurgicale diagnostique est parfois
nécessaire.
Le goitre multi-nodulaire, plus fréquent chez l’adulte, est une
pathologie plus rarement rencontrée à l’adolescence et qui est
à mettre en rapport avec une consommation de substances
goitrigènes ou une carence iodée.
26 |
N°11 - MAI 2008
Messages importants
• Le goitre sans anomalie de la fonction thyroïdienne
est la pathologie thyroïdienne la plus fréquente de
l’adolescent.
• La valeur limite de la TSH est plus élevée chez
l’enfant et l’adolescent que chez l’adulte. Une limite de
10.00 microUI/ml est tolérée en l’absence d’anticorps
anti-thyroïdiens. Une limite de 5.00 microUI/ml est
tolérée en présence d’anticorps anti-thyroïdiens.
• En l’absence de volume sur le protocole d’échographie
thyroïdienne, le calcul peut être fait à partir des mesures
des lobes thyroïdiens.
Le volume de la glande est égal à celui des deux ellipses.
V (ml) = 2 x E (Epaisseur cm) x L (Largeur cm)
x H (Hauteur cm) x 0,479
Filles
volume
médian
4,2 ml
à 11 ans
8,5 ml
à 16 ans
Garçons
volume
médian
3,8 ml
à 11 ans
8,1 ml
à 16 ans
• En l’absence d’anomalie de la fonction thyroïdienne,
un échantillon d’urine est nécessaire et peut mettre en
évidence une carence iodée : iodurie inférieure à
100 mg/ml.
Consultation Médecine de l’Adolescence
EUROPAdo
Tél. : 02/373 17 55
COUP
DE CŒUR
Clair de clown
A l’étage, chez nos aînés, une rencontre empreinte
de tendresse au cœur des facéties…
« Aller vers l’autre et allumer par une rencontre la
flamme de la vie ».
Tel est le souhait de l’asbl Clair de Clown, qui propose
à nos aînés de partager quelques moments privilégiés,
où se côtoient sourires malicieux, câlins respectueux,
écoute attentive, sources inépuisables de rencontres
d’âme à âme.
Qui sont ces clowns ?
Comment une rencontre se déroule-t-elle ?
Les clowns sont des professionnels de soins (kinésithérapeutes,
infirmiers, ergothérapeutes, …) qui travaillent déjà en milieu
hospitalier.
Leur formation est spécifique, orientée vers la gériatrie ou la
pédiatrie.
La rencontre commence avec les membres de l’équipe
soignante, auprès desquels les clowns reçoivent les informations
indispensables à leur travail sur le terrain (type de pathologie,
handicap éventuel, …).
Les clowns se rendent ensuite au chevet des patients, allant de
chambre en chambre, ou engagent la conversation au détour
d’un couloir.
Ils consacrent à cette activité une grande partie de l’après-midi
et proposent ensuite un rapport oral (ou écrit ultérieur) au
personnel soignant.
Leurs objectifs
Contribuer à apporter plus de sens à la vie des patients
hospitalisés, ainsi qu’à leurs familles, au travers d’un
accompagnement ludique et attentif, et apporter un soutien au
travail du personnel soignant.
Pour qui ?
Pour toutes les personnes âgées qui séjournent en milieu
hospitalier, en centre de revalidation ou en maison de repos et
de soins, et quel que soit le motif de leur hospitalisation (déclin
cognitif, handicap moteur, affection chirurgicale, etc.)
Où les contacter ?
asbl Clair de Clown
Mme Nanou Rasquinet
[email protected]
www.clairdeclown.be
Tél. : 02/647 81 62
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 27
A QUOI SERT
CETTE TECHNIQUE
Nouvelle caméra SPECT-CT
Vers une approche multidisciplinaire
de l’imagerie
Dr Peter Matthys
Imagerie médicale
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice
Dr Yvan de Meeûs
Médecine nucléaire
Sites Ste-Elisabeth – 2 Alice – St-Michel
Depuis quelques semaines, le service de Médecine nucléaire du site Ste-Elisabeth s’est doté d’une nouvelle gammacaméra
hybride SPECT/CT (SYMBIA T6, Siemens Medical Solutions®). Cet appareil, composé d’une gammacaméra double tête ultrahaute résolution et d’un Ct-scanner 6 barrettes (Fig. 1), offre aux médecins nucléaristes et aux radiologues d’importantes
évolutions dans leurs pratiques quotidiennes.
1
Cette méthode associe l’hypersensibilité de la scintigraphie
à la localisation et l’identification du substrat morphologique
grâce au scanner. Et ce, par l’utilisation des tables de corrections
physiques du scanner qui apportent des informations sur
la densité radiologique des tissus, dont l’atténuation peut
être corrigée. Elle permet d’améliorer la qualité de l’imagerie
et augmente très notablement la précision (accuracy) de
la technique scintigraphique, qui était déjà excellente.
L’information était présente, mais les logiciels utilisés ne
permettaient pas de la mettre en évidence… L’application
de la correction d’atténuation et du diffusé aux coupes
tomoscintigraphiques permet dorénavant de résoudre ce
problème (Fig. 2 et 3). De plus, l’éventuel manque de spécificité
est immédiatement corrigé par l’analyse conjointe des coupes
de CT-scanner correspondantes.
28 |
N°11 - MAI 2008
2
Les principes de superposition d’images de scintigraphie et de
scanner ne sont pas neufs, mais l’acquisition quasi simultanée
des images des deux modalités fournit davantage de précision
dans la superposition d’images ainsi qu’un gain de temps
considérable. En outre, la localisation précise offre au clinicien
une orientation diagnostique importante. C’est notamment le
cas en pathologie inflammatoire et pour l’identification des foyers
infectieux vasculaires. Par ailleurs, la parfaite localisation du foyer
ectopique à visée de repérage préopératoire se montre précieuse
pour des patients fragiles en offrant à l’équipe chirurgicale
d’importants renseignements.
Les services de Médecine nucléaire et de Radiologie des
Cliniques de l’Europe ont conclu un protocole de collaboration
afin de fournir, aux médecins référents et à leurs patients,
1. La caméra hybride SIEMENS SYMBIA T6 associe une gamma caméra ultra-haute
résolution à un Scanner six barettes.
2. Etude de perfusion myocardique : l’enregistrement simultané des images
d’émission scintigraphique (en couleur) et de tomodensitométrie (en noir et blanc)
fournissent à l’ordinateur les paramètres nécessaires au calcul de l’atténuation
tissulaire (ici, le thorax) et permettent d’en corriger les artéfacts.
3. Etude de perfusion myocardique : sans correction, les images faisaient apparaitre
une hypoperfusion inférieure (flèche) qui pouvait être mal interprétée et qui
disparait une fois la correction appliquée.
4. A gauche, la scintigraphie osseuse planaire montre un hyperactivité unique,
aspécifique et modérée à l’émergence de la 9ème côte gauche. A droite, le SPECT-CT
centré sur cette région et effectué dans la foulée de la scintigraphie permet, grâce
à la fusion d’images de localiser la lésion et de poser le diagnostic de métastase
osseuse unique, à point de départ sous pleural.
5. Métastases d’une tumeur carcinoïde : scintigraphie à l’octréotide marqué
(analogue de la somatostatine) avec SPECT-CT de l’abdomen dans le cadre d’une
mise au point de syndrome carcinoïde. Les coupes (axiales et coronales) du milieu
et de droite sont réalisées en fusionnant les coupes de scintigraphie axiale et de
CT-SCAN. Elles permettent d’identifier la présence de métastases hépatiques et
lomboaortiques (nodules oranges) d’une tumeur présentant des récepteurs à la
somatostatine, ici un carcinoïde.
6. En post processing, la fusion en 3D des images de scintigraphie myocardique de
perfusion et de CORO-CT permet d’apprécier l’état des coronaires (« la rivière »)
et les conséquences sur la perfusion du myocarde (« l’irrigation du pré »). Ici, une
sténose sur la coronaire droite induit une hypoperfusion d’effort réversible dans
le territoire inférieur. (Image of the year du Congrès 2006 de la SNM; Hôpital
Universitaire de Zurich).
4
3
5
un outil toujours plus performant. Tous les examens sont
revus simultanément par un radiologue et un nucléariste
qui établissent ensemble un compte-rendu commun. A
l’heure actuelle, les principales indications relèvent des
pathologies ostéo-articulaires (Fig. 4), oncologiques
(Fig. 5) ou inflammatoires. Ultérieurement, nous avons
pour projet le développement de protocoles d’études en
cardiologie (Coro-CT et SPECT de perfusion myocardique,
cf. figure 6), en chirurgie (ganglion sentinelle) ainsi que pour
les études fonctionnelles pulmonaires.
Les innombrables indications de cette nouvelle modalité
d’imagerie « hybride » ne font qu’apparaître, et déjà, nous
entrevoyons l’énorme champ d’application qui s’offre à nous
pour les années futures !
6
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 29
EN
PRATIQUE
Situations d’urgence en fin
et
Dr Michel Stroobant
Soins palliatifs
Site 2 Alice
Lorsqu’on se trouve confronté à une situation
d’urgence en fin de vie, il s’agit de pouvoir y répondre
rapidement et de ne laisser, si possible, aucune place à
l’improvisation.
Dans un premier temps, nous aborderons ces urgences ;
nous nous étendrons ultérieurement sur des situations
particulièrement difficiles à gérer telles la dyspnée sévère
et l’encombrement bronchique, l’occlusion intestinale,
les nausées et les vomissements incoercibles.
Les urgences en situation de fin de vie sont au nombre de six
mais bien sûr cette énumération n’est pas exhaustive :
- Il est important d’en expliquer à tous la signification et
l’utilité. Ceci est finalement assez rassurant pour le malade.
A la question que nous avons tous entendue, à savoir
« Docteur est-ce que je risque de mourir étouffé ? », il est
important pour le malade de savoir que nous avons pris
les mesures pour que cela n’arrive pas. Les situations
d’urgence sont souvent prévisibles (cancer ORL,
hémoptysies récurrentes, …) ;
- Dernier point à mentionner : aux doses renseignées
ci-dessous, le malade, s’il décède, aura succombé
à une complication et non suite à ce que nous lui avons
injecté. Au vu de la demi-vie des médicaments requis,
le protocole peut être réinitialisé au bout de 4 heures
si la complication est toujours présente.
COMMENT ?
• L’hémorragie cataclysmique
• La dyspnée paroxystique survenant sur une
compression trachéale ou une inondation alvéolaire,
voire une crise de panique respiratoire
« Docteur, je ne peux plus respirer ».
• La douleur incontrôlable c’est-à-dire non calmée
par les doses habituelles d’antalgiques supplémentaires
(les entre-doses).
Ces trois types de complications nécessitent la prescription
d’un protocole de détresse suivant un dosage bien codifié
des médicaments.
On prépare deux seringues :
SERINGUE 1 : mélange Morphine + Scopolamine
- Dose de Morphine en fonction de la dose aux 4h
• Si la dose est comprise entre
0 -10 mg ➞ 10 mg
Avant de le décrire, quelques points sont à mentionner :
• Si la dose est comprise entre
15 - 30 mg ➞ 15 mg
- Ce traitement a pour but de faire passer au malade et même
à ses proches un cap insupportable ;
• Si la dose est > à 30 mg ➞ 50% de la dose
aux 4 h, sans dépasser 50 mg.
- Il doit si possible être prescrit anticipativement et être
notifié dans un carnet de communication de sorte qu’en
cas d’indisponibilité momentanée du médecin de famille
ou hospitalier, le protocole puisse éventuellement être
initialisé par une infirmière de l’équipe soignante (sur ordre
téléphonique bien entendu) ;
30 |
N°11 - MAI 2008
- 1 à 2 ampoules de Scopolamine 0,25 pour son rôle
asséchant, amnésiant (10’) et sédatif (30’).
de vie
gestion des complications
SERINGUE 2 : 10 - 15 mg de Dormicum en fonction
de la tolérance aux benzodiazépines
En principe les deux seringues s’administrent par voie
sous-cutanée.
Exception :
- Si le patient est choqué et en présence du médecin,
on peut administrer le Dormicum par voie IV lente
sans dépasser 5 mg/min.
- Si le malade survit à la complication
et que la situation ne s’est guère modifiée,
on peut réinitialiser le protocole au bout de 4h.
UN EXEMPLE CONCRET
- Quotidiennement, il prend 240 mg de MS Contin
• Dose aux 4h : 240/6 soit 40 mg
• On se trouve dans le cas de figure
où la dose aux 4h est > à 30 mg ;
on administrera donc 50% de cette dose
soit 20 mg
• Dans la même seringue on ajoute 2 ampoules
de Scopolamine 0,25 mg
• Dans la seringue 2 : 10 mg de Dormicum.
Hormis ces trois situations, il en est à mon sens trois autres qui
exigent un traitement plus spécifique : l’état de mal épileptique,
l’hypercalcémie aiguë et la compression médullaire.
Elles seront développées dans un prochain article.
- Notre patient prend 120 mg de MS Contin 2x/jour.
- Son traitement inclut la prise de 3 x 10 gouttes
de Lysanxia.
- Il présente une hémoptysie cataclysmique.
QUE PRESCRIVEZ-VOUS ?
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 31
JE T’AI
DANS LA PEAU
Peau et Thyroïde
Dr Sophie Balass
Dermatologie
Sites 2 Alice – St-Michel
Introduction
Les manifestations cutanées de
maladies internes sont nombreuses. Parmi elles, nous retrouvons les signes cutanés
des atteintes thyroïdiennes. Que ce soit dans l’hypoou l’hyperthyroïdie, il existe de multiples signes
cutanéo-muqueux qui peuvent amener le patient à
consulter un dermatologue. Il est donc fréquent qu’un
dermatologue diagnostique une atteinte de la glande
thyroïde et oriente le patient en endocrinologie pour
bénéficier d’une prise en charge optimale.
Cet exposé a pour but de décrire les signes cutanés
suggérant une hypo- ou une hyperthyroïdie.
Nous présenterons également la problématique des
associations de maladies auto-immunes.
Les ongles sont cassants et striés. Une fragilité cutanée
est caractérisée par des hématomes faciles et un retard de
cicatrisation.
Le système pileux est raréfié, avec des sourcils clairsemés à leur
partie externe (signe de la « queue des sourcils »), des cheveux
secs et cassants, et une diminution de la pilosité axillaire et
pubienne.
Hyperthyroïdie
Quelle qu’en soit sa cause (adénome toxique, goitre multinodulaire, maladie de Basedow, intoxication iodée, …), l’hyperthyroïdie donne sur le plan cutané un aspect doux, velouté
et chaud à la peau.
Il existe un érythème généralisé, une hypersudation à prédominance palmo-plantaire et des épisodes d’érythrose du visage.
Un prurit peut être ressenti.
Les ongles sont brillants à pousse rapide, parfois bombés avec
une onycholyse distale et éventuellement une pigmentation
diffuse.
Hypothyroïdie
Dans les formes primitives d’hypothyroïdie, les signes cutanés
sont particulièrement nets. Le patient présente fréquemment
une infiltration diffuse cutanéo-muqueuse, ferme et capitonnée, ne prenant pas le godet, appelée myxoedème (Fig. 1).
Le visage est caractéristique : pâle et jaunâtre, inexpressif, avec
des lèvres et des pommettes cyanosées, un front infiltré et ridé,
des paupières oedématiées.
Les creux sus-claviculaires peuvent être comblés.
Les pieds et les mains sont épaissis, avec des doigts boudinés
et des extrémités froides et parfois cyanotiques. Une coloration
orange des paumes et des plantes doit être mise en rapport
avec une caroténodermie suite au ralentissement de la conversion des caroténoïdes en rétinol.
Atteignant également les muqueuses, le myxoedème est à
l’origine d’acouphènes, d’une voix rauque, de ronflements ainsi
que d’une macroglossie.
Le myxoedème est dû à l’accumulation, dans le derme et
le chorion, d’acide hyaluronique (molécule très hydrophile)
dont la dégradation est diminuée, à l’extravasation protéique et à la lenteur du drainage lymphatique. Outre le myxoedème, la peau est froide, sèche voire ichtyosique suite à
l’hyperkératose de l’épiderme et à la baisse de la sécrétion
sudorale et sébacée.
32 |
N°11 - MAI 2008
1
L’association d’un goitre et d’anomalies oculaires (Fig. 4), qui
peuvent être limitées à un simple oedème palpébral supérieur
et/ou inférieur, doit immédiatement orienter le médecin vers
une maladie de Basedow. Le myxoedème est plus rare (1%
des maladies de Basedow). Les doigts et les orteils peuvent être
épaissis ou présenter un hippocratisme digital (Fig. 2). Chez
l’homme, une gynécomastie peut exister. Maladie auto-immune,
la maladie de Basedow peut être associée au vitiligo (voir plus
loin).
Sa pathogénie n’est pas encore élucidée et le rôle des phénomènes
auto-immunitaires est encore discuté.
Toutefois, selon le Professeur Ortonne (service de Dermatologie
- Université de Nice, France), il serait peut-être judicieux de
rechercher des signes biologiques d’une dysthyroïdie autoimmune tous les 5 ans.
Thyroïdite auto-immune
CONCLUSION
Certaines maladies auto-immunes peuvent coexister chez
un même patient et il n’est dès lors pas inutile de réaliser un
bilan sanguin associant un dosage de la TSH et une recherche
des anticorps antithyroïdiens lorsque le patient présente une
urticaire chronique « idiopathique » et/ou un vitiligo.
En effet, 5 à 10% des urticaires chroniques semblent associées
soit à une thyroïdite d’Hashimoto soit plus exceptionnellement
à une maladie de Basedow. Néanmoins, même si la correction de
la fonction endocrine est primordiale, elle ne suffit pas toujours à
faire disparaître l’urticaire.
Le vitiligo, quant à lui, est la plus fréquente des hypomélanoses, se
caractérisant par une disparition progressive des mélanocytes de
l’épiderme, des follicules pileux et des muqueuses. Cliniquement,
il se présente le plus souvent comme des macules blanches
localisées (Fig. 3).
Les manifestations cutanées d’une endocrinopathie
thyroïdienne étant nombreuses, le dermatologue peut
être amené à les dépister.
De ce fait, il ne faut pas banaliser une perte de cheveux,
des ongles cassants, des jambes gonflées ou une
hyperhidrose, plaintes fréquentes en consultation
de dermatologie. Toutefois, à l’heure des économies
de soins de santé, les dosages hormonaux ne sont
pas à réaliser si un faisceau de critères ne permet pas
d’envisager une endocrinopathie.
4 a. Exophtalmie avant décompression orbitaire.
4 b. À la sortie de l’hôpital.
4 c. Trois mois plus tard, sans les hématomes.
4a
2
4b
3
4c
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 33
ÉVÉNEMENTS
Séminaires de Pneumologie
à St-Michel
Dr Thierry Van Vyve.
Dr Dana Korn.
Dr Philippe Gris.
Trois cents millions de patients atteints de par le monde,
trois cents décès par an et un coût annuel de douze
milliards d’euros, en Belgique…
Plus que jamais, la prise en charge de l’asthme était d’actualité lors de ces ateliers de médecine interne brillamment animés par l’équipe de pneumologie de St-Michel.
Le premier atelier nous a offert l’occasion de rencontrer une
nouvelle collaboratrice, le Dr Dana Korn. Celle-ci a longuement
insisté sur la lutte à mener contre la phase chronique irréversible
de cette maladie.
Elle nous a fait part des recommandations de GINA (Global
Initiative for Asthma) et des changements majeurs de cette
classification, devenue plus clinique et plus dynamique. GINA
répartit actuellement les patients en trois groupes, les patients
« contrôlés, partiellement contrôlés ou non contrôlés ».
Pour rappel, un patient contrôlé ne souffre pas de réveil nocturne
lié à sa maladie asthmatique et présente des symptômes diurnes
au maximum deux fois par semaine.
Il est capital de réévaluer les traitements régulièrement, via
des tests de qualité de vie, pour obtenir un contrôle optimal de
l’affection avec des doses minimales de corticoïdes inhalés.
En effet, ceux-ci sont responsables non seulement de raucité de
voix, de candidose buccale et d’ecchymoses, mais aussi d’effets
systémiques lorsqu’ils sont administrés à de hautes doses
pendant un temps prolongé.
Songer à prescrire une ostéodensitométrie pour évaluer le
développement d’une ostéoporose n’est pas un luxe…
Le Dr Philippe Gris a animé le second atelier au cours duquel il
a mis en exergue la nécessité du diagnostic différentiel entre
asthme et BPCO, capital pour la philosophie du traitement à
administrer.
Il nous a rappelé que la dyspnée est un très mauvais outil de
diagnostic. En effet, le patient est bien souvent habitué à la
diminution de sa capacité respiratoire…
Une anamnèse détaillée permet de bien orienter le diagnostic,
lequel sera ensuite confirmé par la spirométrie.
DANS LE PROCHAIN
NUMÉRO
34 |
N°11 - MAI 2008
Algorithme d’interprétation de la spirométrie
1. Vérifier les courbes pour déterminer l’acceptabilité (reproductibilité)
2. Valeur du VEMS (FEV1) ?
> 80% DE LA VALEUR PRÉDITE
= NORMAL
< 80% DE LA VALEUR PRÉDITE
= ANORMAL
3. Valeur du VEMS/CVF
< 70%
= OBSTRUCTION
> 70%
= RESTRICTION POSSIBLE
4. Test de réversibilité
Déterminer
Réversibilité
ASTHME
Pas de réversibilité
BPCO
Au cours du troisième atelier, le Dr Thierry Van Vyve nous a
informé d’une nouvelle possibilité d’optimaliser le suivi de la
pathologie asthmatique. Il nous propose en effet de coupler
la spirométrie à un dosage du NO, synthétisé au niveau de
l’épithélium bronchique, dans l’air expiré.
Cette technique est rapide, non-invasive, fiable et reproductible.
Le suivi des valeurs du NO permet donc d’une part, de monitorer
l’inflammation bronchique et par ailleurs, d’évaluer l’efficacité
des traitements. Ainsi, lors d’une exacerbation de la pathologie,
les valeurs de NO augmentent. La majoration du traitement fait
diminuer ces valeurs.
Restent quelques pièges à éviter… Le tabagisme fait artificiellement chuter le NO. Par contre, les bronchectasies, la sarcoïdose,
certaines infections respiratoires et la rhinite allergique sont
responsables d’une majoration des taux du NO.
Une prise en charge impeccable lors du parcours guidé dans
la clinique et un délicieux buffet ont encore agrémenté le
déroulement de cette soirée.
Merci aux collaborateurs et confrères venus nombreux !
Dr Roxane Audistère
LA CHIRURGIE
CARDIAQUE
LE MAGAZINE DES CLINIQUES DE L’EUROPE
| 35
Will I be an artist?
Will I be a doctor?
Will I live to be 100?
Siemens innovative molecular medicine enables early diagnosis
and treatment. Adding years to life, and life to years.
Answers for life.
Téléchargement