A B S T R A C T S Résumés de la littérature Étude PEACE : inhibiteur de l’enzyme de conversion (trandolapril) et coronariens stables ■ Des patients coronariens stables, sans dysfonction ventriculaire gauche systolique notable (fraction d’éjection > 40 %, en moyenne 58 %), bénéficiant déjà des thérapeutiques de pointe, peuvent-ils espérer une amélioration supplémentaire de leur pronostic cardiaque grâce à l’adjonction d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ? L’étude PEACE (Prevention of Events with Angiotensin Converting Enzyme Inhibition) apporte une réponse à cette question en regroupant 8 290 patients randomisés entre trandolapril (dose cible 4 mg/jour, obtenue pour 68,6 % des 4 158 patients sous IEC) ou placebo (4 132 patients). La moyenne d’âge des patients était de 64 ans. Pour 72 % des patients, une intervention de revascularisation coronaire avait été réalisée, et 70 % des patients étaient traités par des hypolipémiants, en majorité des statines. Le taux moyen de cholestérol sanguin était de 1,92 g/l. À 36 mois, la diminution des chiffres de pression artérielle était significativement plus marquée sous IEC, en toute logique. Sur un suivi moyen de 4,8 ans, l’incidence des événements répertoriés (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, revascularisation coronaire) a été de 21,9 % pour le groupe trandolapril et de 22,5 % pour le groupe placebo (p = 0,43). Que l’on prenne en compte les caractéristiques de base ou différents sous-groupes de patients, les résultats restent les mêmes, sans effet favorable significatif du trandolapril par rapport au placebo. On note sous IEC un moindre taux de nouveaux diabètes ou d’hospitalisations et de décès dus à l’insuffisance cardiaque. Des effets indésirables (dont la toux et des syncopes) ont conduit à l’arrêt prématuré du trandolapril pour 14,4 % des patients randomisés sous IEC. Conclusion. À l’opposé des études HOPE et EUROPA, PEACE ne démontre pas d’amélioration du pronostic cardiaque pour des patients coronariens stables lors de l’adjonction d’un IEC (le trandolapril avec pour dose cible 4 mg /j, en référence à l’étude TRACE). L’explication tient sans doute aux caractéristiques de la population incluse (sujets à faible risque : coronariens stables sans dysfonction ventriculaire gauche systolique notable, déjà bien pris en charge puisque revascularisés avant l’inclusion dans 72 % des cas et largement traités par hypolipémiants). De fait, le taux annuel de décès de toutes causes est ici de 1,6 %, soit quasiment similaire à celui d’une population générale appariée pour l’âge et le sexe. Au maximum des interventions thérapeutiques actuelles, il devient difficile de mettre en évidence un bénéfice supplémentaire lorsque l’on ajoute un nouveau médicament sur l’ordonnance du patient coronarien à faible risque... Plus qu’apaisante, PEACE est rassurante ! C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Angiotensin-converting-enzyme inhibition in stable coronary artery disease. The PEACE Trial Investigators ● N Engl J Med 2004;351:2058-68. Infarctus du myocarde aigu : thrombolyse préhospitalière et devenir à un an (étude USIC) ■ En novembre 2000, le registre prospectif USIC a rassemblé en France les données concernant 1 922 patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde aigu avec susdécalage de ST ; 180 d’entre eux (9 %) ont reçu une thrombolyse intraveineuse préhospitalière . Ces derniers patients étaient plus jeunes que les autres sujets traités par thrombolyse intrahospitalière (365 patients, 19 %), angioplastie primaire (434 patients, 23 %), ou non reperfusés (943 patients, 49 %). Le délai moyen entre le début des symptômes et l’hospitalisation a été de 3,6 heures en cas de thrombolyse préhospitalière, de 3,5 heures en cas de thrombolyse intrahospitalière, de 3,2 heures en cas d’angioplastie primaire, et de 12 heures en cas de renoncement à la reperfusion par thrombolyse ou angioplastie coronaire. La mortalité hospitalière enregistrée pour ces différentes options thérapeutiques a été respectivement de 3,3 %, 8 %, 6,7 % et 12,2 %, et la survie à un an de 94 %, 89 %, 89 % et 79 %. 18 En analyse multivariée, la thrombolyse préhospitalière est associée à une réduction de la mortalité à un an (risque relatif : 0,49 ; p = 0,05). Pour les patients ayant reçu une thrombolyse préhospitalière et admis dans un délai ≤ 3,5 heures, la mortalité hospitalière est de 0 % et la survie à un an de 99 %. Au-delà de ce délai, les chiffres sont respectivement de 6 % et 90 %. Conclusion. Cette étude “prise sur le vif” est représentative de la pratique en France : elle nous renseigne sur la prise en charge des infarctus du myocarde à leur phase aiguë et constate que la thrombolyse préhospitalière concernait en 2000 une minorité de patients (9 %). L’évolution de ces patients peut être comparée favorablement à celle des autres sujets reperfusés à l’hôpital par thrombolyse et/ou angioplastie primaire. On y trouve aussi la confirmation de l’importance pronostique du délai séparant le début des symptômes et l’admission, les sujets traités très précocement (délai ≤ 3,5 heures) présenLa Lettre du Cardiologue - n° 382 - février 2005 A tant un risque vital très faible. À cet égard, des progrès restent à faire : près de la moitié des patients inclus ont été hospitalisés tardivement, d’où le renoncement à une reperfusion à l’admission. Ces résultats rappellent les données de l’étude CAPTIM (Circulation 2003) où, lors des deux premières heures des symptômes, l’administration d’une thrombolyse préhospitalière donnait de meilleurs résultats que l’angioplastie primaire. Il faut noter que la thrombolyse préhospitalière a été suivie le plus souvent d’une coronarographie avec revascularisation (dans 37 % des cas le premier jour de l’hospitalisation, dans 67 % des cas durant la totalité du séjour hospitalier). B S T R A C T S Les résultats de ce registre plaident pour la mise en route d’une thrombolyse préhospitalière dès lors que le patient est pris en charge très précocement par rapport au début de ses symptômes. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Impact of prehospital thrombolysis for acute myocardial infarction on 1-year outcome. Results from the French Nationwide USIC 2000 Registry. Danchin N, Blanchard D, Steg PG et al., for the USIC 2000 Investigators ● Circulation 2004;110:1909-15. Étude prédictive de la mortalité hospitalière de la chirurgie valvulaire aortique et mitrale ■ L’individualisation des facteurs de risque de la mortalité hospitalière consécutive à la chirurgie valvulaire aortique et mitrale est nécessaire pour retenir l’indication opératoire, mais aussi pour informer le patient des risques encourus. Cette étude a analysé rétrospectivement, de janvier 1991 à décembre 2001, les données de 8 943 patients issus de 8 centres chirurgicaux : 5 793 ont nécessité un remplacement valvulaire aortique et 3 150 ont bénéficié d’une réparation ou d’un remplacement mitral. Cette étude est originale car elle différencie la réparation et le remplacement de la valve mitrale. La régression logistique a été utilisée pour définir les facteurs prédictifs de la mortalité hospitalière et leur relation avec cette dernière. Tableau I. Variables prédictives de la mortalité hospitalière après chirurgie cardiaque. Caractéristiques des patients Sexe féminin Âge 60-69 ans Âge 70-75 ans Âge 76-79 ans Âge > 80 ans SC < 1,70 Antécédent de chirurgie cardiaque Diabète Lésions coronaires Antécédent d’AVC Créatinine > 1,3 mg/dl NYHA IV Signes d’IC Fibrillation auriculaire Opération semi-urgente Opération urgente Pontage(s) concomitant(s) Remplacement mitral Aortique Mitrale – 1,5 1,5 2,0 2 ,5 1,5 1,5 – – – 2,0 1,5 1,5 1,5 1,5 5,0 1,5 – 1,5 1,5 2,5 2,5 2,5 – 1,5 1,5 2,0 1,5 2,0 1,5 – 1,5 5,5 – 1,5 TOTAL SC : surface corporelle, AVC : accident vasculaire cérébral, NYHA : classe de la New York Heart Association, IC : insuffisance cardiaque. La Lettre du Cardiologue - n° 382 - février 2005 Résultats. Dans l’analyse multivariée, 11 variables ont été retenues comme prédictives de la mortalité hospitalière après chirurgie aortique et 10 pour la chirurgie mitrale (tableau I). Grâce à cette analyse, les auteurs proposent un score facilement utilisable par les cliniciens pour évaluer le risque de mortalité chirurgicale durant l’hospitalisation (tableau II). Tableau II. Score. Score Aortique (% de mortalité) Mitrale (% de mortalité) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 1 1,5 2 3 4 6 7 9 13 17 20 25 > 35 – <1 1 1,5 2 2,5 3 5 6 8 11 14 18 25 > 35 Il est important de souligner que l’importance de la fuite et/ou du rétrécissement n’est pas apparue comme un facteur prédictif de la mortalité hospitalière. Conclusion. Cette étude établit un système d’évaluation de la mortalité intrahospitalière après une chirurgie valvulaire en se fondant sur des critères cliniques simples utilisables en pratique courante par le clinicien. Limites. Les données échocardiographiques (volumes et masses ventriculaires) ou issues de cathétérismes n’ont pas été étudiées. T. Damy, service de cardiologie 1, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris Multivariable prediction of in-hospital mortality associated with aortic and mitral valve surgery in Northern New England. Nowicki E, Birkmeyer N, Weintraub O et al. ● Ann Thorac Surg 2004;77:1966-77. 19