La Lettre du Cardiologue - n° 393 - mars 2006
Le bénéfice de cette navigation par stéréotaxie a aussi été évalué
chez 90 patients consécutifs présentant un syndrome de WPW
(
C. Papone
,2709, Milan). L’ablation a été réalisée en 10 mn (de
3 à 28 mn) chez tous ces patients, et le cathéter permettrait d’en-
registrer l’activité du faisceau de Kent sur 109 des 110 voies acces-
soires enregistrées. Les topographies étaient 50 fois des Kent
gauches, 10 fois des Kent droits, 25 fois des Kent paraseptaux et
15 fois des Kent en position septale, avec des Kent multiples chez
5 patients. Cette technique paraît tout à fait utilisable dans l’abla-
tion des voies accessoires. Le même auteur (
C. Papone
,2730,
Milan) a utilisé cette technique chez des patients présentant des
tachycardies jonctionnelles par réentrée intranodale (110 patients
consécutifs), avec 99 fois des formes typiques et 11 fois des
formes atypiques. Le temps médian pour l’ablation était de 15 mn
(5 à 28 mn), et un seul patient récidivait après un suivi moyen de
7 mois. Là encore, chez 110 patients sur 110, des potentiels de
voie nodale lente étaient obtenus avant l’ablation, et, lors du tir
de RF chez tous les patients, apparaissait un rythme jonctionnel
transitoire. Des résultats similaires avec le même système de navi-
gation magnétique ont été obtenus à Hambourg dans les tachy-
cardies jonctionnelles (
S. Ernst
,Hambourg, 2714) et dans les
syndromes de WPW (
J. Chun
,Hambourg, 2718).
Resynchronisation ventriculaire
La signification pronostique du bloc de branche droit est discu-
tée, alors que le rôle péjoratif du bloc de branche gauche com-
plet est établi.
G. Engel
(Stanford, 1935) a analysé une base de
données de 33 512 sujets vétérans de l’armée américaine avec un
suivi moyen de 7 ans ; le bloc de branche gauche était présent
chez 422 patients (1,3 %) et le bloc de branche droit chez
1 138 patients (3,4 %). Le rôle pronostique péjoratif du bloc de
branche gauche était confirmé (risque x 2,4 en analyse multiva-
riée), mais le bloc de branche droit est lui aussi péjoratif, à un
moindre degré (risque x 1,4). La durée du QRS elle-même com-
portait une signification péjorative pour les QRS > 150 ms par
rapport aux sujets avec des QRS < 150 ms (figure 7).
16
issus d’une base multicentrique de 170 patients, comportant
notamment 82 LQT1, 64 LQT2 et 17 LQT3. Les facteurs asso-
ciés aux orages rythmiques étaient le syndrome LQT2 (6 patients
sur 7), la présence d’hypokaliémie (4 patients sur 7) ou l’arrêt du
traitement bêtabloquant (un patient). Le QT augmentait forte-
ment lors des orages, à 688 ± 89 ms. Alors que les arythmies
avaient résisté à l’injection de lidocaïne (2 patients), de mexilé-
tine (2 patients), de magnésium (2 patients) et de propranolol
(2 patients), le vérapamil en injection puis en perfusion continue
a été efficace chez tous les patients.
Plusieurs études ont montré un bénéfice des oméga 3 dans les
arythmies ventriculaires postinfarctus et dans la prévention de la
mort subite. Le mécanisme d’action reste mal connu. L’équipe de
L. Hondeghem
(
K. Dujardin
,Ostende, 2368) a étudié l’effet
des oméga 3 chez le lapin dans un groupe recevant une alimenta-
tion enrichie pendant 30 jours versus un groupe contrôle. Analy-
sés sur cœur isolé selon la technique de Langendorff, les para-
mètres électrophysiologiques étaient profondément modifiés chez
les lapins à l’alimentation enrichie. À l’état basal, les potentiels
d’action étaient plus positifs, avec une phase de plateau bien mar-
quée et une repolarisation rapide, sans triangulation. Lors de l’ad-
ministration de dofétilide, les potentiels d’action étaient moins
allongés chez les lapins prétraités, notamment pour la phase ter-
minale de la repolarisation (APD90), et même lors des cycles lents,
tandis qu’aucune torsade de pointes n’apparaissait dans le groupe
prétraité (0/6 versus 5/6 dans le groupe témoin). Ces effets des
oméga3, associant des effets calcium-bloqueur, sodium-bloqueur
et bêtabloqueur, sont du type de ceux de l’amiodarone, mais sans
avoir la toxicité extracardiaque de celle-ci.
Ablation de la fibrillation auriculaire : navigation
magnétique, nouvelles énergies
Les nouvelles énergies utilisent toutes un ballon permettant une
lésion circulaire autour de l’orifice des veines pulmonaires ; les
énergies comportent le laser en focalisation circulaire, étudié
chez 9 premiers patients (
V. Reddy
,Boston, 2358), les ultrasons
évalués chez l’animal (
B. Schmidt
,Hambourg, 2355) ou la cryo-
thérapie, là encore chez l’animal (
A. Sarabanda
,Rochester,
2359) ou même chez 20 premiers patients (
V. Reddy
,Boston,
2630). Le ballon a été efficace sur 75 % des veines, mais a dû
être complété par d’autres cathéters de cryoablation, en applica-
tion linéaire ou ponctuelle. Cette technique paraît utilisable, mais
une meilleure évaluation est nécessaire.
Un système de cartographie sophistiqué permettant de visualiser
l’ensemble des cathéters intracardiaques de façon fluoroscopique
(Navix®) a été analysé par
H. Estner
(Munich, 2354). Ce sys-
tème permettait de réduire l’exposition aux rayons X (39 mn ver-
sus 76 mn) et la durée de procédure (188 mn versus 240 mn).
C. Pappone
(Milan, 2353) a, lui, analysé le bénéfice de la navi-
gation magnétique par le système Niobe, de Stéréotaxis®. Le
déplacement des aimants permettait celui des cathéters à l’inté-
rieur des cavités cardiaques, avec un positionnement plus précis
et moins traumatique dans les cavités auriculaires ; le temps total
de la procédure était très abaissé, particulièrement, après appren-
tissage, pour les derniers patients traités, avec en moyenne
130 mn pour un temps d’ablation de seulement 49 mn.
INFORMATIONS
02468
1,00
Pas de BB
BBD, QRS < 150
BBD, QRS > 150
BBG, QRS < 150
BBG, QRS > 150
Survie
0,90
0,80
Années
0,70
0,60
0,50
TT+TG
Glycémie
Glycémie+TG
Glycémie+TT
Glycémie+TT+TG
Figure 7. Courbes de survie selon l’ECG (BB : bloc de branche,BBD : bloc
de branche droit, BBG : bloc de branche gauche).