Cet auteur a insisté sur l’intérêt en période aiguë de faire une
mesure de la verticale subjective. Faut-il effectuer la mesure de
la verticale subjective avec une vision binoculaire ou à œil
séparé ? Une corrélation a été recherchée, en vision binoculaire
et en vision monoculaire, entre la rotation du fond de l’œil (mesu-
rée par photographies du fond d’œil) et la déviation enregistrée
de la verticale subjective, chez vingt patients souffrant de défi-
cits vestibulaires unilatéraux. La meilleure corrélation était obte-
nue en vision monoculaire, entre la déviation de la verticale sub-
jective mesurée avec l’œil du côté de la lésion et la rotation de
l’œil au fond d’œil. Cependant, l’intérêt de ces résultats est limité
par l’absence de précision de l’importance des atteintes vestibu-
laires unilatérales étudiées ainsi que par celle de la date des
mesures par rapport à l’installation du déficit, ce qui ne tient pas
compte des phénomènes de compensation centrale habituelle-
ment rapides (en deux à trois mois) qui font disparaître ces dévia-
tions. La mesure avec les deux yeux, comme en monoculaire,
n’est jamais normale lorsqu’elle est faite en période aiguë, juste
après l’installation du déficit otolithique.
Les potentiels évoqués myogéniques otolithiques sont un bon test
pour préciser le côté de l’atteinte sacculaire otolithique, à condi-
tion qu’il n’y ait pas de surdité de transmission. L’absence de
réponses d’un côté signe l’atteinte de la voie sacculo-spinale.
Vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB) : quoi de neuf ?
•Un chercheur japonais (Suzuki M.) a présenté un enregistre-
ment vidéo du déplacement d’otoconies libres dans la lumière
d’un labyrinthe membraneux isolé de grenouille. Lors des mou-
vements de ce labyrinthe membraneux, les otoconies libres se
déplacent lentement le long de la paroi des canaux (grâce aux
capacités d’adhésion dues à leur masse) vers l’utricule. Ces oto-
conies tendent à se déplacer au-dessus de la macule utriculaire
pour s’y agglutiner au bout de quelques minutes. Cela pourrait
rendre compte des sensations vertigineuses qui persistent sou-
vent après la “manœuvre libératoire” dans les VPPB et met en
doute les interprétations de déplacements rapides des otoconies
“flottantes” lors de ces manœuvres. Cette observation redonne
une certaine valeur aux manœuvres plus douces et aux
manœuvres d’autotraitement.
•C. Desloovere (Louvain, Belgique) a comparé, sur une série de
100 patients, les techniques d’habituation (type Norré) et de
repositionnement (type Semont) proposées aux patients por-
teurs de VPPB. Les résultats n’ont pas montré de franche supé-
riorité entre ces deux méthodes. La fréquence des récurrences
de vertiges était la même dans les deux cas. Les manœuvres de
repositionnement sont plus rapidement efficaces lorsqu’elles mar-
chent et moins astreignantes pour le patient. Elles demandent
l’intervention d’un spécialiste. Les manœuvres d’habituation
demandent plus de temps. Pour être efficaces, elles doivent être
l’objet d’un bon enseignement de la méthode au patient.
Les patients présentant des VPPB récidivants demandent sou-
vent ce qu’ils doivent faire en cas de nouvelles crises, dans le cas
où ils n’auraient pas la possibilité de consulter rapidement un
spécialiste. Il est possible de proposer à ces patients des
manœuvres positionnelles à faire eux-mêmes.
Maladie de Ménière
Grâce à un système de laser couplé à un microscope confocal,
A. Flock (Suède) a fait des enregistrements en trois dimensions
de la membrane de Reissner et de la membrane basilaire d’une
cochlée de cobaye isolées sur quelques millimètres pendant l’appli-
cation de stimulations statiques et acoustiques. Cette méthode a
permis de montrer que l’application d’une pression statique dans
le tour basal de la cochlée induit une distension de la membrane
de Reissner dans la scala vestibuli et que l’organe de Corti avait
alors une sensibilité aux sons réduite. En cas de stimulation pro-
longée, la membrane de Reissner se distend encore plus et ne
reprend sa position initiale que lentement après l’arrêt de la sti-
mulation. Le comportement de la membrane de Reissner est le
même pour une stimulation acoustique prolongée (pulses tonaux
de 140 Hz pendant cinq minutes), avec une réduction de la sensi-
bilité aux sons de l’organe de Corti. La récupération est dans ce
cas, également progressive. Il est ainsi démontré qu’un effet du
type hydrops peut être induit par une augmentation de la pression
hydrostatique des liquides endolymphatiques endocochléaires aussi
bien que par des stimulations acoustiques prolongées. L’hydrops
endocochléaire peut donc rendre compte de la chute d’audition
pour les fréquences graves ainsi que des distorsions acoustiques
du type hyperacousie observées dans les crises de Ménière.
•Une origine génétique de la maladie de Ménière a été suggérée
depuis longtemps (1941) et recherchée sans qu’un gène ou un groupe
de gènes spécifiques n’aient été encore identifiés. Les hypothèses
d’une transmission autosomique dominante avec pénétrance variable
et d’étiologies multifactorielles sont le plus souvent retenues dans la
littérature.D. Arweiler-Harbeck (Essen, Allemagne) a repéré, parmi
200 patients atteints de la maladie de Ménière, 16 patients qui avaient
de tels antécédents familiaux, soit une incidence de 8 %. Ces patients
avaient une anomalie sur les chromosomes 19q13 ou 14q12-13. Les
moyens d’affirmer le diagnostic de maladie de Ménière ne sont pas
nouveaux et ont été discutés par de nombreux auteurs. Ces moyens
cherchent à mettre en évidence des signes d’hydrops directs ou indi-
rects (test au glycérol, électrocochléographie, test au furosémide
pour les Japonais). Plusieurs groupes ont présenté des augmenta-
tions d’amplitude des potentiels évoqués myogéniques sacculo-
colliques (utilisant des clicks) après administration de glycérol
(1,3 g/kg) ou de furosémide chez des patients suspects de maladie
de Ménière. La limite de ce test tient au fait que l’amplitude de la
réponse obtenue dépend directement de l’intensité de la contraction
musculaire produite et que cette mesure est difficilement compa-
rable d’un côté à l’autre en valeur absolue.
•La décompression du sac endolymphatique (M. Portmann,
Bordeaux), la section de nerf vestibulaire (J. Magnan, Marseille)
et la labyrinthectomie chimique par instillation de gentamicine
dans l’oreille moyenne, réservées aux maladies de Ménière inva-
lidantes, donnent des résultats satisfaisants sur la qualité de vie
après traitement. Pour éviter l’atteinte de l’audition lors d’une
labyrinthectomie avec les aminosides (en cas de Ménière avec
seuils auditifs utilisables), K. Jahnke (Essen, Allemagne) a pro-
posé d’effectuer par voie endaurale un colmatage de la fenêtre
ronde avec du tissu conjonctif, puis un démucopériostage de la
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no257 - novembre 2000