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Le Courrier des addictions (6), n° 2, avril-mai-juin 2004
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Ce trouble est souvent associé à l’existence
d’un tabagisme, avec évolution rapide vers la
dépendance, et association d’autres sub-
stances psychoactives, tels le cannabis, la
cocaïne. Il a longtemps été méconnu, en par-
ticulier en France, où son traitement est enco-
re l’objet de débats souvent plus passionnés
que scientifiques. F. Kochman en a décrit les
principaux aspects :
– enfant hyperactif, agité en permanence, ne
tenant pas en place, refusant les ordres, avec
une impulsivité très marquée ;
– troubles de l’attention et de la concentra-
tion, avec retentissement sur la scolarité, et
source de multiples traumatismes ;
– chez le jeune enfant, et surtout chez la fille,
le trouble de l’attention peut se manifester par
un comportement souvent étiqueté “rêveur”.
Le diagnostic de THADA doit reposer sur des
critères précis, car il relève d’un traitement
spécifique très efficace, qui va transformer
radicalement la vie de l’enfant et de ses
parents ; mais il ne faut pas, bien entendu en
étendre abusivement les indications.
La neuro-imagerie fonctionnelle a démontré
l’origine neurobiologique du trouble ; le défi-
cit atteint les noyaux gris centraux, et surtout
le cortex frontal dont le rôle est essentiel dans
le maintien de l’attention, et également dans
l’inhibition de tous les stimuli extérieurs. Le
manque d’activation des noyaux gris centraux
est lié en partie à un déficit en dopamine, ce
qui explique l’action d’un activateur dopami-
nergique, la ritaline. Les conduites à risque,
avec une recherche de sensations, ainsi que
l’utilisation de substances psychoactives à
action dopaminergique ont pour objectif
inconscient de compenser ce déficit. L’hypo-
activité frontale permet de comprendre les
difficultés de la gestion simultanée de plu-
sieurs tâches, ainsi que l’hyper-impulsivité et
l’hyper-émotivité.
Les conséquences pratiques du THADA sont
très importantes : perturbations considérables
de la vie familiale ; échec scolaire et donc
retentissement sur toute la vie sociale ulté-
rieure ; accidents et traumatismes divers et
multiples ; conduites addictives, en particulier
au tabac, aux amphétamines, à la cocaïne…
Des facteurs génétiques sont indiscutable-
ment présents : en cas de gémellité vraie, il y
a 60 à 80 % de concordance du trouble. Chez
les enfants ayant été atteints d’un THADA,
les troubles psychologiques ultérieurs sont
très fréquents : les diverses formes d’anxiété,
des états dépressifs surtout à forme bipolaire,
ainsi que des dépendances aux drogues.
La ritaline apparaît donc le traitement indis-
pensable lorsque le diagnostic est certain. Elle
a été accusée de favoriser l’installation d’une
dépendance à ce produit. En fait, les études ont
montré que chez les enfants traités au long
cours, la dépendance est bien moins fréquente.
La prise de poids,
comment la gérer ?
M. Chapelot, enseignant-chercheur dans le
laboratoire de physiologie du comportement
alimentaire (Bobigny) a traité du mécanisme
des variations pondérales au cours de la
dépendance tabagique. La crainte de la prise
de poids est, on le sait, un élément important
dans l’évolution des tentatives d’arrêt, tant
dans l’absence de motivation que dans les
rechutes. Les modifications du poids au cours
du tabagisme sont liées à l’action de la nico-
tine sur la régulation de la satiété et celle du
bilan énergétique. Les mécanismes sont
mieux compris depuis qu’a été précisé le rôle
de la leptine, hormone peptidique produite
par les adipocytes. La quantité secrétée s’élè-
ve lorsque la masse grasse augmente et
inversement. C’est un des éléments essen-
tiels du mécanisme de la régulation de la
masse grasse.
La leptine régule la satiété en réduisant les
prises alimentaires par un double mécanisme
à la fois périphérique et central : à la périphé-
rie, elle active le système sympathique, et
ainsi diminue la sécrétion d’insuline, favorise
la lipolyse et freine la lipogenèse et ainsi la
masse grasse diminue. Dans le système ner-
veux central, la leptine agit sur l’hypothala-
mus : elle freine la sécrétion du neuropeptide
Y (NPY), un puissant orexigène. Elle a donc
une action anorexigène indirecte.
Lors des premières semaines du tabagisme
régulier, la nicotine stimule le système sym-
pathique avec plusieurs conséquences : majo-
ration de la lipolyse par activation de la lipa-
se et mobilisation des réserves adipeuses ;
inhibition de la sécrétion d’insuline et réduc-
tion de la lipogenèse ; augmentation des
dépenses énergétiques par élévation de la
thermogénèse. Cette augmentation est impor-
tante, de l’ordre de 8 à 10 calories par ciga-
rette, s’il y a inhalation de la fumée. Ainsi
pour un fumeur de 20 à 30 cigarettes par jour
environ 200 à 300 calories supplémentaires
sont dépensées chaque jour.
La nicotine, par l’intermédiaire des récepteurs
à l’acétylcholine de l’hypothalamus, freine la
sécrétion du NPY et exerce un effet anorexi-
gène. Au début du tabagisme, le fumeur perd
du poids et surtout de la masse grasse.
Dans une seconde phase, la régulation par la
leptine intervient : sa sécrétion diminue, avec
mise en jeu de l’action orexigène du NPY ; les
apports alimentaires compensent alors l’aug-
mentation du métabolisme : le poids se stabi-
lise à un niveau inférieur au poids initial.
La diminution de la masse grasse s’accom-
pagne d’une répartition différente des graisses,
avec un rapport taille sur hanche qui aug-
mente, prenant le type masculin. Le bénéfice
apparent de la baisse du poids pour le risque
vasculaire est en fait annulé, en raison de la
répartition “athérogène” de la masse adipeuse.
L’exemple de l’hyperactivité
avec déficit de l’attention
(XIIeréunion annuelle du GEST)
G. Lagrue*
* Centre de tabacologie, hôpital Albert-
Chenevier, 94000 Créteil.
Au cours de la deuxième journée du GEST, F. Kochman, pédo-
psychiatre de Lille, a abordé le problème de la vulnérabilité psycho-
logique, facteur favorisant le développement du tabagisme des
adolescents. Il a pris pour exemple, le trouble d’hyperactivité avec
déficit de l’attention (THADA), qui débute dès l’enfance, se poursuit
fréquemment au cours de l’adolescence, et parfois chez l’adulte.
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