La Lettre du Cardiologue - n° 296 - juin 1998
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INFORMATIONS
ÉTUDE TNT SUR L’INTÉRÊT D’UNE BAISSE TRÈS IMPORTANTE
DU LDL CHOLESTÉROL DANS LA PRÉVENTION SECONDAIRE
DES CORONAROPATHIES (PARKE-DAVIS)
En marge du 47econgrès de l’American College of Cardiology,
les objectifs d’une nouvelle étude, utilisant l’atorvastatine dans
la prévention secondaire des cardiopathies ischémiques, ont été
présentés lors d’une conférence de presse. L’étude “Treating to
New Targets” (TNT) essaiera de déterminer s’il est utile d’obte-
nir, en prévention secondaire, une baisse la plus importante pos-
sible du LDL cholestérol, au-dessous des taux habituellement
requis dans cette population à haut risque (moins de 100 mg/dl).
De grandes études de prévention secondaire ont montré, chez le
coronarien avéré, que la baisse du cholestérol total, et plus par-
ticulièrement de sa fraction LDL, s’accompagnait d’une dimi-
nution de l’incidence des événements coronariens. Les recom-
mandations mises à jour en 1993 en Europe (European Society
of Cardiology and European Atherosclerosis Society) et aux États-
Unis (National Cholesterol Education Program) insistaient sur
l’intérêt d’obtenir un taux de LDL cholestérol de 100 mg/dl ou
moins chez ces patients. Nous savons aussi, à partir des études
épidémiologiques descriptives Framingham et MRFIT (Multiple
Risk Factor Intervention Trial), que le risque d’événement coro-
naire croît en même temps que l’élévation du LDL cholestérol.
En prévention secondaire, l’existence d’une valeur seuil du
LDL cholestérol sous traitement au-delà de laquelle il n’y aurait
plus de bénéfice reste discutée.
L’objectif de l’étude TNT est donc de savoir si, en abaissant le
LDL cholestérol largement au-dessous de 100 mg/dl chez le coro-
narien, on obtient un bénéfice supplémentaire en termes de mor-
talité et d’événements cardiovasculaires. TNT est une étude mul-
ticentrique prospective sur 5 ans qui portera sur 8 600 patients
venant de 250 sites (États-Unis, Canada, Europe, Afrique du Sud,
Australie). Elle utilisera une nouvelle molécule appartenant à la
classe des statines, l’atorvastatine. Pour être sélectionnés dans
l’étude, les patients (âge entre 35 et 75 ans) devront avoir un taux
de LDL cholestérol entre 130 et 250 mg/dl (3,4 à 6,5 mmol/l) et
une triglycéridémie au-dessous de 600 mg/dl (15,6 mmol/l). Tous
les patients sélectionnés ayant obtenu un LDL C < 1,30 g/l après
une période initiale de traitement par atorvastatine 10 mg/j seront
randomisés pour recevoir soit 10 mg/j, soit 80 mg/j d’atorvasta-
tine pendant toute la durée de l’étude prévue. Un groupe aura
ainsi un LDL cholestérol d’approximativement 100 mg/dl
(2,6 mmol/l), tandis que l’autre devra avoir un LDL C autour de
75 mg/dl (1,9 mmol/l). Les deux principaux événements étudiés
sont le décès lié à la coronaropathie et la survenue d’un infarc-
tus du myocarde non mortel. L’étude évaluera également l’inci-
dence des autres événements coronariens (nouvelle revasculari-
sation, angor instable), des événements cérébrovasculaires
mortels ou non, des atteintes vasculaires périphériques et la mor-
talité globale. Elle cherchera aussi à évaluer le bénéfice d’une
diminution importante du LDL cholestérol chez les patients qui
devront subir, en cours d’étude, une revascularisation myocar-
dique ou chez ceux ayant des épisodes d’angor instable. Ce béné-
fice potentiel sera également évalué chez des patients souffrant
de diabète non insulinodépendant.
L’atorvastatine, découverte et développée par Parke-Davis, a
montré son importante efficacité dans des études cliniques où elle
entraîne une réduction du LDL cholestérol de 39 à 60 %, et des
triglycérides de 19 à 37 % pour des doses allant de 10 à 80 mg/l
(3). À doses comparables (en milligrammes), elle donne une
baisse du LDL cholestérol plus importante que les autres statines
auxquelles elle a été comparée (4), avec une bonne tolérance iden-
tique.
L’étude TNT, en comparant deux groupes de patients coronariens
qui auront atteint deux niveaux de cible thérapeutique sur le
LDL C (environ 1 g/l et 0,75 g/l), permettra de déterminer s’il
existe une réduction du risque cardiovasculaire additionnelle en
abaissant le LDL C au-dessous de la cible actuellement recom-
mandée en prévention secondaire.
Dr G. Dambrin, CCA, service de cardiologie du Pr Vacheron,
Hôpital Necker, Paris
ANTAGONISTES ORAUX DES RÉCEPTEURS DE LA GPIIb/IIIa :
SEARLE MÈNE DEUX GRANDS ESSAIS DE FRONT
Les antagonistes oraux des récepteurs de la GPIIb/IIIa pourraient
être une alternative aux antagonistes par voie intraveineuse à la
phase précoce de l’angioplastie, selon une communication pré-
sentée par le Dr Paul Telrstein (Scripps Clinic in Research Foun-
dation, La Jolla, Californie), lors d’un symposium organisé par
la firme Searle. Pour répondre à cette question, la filiale du Groupe
Monsanto réalise actuellement un grand essai clinique, baptisé
EXCITE (Evaluation of Oral Xemilofiban in Controlling Throm-
botic Events) chez 7 200 patients soumis à une procédure de
revascularisation (angioplastie à ballonnet ou implantation d’une
endoprothèse intracoronaire). Il s’agit de démontrer qu’un trai-
tement de 6 mois par xemilofiban (15 mg ou 20 mg), un antago-
niste oral des récepteurs de la GPIIb/IIIa, permet de réduire le
taux d’événements primaires (infarctus du myocarde, décès et
revascularisation en urgence). Actuellement, 80 % des patients
ont été traités. Cet essai, qui est réalisé dans 450 centres (17 pays)
dans le monde, permettra également de comparer les méthodo-
logies utilisées dans les différents laboratoires de cathétérisation.
La firme Searle mène en parallèle l’essai OPUS (Orbofiban in
Patients with Unstable Coronary Syndromes) (TIMI 16 Trial) sur
12 000 patients (800 sites, 28 pays). L’objectif de cette étude est
d’évaluer l’action de l’orbofiban, un antagoniste oral des récep-
teurs de la GPIIb/IIIa), sur les événements cardiovasculaires
secondaires majeurs (angor instable et infarctus du myocarde à
la phase aiguë) chez des patients souffrant de syndromes coro-
naires instables. Les résultats attendus de ces deux grandes études
internationales devraient permettre de préciser la place de ces
deux nouvelles molécules dans la prise en charge précoce et à
long terme des patients soumis à des procédures de revasculari-
sation. ■
3. Am J Cardiol 1997 ; 80 : 39-44.
4. Am J Cardiol 1998 ; 81 : 582-7.