ÉVALUATION DE LA STÉNOSE DU TRONC COMMUN CORO-
NAIRE GAUCHE
(synthèse M. Mokhtari)
Quelle est la place de l’échocardiographie de stress dans le dia-
gnostic des sténoses du tronc commun (D. Bruère, Tours) ? Les
sténoses du tronc commun (TC) sont grevées d’une surmortalité
par rapport aux autres atteintes ischémiques. La coronarographie
est indispensable pour le diagnostic, et le traitement chirurgical
certainement bénéfique.
Quelques notions épidémiologiques :
–pathologie rare, la sténose du TC représente 3 à 8 % des coro-
narographies ;
–gravité : 60 % de mortalité à cinq ans pour le groupe des TC
asymptomatiques traités médicalement (étude CASS) ;
–l’atteinte isolée du TC est rare : 10 à 15 % ; elle est souvent
associée à d’autres sténoses coronaires ;
–l’association à une sténose de la coronaire droite, présente dans
12 % des cas, aggrave le pronostic (Kawaguchi,Am Heart J 1994).
Marqueurs cliniques de la sténose du tronc commun
Aucune donnée clinique ne permet de différencier les patients
porteurs d’une sténose du TC de ceux ayant une atteinte des autres
troncs coronaires (Weiner, Am J Cardiol 1980).
Certains facteurs ont une forte valeur prédictive positive : sexe
masculin, angor typique, présence de marqueurs de l’infarctus,
diabète et insulinothérapie.
Il n’y a aucun risque de découvrir une sténose du TC chez un
patient n’ayant pas d’antécédent d’angor, d’infarctus, de diabète
ou d’insuffisance cardiaque.
Valeur prédictive positive de l’épreuve d’effort
Les arguments suivants prédisent la sténose du TC, avec une sen-
sibilité de 50 % et une valeur prédictive positive de 74 % :
–sous-décalage de ST > 2 mm descendant ;
–sous-décalage précoce ;
–persistance du sous-décalage plus de 6 mn en récupération ;
–sous-décalage diffus dans cinq dérivations.
Quelles sont les bonnes indications de l’échographie de
stress ?
–Épreuve d’effort (EE) non interprétable ;
–EE cliniquement positive et électriquement négative ;
–EE électriquement positive mais patient de sexe féminin et/ou
hypertendu.
Quelle est la place (diagnostique et/ou pronostique) de l’écho-
graphie de stress chez les patients ayant une sténose du TC ?
Il est actuellement impossible de distinguer la sténose du TC
d’une atteinte coronaire tritronculaire par l’échographie de stress
ou la scintigraphie myocardique.
L’échographie de stress est un examen dangereux chez les patients
ayant une sténose du TC ; ainsi, H. Eugène rapporte un cas d’arrêt
cardiorespiratoire pendant l’examen (Circulation 1998 ; 90 : 1038).
Marqueurs échocardiographiques nécessitant la réalisation
d’une coronarographie :
–dysfonction VG sévère de repos : fraction d’éjection (FE)
<35%;
–dysfonction VG d’effort (FE < 35 %) ;
–dysfonction segmentaire > 2 segments pour de faibles doses de
dobutamine (< 10 µg/kg/mn) et/ou pour une fréquence cardiaque
< 120/mn ;
–dysfonction segmentaire sévère étendue quel que soit le palier.
En conclusion :
chez les patients évalués pour insuffisance
coronaire, l’échographie de stress et la scintigraphie myocar-
dique améliorent la valeur diagnostique et pronostique de l’ECG
d’effort.
Le choix entre les deux techniques dépend de la disponibilité, de
la faisabilité et du coût de l’une ou l’autre.
ÉCHOCARDIOGRAPHIE EN RÉANIMATION
(synthèse M. Mokhtari)
CONTROVERSE
Monitorage hémodynamique en réanimation : faut-il rempla-
cer le cathéter artériel pulmonaire par les techniques ultraso-
nores ?
[B. Cholley (Paris), J.L. Teboul (Le Kremlin-Bicêtre)]
Pour l’abolition du cathéter artériel pulmonaire
(B. Cholley) :
1. Quel outil pour confirmer le diagnostic physiopathologique
d’un état de choc ?
Raisons de ne pas utiliser le cathéter artériel pulmonaire :
–technique invasive avec de possibles complications liées à l’in-
sertion, à la maintenance et au retrait du cathéter ;
–mesures imprécises du débit cardiaque et de la pression arté-
rielle pulmonaire d’occlusion (PAPO) ;
–mauvaise interprétation fréquente des mesures par les opéra-
teurs ;
–effets délétères des traitements entrepris (Connors A.F. JAMA
1996/Connors A.F. New Horiz 1997).
Pourquoi utiliser l’échographie cardiaque :
–examen non invasif, effectué au lit du patient, supérieur, pour
le diagnostic, au cathéter ;
–l’échographie permet d’effectuer un diagnostic étiologique pré-
cis et rapide en étudiant les différentes structures cardiaques :
dysfonction ventriculaire gauche, atteinte valvulaire, embolie pul-
monaire et atteinte péricardique (le diagnostic de tamponnade est
d’ailleurs exclusivement échographique) (N. Fowler, Circulation
1993);
–elle permet aussi de suspecter une étiologie extracardiaque :
cœur de petite taille, hyperkinétique, diamètre de la veine cave
inférieure diminué en cas d’hypovolémie.
Le cathéter ne doit être utilisé que si l’on ne dispose pas de moyens
moins invasifs.
2. Quel outil utiliser pour le monitorage de ce type de patient ?
L’échographie cardiaque n’est pas un outil de monitorage. On
dispose d’un outil de monitorage non invasif : le doppler trans-
œsophagien.
Sur le plan technique : il s’agit d’une petite sonde en silicone mise
en place à l’aveugle dans l’œsophage de la même manière qu’une
sonde gastrique. On recherche le signal de vélocité de l’aorte des-
cendante en doppler continu ou pulsé pour calculer le volume d’éjec-
tion systolique (VES) du ventricule gauche et le débit cardiaque.
La Lettre du Cardiologue - n° 320 - novembre 1999
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