EN UNE RÉFÉRENCE...
15
La Lettre du Cardiologue - n° 312 - mai 1999
D
élai de survenue des complications emboliques
après cardioversion électrique
RÉFÉRENCES
Timing of thromboembolic events after electrical cardioversion of atrial fibrillation or flutter : a retrospective analysis.
Berger M., Schweitzer P. ❏Am J Cardiol 1998 ; 82 : 1545-7.
LE FOND
Classiquement, une anticoagulation efficace est recommandée pendant 4 semaines après cardioversion électrique (CEE)
réussie pour arythmie complète par fibrillation auriculaire (AC-FA). Les auteurs réalisent une méta-analyse à partir de
32 essais sélectionnés publiés de 1966 à 1997, pour étudier les délais de survenue des accidents thromboemboliques (ATE)
après CEE pour AC-FA ou flutter auriculaire. À partir de 4 621 patients, on dénombre 92 sujets présentant des accidents
emboliques (2 %) ; la plupart des patients (66 %) ont une pathologie sous-jacente authentifiée. La durée du trouble du
rythme auriculaire est 2 jours pour 3 patients, > 1 mois pour 42 patients. Des antécédents d’ATE sont retrouvés pour
9patients. Dans 98 % des cas, la complication embolique survient lors des 10 premiers jours après CEE (2 cas seront
ultérieurs : au 15ejour pour un sujet porteur d’une myocardiopathie hypertrophique avec thrombus intraventriculaire
gauche et au 18ejour pour un sujet présentant un antécédent d’accident embolique). Ces données permettraient-elles
d’abréger la durée de l’anticoagulation post-CEE, en tenant compte de la durée préalable du trouble du rythme auricu-
laire, de l’existence d’une pathologie cardiaque sous-jacente ou d’antécédents d’ATE ? Les auteurs souhaitent une étude
prospective randomisée pour répondre à cette question.
COMMENTAIRES
Cet article court (trois pages) suscite plusieurs réflexions :
–Les auteurs assimilent dans leur analyse AC-FA et flutter auriculaire, entérinant le débat sur une distinction recon-
nue de plus en plus artificielle entre ces deux arythmies auriculaires en termes thromboemboliques.
–La méta-analyse remet en question l’innocuité d’une AC-FA dont la durée est inférieure ou égale à 48 heures
(3 patients non anticoagulés appartenant à ce cas de figure ont en effet présenté un ATE après CEE).
–À partir de l’analyse des délais de survenue des ATE post-CEE, les auteurs envisagent l’adaptation de la durée de l’an-
ticoagulation aux risques emboliques et hémorragiques des patients. Cela paraît essentiellement réalisable lors de
troubles du rythme auriculaires non valvulaires et en l’absence de complications thromboemboliques préalables.
–Dans ces conditions, la durée de l’anticoagulation après CEE pourra-t-elle être définie “à la carte”, en tenant
compte de l’ancienneté du trouble du rythme auriculaire (plus une AC-FA est ancienne, plus la sidération auriculaire est
prolongée après CEE), de critères de risque embolique ou hémorragique ? Une étude prospective randomisée permettrait
d’éclaircir cette question, mais elle sera sans doute difficile à mettre en œuvre.
BIBLIOGRAPHIE
Elle comporte 34 références, dont celles des 32 études sélectionnées pour la méta-analyse (références 3-34).
MOTS-CLÉS
Arythmie complète par fibrillation auriculaire - Flutter auriculaire - Accidents thromboemboliques - Cardioversion
électrique.
TIRÉ À PART
Dr Berger, 4 Silver, Beth Israel Medical Center, First Avenue at 16th Street, New York 10003, USA.
Dr C. Adams, PH, service cardiologie, CH Argenteuil