AH CES « STATINES » ! Le Pr Philippe EVEN a encore une fois défrayé la chronique en expliquant en substance à la télévision que le cholestérol n’était pas mauvais pour les artères et qu’il ne fallait pas prendre de « statine ». Cette classe médicamenteuse est ainsi désignée en référence à la Simvastatine (ZOCOR°) première molécule mise sur le marché. Il a dénoncé cette classe médicamenteuse comme une « arnaque de l’industrie pharmaceutique ». Il se trouve que je connais personnellement le Pr Even avec qui j’ai siégé à ma modeste place de représentant des étudiants au Conseil de gestion de la Faculté de médecine Necker-Enfants Malades. Il a toujours été en guerre contre l’industrie pharmaceutique et poursuit sur sa lancée. De nombreux patients qui ont vu ou entendu parler de ces propos du Pr Even en ont été impressionnés, et m’ont demandé s’il devaient poursuivre leur traitement. Voici ce que je leur explique, et qui est consensuel dans le corps médical. Laissons tout d’abord à un médecin qui sait de quoi il parle : le professeur Albert Hagége, président de la Société Française de Cardiologie, s’est insurgé contre les propos du Pr Even:lorsque le patient est à haut risque cardio-vasculaire ce patient là doit prendre des statines pour diminuer son risque cardio-vasculaire". Pour lui, comme pour tous les cardiologues, "il y a un niveau de preuve rarement égalé par rapport à d'autres médicaments sur l'efficacité de ce produit". L’Académie de Médecine a quant à elle réagit en précisant « la mise en évidence de l’association des maladies cardiovasculaires aux lipoprotéines est une des lus grandes découvertes unanimement reconnues de l’épidémiologie contemporaine (…) une baisse de 40 mg/dl du LDL cholestérol réduits les accidents cardiovasculaires majeurs de 20% et la mortalité totale de 9% » L’utilisation de ces médicaments s’appuie sur de nombreuses études internationales de haut niveau qui toutes ont prouvé leur efficacité dansa la prévention des accidents cardiovasculaires. Encore faut-il comme pour n’importe quel médicament les prendre si on en a besoin et pas sinon. L’AFFASAPS puis la Haute autorité de santé ont édité en 2005 pour guider l’utilisation de cette classe médicamenteuse en fixant en fonction des facteurs de risques personnels le niveau d’intervention : celui-ci varie donc selon le cas de 2,20 g/l à 1 g/l de « mauvais » cholestérol (LDL). Les médecins s’appuient pour prescrire une « statine » sur des recommandations précises en fonction des facteurs de risque et non pas au petit bonheur la chance. S’il est vrai que ces médicaments sont inutiles en cas de faible risque, et peuvent alors souvent être arrêtés, ils sont irremplaçables en cas de risque élevé, et les avancées scientifiques accroissent leur importance au fur et à mesure du temps. Ainsi l’objectif a-t-il été fixé en 2012 à 0,70 g/l de LDL cholestérol (au lieu de 1 g auparavant) par les sociétés savantes européennes et américaines de cardiologie chez les patients coronariens. Voici les actuelles recommandations sur lesquelles les médecins se basent pour prescrire une statine. Ne l’apprenez par pas cœur ! C’est pour vous montrer que l’objectif est individuel et dépend des facteurs de risque vasculaires de chacun. N’oubliez pas que c’est le médecin qui soigne et pas les médias. De telles campagnes médiatiques sont malsaines car elle alarment inutilement et la peur est souvent mauvaise conseillère. En cas de doute les questions sont les bienvenues à mon cabinet, mais n’interrompez jamais de vous-même un traitement, votre vie peut en dépendre s’il s’agit d’éviter un infarctus cardiaque ou cérébral ! Voici les recommandations actuelles : Seuils d'intervention thérapeutique visant à faire diminuer le LDL cholestérol en prévention primaire (AFFSAPS 2005) - Aucun facteur de risque: - Un autre FR - Deux autres FR - plus de deux autres FR - patients à haut risque CV* LDL> 2.20 g/l (5,7 mmol/l) LDL> 1.90 g/l (4,9 mmol/l) LDL >1,60 g/l (4,1 mmol/l) LDL> 1,30 g/l (3,4 mmol/l) LDL< 1 g Formule de Friedewald (ne s'applique pas si TG>4 g/l (4,6 mmol/l): LDL= CT-HDL- TGx 0,20 (en g) LDL= CT-HDL- TGx 0.37 (en mol.) * Patients à haut risque Cardiovasculaire: -antécédents de maladie Cardiovasculaire avérée - Diabète de type 2 à haut risque ** - Risque de survenue d'un évènement coronarien dans les 10 ans >= 20% ** Diabète de type 2 à haut risque: - atteinte rénale, - ou au moins deux des facteurs de risque suivants: âge, antécédents familiaux de maladie coronarienne précoce, tabagisme, HTA, HDL-cholestérol<0.40 g/l, microalbuminurie (>30 mg/24h) Facteurs de risque cardiovasculaire associés à une dyslipidémie: - Age: 50 ans ou plus pour les hommes, 60 ans et plus pour les femmes - Antécédents familiaux de maladie coronaire précoce: - Infarctus du myocarde ou mort subite: avant 55 ans chez le père ou un parent du 1er degré de sexe masculin; avant 65 ans chez la mère ou un parent du 1er degré de sexe féminin - Tabagisme (actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans) - HTA permanente traitée ou non - Diabète de type 2 traité ou non - HDL-cholestérol< 0.40 g/l Facteur protecteur: - HDL cholestérol >0.60 g/l (soustraire un facteur de risque)