Éditorial
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alcool, poids, exercice physique) dans la population générale apparaissent maintenant
au sein des recommandations (elles n’étaient qu’en annexe en 1997). Leur diffusion
large est en effet fondamentale puisque seule permettant d’espérer la prévention de
l’HTA. En outre, elle facilite l’adoption durable des mêmes mesures par les sujets
atteints hypertension.
Les recommandations quant aux médicaments sont légitimement très attendues. Pour le
traitement initial, le cru 2000 des recommandations de l’ANAES paraîtra un peu plus
conservateur que le précédent. Ainsi les médicaments préconisés sont ceux ayant fait la
preuve d’un effet préventif clinique (avec, comme en 1997, la possibilité d’utiliser une
bithérapie faiblement dosée avec AMM dans cette indication). Une certaine primauté est
aussi donnée aux diurétiques et aux bêtabloquants du fait d’un plus grand nombre d’es-
sais probants les concernant. Le principe " baisse tensionnelle égale, bénéfice égal " a
été abandonné : en effet, les résultats défavorables de la doxazosine dans l’essai ALL-
HAT (par comparaison avec la chlortalidone) sont venus nous rappeler rudement qu’un
critère intermédiaire (ici, la pression artérielle) ne peut se substituer facilement aux cri-
tères d’évolution clinique. L’objectif tensionnel reste inférieur à 140/90 mmHg avec des
chiffres plus bas en cas de diabète ou d’insuffisance rénale (sauf pour l’HTA systolique
de la personne âgée, < 150 mmHg). Pour atteindre cet objectif, le recours à des bi- ou
plurithérapies est proposé selon des modalités semblables à celles de 1997.
On notera encore une originalité de ce texte français, à savoir l'introduction de données
économiques sur les méthodes de mesure de pression artérielle et le traitement de l'HTA.
À cet égard, il est souligné que l'on ne dispose pas de travaux français et qu'il est très
difficile de transposer à notre pays des travaux conduits ailleurs. Ces données ne peu-
vent donc pas peser lourdement sur les recommandations au clinicien, ce qui n'enlève
rien à leur intérêt. La seule recommandation est finalement de se mettre au travail et des
propositions sont faites pour aborder le problème.
Voilà quelques-uns des points marquants de ces nouvelles recommandations. Un juste
équilibre a été recherché entre les “faits probants” et la praticabilité de terrain. On
pourra s’étonner de telle ou telle différence avec les recommandations précédentes de
l’ANAES, ou d’autres recommandations, américaines ou internationales. Globalement
peu nombreuses, elles s’expliquent par le contexte épidémiologique de la France, ou par
les différences de la pratique médicale, ou encore – il faut bien le dire – par une lecture dif-
férente des mêmes “faits probants”.
La véritable question est en fait la suivante : ces textes de recommandations sont-ils
utiles ? On entend dire qu’ils sont peu lus, encore moins mémorisés, et encore moins mis
en pratique. Les mesures d’impact sont inexistantes. Il est vrai que, pour l'HTA, le pra-
ticien rencontre une difficulté non négligeable. Sa prise en charge n’est pas autre chose
qu’une action de prévention cardiovasculaire, au même titre que la prise en charge du
diabète, de l’hyperlipidémie, ou du tabagisme. D'où un sentiment de confusion.
Comment utiliser plusieurs textes de recommandations qui abordent le même problème,
la prévention cardiovasculaire, par des entrées différentes ? Comment hiérarchiser les
mesures à prendre ? Cette absence d’un texte unique et synthétique est certainement un
facteur de moindre efficacité des recommandations.
Cette réserve faite, ces recommandations de l’ANAES représentent, en l'an 2000, l’opi-
nion équilibrée d’un groupe de médecins praticiens, spécialistes ou généralistes, clini-
ciens ou non. Il faut souhaiter qu’elles soient considérées utiles par les enseignants.
Pour les cliniciens amenés à s’occuper d’HTA, elles ne sont pas un recueil de lois intan-
gibles mais un guide, à partir duquel ils pourront réfléchir aux meilleures attitudes à
adopter selon les particularités de leur patient.
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Act. Méd. Int. - Hypertension (12), n° 7, septembre 2000
Hypertension
artérielle :
le cru 2000
des recomman-
dations de
l’ANAES
H. Milon