ACTUALITÉ
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La Lettre d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 234 - juin 1998
logie de l’oreille moyenne et du rocher. L’IRM est indiquée en
complément du scanner pour rechercher une brèche méningo-
encéphalique en cas de brèche du tegmen, pour rechercher une
extension labyrinthique en cas de cholestéatome, pour faire la
différence entre une muqueuse inflammatoire ou de la glu et
une récidive de cholestéatome devant des opacités mastoï-
diennes.
PRISE EN CHARGE DIAGNOSTIQUE ACTUELLE DU NODULE
THYROIDIEN
(M. Zanaret et coll., Marseille)
La question est de savoir comment diminuer le nombre de thy-
roïdectomies à titre diagnostique en laissant passer le moins
possible de cancers, en sachant que 90 % des nodules thyroï-
diens isolés sont bénins, et que le pronostic d’un cancer de la
thyroïde est meilleur s’il fait moins d’un centimètre de dia-
mètre lors de l’exérèse chirurgicale. Le premier examen com-
plémentaire à demander devant un nodule thyroïdien palpable
est l’échographie thyroïdienne, pour vérifier si le nodule est
unique et préciser sa nature. Les nodules à contenu liquidien
sont bénins dans 98 % des cas, les nodules solides hypoécho-
gènes sont malins dans la moitié des cas, les nodules mixtes
sont malins dans 14 à 25 % des cas. Certains dosages hormo-
naux doivent être demandés systématiquement : TSH, T4 et
T3. Ils sont complétés par un dosage des anticorps antithyroï-
diens en cas d’hypothyroïdie avec augmentation de la TSH. Le
dosage de la thyrocalcitonine est demandé en cas de sympto-
matologie clinique évocatrice de cancer médullaire de la
thyroïde, en cas de chirurgie différée ou si le patient refuse
l’intervention chirurgicale. La scintigraphie thyroïdienne n’est
pas indispensable en cas d’euthyroïdie, même en préopératoire.
Elle est indiquée en cas d’hyperthyroïdie clinique et d’éléva-
tion de la TSH. Elle ne permet pas le diagnostic de malignité.
La cytoponction à l’aiguille fine, guidée par l’échographie,
avec deux à trois ponctions par nodule, permet de faire un dia-
gnostic cytologique et de rechercher des marqueurs tumoraux.
Elle diminue de 40 à 90 % le nombre des interventions explo-
ratrices. En pratique, une intervention chirurgicale est proposée
d’emblée devant un nodule cliniquement suspect (dur, fixé, ou
avec une paralysie laryngée, ou accompagné d’adénopathies
cervicales), une cytologie maligne ou une suspicion de cancer
médullaire de la thyroïde.
LA CHIRURGIE ASSISTÉE PAR ORDINATEUR :
APPLICATIONS EN ORL
(B. Fraysse et coll., Toulouse)
La chirurgie assistée par ordinateur a de multiples applications
possibles en ORL. Elle permet d’aider le chirurgien à élaborer
une stratégie optimale dans la voie d’abord, le repérage anato-
mique des structures saines, la résection des lésions, et la sur-
veillance par la fusion d’images pré- et postopératoires. La
chirurgie ORL se prête assez bien à la chirurgie assistée par
ordinateur car nous disposons de repères anatomiques osseux
fixes les uns par rapport aux autres, ce qui facilite le repérage.
Des indications sont en train de se développer en pathologie
traumatique et malformative cranio-faciale, pour optimiser la
(re)construction, dans la chirurgie des sinus et de l’orbite, dans
la pathologie tumorale de la base du crâne, pour la chirurgie
fonctionnelle du paquet acoustico-facial, dans la chirurgie des
aplasies majeures de l’oreille, et pour les implants du tronc
cérébral. Mais attention, elle ne se substitue pas à l’apprentis-
sage irremplaçable de l’anatomie et des techniques opératoires.
DURÉE OPTIMALE DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE DES OTITES ET
DES SINUSITES AIGUES : QUID DES TRAITEMENTS
COURTS ?
(H. Portier, Dijon)
Il n’y a pas de consensus récent sur la durée optimale du traite-
ment des sinusites aiguës. Le risque d’un traitement insuffisant
ou inadapté est moindre que celui d’une otite moyenne aiguë
chez l’enfant de moins de deux ans. Une publication récente de
Van Buchem (Pays-Bas) montre même que, dans le cadre des
sinusites maxillaires aiguës non compliquées, le gain d’un trai-
tement antibiotique par rapport à un placebo est très faible
dans l’immédiat et négatif à distance !
En ce qui concerne les otites moyennes aiguës, une trentaine
d’études cliniques sur les traitements courts (5 jours ou moins)
ont été publiées. En France, la dernière conférence de consen-
sus en pathologie infectieuse, qui s’est tenue en 1996, préconi-
sait 8 à 10 jours de traitement avec des molécules variables
selon que le patient était ou non à risque d’avoir une otite à
pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline. Mais il
faut savoir que la durée du traitement varie d’un pays à l’autre
en fonction de l’épidémiologie bactérienne ou de stratégies
thérapeutiques. Aux États-Unis et aux Pays-Bas, par exemple,
les médecins ne prescrivent que de l’amoxicilline pendant
deux semaines pour les premiers et huit jours pour les autres.
En France, les deux germes prédominants dans les otites
moyennes aiguës sont Haemophilus influenzae et Streptococcus
pneumoniae. Compte tenu de leur sensibilité aux différentes
classes d’antibiotiques, trois bêtalactamines peuvent être pres-
crites de première intention, que l’on ait ou non des raisons de
craindre un pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicil-
line : l’association amoxicilline-acide clavilanique, le céfiroxine
axétil et le cefpodoxime proxétil. Il faut tenir compte des cri-
tères pharmacodynamiques pour calculer la posologie et le
rythme d’administration optimaux. Les bêtalactamines sont
temps-dépendantes. L’éradication bactérienne ne peut être
complète que si la concentration de l’antibiotique actif reste
supérieure à la CMI pendant 60 à 70 % du temps entre deux
doses de traitement. En dehors de quelques publications sur la
ceftriaxone unidose (solution de réserve en général), les résul-
tats des essais cliniques de traitements courts des otites
moyennes aiguës sont discordants et devraient être complétés
par d’autres essais, en particulier dans les populations à risque.
OTORRHÉE À
PSEUDOMONAS AERUGINOSA
(C. Dubreuil, Lyon)
Pseudomonas aeruginosa est un bacille à Gram négatif, aérobie
strict, qui a des exigences nutritives modestes, ce qui explique
qu’on puisse le rencontrer dans l’eau. Il est volontiers résistant
aux antibiotiques usuels. Il colonise la peau (en particulier le
conduit auditif externe) et les muqueuses. Il devient pathogène