Q U E S T I O N - R É P O N S E Vos questions ! La rubrique Question-réponse vit grâce à vos questions. Vous avez une question sans réponse concernant un signe diagnostique, une indication thérapeutique, l’interprétation d’un examen complémentaire ou un problème pratique ? N’hésitez pas ! Adressez-nous votre question à l’aide du coupon-réponse ci-dessous, par fax ou par e-mail à [email protected] Elle sera soumise à un expert et publiée avec la réponse de ce dernier. Question.......................................... J’ai vu en consultation une femme de 38 ans ayant un enfant, des antécédents de lithiase rénale à répétition, se plaignant d’une rétention d’urine avec globes nécessitant des autosondages quotidiens. Son examen neurologique est normal et les IRM cérébrale et dorso-lombaire ne montrent aucune anomalie. Comment peut-on orienter les explorations et la recherche diagnostique ? Réponse........................................... Une rétention urinaire avec globe nécessitant des autosondages quotidiens est, dans la très grande majorité des cas, d’origine urologique ou neurologique. Elle est plus rarement d’origine psychogène ou psychiatrique. Généralement, les patients sont adressés en consultation de neurologie ou d’exploration périnéale après qu’une cause urologique a été éliminée. Cependant, dès la première consultation, certains arguments cliniques peuvent orienter vers une origine neurologique. Il s’agit d’éléments apportés par l’interrogatoire telles une diminution du besoin et la présence de troubles ano-rectaux (incontinence fécale ou au gaz, dyschésie, nécessité d’exonération digitale, etc.) et/ou génito-sexuels (diminution de la lubrification, diminution de la sensation de pénétration, dyspareunie, etc.). En cas d’absence de ces symptômes, le premier examen à recommander est une urétrocystoscopie. Si cet examen révèle une anomalie urologique, un traitement étiologique doit être envisagé. Si cet examen est normal ou s’il existe déjà des arguments pour une cause neurologique, il faut envisager un bilan urodynamique complet. En effet, toute rétention urinaire qui n’est pas d’origine urologique est d’origine neurologique jusqu’à preuve du contraire. Ce bilan associe un examen électrophysiologique périnéal à une urétrocystomanométrie. Ces explorations seront pratiquées après examen périnéal, chez un patient indemne d’infection urinaire. La Lettre du Neurologue - n° 7 - vol. VII - septembre 2003 L’examen neuro-périnéal s’attachera essentiellement à rechercher une hypoesthésie au niveau des métamères sacrés et une hypotonie anale. L’urétrocystomanométrie a pour objectif de rechercher des perturbations de la sensibilité au cours du remplissage vésical et d’apprécier l’activité vésicale. L’électrophysiologie périnéale permet essentiellement de rechercher une altération de l’arcréflexe sacré par l’étude des latences sacrées et une altération des voies somesthésiques à point de départ périnéal et à destinée corticale par l’étude des potentiels évoqués somesthésiques du nerf pudendal (nerf honteux interne). Ce bilan nécessitant généralement une hospitalisation de jour apporte des arguments plus ou moins évocateurs du diagnostic. Des latences du réflexe bulbo-sacré augmentées ou, au contraire, abolies à l’électromyographie sont des critères absolus en faveur d’une neuropathie périphérique, d’origine radiculaire dans le premier cas et plus distale dans le second cas. Les critères évocateurs d’une neuro-vessie périphérique sont une vessie hypoactive, une augmentation de la compliance, une hypertonie urétrale isolée et un trouble du besoin. Les critères électriques de vessie centrale sont la dyssynergie vésico-sphinctérienne, définie par une hyperactivité vésicale sans flux et une augmentation de la latence de l’onde P40 aux potentiels évoqués sensitifs du nerf pudendal. Un argument très en faveur d’une atteinte centrale mais non spécifique est l’existence de contractions désinhibées du détrusor (vessie hyperactive). Les atteintes centrales sont observées généralement dans les lésions suprasacrées et infrapontines, incluant le centre mictionnel pontique. Plus rarement, elles sont liées à des lésions cérébrales, essentiellement frontale ou cérébelleuse. En cas de tableau de neuro-vessie “centrale”, lorsque les IRM cérébrale et dorso-lombaire sont normales, il faut envisager une IRM cervicale pour rechercher une atteinte médullaire haute. Si celle-ci est normale, une ponction lombaire doit être pratiquée à la recherche d’une myélite. Si le bilan oriente plutôt vers une neuro-vessie “périphérique”, il doit conduire à un bilan de neuropathie périphérique. Une origine psychogène, voire psychiatrique, est possible, mais ne doit être retenue qu’après bilan exhaustif comprenant une évaluation psychologique. En cas d’atteinte périphérique, le traitement, en dehors du traitement étiologique éventuel, sera fondé sur les autosondages. En cas d’atteinte centrale, le traitement sera fonction de la gêne principale. 249 Q U E S T I O N - R Si la rétention urinaire est la principale cause de plainte, l’injection de toxine botulique dans le sphincter urétral plus ou moins associé à la prescription d’alpha-bloquants sera préférable, avec pour principal écueil le risque de survenue de fuites. Si les mictions impérieuses et les fuites par regorgement sont les plus ✁ É o s e z O N S E gênantes, la prescription d’anticholinergiques sera justifiée avec ■ une efficacité certaine. O. Simon, Service de rééducation neurologique et d’explorations périnéales, hôpital Rothschild, Paris. COUPON P P v o t r e à découper ou à photocopier q u e s t i o n Votre nom : Vos coordonnées (confidentiel) : À nous retourner par fax ou par courrier à l’adresse indiquée ci-dessous : Dr H. Chabriat, La Lettre du Neurologue, Edimark S.A., 62-64, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux - N° de fax : 01 41 45 80 25 Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne - Dépôt légal : à parution. © février 1997 - ALJAC S.A. Locataire gérant de Edimark SA. Les articles publiés dans La Lettre du Neurologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. 250 La Lettre du Neurologue - n° 7 - vol. VII - septembre 2003