L`enfant est le programme » Des adultes bienveillants

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Bibliothèque des expérimentations pédagogiques
NANTES
13/04/2017
« L’enfant est le programme » Des adultes
bienveillants pour l’accompagner à grandir avec
son Cœur, son Corps et sa Tête ! - 2015
(Expérimentation terminée)
Ecole primaire privée Saint François
4 RUE FRANCOISE ROSE RICHOU , 49770 LONGUENEE EN ANJOU
Site : nr
Auteur : MOTARD Véronique
Mél : [email protected]
Nous croyons que tous les enfants peuvent réussir, que tous ont le potentiel pour y parvenir. Nous pouvons éveiller ou
réveiller ce qui sommeille en chacun. Ainsi l’adulte, le médiateur, le chef d’établissement, l’enseignant, par sa perception, par
son attitude médiatisante, permet à l’enfant de grandir, de s’épanouir, de se construire.
Nous tentons de proposer trois axes de travail qui vont permettre à l’enfant de révéler son potentiel, de s’élever. Ces axes de
travail poursuivent une dynamique et un développement harmonieux du Corps, du Cœur et du Cognitif.
Nous organisons un environnement qualifié de modifiant en nous situant dans la zone proximale de développement de
l’enfant. En faisant de notre mieux, nous essayons de nous adapter à lui, en ajustant les activités en fonction des enfants.
L’enfant est notre « programme » .
Nous faisons le pari d’inventer chaque jour une pédagogie qui est « centrée sur l’apprenant, l’aidant à dépasser ce qui
l’empêche dans son fonctionnement actuel, de donner le meilleur de lui-même dans ses apprentissages ».
Ainsi, cette expérimentation est une proposition de sens. Elle tente de solidariser une anthropologie et une axiologie – CŒUR,
CORPS, COGNITIF spécifique - pour faire naître des activités pédagogiques précises.
Plus-value de l'action
L’école a participé aux trophées de robotique l’année passée « Préhistobot ». L’école a obtenu le prix du projet au niveau
régional. La présentation du projet, l’autonomie des élèves, l’implication de toute la communauté éducative de la petite section
au CM2, face à des équipes de collégiens, de lycéens et d’étudiants dans les domaines techniques, ont interpellé et ému le
jury.
Au niveau national, notre école a obtenu le prix du jury obtenant une place en finale européenne. Face à des équipes avec
des robots très performants, nos élèves ont montré une assurance, une démarche d’équipe et de projet qui a suscité
beaucoup d’émerveillement de la part du jury. C’est ainsi que nos élèves ont été les meilleurs ambassadeurs d’une pédagogie
centrée sur eux, qui révélait tout simplement leur potentiel à travers un projet technique qui n’était pas de leur niveau au
niveau national. Ils ont montré une attitude et une posture qui révélaient toutes les « valeurs » des organisateurs de ce
trophée.
Plus le médiateur s’efface, plus la médiation est réussie, plus l’enfant apprend. Dans ce projet, les enseignants n’ont jamais
pris la parole. Ce sont toujours les enfants, chacun suivant son rôle technique, ou d’animateur ou de conducteur du robot s’est
exprimé et a révélé le meilleur de lui-même au sein d’un collectif uni sur un même projet de sens, celui de vivre une aventure
humaine qui fait grandir ! L’opération fut pleinement réussie !
Nombre d'élèves et niveau(x) concernés
104 élèves
18 PS ; 14 MS ; 11 GS ; 14 CP ; 12 CE1 ; 12 CE2 ; 14 CM1 ; 9 CM2
A l'origine
Les élèves ont des difficultés à se concentrer, à gérer leurs émotions. Nous constatons qu’il est difficile de les rejoindre dans
les apprentissages.
Nous refaisons chaque année les mêmes notions. Pourquoi les élèves ne mobilisent-ils pas ce qu’ils apprennent ? Pourquoi
ne transfèrent-ils pas ce qui semble pourtant acquis de façon mécanique ?
Il y a une stigmatisation des élèves en difficulté et une perte de confiance.
Objectifs poursuivis
Accompagner chacun là où il en est.
Permettre à chacun de se construire et de prendre conscience de son potentiel.
Description
Ce projet prend son origine dans le projet d’« Ecole Ouverte » qui avait été réalisé en 1997 par Isabelle Gaboriaud et
Véronique Motard dans une école de 2 classes à Marigny-Brizay dans la Vienne (86). Véronique Motard après plusieurs
expériences de chef d’établissement dans la Vienne décide de poser par écrit l’intuition qu’elle porte d’un autrement dans la
classe. Son mémoire de recherche dans le cadre d’un DHEPS (Diplôme des Hautes Etudes de la Pratique Sociale) exprime
une expérience de terrain. Ce travail universitaire a été validé en juin 2012 par une mention Très-Bien.
L’expérimentation vécue à l’Ecole Saint-François repose sur une réflexion autour de ce qu’est l’acte éducatif. Véronique
MOTARD s’appuie sur les travaux des Professeurs Guy AVANZINI et Alain MOUGNIOTTE . Ainsi, l’équipe éducative porte
une anthropologie, « celle de croire que chaque personne porte en elle des ressources, un potentiel qui lui permet de
construire par lui-même un savoir. Chaque enfant peut réussir. Tout individu est éducable mais tout dépend de la manière
dont l’éducateur, le maître, l’enseignant, le parent vont lui permettre de développer ce potentiel intérieur. »
Aussi, nous croyons à l’importance de l’interaction entre l’élève et l’enseignant. La valeur et la qualité de celle-ci deviennent
alors un préalable pour accompagner les enfants qui nous sont confiés. Nous choisissons de partir de la personne, de sa «
zone proximale de développement », pour éveiller ce qui sommeille en chacun. Ainsi l’adulte, le médiateur, le chef
d’établissement, l’enseignant, par sa perception, par son attitude médiatisante, permet à l’enfant de grandir, de s’épanouir, de
se construire. Il donne une âme, un souffle, par une présence consciente, porteuse de sens pour l’apprenant.
Nous tentons de proposer une axiologie, soit trois axes de travail qui vont permettre à l’enfant de révéler son potentiel, de
s’élever. Ces axes de travail poursuivent une dynamique et un développement harmonieux du Corps, du Cœur et du Cognitif.
Le CORPS :
Tout au long de la journée, nous accueillons l’enfant dans sa globalité, en ayant confiance en lui, en son potentiel. Nous
l’accompagnons à prendre conscience de lui-même, à se centrer pour mieux se décentrer. Cette première étape est
essentielle et sera accompagnée par une approche sur le mouvement suivant l’âge et les besoins des enfants – Brain Gym du
Docteur DENNISSON et RMT du Docteur Harald BLOMBERG.
Le CŒUR :
La médiation favorise une écoute et un accueil de ce qui se vit et se passe dans les relations inter et intra-personnelles chez
chacun. Nous sommes pleinement conscients que les situations de vie qui se jouent n’arrivent pas par hasard, que nul ne fait
exprès d’avoir une intention violente ou maladroite. C’est pourquoi, nous essayons de ne pas juger l’enfant, d’entendre ce qu’il
a à nous dire grâce à une relation médiatisante inspirée du Professeur FEUERSTEIN et des travaux sur l’intelligence
émotionnelle de Daniel GOLEMAN. Le travail sur les réflexes archaïques par le mouvement favorise la confiance en soi et
donne par ailleurs des outils aux enfants pour mieux gérer leurs émotions.
Le COGNITIF :
Des activités précises seront proposées qui vont aider l’enfant à prendre conscience de son développement cognitif. Nous
proposons à l’élève des outils tels que les arbres cognitifs pour l’aider à prendre conscience de ce qu’il apprend. Les racines
de l’arbre constituent son potentiel intérieur cognitif qui l’aide à construire tout ce qu’il construit en classe. Nous nous
appuyons sur les travaux d’Isabelle GABORIAUD qui postule un travail de l’intelligence par les opérations mentales dans un
milieu ordinaire et ce dès la maternelle.
De fait, nous organisons un environnement qualifié de modifiant permettant à l’élève de développer son potentiel. Nous nous
situons dans la zone proximale de développement de l’enfant et essayons de nous adapter à lui, en ajustant les activités en
fonction des enfants.
En articulant ces trois axes de travail, nous faisons le pari d’inventer chaque jour une pédagogie qui est « centrée sur
l’apprenant, l’aidant à dépasser ce qui l’empêche dans son fonctionnement actuel, de donner le meilleur de lui-même dans ses
apprentissages ». L’enfant est le programme comme se plaisait à le rappeler Anne-Marie AUDIC.
Ces pratiques pédagogiques se situent dans une filiation :
à la théorie Platonicienne, l’art « d’accoucher les esprit » ;
à la médiation éducative du Professeur Reuven FEUERSTEIN ;
au travail sur le mouvement dans les apprentissages inspirés des travaux de DENNISSON et BLOMBERG ;
au travail sur les opérations mentales développées par Isabelle GABORIAUD.
Modalité de mise en oeuvre
Un accompagnement des personnes sur le champ de l’éthique, de la relation et des pratiques de classe.
Se mettre en chemin, se questionner… Croiser les regards pour accompagner chacun, oser dire ses difficultés à trouver une
réponse adaptée à l’enfant… Laisser le temps au temps… Accepter de faire le deuil de ce métier que nous avons exercé sans
utiliser ou sans avoir perçu ce qu’était réellement l’acte d’apprendre… Relever ce défi en acceptant les petits pas… Se donner
des projets et un langage commun pour avancer.
Trois ressources ou points d'appui
Le travail autour de la décentration par le mouvement.
Le travail autour des opérations mentales.
La posture de médiateur.
Difficultés rencontrées
Le manque de financement pour se former a nécessité de se former sur fond propre.
Moyens mobilisés
Des moyens humains et financiers pour : Formation à la médiation cognitive en 2012 avec Annie Cardinet ; Formation au
mouvement dans l’apprentissage : Brain Gym en 2013 / RMT en 2014 ; Formation à Bal a vis x : avril 2015.
Une équipe enseignante motivée et formée.
Une équipe d’ASEM formée à la médiation et au mouvement.
Partenariat et contenu du partenariat
La Direction Diocésaine d’Angers.
L’Université Catholique de l’Ouest : soutien de Mme Ségolène Le Mouillour, doyen de la faculté de sciences de l’éducation.
Marie MATTEI : « La santé par le mouvement », en tant que formatrice sur le champ du mouvement.
Isabelle GABORIAUD, formatrice et consultante en pédagogie.
La communauté éducative : relecture du projet éducatif signifiant une CONFIANCE des familles face à ce qui est vécu pour
leurs enfants.
L’inspecteur de la circonscription : lors d’une inspection en date du 6 janvier 2011, encourage la poursuite du travail.
Liens éventuels avec la Recherche
DHEPS : Diplôme des Hautes Etudes de La Pratique Sociale validé en juin 2012 par Véronique MOTARD – accompagnée
par le Professeur Guy AVANZINI (Professeur Emérite Lyon II).
Ségolène Le Mouillour : Docteur en Sciences de l’Education, membre expert du jury du DHEPS.
Annie CARDINET, Docteur en Sciences de l’Education, formatrice à la médiation éducative du Professeur Reuven
FEURSTEIN.
Christophe Théobald, thélogoien
Evaluation
Evaluation / indicateurs
Les résultats sont probants pour les élèves ayant vécus toutes les étapes que nous avons construites. Nous notons depuis 3
ans que les élèves de GS maîtrisent la combinatoire dès janvier ; manipulent les phonèmes et les graphèmes pour écrire de
manière alphabétique des mots de 2 syllabes pour tous et de 3 à 4 syllabes pour la moitié ; maîtrisent la classification, la
sériation, le temps et l’espace pour amorcer l’entrée dans la combinaison de sons et leur association. Le passage à la lecture
est alors très aisé en CP. Nous notons pour ceux de MS, ayant vécu la construction des opérations mentales depuis leur
entrée à l’école, un développement harmonieux de leur compétence : ils expliquent ce qu’ils font, s’investissent dans les
activités avec assiduité et acharnement, la maîtrise du geste graphique pour arriver à l’écriture est très homogène. En GS,
l’écriture cursive se construit par étape et très naturellement. Les enfants commencent leur CP sans avoir besoin de repères
sur leur cahier pour écrire. Ils sont pleinement autonomes dans le tracé des lettres et leur combinaison. La phase d’écriture est
centrée sur le lien phonémique et son graphème sans avoir à gérer la hauteur des lettres et le geste associé pour les
combiner. Paradoxalement, ces enfants n’ont eu la possibilité d’utiliser le crayon que lorsque la tenue de celui-ci correspondait
à leur développement, qu’ils réalisaient la « pince » de manière aisée, pour la plupart en fin de PS. Ils n'ont commencé à
représenter ce qu’ils apprenaient que l'année de MS, lorsqu’ils pouvaient expliquer et voir dans leur tête ce qu’ils allaient
représenter. Cette latence dans l’apprentissage, ce temps laissé à la construction des notions, furent bénéfiques pour ce
groupe qui a des capacités et des attitudes que nous ne retrouvons pas chez ceux qui ont commencé plus tôt à réaliser des
traces écrites. Les élèves de cycle 3 montrent une aisance dans leur capacité à s’exprimer, à gérer leurs émotions. Au niveau
des résultats
Documents
Aucun
Modalités du suivi et de l'évaluation de l'action
Nous utilisons des évaluations diagnostiques en début d’année nous permettant de voir l’évolution des groupes et les points à
améliorer en terme d’étape à franchir avec les élèves.
Nous avons le projet d’utiliser un même logiciel d’évaluation diagnostique avec le collège afin d’assurer la continuité avec le
collège et permettre des passerelles plus aisées au moment du passage en 6ème.
Effets constatés
Sur les acquis des élèves :
Nous réussissons à accompagner « tous » les élèves de l’école.
Les élèves donnent du sens aux apprentissages, ils sont motivés.
Les apprentissages par paliers successifs pour accompagner chacun là où il en est aident l’enfant à exprimer ce qu’il apprend.
Sur les pratiques des enseignants :
Ce dispositif crée un contexte inclusif grâce à la centration sur le développement harmonieux de l’enfant « Corps – cœur –
cognitif » :
Accueil d’une enfant dysphasique, reconnue par la MDPH, suivie par le SSEFIS à raison de 5 interventions par semaine
durant le temps scolaire. Sa famille a fait le choix de notre école, il n’y a plus de suivi du centre de soin, cette enfant est
aujourd’hui en 6ème ordinaire sans porter aucune étiquette.
Accueil d’un enfant mutique sélectif en PS. En classe de CM1, aujourd’hui, après être passé par l’inhibition totale, puis un
visage ouvert, puis le chuchotement, puis la parole dans un dictaphone il a ensuite parlé dans l’oreille, puis en voix chuchotée
et enfin il parle comme tous les autres enfants depuis le milieu de son CP.
Accueil d’une enfant amblyope qui est intégrée à plein temps dans la classe sans suivi particulier régulier.
Accueil d’une enfant aveugle en CP en septembre 2014.
L’équipe d’école trouve des réponses adaptées aux difficultés des élèves pour engendrer la réussite de tous, en se
questionnant : des temps de travail réguliers pour parler de sa pratique et trouver d’autres réponses.
Sur le leadership et les relations professionnelles :
NR
Sur l'école / l'établissement :
Un établissement qui commence à être identifié et reconnu pour des pratiques centrées sur l’enfant.
Plus généralement, sur l'environnement :
NR
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