La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVII - n
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8 - novembre-décembre 2002
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AVANT-PROPOS
ous publions dans ce numéro les attendus de la
Conférence de Consensus sur l’herpès, qui s’est
tenue à Boulogne le 7 novembre 2001. Cette confé-
rence était consacrée à la prise en charge de l’herpès cutanéo-
muqueux survenant chez les patients immunocompétents, sans
toutefois inclure les manifestations oculaires. Elle était donc
centrée sur deux aspects : l’herpès oro-labial et l’herpès géni-
tal avec, dans ce dernier cas, sa conséquence potentielle chez
la femme enceinte, à savoir l’herpès néonatal.
Différents points peuvent en être retenus.
Définitions
Avant tout, les termes de primo-infection, d’infection initiale,
de récurrence et d’excrétion virale ont été clairement définis.
Épidémiologie
Sur le plan épidémiologique, ont été rapportées une diminution
de la prévalence globale de l’herpès de type 1 (HSV 1) et l’exis-
tence d’un nombre croissant de personnes arrivant à l’âge adulte
sans être immunisées. Cela rend compte de la survenue de
primo-infections herpétiques orales par HSV 1 à l’âge adulte,
et du fait qu’un nombre croissant de primo-infections génitales
sont maintenant dues à HSV 1. La primo-infection herpétique
peut être particulièrement grave quand elle survient au cours
du troisième trimestre de la grossesse (hépatite fulminante
herpétique chez la mère avec une mortalité de plus de 50 %,
contamination du nouveau-né par voie hématogène).
L’herpès génital est en augmentation. L’accent a été mis sur
l’importance de l’excrétion génitale asymptomatique de HSV 2
en matière de contamination sexuelle et materno-infantile. Cette
excrétion est majeure dans l’année qui suit la primo-infection,
dans la période de sept jours qui encadre les récurrences et chez
les personnes ayant des récurrences fréquentes. Toutefois, 60 %
des récurrences dites asymptomatiques sont en fait méconnues,
mais néanmoins identifiables par un interrogatoire. L’excrétion
virale asymptomatique rend compte de la plupart des contami-
nations.
Diagnostic
Sur le plan diagnostique, les indications des diagnostics viro-
logique et sérologique, même avec l’avènement des sérologies
spécifiques, restent limitées à quelques cas particuliers. Une
exception est l’herpès génital, dont on estime qu’il doit avoir
été confirmé au moins une fois virologiquement, et systémati-
quement en cas de grossesse.
Thérapeutique
Sur le plan thérapeutique, les indications de l’aciclovir et de ses
dérivés ont été précisées. Si elles sont larges dans les primo-
infections oro-labiales et génitales, elles sont plus discutées dans
les récurrences (intérêt prouvé dans les récurrences génitales,
mais pas oro-labiales), et les formes locales (crèmes, pommades)
d’aciclovir ont été considérées comme inutiles. Au cours de la
grossesse, les indications de l’aciclovir ont été élargies et celles
de la césarienne restreintes. Enfin, certaines formes d’herpès
cutané potentiellement graves (surinfection herpétique de dif-
férentes dermatoses, Herpes gladiatorium) ont été reconnues
comme de nouvelles indications d’un traitement antiherpétique.
Prévention
Le dernier volet a concerné la prévention, mais en dehors du
cas de l’herpès néonatal, dont la situation a été clarifiée par la
conférence, les autres formes cliniques d’herpès sont plus dif-
ficilement accessibles à une prévention.
Toutefois, de nouvelles données, notamment une étude postérieure
à la Conférence de Consensus puisque présentée cette année à
l’ICAAC (Corey et al. ICAAC 2002), sont à prendre en compte.
Cette étude randomisée, en double aveugle, versus placebo, et
menée sur plusieurs centaines de couples sérodiscordants, a éva-
lué l’intérêt d’un traitement au long cours par valaciclovir chez le
patient index dans la prévention de la transmission de l’herpès
génital à son conjoint séronégatif. Les résultats sont très encoura-
geants. Ils montrent qu’un tel traitement diminue de moitié la trans-
mission virale et de plus de 70 % la survenue d’une infection her-
pétique génitale symptomatique chez le partenaire séronégatif. !
Actualités de l’herpès
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E. Caumes*
* Service des maladies tropicales et infectieuses, hôpital Pitié-Salpêtrière,
75013 Paris.
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