ou associées à une chute définie d’hémoglobine nécessitant la
transfusion d’une quantité définie de culots globulaires ou une
hospitalisation (6). Les complications hémorragiques majeures
surviennent chez 2 à 5/100 patients par année de traitement et
sont fatales chez 0,1 à 0,7/100 patients par année de traitement
(7).Toutefois, dans des essais évaluant les anticoagulants dans la
FA, l’incidence annuelle de saignements majeurs chez les patients
avec un INR cible entre 2 et 3 a été d’environ 1,3 % versus 1 %
dans le groupe placebo (5), mais les sujets inclus dans ces études
étaient a priori exempts de facteurs de risque hémorragique et
bénéficiaient d’une surveillance rapprochée.
En France, une enquête du Réseau national de pharmacovigilance
a été réalisée en 1997, un jour donné, dans un échantillon repré-
sentatif d’hôpitaux publics, afin d’estimer la prévalence des réac-
tions secondaires liées aux médicaments : elle a révélé que les
AVK motivaient 13 % du nombre total des hospitalisations pour
effet iatrogénique et que plus de 17 000 patients par an étaient
hospitalisés pour un accident hémorragique lié aux AVK (8).
Le risque hémorragique lié au traitement par AVK dépend essen-
tiellement de l’intensité du traitement, de sa durée, des carac-
téristiques du patient et des associations médicamenteuses
(aspirine notamment).
L’intensité du traitement anticoagulant est le principal déter-
minant du risque d’hémorragie cérébrale, indépendamment de
l’indication de l’anticoagulation ; ce risque augmente dès que
l’INR dépasse 3, et plus encore au-delà de 4, en particulier chez
les sujets de plus de 75 ans (5, 6). Le meilleur rapport réduction
d’événements thromboemboliques/risque hémorragique s’ob-
serve pour un INR entre 2 et 3, que ce soit chez les patients en
FA chronique (9) ou chez ceux atteints d’une pathologie veineuse
thromboembolique (10) (tableau I).
L’incidence d’accidents hémorragiques majeurs dépend aussi lar-
gement de la durée du traitement anticoagulant ; elle semble
plus importante au début du traitement : 3 % pendant le premier
mois, puis 0,8 % par mois pendant la première année, puis 0,3 %
par mois ensuite (11).
Les caractéristiques du patient (âge ≥75 ans, antécédent de
saignement digestif, hypertension traitée, pathologie cérébro-
vasculaire, cardiopathie sévère, insuffisance rénale, néoplasie)
sont susceptibles de majorer le risque hémorragique des AVK.
L’âge ≥75 ans est un facteur de risque hémorragique discuté, car
il est difficile de le distinguer de celui lié aux pathologies asso-
ciées, plus fréquentes à cet âge. Le risque d’hémorragie cérébrale
semble cependant majoré chez le sujet âgé, surtout de plus de
75 ans, quand l’INR dépasse la zone thérapeutique (5). Si, selon
certains auteurs, une prise en charge rapprochée du traitement
anticoagulant (clinique d’anticoagulation par exemple) pourrait
permettre de ramener le risque hémorragique des sujets âgés au
niveau de celui des sujets plus jeunes (12, 13), d’autres ne sont
pas de cet avis et considèrent tous les sujets âgés comme étant à
risque hémorragique élevé (14). Dans tous les cas, un sujet âgé
présentant une indication aux AVK et un rapport bénéfice/risque
a priori favorable doit être impérativement surveillé de manière
rapprochée.
Enfin, l’association d’AVK à des anti-inflammatoires non sté-
roïdiens, et surtout l’aspirine en raison de sa durée d’action pro-
longée, majore le risque hémorragique des AVK par inhibition
de la fonction plaquettaire, ces traitements pouvant par ailleurs
générer des érosions ou ulcérations gastriques à l’origine de
saignements digestifs (1).
Manque d’efficacité du traitement anticoagulant
En partie, au moins, à cause de la crainte d’accidents hémorra-
giques et de la prescription de posologies suboptimales qui en
découlent, les anticoagulants ne permettent pas d’éviter toutes les
récidives thromboemboliques veineuses (4)(tableau II) ni de pré-
venir tous les accidents thromboemboliques liés à la FA (4).Ainsi,
l’analyse des résultats des essais de prévention par les anticoa-
gulants dans la FA chronique montre que les AVK permettent de
réduire le taux annuel d’accidents vasculaires cérébraux de 4,5 %
à 1,5 % en prévention primaire (réduction de risque relatif : 68 %,
nombre nécessaire de sujets à traiter pendant un an pour éviter
un événement : 32) et de 12 % à 4 % en prévention secondaire
(réduction de risque relatif : 66 %, nombre nécessaire de sujets à
traiter pendant un an pour éviter un événement : 13) (2). C’est
pourquoi de nouvelles voies thérapeutiques ont été developpées.
LES MOYENS MIS EN ŒUVRE POUR LIMITER
LE RISQUE DES ANTICOAGULANTS
La campagne d’information de l’AFSSAPS
sur le bon usage des AVK
Devant l’ampleur du risque hémorragique du traitement anticoa-
gulant, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé (AFSSAPS) a lancé une campagne d’information sur le bon
usage des AVK qui a débuté en janvier 2001. Elle est destinée à
tous les acteurs concernés : patients, spécialistes, médecins géné-
ralistes, paramédicaux (infirmières, biologistes, pharmaciens),
CNAM, industriels. Une conférence pour la presse profession-
nelle a été tenue, dont le contenu est disponible sur le site Inter-
net de l’AFSSAPS (www.afssaps.sante.fr).
La notice d’information destinée aux patients a été particulière-
ment développée et a mis l’accent sur la nécessité de la sur-
veillance de l’INR et sur le risque des associations médicamen-
teuses et de l’automédication. Une information grand public
figure également sur le site Internet de l’AFSSAPS.
L’ensemble des médecins (cardiologues, angiologues, généra-
listes, biologistes) et des pharmaciens a reçu un courrier de mise
au point sur les AVK. Ils disposent également des mentions légales
à travers un schéma d’AMM commun à cette classe et d’une fiche
de transparence, notamment sur les messages essentiels suivants :
iatrogénicité, respect des indications et évaluation du rapport
bénéfice/risque, contrôle mensuel de l’INR, interactions médi-
camenteuses et alimentaires, information et éducation du patient.
L’impact de cette campagne sera évalué par trois enquêtes épi-
démiologiques réalisées avec le Réseau national de pharmaco-
vigilance avant et après la mise en place de ces mesures.
La première vise à déterminer le niveau des INR et la fréquence
des INR non adaptés ainsi que la périodicité de leurs mesures en
fonction des résultats précédents (en phase d’équilibration ou de
La Lettre du Cardiologue - n° 359 - novembre 2002
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MISE AU POINT
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