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Objectifs des recommandations
Avaient été pris en compte en particulier les buts de
la baisse tensionnelle, la prise en charge globale de
la maladie cardiovasculaire, la stratification du
risque et des options thérapeutiques. Il est intéres-
sant de noter que les objectifs de réduction de
morbimortalité cardiovasculaire sont au premier
plan pour les médecins généralistes (58 % vs 46 %
pour les cardiologues), alors que les cardiologues
sont plus sensibles à la stratification du risque car-
diovasculaire chez le patient hypertendu en fonc-
tion de la présence d’autres facteurs de risque
(60 %
versus
40 % pour les médecins généralistes).
La simplification des objectifs tensionnels et le
choix non hiérarchisé de quatre classes thérapeu-
tiques majeures pour le traitement initial du traite-
ment de l’hypertension n’étaient que marginale-
ment cités comme intéressants.
L’écrasante majorité des praticiens avait bien mémo-
risé la recommandation non hiérarchisée des quatre
classes principales d’antihypertenseurs pour la prise
en charge initiale de l’hypertension.
Seuils de prise en charge de l’HTA
Plus de 90 % des praticiens ont retenu les normes
de 140 mmHg comme pression artérielle systo-
lique normale, alors que seulement 25 % des
médecins généralistes exigent des pressions arté-
rielles diastoliques inférieures à 80 mmHg au
repos.
La prise en compte de la pression artérielle systo-
lique semble avoir été moins bien assimilée par les
médecins praticiens. À la question “Dans quel
sous-groupe de patients la valeur prédictive de la
pression artérielle systolique par rapport à la dias-
tolique est-elle la meilleure ?”, 64 % des cardio-
logues (vs 46 % des généralistes) estimaient que
c’était chez le sujet âgé et 51 % des médecins géné-
ralistes considéraient que c’était vrai pour tous les
hypertendus. Il peut s’agir de l’extension a priori
du concept de “pression artérielle systolique =
meilleur prédicteur de risque” à l’ensemble des
sous-populations.
Lorsque la question est : “À partir de quel niveau de
pression artérielle systolique, le traitement médica-
menteux est-il indiqué chez les hypertendus âgés ?”,
36 % des médecins généralistes et 22 % des cardio-
logues pensent que le traitement est indiqué si la PAS
est supérieure à 160 mmHg et la PAD à 95 mmHg. Seuls
36 % des généralistes et 50 % des cardiologues esti-
ment qu’une élévation isolée de pression systolique
au-dessus de 160 mmHg conditionne le traitement
médicamenteux.
Traitement de l’HTA et risques
cardiovasculaires
L’une des originalités de l’approche “moderne” du
traitement de l’hypertension artérielle est de modu-
ler l’intensité de la prise en charge en fonction des
strates de risque cardiovasculaire absolu (la coexis-
tence d’un ou plusieurs facteurs de risque et/ou
l’atteinte des organes cibles de l’hypertension arté-
rielle). Dans ce cadre, il convenait de préciser le
pourcentage des différents facteurs de risque et de
morbidité associée, au sein des patients hyperten-
dus que les médecins généralistes et cardiologues
ont en charge. Les résultats sont très homogènes.
Moins de 20 % des patients pris en charge pour leur
HTA n’ont pas de facteurs de risque associés. Parmi
les autres, il s’agit de façon prédominante de sujets
âgés (38 à 45 %), dyslipidémiques (± 30 %), et sou-
vent diabétiques (24 à 19 %). Il faut noter la fré-
quence importante de maladie coronaire avérée
Correspondances en médecine - n° 3, vol. III - juillet/août/septembre 2002
•
•Âge supérieur à 45 ans chez l’homme et à 55 ans chez la femme.
•
•Antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire à un âge précoce
(avant 55 ans chez le père ou 65 ans chez la mère).
•
•Tabagisme.
•
•Diabète.
•
•HDL-cholestérol ‹ 0,35 g/l (0,9 mmol/l), LDL › 1,90 g/l (4,9 mmol/l).
•
•Consommation excessive d’alcool.
•
•Catégories à risque particulier (notamment groupes socio-économiques défavorisés)*.
•
•Absence d’activité physique régulière.
•
•Obésité abdominale.
•
•Atteinte d’un organe-cible.
Principaux facteurs et indicateurs de risque cardiovasculaire et maladies associées pris en
compte dans la prise en charge d’un patient atteint d’une hypertension artérielle (adapté de
WHO-ISH 1999). Cette liste n’est ni hiérarchique, ni exhaustive. Source Anaes 2000.
Autre facteur de risque Grade 1 Grade 2 Grade 3
et histoire de la maladie (HTA “légère”) (HTA “modérée”) (HTA “sévère”)
Systolique 140-159 Systolique 160-179 Systolique › 180
ou diastolique 90-99 ou diastolique 100-109 ou diastolique › 110
* Dans le cas de maladies cardiovasculaires associées, le patient doit être considéré comme à risque très
élevé, quel que soit son niveau tensionnel et faire l’objet d’une prise en charge spécifique.
Groupe A : pas d’autre
facteur de risque Risque faible Risque moyen Risque élevé
Groupe B : 1-2 facteurs
de risque Risque moyen Risque moyen Risque élevé
Groupe C : 3 facteurs de
risque ou plus, ou atteinte Risque élevé Risque élevé Risque élevé
d’un organe-cible,
ou diabète*
* Les recommandations 1999 du JNC VI et de l’OMS-ISH ont précisé en outre les critères de groupes eth-
niques et régions géographiques particulièrement exposées, notamment les Afro-Americains et ceux
issus de la zone caraïbe. La Guyane et les Antilles françaises sont évidemment concernées. Nombre de
ces facteurs de risque ne sont pas modifiables.
Stratification du risque pour quantifier le pronostic d’un patient atteint d’une hypertension
artérielle (adapté de WHO-ISH 1999). Source Anaes 2000.