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8Professions Santé Infirmier Infirmière - No38 - juin-juillet 2002
Décrets d’application officialisés
D
e nouveaux droits des malades
et des usagers ont été apportés
L’accès au dossier médical
La loi du 4 mars 2002 institue,
comme droit, l’accès direct du pa-
tient à son “dossier médical”, comme
à toutes les informations concernant
sa santé. Elles peuvent être détenues
par des professionnels ou établisse-
ments de santé. Il peut s’agir d’in-
formations “qui sont formalisées et
ont contribué à l’élaboration et au
suivi du diagnostic et du traitement
ou d’une action de prévention, ou
ont fait l’objet d’échanges écrits entre
professionnels de santé, notamment
des résultats d’examens, comptes
rendus de consultations, d’inter-
vention, d’exploration ou d’hospi-
talisation, des protocoles ou pres-
criptions thérapeutiques mis en
œuvre, feuilles de surveillance, cor-
respondance entre professionnels de
santé à l’exception des informations
mentionnant qu’elles ont été re-
cueillies auprès de tiers n’intervenant
pas dans la prise en charge théra-
peutique ou concernant un tel tiers”
(article de la récente loi figurant dé-
sormais à l’article L.1111-6 du Code
de la santé publique, CSP).
Le patient peut accéder à ces infor-
mations gratuitement, de façon di-
recte ou par l’intermédiaire d’un mé-
decin. Le délai de remise est court :
huit jours après la demande et deux
jours de réflexion. Il se trouve porté
à deux mois si le dossier date de plus
de cinq ans. Le médecin peut re-
commander la présence d’une tierce
personne lors de la remise du dos-
sier. Le refus du patient de se faire
accompagner lors de la consultation
des informations ne fait pas obstacle
à leur communication.
Si le patient ne peut s’exprimer, la
possibilité lui est donnée de dési-
gner une personne de confiance, qui
pourra être consultée au cas où elle
même serait hors d’état de s’expri-
mer (art. L.1111-1 du CSP).
La place des associations
Depuis quelques années, les mem-
bres d’associations de patients ou
d’usagers, représentant ces derniers,
siègent aux conseils d’administra-
tion des établissements. « Nous avons
effectué toutes les pressions possibles
pour que l’usager soit représenté au sein
de l’hôpital et que cela change, rappelle
Pierre Lascoumes. Nous avons dû de-
mander quels étaient les critères de no-
mination des représentants des usagers.
Nous avons souligné la nécessité de leur
formation, de congés ou d’indemnités
de représentation. »
La loi du 4 mars 2002 renforce
le dispositif initié il y a quelques
années par la création des Com-
missions de conciliation dans les
hôpitaux. Les représentants des
patients et usagers siégeront, au ni-
veau régional, dans les “Commis-
sions régionales de conciliation et
d’indemnisation des accidents mé-
dicaux, des affections iatrogènes
et des infections nosocomiales”.
Pour siéger au sein de ces instances
du système de santé, les associations
devront recevoir un agrément.
«Cela s’explique, car, si les enjeux sont
importants, il existe une profusion d’as-
sociations, explique Nicolas Brun
membre du CISS pour l’UNAF
(Union nationale des associations
familiales). Certaines n’ont pas pour
origine l’initiative de malades ou d’usa-
gers du système de santé, mais dépen-
dent de laboratoires pharmaceutiques
ou de professionnels de santé. D’autres
associations peuvent relever de dérives
telles que les sectes, très présentes dans
ce domaine. Or, les institutions et éta-
blissements de santé doivent savoir à
qui s’adresser. Il ne s’agit pas d’empê-
cher l’initiative d’associations légitimes,
mais de prévenir les dérives. »
Ces associations devront donc sa-
tisfaire à quatre critères :
•réunir des membres actifs, réelle-
ment impliqués dans la défense du
droit des personnes ;
•organiser des actions de formation
et d’information de ses adhérents ;
La loi du 4 mars 2002 donne de nouveaux droits aux patients. Certains
décrets d’application les ont officialisés. D’autres les préciseront. Re-
pères à propos d’un bouleversement des relations soignants-soignés.
Droits des patients
par la loi “Droits des malades et
qualité du système de santé” du
4mars 2002 (1). Beaucoup étaient
réclamés depuis des années par les
associations de malades. Ces droits
concernent :
•l’accès au dossier médical, à toute
information sur la santé du patient;
•la personne à consulter si le pa-
tient ne peut s’exprimer ;
•le rôle des associations de patients
et d’usagers au sein de l’hôpital et
du système de santé, ainsi que leur
agrément ;
•les nouvelles instances et procé-
dures de conciliation et d’indemni-
sation en matière d’accidents médi-
caux, d’affections iatrogènes et
d’infections nosocomiales ;
•l’indemnisation pour la contami-
nation par l’hépatite C ;
•le dispositif pour la “démocratie
sanitaire” ;
•les relations entre les patients et
l’Ordre des médecins ;
•les droits des patients face aux
assureurs.
Pour entrer en vigueur, ces nou-
velles règles s’appuieront sur cette
loi du 4 mars 2002, et sur les dé-
crets d’application déjà publiés (2)
ou supposés l’être prochainement,
sauf reculade du nouveau ministre
de la Santé. Les rapports entre pa-
tients et professionnels de santé de-
vraient en être profondément mo-
difiés. Voici ces nouvelles règles
résumées. Elles sont commentées
par les représentants des patients
et usagers regroupés au sein du
Collectif interassociatif de santé
(CISS). Créé en 1996, ce collectif
réunit une vingtaine d’associations
telles qu’AIDES, la Fédération de
lutte contre le cancer, l’Association
des paralysés de France ou l’Union
nationale des associations familiales.