> ACTUALITÉS oncosciences Coordonné par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy) et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris) > Cancer Research > Clinical Cancer Research > Journal of the National Cancer Institute > Nature Medicine > Oncogene > Science > Aneuploïdie constitutionnelle et prédisposition au cancer dues à des mutations bialléliques de BUB1B ACTUALITÉS oncosciences C 6 ause ou conséquence du processus cancéreux, l’aneuploïdie joue probablement un rôle majeur dans la carcinogenèse. Cette aneuploïdie résulte d’une mauvaise ségrégation chromosomique lors de la mitose, liée à un dysfonctionnement du contrôle du fuseau mitotique. Les protéines majeures responsables de ce contrôle sont chez l’homme MAD1, MAD2, BUB1, BUB3, BUBR1 et MPS1, mais il en existe d’autres. Jusqu’ici, l’implication directe de ces protéines dans la carcinogenèse est restée difficile à prouver, mais de plus en plus de travaux récents tendent à démontrer leur rôle dans les cancers humains. Ici, des mutations constitutionnelles bialléliques de BUB1 ont été identifiées dans des familles atteintes de MVA (mosaic variegated aneuploidy), un syndrome récessif caractérisé par des aneuploïdies en mosaïque, principalement des trisomies et monosomies impliquant divers chromosomes. Les individus affectés ont entre autres anomalies un retard de croissance et une microcéphalie. Surtout, ces individus ont une susceptibilité élevée à développer des cancers, notamment des rhabdomyosarcomes, des tumeurs de Wilms et des leucémies. Les auteurs ont recherché les mutations de BUB1 dans huit familles atteintes de MVA : cinq d’entre elles ont été identifiées. Ces mutations sont bialléliques, associant un “faux sens” et une mutation tronquante. Deux des sujets présentant une mutation ont développé un rhabdomyosarcome. Une seule mutation somatique de BUB1 a été identifée lors du screening de BUB1 dans des cancers humains. La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 Cependant, une diminution de l’expression du gène a parfois été montrée dans ces tumeurs. Ces données, ajoutées à la mise en évidence de mutations de BUB1 dans un syndrome de prédisposition au cancer, suggèrent que l’aneuploïdie, secondaire au déficit fonctionnel du point de contrôle du fuseau mitotique, pourrait contribuer au développement du cancer. F. Lerebours Centre René-Huguenin, Saint-Cloud Hanks S et al. Nat Genet 2004;36(11):1159-61. > > L’activation de PTEN contribue à l’inhibition tumorale par le trastuzumab et la perte de PTEN est prédictive de la résistance au trastuzumab chez les patients L a présence d’une surexpression de HER2/neu/ERBB2 +++ en IHC ou d’une amplification en FISH du gène est prédictive de la réponse au trastuzumab (Herceptin®). Cependant, parmi les cancers du sein (environ 20 %) ayant cette caractéristique, on observe au plus 35 % de réponses lors d’une monothérapie par trastuzumab. Plusieurs hypothèses ont été formulées à ce jour pour expliquer cette résistance de novo, dont aucune n’a pu être validée sur des échantillons de cancers mammaires humains. Le mécanisme validé de l’activité du trastuzumab comporte la downregulation de ERBB2 et donc des signaux oncogéniques en aval (PI3K/AKT). Ici, les auteurs ont étudié le rôle de l’activation de PTEN dans l’activité du trastuzumab. PTEN est un gène suppresseur de tumeur, à activité phosphatase, antagoniste de PI3K et régulateur négatif de AKT. Les auteurs Tz ERBB2 ERBB2 Src Src PI3K P PI3K Tz PTEN P PTEN AKT AKT Progression tumorale Progression tumorale PTEN PIP3 PIP2 PI3K Voie de AKT en cas de surexpression de HER2/neu. D’un point de vue thérapeutique, les inhibiteurs de PI3K – ou la restauration de la fonction de PTEN – pourraient ainsi empêcher dans certains cas cette résistance au trastuzumab. F. Lerebours > Nagata Y et al. Cancer Cell Progression tumorale ont montré que la fonction phosphatase de PTEN est en fait rapidement activée par le trastuzumab, avant même la diminution de l’activité de ERBB2. Le trastuzumab déphosphoryle rapidement AKT, diminue la quantité de Src lié à ERBB2. Normalement, Src, lié à ERBB2, phosphoryle PTEN et l’inactive. Le trastuzumab inhibe la liaison Src/ERBB2, d’où une augmentation de l’activité de PTEN (déphosphorylation de PIP3). Aussi bien in vitro qu’in vivo et chez des patients, les auteurs ont montré dans cet article conséquent qu’un faible niveau d’expression de PTEN entraîne une moindre réponse au trastuzumab. Il se trouve que PTEN est “inactivé” dans presque 50 % des cancers du sein (par mutations, LOH ou modifications épigénétiques) : cela pourrait donc expliquer tout ou partie de la résistance au trastuzumab dans les cancers du sein, même 2004;6(2):117-27. > La chimiothérapie est plus efficace chez les patientes atteintes de cancer du sein n’exprimant pas les récepteurs aux hormones stéroïdes : une étude de traitement préopératoire A ucun marqueur phénotypique ou génotypique prédictif de réponse aux traitements du cancer du sein n’a été validé en dehors de HER2 et RE/RP, respectivement prédictifs de la réponse au trastuzumab ou à une homonothérapie. Le rôle des récepteurs hormonaux dans la réponse à la chimiothérapie a été rarement étudié, avec des conclusions contradictoires. Les traitements néo-adjuvants, dans des cancers du sein localement avancés ou dans des tumeurs opérables, représentent la situation idéale d’étude de tels marqueurs, la réponse clinique et/ou histologique étant alors corrélée avec le niveau d'expression du ou des marqueurs. Ici, une large série de 399 tumeurs mammaires T2-T4, N0-N2, M0 a été traitée selon divers régimes de chimiothérapie première, après caractérisation prospective des données anatomocliniques et biologiques sur une biopsie initiale (RE/RP, Ki67, HER2). De façon tout à fait intéressante, ces données ont été corrélées à la réponse pathologique complète et au statut N- lors de la chirurgie, sachant que ces objectifs d’étude sont les plus validés et les plus utilisés dans les études néo-adjuvantes récentes et en cours. La survie sans rechute (DFS) a également été étudiée. En analyse multivariée, le taux de réponse pathologique complète est très lié à l’absence de RH et à un grade 3, et celui du curage négatif à l’absence de RH, à une taille tumorale inférieure à 5 cm et à une chimiothérapie incluant du 5-FU en perfusion continue. À noter le regroupement des RH positifs et faiblement positifs dans cette analyse multivariée. Ni Ki67 ni HER2 – quoi qu’un lien discret soit observé en cas de chimiothérapie par anthracyclines – n’a de valeur prédictive. Curieusement, l’augmentation significative du taux de réponse pathologique complète ne contrecarre pas le pronostic défavorable en termes de DFS des tumeurs non hormonosensibles. Dans le modèle de COX, l’absence de RH est même le prédicteur le plus significatif de la DFS. Le statut N- lors de la chirurgie est, en revanche, prédictif à un degré moindre d’une meilleure survie sans rechute. La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 7 > ACTUALITÉS oncosciences Coordonné par S. Faivre et C. Tournigand > Cancer Research > Nature Medicine > Clinical Cancer > Oncogene Research > Science > Journal of the National Cancer Institute Jusqu’alors, seule l’étude du NSABP-B27 avait mis en évidence de façon aussi significative la valeur de la négativité des RH dans l’obtention d’un réponse histologique complète. F. Lerebours > Colleoni M et al. Clin Cancer Res 2004;10(19):6622-8. > Modifications précoces de l’expression génique après le premier cycle de chimiothérapie néo-adjuvante chez des patientes atteintes de cancer du sein L a valeur pronostique et/ou prédictive d’un marqueur unique étant probablement faible, on s’oriente de plus en plus vers l’étude de marqueurs multiples à l’aide, par exemple, des puces à ADN. Les premières études en DNA micro-arrays de marqueurs prédictifs à une chimiothérapie néo-adjuvante dans des cancers du sein commencent du reste à être publiées. Une autre approche, dans cette situation, consiste à étudier les variations d’expression de gènes en pré/post-traitement, les marqueurs candidats voyant leur expression varier sous traitement, et de corréler ultérieurement la réponse avec ces variations d’expression. Cette étude n’est que la seconde de ce type à être publiée. À partir de 50 échantillons appariés (25 pré- et post- Endoxan®/cyclophosphamide ou Endoxan®/Taxotere®), les auteurs ont d’abord sélectionné 249 gènes exprimés à un niveau moyen dans au moins 6 des 50 échantillons parmi environ 12 000 gènes (plateforme Clontech). Fait intéressant, sur la base d’expression de ces 249 gènes, 90 % des échantillons d’un même patient sont groupés. Parmi ces 249 gènes, 8 25 sont différentiellement exprimés dans ces échantillons entre H0 et H24. Deux de ces gènes (p21WAF1/CIP1 et MIC-1) sont notamment surexprimés dans 95 % des échantillons postchimiothérapie, à H24. Certains résultats ont été validés en RT-PCR quantitative. Dix paires ont également été analysées avec les quelques 22 000 gènes de la plateforme Affymetrix, avec des différences de résultats entre les deux plates-formes utilisées. À noter, par ailleurs, des différences (non précisées dans l’article) entre les gènes induits par les deux types de chimiothérapie, Endoxan®/ cyclophosphamide versus Endoxan®/ Taxotere®. Cet article est le second à utiliser les puces pour démontrer des changements rapides d’expression de gènes après chimiothérapie première dans le cancer du sein, susceptibles de servir de marqueurs prédictifs. La seconde étape est bien sûr la corrélation avec la réponse pathologique et/ou le devenir des patients. F. Lerebours > Modlich O et al. Clin Cancer Res 2004;10(19):6418-31. > Prédiction de la sensibilité et résistance aux drogues : profil des gènes de transporteurs ABC dans les cellules tumorales L a résistance des cellules cancéreuses aux drogues est l’un des écueils majeurs dans le devenir des patients atteints de cancer. L’association entre les protéines transporteuses de la famille ABC (ATP binding cassette) et cette résistance aux drogues anticancéreuses est connue depuis 25 ans, le chef de file de cette famille étant ABCB1 (glycoprotéine P, produit du gène MDR1), impliqué dans la résistance multidrogue (anthracyclines, vinca-alcaloïdes, taxanes, etc.). Cependant, le nombre La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 de membres de la famille est croissant, et les données publiées portent généralement sur un seul de ces membres, dans un petit nombre de lignées cellulaires dont la sensibilité à un petit nombre de drogues est testée. Au total, après 25 ans d’études, peu de données sont clairement validées. Les auteurs ont ici développé une approche pharmacogénomique pour préciser les relations entre les gènes ABC et la sensibilité aux anticancéreux. Le niveau d’expression de chacun des 48 gènes connus de la famille ABC a été étudié en RT-PCR quantitative en temps réel dans les 60 lignées cellulaires utilisées au NCI (NCI-60) pour tester les nouveaux anticancéreux. La PCR quantitative en temps réel évite les écueils propres aux microarrays : elle permet d’étudier l’expression de gènes très homologues – c’est le cas dans cette famille – et de gènes d’expression faible. Pour mémoire, lors de la caractérisation de NCI-60 en cDNA arrays, seuls 15 des 48 gènes étaient “représentés”. L’expression en mRNA de ces 48 gènes a été corrélée à la sensibilité des 60 lignées à 1 429 agents anticancéreux. Cent trente et un “couples” drogues-gènes ABC ont été mis en évidence sur la base d’une corrélation négative entre l’expression du gène et la cytotoxicité observée. Certains résultats étaient “attendus”, comme, par exemple, certains des substrats connus de ABCB1, ce qui permet de valider l’approche. Curieusement, l’expression d’ABCB1 est parfois corrélée à une plus grande sensibilité à tel agent. Les auteurs proposent donc ici une méthode simple, fiable, reproductible pour identifier de nouveaux substrats et transporteurs impliqués dans la résistance multidrogue. F. Lerebours > Szakacs G et al. Cancer Cell 2004;6(2):129-37. .../... > ACTUALITÉS oncosciences Coordonné par S. Faivre et C. Tournigand > Cancer Research > Nature Medicine > Clinical Cancer > Oncogene Research > Science > Journal of the National Cancer Institute .../... > Un polymorphisme de la thymidylate synthase prédit la toxicité du 5-fluoro-uracile dans les cancers colo-rectaux L e but de cet article provenant du groupe de P. Laurent-Puig est de déterminer si, chez des patients atteints de cancers colo-rectaux, les polymorphismes du gène TYMS de la thymidylate synthase (TS) sont prédictifs de la toxicité du 5-fluoro-uracile (5-FU), et s’ils sont prédictifs de la réponse tumorale et de la survie des patients métastatiques. Ces polymorphismes sont la répétition deux fois (2R) ou trois fois (3R) d’une séquence de 28 paires de base (pb) du promoteur et la délétion (del6pb) ou l’insertion (ins6bp) de 6 pb dans la région 3’ non traduite. Le génotypage est réalisé par PCR des régions considérées. L’étude vise à proposer une méthode indirecte de détermination de l’expression de la TS, pouvant être une bonne alternative à la détermination de son activité. Le génotypage de TYMS a été réalisé à partir d’ADN extrait de tumeurs et de tissus normaux de 90 patients (43 femmes et 47 hommes âgés de 42 à 83 ans) atteints de cancers colo-rectaux et traités par une chimiothérapie à base de 5-FU (seul ou en association) en situation adjuvante ou palliative. Une corrélation entre les polymorphismes du gène TYMS et les effets du traitement de ces patients a été recherchée. L’existence d’une liaison entre les deux polymorphismes a été recherchée et une analyse de l’haplotype a été réalisée. Les résultats montrent que les individus homozygotes pour la double répétition dans le promoteur (2R/2R) sont plus sensibles au 5-FU : les patients 10 de génotype 2R/2R, 2R/3R ou 3R/3R présentent un risque de toxicité de grade 3-4 de 43 %, 18 % et 3 % respectivement. En revanche, ces polymorphismes ne sont pas associés à la réponse au 5-FU, ni à la survie des patients recevant une chimiothérapie de 5-FU en situation palliative. Cette étude montre que les patients de génotype 2R/2R présentent un risque vingt fois supérieur d’avoir une toxicité de grade 3-4 au 5-FU, comparativement aux patients de génotype 3R/3R. Ces données laissent entrevoir la possibilité d’utiliser le génotypage du gène TYMS pour prédire la toxicité du 5-FU. Ce génotypage pourrait permettre d’individualiser les traitements des patients atteints de cancers colo-rectaux et d’optimiser la chimiothérapie. V. Le Morvan Institut Bergonié, Bordeaux > Lecomte T et al. Clin Cancer Res 2004;10:5880-8. > Prédiction de la résistance aux inhibiteurs de FLT3 : une approche de thérapie ciblée des leucémies aiguës L es mutations activatrices du récepteur à tyrosine kinase FLT3 ont une fonction oncogénique dans 30 % des leucémies aiguës myéloblastiques et dans un bon nombre de leucémies aiguës lymphoblastiques. Une approche thérapeutique en cours de développement consiste à rechercher des inhibiteurs de tyrosine kinase activée de façon constitutive dans les cellules malignes. Le paradigme de cette approche est évidemment celui de l’imatinib (Glivec®), actif entre autres dans les sarcomes digestifs stromaux par inhibition de l’activité tyrosine La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 kinase du récepteur KIT. On sait que certaines mutations ponctuelles de KIT s’accompagnent d’une résistance à l’imatinib : d’où l’idée de rechercher dès le départ des mutations de FLT3 qui entraîneraient une résistance des cellules leucémiques aux inhibiteurs de FLT3. Cette approche pourrait permettre d’identifier de nouveaux inhibiteurs de FLT3 actifs sur les formes mutées et de personnaliser l’indication thérapeutique en choisissant l’inhibiteur a priori le plus actif en fonction des mutations éventuellement présentes sur FLT3. Dans ce travail provenant du groupe de Gilliland à Boston, les auteurs ont identifié in vitro quatre sites de mutation du récepteur FLT3 qui conduisent à une résistance au PKC412, un inhibiteur de FLT3 en développement clinique. Ces mutations sont situées sur des sites clés de l’activité tyrosine kinase de FLT3, aux niveaux des aminoacides 627, 676, 691 et 697. Il est intéressant de noter que certaines mutations confèrent une résistance relativement modeste, qu’une augmentation de dose permet de vaincre, alors que d’autres semblent impossibles à circonvenir. Malheureusement, aucun des autres inhibiteurs connus de l’activité tyrosine kinase de FLT3 ne semble pouvoir lever cette résistance, bien qu’ils appartiennent à plusieurs familles chimiques différentes. Voilà donc un nouveau jalon important sur le chemin des thérapeutiques ciblées et de l’individualisation des chimiothérapies. J. Robert, Institut Bergonié, Bordeaux > Cools J et al. Cancer Res 2004;64:6385-9. > Caractérisation des mécanismes de résistance à la chimiothérapie d’une lignée tumorale d’origine colo-rectale L e groupe de Johnston à Belfast rapporte dans cet article le résultat d’une approche classique des mécanismes de résistance sélectionnés, dans une lignée tumorale humaine d’origine colique, HCT115, par exposition aux trois cytotoxiques majeurs utilisés dans le traitement des cancers colo-rectaux, le 5-fluoro-uracile (5-FU), l’oxaliplatine et l’irinotécan. Un élément important est apporté par l’utilisation d’une lignée isogénique invalidée pour le gène de la p53 et la comparaison des mécanismes de résistance obtenus dans la lignée p53+/+ et la lignée p53–/–. Les mécanismes de résistance au 5-FU ainsi sélectionnés concernent principalement la diminution de l’expression de la thymidine phosphorylase impliquée dans l’activation du 5-FU en 5-FdUMP. La résistance à l’oxaliplatine fait intervenir une augmentation de l’expression de ERCC1, impliqué dans la réparation des lésions de l’ADN par les platines, et une surexpression de la protéine ABC de transport appelée Breast Cancer Resistance Protein (ABCG2). La résistance à l’irinotécan fait quant à elle intervenir une diminution de l’expression de la carboxylestérase 2, enzyme d’activation de l’irinotécan en SN-38, et de la topoisomérase I, cible du SN-38, ainsi qu’une surexpression de la protéine ABCG2. Dans la lignée sauvage p53–/–, la cytotoxicité du 5-FU et de l’oxaliplatine est environ 5 fois plus élevée que dans la lignée correspondante p53–/–, alors que la cytotoxicité de l’irinotécan est identique quel que soit le statut p53. Cela témoigne du rôle de p53 dans la mort cellulaire induite par le 5-FU et l’oxaliplatine, mais pas dans celle induite par l’irinotécan. Enfin, il existe une importante résistance croisée entre irinotécan et SN-38, ce qui permet de minimiser le rôle de la carboxylestérase 2 dans la résistance, alors qu’il n’existe pas de résistance croisée entre oxaliplatine et cisplatine, ce qui est en faveur de l’originalité de l’oxaliplatine par rapport aux composés classiques. Par conséquent, une étude classique in vitro qui n’apporte pas de révélations, mais qui fournit d’intéressants modèles d’étude des mécanismes de résistance des cancers colo-rectaux à la chimiothérapie. J. Robert > Boyer J et al. Clin Cancer Res 2004;10:2158-67. > Le récepteur ` des estrogènes peut prédire la résistance au tamoxifène des cancers du sein D epuis l’identification en 1996 d’un second récepteur des estrogènes, RE `, de nombreux travaux ont été menés pour comprendre son rôle biologique, en particulier dans le cancer du sein. À la différence du récepteur _, dont on connaît la valeur pronostique favorable et la valeur prédictive de réponse à la suppression estrogénique, la portée clinique de RE ` reste obscure. Esslimani-Sahla, de l’équipe de Rochefort à Montpellier, a quantifié par immunohistochimie l’expression nucléaire de RE ` et de l’isoforme RE ` cx (ou RE `2) dans 50 carcinomes mammaires RE + , HER2neu – , chez des patientes ayant reçu du tamoxifène comme seul traitement adjuvant, et suivies depuis 1992 au centre Vald’Aurelle. Les quatorze tumeurs ayant rechuté au cours des cinq années de traitement (“hormonorésistantes”) ont été comparées aux tumeurs “hormonosensibles” pour leurs principales caractéristiques. ◗ Aucune corrélation n’est observée entre l’expression de RE ` et les facteurs pronostiques habituels que sont l’âge, le grade SBR, la taille tumorale, le statut ganglionnaire, le RE _, le RP ou le facteur de prolifération mib-1. Une corrélation positive est notée entre l’expression de RE ` et celle de l’isoforme RE ` cx. ◗ Un taux plus faible de RE ` est observé dans les tumeurs ayant rechuté sous tamoxifène, et cette faible expression apparaît, en analyse multifactorielle, comme la variable la plus significative pour le risque de rechute (p = 0,001), devant le grade SBR III (p = 0,08) et un index de prolifération cellulaire élevé (p = 0,016) : ainsi, le niveau d’expression RE ` serait un facteur prédictif puissant de résistance au tamoxifène, plus important que le récepteur a des estrogènes. L’analyse de RE ` cx n’apparaît pas informative. Ces résultats, observés rétrospectivement sur un petit échantillon de tumeurs mammaires RE+ traitées par tamoxifène, confirment l’impression générale non encore validée selon laquelle l’expression du récepteur ` des estrogènes serait associée à un pronostic favorable. On ne peut néanmoins pas conclure que le récepteur ` a une valeur pronostique supérieure à celle du récepteur _, à partir d’une population sélectionnée pour l’expression de RE _. Soulignons également que la démonstration de la valeur prédictive d’un marqueur impose l’analyse simultanée d’une population de patientes non traitées avec le médicament étudié, ce qui n’a pas été effectué ici. M. Debled Institut Bergonié, Bordeaux > Esslimani-Sahla M et al. Clin Cancer Res 2004;10:5769-76. La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 11 > ACTUALITÉS oncosciences Coordonné par S. Faivre et C. Tournigand > Cancer Research > Nature Medicine > Clinical Cancer > Oncogene Research > Science > Journal of the National Cancer Institute > Résistance secondaire à l’imatinib : identification d’une nouvelle mutation L’ imatinib fait partie des nouveaux médicaments de type “thérapeutique ciblée” mis en place dans le traitement de cancers ayant une particularité génétique. L’imatinib, appelé STI571 (STI pour signal transduction inhibitor) est un inhibiteur spécifique des tyrosines kinases BCR-ABL et KIT. L’imatinib est très actif dans deux types de tumeurs (LMC et GIST) présentant une mutation des gènes codant pour ces tyrosines kinases. Malgré cette spécificité, des résistances secondaires peuvent apparaître. Les auteurs ont recherché les mutations de KIT chez cinq patients porteurs d’un GIST en rechute rapide après une réponse initiale à l’imatinib en les comparant à sept patients porteurs de résidus tumoraux quiescents. L’analyse des clones tumoraux des patients en récidive montre l’existence, sur l’allèle déjà porteur de la mutation oncogénique, d’une mutation supplémentaire non observée avant traitement ni dans les résidus tumoraux quiescents des patients qui n’avaient pas été mis en rémission complète (exon 13 : 1982T>C, entraînant la substitution de Val par Ala dans le domaine 1 de KIT). On peut conclure qu’il existe une forte corrélation entre cette mutation secondaire et la résistance à l’imatinib. Deux hypothèses sont formulées à l’issue de ces résultats : ◗ les mutations de l’exon 9 ou 11 engendrent une instabilité génétique prédisposant à une seconde mutation sur le même allèle ; ◗ l’imatinib favorise le développement des clones qui possèdent cette nouvelle mutation en plus de la mutation oncogénique initiale. 12 Pour la première fois, une mutation du domaine 1 de la tyrosine kinase KIT est retrouvée, de façon homogène chez différents patients, sur l’allèle initialement muté. Néanmoins, il paraît difficile d’extrapoler les résultats de cinq patients à l’ensemble des patients présentant des résistances secondaires. On ne peut conclure de façon formelle que c’est une mutation secondaire qui entraîne une résistance secondaire, mais on peut envisager de rechercher de nouvelles molécules ciblant spécifiquement cette nouvelle mutation. N. Houédé-Tchen Département d’oncologie médicale, institut Bergonié, Bordeaux Chen LL et al. Cancer Res 2004;64:5913-9. > > L’activation de la synthèse du DNA et de la motilité cellulaire par le LPA nécessite un récepteur EGF dont les sites d’autophosphorylation sont normaux L a transduction du signal de prolifération par l’EGFR (epidermal growth factor receptor) ou HER1 fait l’objet de nombreuses publications depuis une dizaine d’années. L’apparition de médicaments ou de candidats médicaments en cancérologie ciblant ce récepteur a soutenu cet effort de recherche fondamentale ou appliquée. Si la cascade de transduction du signal est bien décrite pour ce qui concerne la transduction “verticale” du signal de prolifération, d’autres effets biologiques impliquant ce récepteur sont moins connus (apoptose, différenciation, motilité cellulaire, invasion). Cette “méconnaissance” est possiblement liée au fait que sont impliquées dans ces phénomènes des voies métaboliques “horizontales” La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 mettant en jeu de très nombreux effecteurs/régulateurs biologiques. Les auteurs de cet article explorent un domaine peu connu qui est celui de l’interaction du récepteur EGF et des récepteurs du LPA (acide lipophosphatidique), qui sont des récepteurs à sept segments transmembranaires (récepteurs “couplés aux protéines G hétérotrimériques”). Le LPA est un ligand lipidique impliqué dans des effets autocrines et paracrines. Il est connu en cancérologie car il semble conférer à un certain nombre de lignées cellulaires in vitro et in vivo des propriétés de migration, prolifération et invasion indépendante de l’ancrage. Il semble en particulier impliqué dans l’oncogenèse tardive des carcinomes ovariens. Le LPA sérique a, pendant un certain temps, été considéré comme un nouveau marqueur utilisable en clinique et représentant un facteur pronostique puissant. La complexité de son dosage a, entre autres choses, ralenti son développement clinique (1). Comme de nombreuses voies de communication intracellulaires, l’interaction ou l’interdépendance de l’EGFR et des récepteurs LPA (LPA1, 2 ou 3) est mal connue. Les mêmes auteurs avaient cependant préalablement mis en évidence le fait que l’intégrité des récepteurs HER1 et HER2 est nécessaire pour observer dans les cellules sensibles les effets antiapoptotiques du LPA (2). Les auteurs utilisent ici une série de transfections de clones mutés de l’EGFR pour ses régions de transphosphorylation (non fonctionnelles). Ils montrent que la présence d’un EGFR fonctionnel est indispensable pour observer l’induction de phénomènes de migration et de réplication de l’ADN induits par le LPA. En particulier, la présence de sites d’autophosphorylation normaux est indispensable pour observer ces phénomènes. Tout se passe comme si la voie d’activation intrinsèque du récepteur EGF plaçait la cellule en situation de “réactivité” convenable vis-à-vis de l’apparition d’un autre stimulus extracellulaire. De plus, il semble que le niveau d’activation intrinsèque de la voie EGF/MAPK soit régulé par le type de phosphorylation s’effectuant au niveau du récepteur EGF (3). Cet article participe à un effort de connaissance des interactions entre systèmes biologiques. La clé de la meilleure connaissance de la complexité du vivant passe, entre autres, par ce type d’approche. J.P. Delord Institut Claudius-Regaud, Toulouse Deng W et al. J Biol Chem 2004;279:47871-80. > Po u r en sa v o i r p l u s . . . 1. Saulnier Blache JS. Lysophosphatidic acid: a “bioactive” phospholipid. Med Sci 2004;20(8-9): 799-803. 2. Sautin Y, Crawford J, Svetlov S. Am J Physiol Cell Physiol 2001;281:C2010-2019. 3. Rubio I, Rennert K, Wittig U, Wetzker R. Biochem J 2003;376:571-6. > Régulation négative de EGFR par LRIG1 S i les mécanismes de stimulation des récepteurs tyrosine kinase sont bien connus, les mécanismes de régulation négative le sont moins. C’est particulièrement le cas pour la famille des récepteurs HER, dont EGFR (HER1). Un certain nombre de publications fondamentales ont mis en évidence chez la drosophile la présence d’une protéine contenant des régions de répétition riches en leucine (LLR : leucine-reachrepeat) dans son domaine extra-membranaire agissant comme un régulateur négatif de l’activité kinase du récepteur. Chez l’homme, la protéine Lig-1 ou LRIG1 semble posséder une action de régulation négative des récepteurs de la famille HER. La coprécipitation de l’EGFR permet de retrouver dans grand nombre de tissus la protéine LRIG1. Ici, les auteurs mettent en évidence le fait que les cotransfections de LRIG1 et de différentes formes de HER (HER1 et 3 essentiellement) rendent le récepteur “insensible” à la fixation de son ligand. Les auteurs montrent, de plus, que l’expression “forcée” de cette protéine par des expériences de transfection inductibles raccourcit la durée de vie du récepteur EGF et augmente les phénomènes de dégradation du récepteur avec son ligand par augmentation de son ubiquitination. Il est clairement mis en évidence dans cette étude que LRIG1 est ainsi capable de supprimer le signal de prolifération médié par l’EGFR. Cependant, le modèle cellulaire ici employé (NIH3T3, fibroblaste murin) ne permet aucune extrapolation à l’homme. Néanmoins, d’autres auteurs (1) ont précédemment évoqué un rôle “suppresseur de tumeur” pour cette protéine dans des modèles d’adénocarcinome rénal. L’évaluation de son expression et de son rôle dans les tumeurs humaines pourrait permettre d’enrichir l’étude de l’expression d’EGFR en lui associant l’évaluation de ses “régulateurs”. Il s’agit là d’une voie de recherche en transfert envisageable afin d’enrichir les tentatives simples (simplistes ?) de mise en corrélation de l’expression de l’EGFR et de la sensibilité des cancers aux molécules inhibitrices de l’activité de ce récepteur. J.P. Delord > Laederich MB, J Biol Chem 2004;279:47050-6. Po u r en sa v o i r p l u s . . . 1. Thomasson M, Hedman H, Guo D et al. Br J Cancer 2003;89:1285-9. > Les mutations du site catalytique de EGFR sont fréquentes dans les adénocarcinomes bronchiques des patients “non fumeurs” I l s’agit du troisième article paru en 2004 rapportant l’implication de mutations du domaine catalytique de l’EGFR (HER1) dans des carcinomes bronchiques chez un sous-groupe de patients sélectionnés (n’ayant jamais fumé). Dans les articles précédents, deux types d’anomalies avaient été mis en évidence de façon rétrospective dans de petits groupes de patients porteurs d’un adénocarcinome bronchique. Il s’agissait soit de délétions sur l’exon 19, soit de mutations ponctuelles sur le codon 21 (deux des quatre exons codant pour le domaine tyrosine kinase, siège de l’activité catalytique de ce récepteur). Dans cet article, sur un nombre également limité de tumeurs (cinq sur sept tumeurs sensibles), les mêmes résultats sont retrouvés. Tout comme les équipes de Lynch (1) et de Meyerson (2), les auteurs ont transfecté de façon transitoire des lignées cellulaires avec des récepteurs à l’EGF portant les mutations retrouvées chez les patients. Les résultats sont là encore identiques : les récepteurs mutés se comportent différemment des récepteurs sauvages. En particulier, ils sont extrêmement sensibles au gefitinib et à l’erlotinib (environ dix fois plus). La conclusion d’un semestre dans des revues prestigieuses est donc la suivante : certaines tumeurs sont plus sensibles que d’autres à l’erlotinib et au gefitinib en raison de la présence de mutations somatiques intratumorales concernant le domaine catalytique de l’EGFR. Souvent (rarement dans la vie .../... La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 13 > ACTUALITÉS oncosciences Coordonné par S. Faivre et C. Tournigand > Cancer Research > Nature Medicine > Clinical Cancer > Oncogene Research > Science > Journal of the National Cancer Institute .../... réelle), ces mutations sont mises en évidence chez des patients n’ayant jamais fumé. Il est fort possible que l’oncogenèse des carcinomes bronchiques des patients non fumeurs soit différente de celle des fumeurs. Il est également possible que l’EGFR ait un rôle plus important dans l’oncogenèse des tumeurs des patients non fumeurs. Le problème pour les cliniciens reste cependant inchangé pour l’instant. En l’état actuel des choses, il est impossible de prédire l’effet de ces molécules chez nos patients, et ce pour deux grands types de raisons : l’analyse moléculaire n’est souvent pas possible en temps réel, et l’absence de ces mutations n’est pas un facteur prédictif de non-réponse à ces molécules. Cet exemple souligne cependant la nécessité de mener désormais un effort de recherche clinique et translationnelle conséquent. L’enjeu est passionnant car il implique que nous pourrions, à terme, amener nos pratiques dans le domaine de la prédiction efficace de l’effet des médicaments que nous proposons à nos patients (3). Jusqu’à présent, les efforts et les investissements déployés dans le domaine du diagnostic “biopathologique” des cancers sont insuffisants au regard de l’investissement technologique et scientifique consacré pour une part essentielle par l’industrie pharmaceutique (identification de cibles moléculaires, production et développement de leurs modulateurs). La recherche académique de transfert doit se donner les moyens de s’associer en temps réel à la recherche clinique. J.P. Delord > Pao W et al. Proc Natl Acad Sci USA 2004;101:13306-II. Po u r en sa v o i r p l u s . . . 1. Lynch TJ. N Engl J Med 2004;350:2129-39. 2. Meyerson M. Science 2004;304:1497-1500. 3. Green MR. N Engl J Med 2004;350:2191-3. 16 > Trastuzumab et cancer du sein : quel est in vivo son mécanisme d’action antitumorale ? Résultats d’une étude pilote L es mécanismes impliqués dans l’activité antitumorale, in vivo, du trastuzumab (T) sont encore mal connus et méritent d’être élucidés afin d’optimiser son utilisation clinique. Ainsi, une équipe italienne vient d’aborder le sujet, en réalisant une étude chez des patientes présentant une tumeur du sein opérable (T1-3, N0-2) surexprimant HER2. Le “temps d’attente“ inévitable, entre la biopsie conduisant au diagnostic et la programmation de l’acte chirurgical, a été utilement exploité. Onze patientes ont reçu quatre injections hebdomadaires de T. Les auteurs rapportent une réponse histologique complète, quatre réponses cliniques partielles et six maladies stabilisées. Aucune variation pharmacocinétique ou pharmacodynamique n’a été observée entre les patientes en fonction de la réponse (concentrations sériques de T et détections du T à la surface des membranes cellulaires identiques). Au niveau tumoral, quelle que soit la réponse, il n’a pas été observé, contrairement à ce qui pu être décrit in vitro, de diminution de l’expression de HER2, de MIB-1 (marqueur de la prolifération) ni d’effet antiangiogénique (absence de variation d’expression de l’anticorps anti-CD31), même si les effectifs sont ici très limités. En revanche, la réponse clinique semble corrélée, d’une part, à l’importance de l’infiltration lymphocytaire péritumorale observée avant tout traitement et, d’autre part, à la capacité du sérum des patientes (prélevé avant la chirurgie) à déclencher, in vitro, une réponse immunitaire La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 cellulaire cytotoxique anti-HER2. Le nombre de cellules NK au sein des tumeurs augmente après traitement. Cette constatation renforce l’hypothèse, déjà évoquée chez l’animal, du rôle majeur de la fraction Fc du T, capable de se lier aux cellules présentatrices de l’antigène, dans son mécanisme d’action antitumorale et laisse entrevoir de nouvelles perspectives thérapeutiques associant, par exemple, le T à des molécules capables de stimuler l’activité NK. Elle renvoie également à la question du mécanisme d’action du T associé aux cytotoxiques et pourrait remettre en question la séquence optimale d’administration du T et des cytotoxiques. Bien qu’aucune conclusion définitive ne puisse être élaborée du fait du petit nombre de patientes, il faut poursuivre et encourager ce type d’étude. F. Dalenc Institut Claudius-Regaud, Toulouse > Gennari R et al. Clin Cancer Res 2004;10:5650-5. > Adénocarcinome de la prostate et AKT-1 : l’expression de la forme phosphorylée d’AKT-1 par le tissu non tumoral mais aussi tumoral prostatique pourrait être un facteur prédictif de rechute biologique après prostatectomie N ous avons tous entendu parler de la protéine sérine-thréonine kinase AKT, acteur essentiel dans la transduction des signaux de prolifération, de différenciation et de survie cellulaire au cours de la cancérogenèse. Trois isoformes de cette protéine ont, à ce jour, été décrites : AKT-1, AKT-2 et AKT-3. En matière de carcinome prostatique, cette protéine pourrait, notamment, être impliquée dans l’hormonorésistance. Cette étude rétrospective porte sur 640 échantillons de tumeurs prostatiques et de tissus prostatiques sains, de patients traités exclusivement par prostatectomie. Elle montre la valeur potentielle de la détection de l’expression de la forme phosphorylée (sur sérine 473) d’AKT-1 par immuno-histochimie sur le tissu tumoral. En effet, celle-ci apparaît comme un facteur pronostique péjoratif indépendant des autres paramètres classiques (score de Gleason, classification TNM et taux de PSA), et en particulier pour le sousgroupe très fréquent des tumeurs dont le score de Gleason est estimé à 6-7. Lorsque le niveau d’expression d’AKT-1 phosphorylée est : – très élevé (cutoff > 6), les patients ont un risque de rechute biologique 3,44 fois plus important que lorsque l’expression – est plus faible (cutoff < 6), et cette rechute survient dans un délai médian de 96 mois versus 133 mois. Ces résultats doivent bien sûr être validés de manière prospective sur un grand nombre de patients (étude multicentrique en cours). Après confirmation, ils pourraient offrir la possibilité de sélectionner, avec les facteurs pronostiques déjà connus, un groupe d’individus à risque important de rechute et susceptible de bénéficier d’un traitement adjuvant, que ce soit par chimiothérapie et/ou thérapie plus ciblée (par exemple, molécules agissant sur la voie de la PI3K-AKT). Plus surprenant, la forte expression d’AKT-1 phosphorylée par le tissu prostatique non tumoral (beaucoup plus rare que dans le carcinome) est aussi un facteur pronostique péjoratif de rechute biologique indépendant des autres paramètres (risque multiplié par 2,94 et délai médian de 52 versus 133 mois). Cette observation suggère que certains hommes auraient une prédisposition génétique à développer des tumeurs prostatiques de mauvais pronostic. F. Dalenc > Ayala G et al. Clin Cancer Res 2004;10:6572-8. Les articles publiés dans La Lettre du Cancérologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. Edimark SAS © mars 2005. Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne - Dépôt légal à parution Un numéro spécial “Cancer de la prostate avec métastases osseuses et prise en charge à domicile” est routé avec ce numéro. Un flyer e-journal ASCO est joint à ce numéro. La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005 17