L
a patiente se plaint de brûlures à la miction,
qui ne cessent pas avec elle et qui sont loca-
lisées au niveau de la vulve. Cette sensation de
gêne empêche même la marche régulière. A
l’examen, la zone vulvaire douloureuse est in-
flammatoire au niveau d’une petite lèvre, pré-
sentant un petit bouquet de vésicules sur deux à
trois centimètres. Certaines sont en voie de ré-
sorption, d’autres sont ulcérées. Un ganglion
homolatéral satellite est présent au niveau in-
guinal. La patiente présente un herpès génital.
Contamination
Lorsque les lésions ne sont pas aussi significa-
tives, il est possible d’effectuer un prélèvement
local qui retrouve alors le virus. Il convient
d’abandonner le dogme encore trop répandu se-
lon lequel le HSV1 est responsable de l’herpès la-
bial uniquement (classique bouton de fièvre), le
HSV2, lui, étant seul responsable de l’herpès gé-
nital. Or 30 % des herpès génitaux actuels se-
raient en effet dus à un HSV1.
Quoi qu’il en soit, si le mode de contamination
du virus est essentiellement sexuel, ce n’est pas
le seul. Il peut y avoir aussi infestation par
contact manu- ou buccogénital. Dans tous les
cas, il peut se passer un temps assez long entre
la contamination et l’apparition des premiers
signes de primo-infection de la maladie.
La contamination est maximale au moment des
poussées et nécessite la prise de mesures prophy-
lactiques, comme le port du préservatif lors de
tout rapport. D’après l’association Herpès, 69 %
des personnes qui souffrent d’herpès génital dé-
clarent ne jamais utiliser de préservatifs ou n’en
utiliser que parfois. Cette protection est égale-
ment efficace contre les autres MST, sachant que
l’herpès génital augmente le risque d’infection par
le VIH lors de rapports sexuels. Si le partenaire est
habituel, l’abstinence est de règle pendant
quelques jours, tout en sachant que l’infection
contaminante est également possible en dehors
des poussées. Une sécrétion virale asymptoma-
tique peut en effet être directement contaminante.
Quant au problème de la grossesse, toute patiente
enceinte doit signaler à son gynécologue ses anté-
cédents éventuels d’herpès afin de guider une sur-
veillance perprandiale plus attentive. L’indication
d’une césarienne doit être posée en cas de proxi-
mité immédiate du terme d’une poussée d’herpès.
Un herpès néonatal est en effet rare, mais gravis-
sime pour le bébé. Sur le plan préventif égale-
ment, pendant les poussées, la personne atteinte
devra se laver soigneusement les mains, ne pas
mélanger ses sous-vêtements ni son linge de
toilette avec ceux du reste de la famille.
En France, 10 millions de personnes seraient
porteuses du virus de l’herpès à des degrés di-
vers et dans des localisations variées. En effet,
l’affection herpétique est en constante progres-
sion : 350 000 personnes sont diagnostiquées
contre 235 000 en 1987 (enquête Sofres, 1998).
Traitement
Les différents traitements antiviraux existants ne
permettent pas de guérir la maladie. Ils soignent
seulement, en les écourtant, les poussées infec-
tieuses. Il s’agit essentiellement de l’aciclovir ou
du valaciclovir 500 mg utilisé à raison de 2 com-
primés par jour en une seule prise pendant cinq
jours. La cure est d’autant plus efficace qu’elle est
commencée tôt, dès les premières manifestations
douloureuses. D’où l’intérêt de prescrire un trai-
tement permettant à la patiente de se traiter au
premier signe d’appel. Un traitement local n’est
pas efficace et ne doit en aucune façon remplacer
celui par voie générale. Si l’on ne guérit pas de
l’herpès génital, avec le temps, les crises récur-
rentes traitées deviennent moins fréquentes à
mesure que l’on s’éloigne de la primo-infection.
Un traitement au long cours est discuté lorsque
les récurrences dépassent 6 par an.
Il n’existe pas d’immunisation croisée entre
HSV1 et HSV2, et être immunisé contre l’herpès
labial ne prévient pas l’herpès génital.
J.B.
Pour en parler gratuitement tous les jours, de 8 h à minuit :
Association Herpès (0 800 235 236).
Deux millions de Français seraient porteurs du virus herpétique
alors que seuls 350 000 d’entre eux sont diagnostiqués. Maladie
sexuellement transmissible, l’herpès est une affection haute-
ment contagieuse, douloureuse et invalidante. Il est important
d’informer sur les risques.
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Herpès génital
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Libérale
Professions Santé Infirmier Infirmière - No51 - décembre 2003