ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 382 - février 2005
18
Infarctus du myocarde aigu : thrombolyse préhospitalière et devenir à un an
(étude USIC)
■
En novembre 2000, le registre prospectif USIC a ras-
semblé en France les données concernant 1922 patients
hospitalisés pour un infarctus du myocarde aigu avec sus-
décalage de ST ; 180 d’entre eux (9 %) ont reçu une thrombo-
lyse intraveineuse préhospitalière .
Ces derniers patients étaient plus jeunes que les autres sujets
traités par thrombolyse intrahospitalière (365 patients, 19 %),
angioplastie primaire (434 patients, 23 %), ou non reperfusés
(943 patients, 49 %).
Le délai moyen entre le début des symptômes et l’hospitalisation
a été de 3,6 heures en cas de thrombolyse préhospitalière, de
3,5 heures en cas de thrombolyse intrahospitalière, de 3,2 heures
en cas d’angioplastie primaire, et de 12 heures en cas de renonce-
ment à la reperfusion par thrombolyse ou angioplastie coronaire.
La mortalité hospitalière enregistrée pour ces différentes options
thérapeutiques a été respectivement de 3,3 %, 8 %, 6,7 % et
12,2 %, et la survie à un an de 94 %, 89 %, 89 % et 79 %.
En analyse multivariée, la thrombolyse préhospitalière est asso-
ciée à une réduction de la mortalité à un an (risque relatif : 0,49 ;
p = 0,05). Pour les patients ayant reçu une thrombolyse pré-
hospitalière et admis dans un délai ≤3,5 heures, la mortalité
hospitalière est de 0 % et la survie à un an de 99 %.Au-delà de
ce délai, les chiffres sont respectivement de 6 % et 90 %.
Conclusion. Cette étude “prise sur le vif” est représentative de
la pratique en France : elle nous renseigne sur la prise en charge
des infarctus du myocarde à leur phase aiguë et constate que la
thrombolyse préhospitalière concernait en 2000 une minorité
de patients (9 %). L’évolution de ces patients peut être com-
parée favorablement à celle des autres sujets reperfusés à
l’hôpital par thrombolyse et/ou angioplastie primaire. On y
trouve aussi la confirmation de l’importance pronostique du
délai séparant le début des symptômes et l’admission, les
sujets traités très précocement (délai ≤3,5 heures) présen-
■
Des patients coronariens stables, sans dysfonction ventri-
culaire gauche systolique notable (fraction d’éjection
>40%,en moyenne 58 %), bénéficiant déjà des thérapeutiques
de pointe, peuvent-ils espérer une amélioration supplémentaire
de leur pronostic cardiaque grâce à l’adjonction d’inhibiteurs de
l’enzyme de conversion (IEC) ?
L’étude PEACE (Prevention of Events with Angiotensin Conver-
ting Enzyme Inhibition) apporte une réponse à cette question en
regroupant 8290 patients randomisés entre trandolapril (dose
cible 4 mg/jour, obtenue pour 68,6 % des 4 158 patients sous
IEC) ou placebo (4 132 patients). La moyenne d’âge des
patients était de 64 ans. Pour 72 % des patients, une intervention
de revascularisation coronaire avait été réalisée, et 70 % des
patients étaient traités par des hypolipémiants, en majorité des
statines. Le taux moyen de cholestérol sanguin était de 1,92 g/l.
À 36 mois, la diminution des chiffres de pression artérielle était
significativement plus marquée sous IEC, en toute logique.
Sur un suivi moyen de 4,8 ans, l’incidence des événements
répertoriés (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde,
revascularisation coronaire) a été de 21,9 % pour le groupe
trandolapril et de 22,5 % pour le groupe placebo (p = 0,43).
Que l’on prenne en compte les caractéristiques de base ou diffé-
rents sous-groupes de patients, les résultats restent les mêmes,
sans effet favorable significatif du trandolapril par rapport au placebo.
On note sous IEC un moindre taux de nouveaux diabètes ou
d’hospitalisations et de décès dus à l’insuffisance cardiaque.
Des effets indésirables (dont la toux et des syncopes) ont conduit
à l’arrêt prématuré du trandolapril pour 14,4 % des patients ran-
domisés sous IEC.
Conclusion. À l’opposé des études HOPE et EUROPA,
PEACE ne démontre pas d’amélioration du pronostic
cardiaque pour des patients coronariens stables lors de
l’adjonction d’un IEC (le trandolapril avec pour dose cible
4 mg /j, en référence à l’étude TRACE). L’explication tient
sans doute aux caractéristiques de la population incluse (sujets
à faible risque : coronariens stables sans dysfonction ventricu-
laire gauche systolique notable, déjà bien pris en charge puisque
revascularisés avant l’inclusion dans 72 % des cas et largement
traités par hypolipémiants). De fait, le taux annuel de décès de
toutes causes est ici de 1,6 %, soit quasiment similaire à celui
d’une population générale appariée pour l’âge et le sexe.
Au maximum des interventions thérapeutiques actuelles, il
devient difficile de mettre en évidence un bénéfice supplémen-
taire lorsque l’on ajoute un nouveau médicament sur l’ordon-
nance du patient coronarien à faible risque... Plus qu’apaisante,
PEACE est rassurante !
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Angiotensin-converting-enzyme inhibition in stable coronary
artery disease.
The PEACE Trial Investigators
●
N Engl J Med 2004;351:2058-68.
Résumés de la littérature
Étude PEACE : inhibiteur de l’enzyme de conversion (trandolapril)
et coronariens stables