A V A N T - P R O P O S Actualités de l’herpès " E. Caumes* N ous publions dans ce numéro les attendus de la Conférence de Consensus sur l’herpès, qui s’est tenue à Boulogne le 7 novembre 2001. Cette conférence était consacrée à la prise en charge de l’herpès cutanéomuqueux survenant chez les patients immunocompétents, sans toutefois inclure les manifestations oculaires. Elle était donc centrée sur deux aspects : l’herpès oro-labial et l’herpès génital avec, dans ce dernier cas, sa conséquence potentielle chez la femme enceinte, à savoir l’herpès néonatal. Différents points peuvent en être retenus. Définitions Avant tout, les termes de primo-infection, d’infection initiale, de récurrence et d’excrétion virale ont été clairement définis. Épidémiologie Sur le plan épidémiologique, ont été rapportées une diminution de la prévalence globale de l’herpès de type 1 (HSV 1) et l’existence d’un nombre croissant de personnes arrivant à l’âge adulte sans être immunisées. Cela rend compte de la survenue de primo-infections herpétiques orales par HSV 1 à l’âge adulte, et du fait qu’un nombre croissant de primo-infections génitales sont maintenant dues à HSV 1. La primo-infection herpétique peut être particulièrement grave quand elle survient au cours du troisième trimestre de la grossesse (hépatite fulminante herpétique chez la mère avec une mortalité de plus de 50 %, contamination du nouveau-né par voie hématogène). L’herpès génital est en augmentation. L’accent a été mis sur l’importance de l’excrétion génitale asymptomatique de HSV 2 en matière de contamination sexuelle et materno-infantile. Cette excrétion est majeure dans l’année qui suit la primo-infection, dans la période de sept jours qui encadre les récurrences et chez les personnes ayant des récurrences fréquentes. Toutefois, 60 % des récurrences dites asymptomatiques sont en fait méconnues, mais néanmoins identifiables par un interrogatoire. L’excrétion virale asymptomatique rend compte de la plupart des contaminations. Diagnostic Sur le plan diagnostique, les indications des diagnostics virologique et sérologique, même avec l’avènement des sérologies spécifiques, restent limitées à quelques cas particuliers. Une exception est l’herpès génital, dont on estime qu’il doit avoir été confirmé au moins une fois virologiquement, et systématiquement en cas de grossesse. Thérapeutique Sur le plan thérapeutique, les indications de l’aciclovir et de ses dérivés ont été précisées. Si elles sont larges dans les primoinfections oro-labiales et génitales, elles sont plus discutées dans les récurrences (intérêt prouvé dans les récurrences génitales, mais pas oro-labiales), et les formes locales (crèmes, pommades) d’aciclovir ont été considérées comme inutiles. Au cours de la grossesse, les indications de l’aciclovir ont été élargies et celles de la césarienne restreintes. Enfin, certaines formes d’herpès cutané potentiellement graves (surinfection herpétique de différentes dermatoses, Herpes gladiatorium) ont été reconnues comme de nouvelles indications d’un traitement antiherpétique. Prévention Le dernier volet a concerné la prévention, mais en dehors du cas de l’herpès néonatal, dont la situation a été clarifiée par la conférence, les autres formes cliniques d’herpès sont plus difficilement accessibles à une prévention. * Service des maladies tropicales et infectieuses, hôpital Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris. Toutefois, de nouvelles données, notamment une étude postérieure à la Conférence de Consensus puisque présentée cette année à l’ICAAC (Corey et al. ICAAC 2002), sont à prendre en compte. Cette étude randomisée, en double aveugle, versus placebo, et menée sur plusieurs centaines de couples sérodiscordants, a évalué l’intérêt d’un traitement au long cours par valaciclovir chez le patient index dans la prévention de la transmission de l’herpès génital à son conjoint séronégatif. Les résultats sont très encourageants. Ils montrent qu’un tel traitement diminue de moitié la transmission virale et de plus de 70 % la survenue d’une infection herpétique génitale symptomatique chez le partenaire séronégatif. ! La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - no 8 - novembre-décembre 2002 289