OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU avec une radiothérapie (70 Gy) chez 970 patients présentant une tumeur de la prostate localement avancée n’ont pas permis de conclure à une non-infériorité du traitement de 6 mois (6). Avec un suivi médian de 5,2 ans dans le bras 3 ans, la médiane de SG est en effet de 85,3 % (IC98,2 : 80,5-89,0) versus 80,6 % (IC98,2 : 75,4-84,8). Radiothérapie postopératoire immédiate Trois études de phase III ont montré l’intérêt de la radiothérapie postprostatectomie, notamment en cas de marges positives (7). L’étude de phase III EORTC 22911 (8) posait le problème de l’intérêt d’une radiothérapie postopératoire immédiate après prostatectomie radicale dans les stades à fort risque de rechute locale (invasion capsulaire, marges chirurgicales envahies, envahissement des vésicules séminales). Mille cinq patients ont été randomisés entre une radiothérapie conventionnelle de 60 Gy et une surveillance. Le PSA médian postopératoire était de 0,2 ng/ml. Avec un suivi médian de 5 ans, la SSP biologique était significativement en faveur du bras radiothérapie : 72,2 % (IC95 : 67,7-76,8) versus 51,8 % (IC95 : 46,8-56,8 ; HR = 0,52 ; p < 0,0001), la SSR clinique à 5 ans était de 83,3 versus 74,8 % (HR = 0,68 ; IC95 : 0,52-0,89 ; p = 0,004). Une étude multicentrique allemande (ARO 96-02/AUO AP 09/95) [9] comparait, chez 385 patients présentant une tumeur pT3 randomisés une semaine après la prostatectomie, radiothérapie adjuvante (60 Gy) et simple surveillance. La SSR biochimique à 5 ans pour les patients ayant un taux de PSA indétectable après prostatectomie radicale était améliorée dans le groupe radiothérapie (72 %, IC95 : 65-81, versus 54 %, IC95 : 45-63 ; HR = 0,53 ; IC95 : 0,37-0,79 ; p = 0,0015). Il faut encore attendre pour disposer des données de survies sans métastase et globale. La troisième étude, américaine, publiée par I.M. Thompson et al. (10), a montré que la radiothérapie adjuvante réduisait significativement le risque de métastases (HR = 0,71 ; IC95 : 0,54-0,94 ; p = 0,016) et améliorait la survie (HR = 0,72 ; IC95 : 0,55-0,96 ; p = 0,023). Pas d’indication reconnue pour la chimiothérapie en dehors d’essais thérapeutiques en attendant les résultats de l’étude GETUG 12 Cette étude close (413 patients inclus) évalue l’intérêt d’une combinaison néo-adjuvante de docétaxel et d’estramustine avant un traitement local par radiothérapie ou prostatectomie, et en association avec une hormonothérapie prolongée de 3 ans. Les résultats seront présentés à l’ASCO 2011. Intérêt de l’association hormonothérapie-radiothérapie adjuvante et escalade de dose avec une hormonothérapie longue GETUG 17 est une étude randomisée multicentrique qui compare une radiothérapie adjuvante immédiate associée à une hormonothérapie courte par analogue de la luteinising hormone-releasing hormone (LHRH) à une radiothérapie différée à la rechute biochimique associée à une hormonothérapie courte par analogue de la LHRH chez les patients opérés pT3 R1 pN0 ou pNx, de risque intermédiaire. GETUG 18 est une étude de phase III comparant une irradiation à la dose de 80 Gy à une irradiation de 70 Gy associée à une hormonothérapie longue dans les cancers de la prostate du groupe défavorable. Références bibliographiques 1. Recommandations 2007 en onco-urologie. Cancer de prostate à haut risque. Prog Urol 2007;17(6):1181-7. 2. D’Amico AV, Whittington R, Malkowicz SB et al. Biochemical outcome after radical prostatectomy, external beam radiation or interstitial radiation therapy for clinically localized prostate cancer. JAMA 1998;280:969-74. 3. Bolla M, Collette L, Blank L et al. Long-term results with immediate androgen suppression and external irradiation in patients with locally advanced prostate cancer (an EORTC study): a phase III randomised trial. Lancet 2002;360(9327):103-6. 4. Mc Leod DG, See WA, Klimberg I et al. The bicalutamide 150 mg early prostate cancer program: findings of the North American trial at 7.7 year median folowup. J Urol 2006;176:75-80. 5. Bolla M, Van Tienhoven G, Warde P et al. External irradiation with or without long-term androgen suppression for prostate cancer with high metastatic risk: 10-year results of an EORTC randomised study. Lancet Oncol 2010;11(11):1066-73. 6. Bolla M, de Reijke TM, Van Tienhoven G et al. EORTC Radiation Oncology Group and Genito-Urinary Tract Cancer Group. Duration of androgen suppression in the treatment of prostate cancer. N Engl J Med 2009;360(24):2516-27. 7. Van der Kwast TH, Bolla M, Van Poppel H et al. EORTC 22911. Identification of patients with prostate cancer who benefit from immediate postoperative radiotherapy: EORTC 22911. J Clin Oncol 2007;25(27):4178-86. 8. Bolla M, Van Poppel, Collette L et al. European Organization for Research and Treatment of Cancer. Postoperative radiotherapy after radical prostatectomy: a randomised controlled trial (EORTC trial 22911). Lancet 2005;366:572-5. 9. Wiegel T, Bottke D, Steiner U et al. Phase III postoperative adjuvant radiotherapy after radical prostatectomy compared with radical prostatectomy alone in pT3 prostate cancer with postoperative undetectable prostate-specific antigen: ARO 96-02/AUO AP 09/95. J Clin Oncol 2009;27(18):2924-30. 10. Thompson IM, Tangen CM, Paradelo J et al. Adjuvant radiotherapy for pathological T3N0M0 prostate cancer significantly reduces risk of metastases and improves survival: long-term followup of a randomized clinical trial. J Urol 2009;181(3):956-62. Chirurgie des tumeurs de la prostate localisées à haut risque P. Beuzeboc, M. Peneau, F. Rozet État des lieux La prise en charge chirurgicale des tumeurs localisées à haut risque a fait l’objet en 2007 d’une mise à jour des recommandations de l’AFU (1). Les recommandations de 2007 (1) concernant le La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 | 271 OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU Tumeurs urologiques traitement chirurgical des tumeurs localisées à haut risque ont été actualisées. Faits nouveaux Définition et bilan d’extension Concernant le bilan d’extension métastatique Les critères principaux définissant le cancer de la prostate à haut risque sont les suivants : tumeur supérieure ou égale à T2c, ou PSA supérieur à 20 ng/ml, ou score de Gleason biopsique supérieur ou égal à 8. Les critères associés sont : PSAV supérieur à 2 ng/ml/an, PSADT inférieur à 6 mois, taux de biopsies positives supérieur à 50 %, invasion supérieure à 30 % de la longueur des biopsies, pourcentage de grade 4 supérieur à 50, ou présence de grade 5. De nouvelles imageries sont en cours de développement (4-6) : ➤ l’IRM/spectroscopie ; ➤ l’IRM/corps entier ; ➤ le PET scan (11C-choline). Pour établir un bilan prédécisionnel devant un cancer à haut risque, les recommandations sont les suivantes : ➤ une IRM de la prostate ; ➤ un scanner abdomino-pelvien ; ➤ une scintigraphie osseuse ; ➤ une lymphadénectomie étendue (limitée : optionnelle). Elle est recommandée devant un cancer de la prostate à haut risque lorsqu’un traitement curatif est envisagé, notamment s’il s’agit d’une chirurgie. De nombreux auteurs (7) proposent d’étendre la lymphadénectomie aux aires ganglionnaires iliaques externes, obturatrices et iliaques internes, le curage devant ramener un minimum de 20 ganglions (par côté) pour s’approcher au mieux du statut ganglionnaire réel du patient. Indications chirurgicales La prostatectomie totale “élargie” aux tissus périprostatiques non conservatrice au niveau des bandelettes est un traitement validé pour des tumeurs à faible risque métastatique (cT3a, PSA < 10 ng/ml, score de Gleason ≤ 7, N0). Un traitement adjuvant (radiothérapie ou hormonothérapie) est administré en fonction de l’histologie définitive. La lymphadénectomie en préalable à la radiothérapie est optionnelle. Il n’y a pas de bénéfice à effectuer une hormonothérapie néo-adjuvante avant une prostatectomie (2). Une hormonothérapie adjuvante précoce après prostatectomie radicale est recommandée en cas d’atteinte ganglionnaire L’actualisation des données de l’étude randomisée EST3886 (3) comparant, chez des patients traités par prostatectomie N+ à l’analyse histologique du curage ganglionnaire, une castration immédiate (dans les 3 mois) à une castration différée au moment de l’apparition des métastases a pu confirmer que le bénéfice constaté à 7 ans se retrouvait après un suivi médian de 11,9 ans avec des différences significatives en termes de survie globale (HR = 1,84 ; IC95 : 1,01-3,35 ; p = 0,04) et spécifique (HR = 4,09 ; IC95 : 1,76-5,98 ; p = 0,0001) en faveur du traitement hormonal précoce. 272 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 Concernant la lymphadénectomie étendue Recommandations concernant la lymphadénectomie devant une tumeur à haut risque Une prostatectomie totale est envisagée ➤ S’il est prévu de ne pas réaliser la prostatectomie en cas d’atteinte ganglionnaire, la lymphadénectomie étendue est recommandée (limitée : optionnelle) au préalable à la prostatectomie sans examen extemporané. ➤ Si la décision est de ne pas réaliser de lymphadénectomie préalable à la prostatectomie, la lymphadénectomie étendue est recommandée en début d’intervention, quel que soit l’aspect macroscopique des aires ganglionnaires : – avec examen extemporané s’il est prévu d’interrompre l’intervention en cas d’atteinte ganglionnaire ; – sans examen extemporané s’il est prévu de poursuivre l’intervention quel que soit le résultat de cet examen (obstruction urinaire ou autres raisons). Une radiothérapie est envisagée ➤ La lymphadénectomie étendue (limitée : optionnelle), en préalable à la radiothérapie avec examen définitif des ganglions pelviens, est recommandée si les modalités du protocole de traitement sont modifiées devant un stade pN1 (radiothérapie exclusive de la loge devant pN0). ➤ En dehors de ce cas, la lymphadénectomie en préalable à la radiothérapie est optionnelle. En effet, la lymphadénectomie est source de morbidités et le bénéfice de l’acte n’est pas reconnu en cas d’irradiation des ganglions pelviens. D d P d s a E l p m ( M d r d P F E P c D * OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU Tumeurs urologiques Concernant la lymphadénectomie étendue par voie laparoscopique Les techniques de lymphadénectomie laparoscopique étendues doivent faire la preuve de leur faisabilité et ne sont pas encore validées. En cas de stade N1 à l’imagerie Il n’y a pas de standard pour la prise en charge thérapeutique devant une suspicion d’atteinte ganglionnaire après un bilan d’extension. Le choix thérapeutique est donc ouvert. ➤ Si, chez un patient jeune, T1, T2, M0 (espérance de vie supérieure à 10 ans) en bon état général, une intention curative demeure, une lymphadénectomie étendue est recommandée. Une prostatectomie est envisageable si la lymphadénectomie est étendue seulement si l’envahissement ganglionnaire est minime (inférieur à deux ganglions). Une radiothérapie est envisageable si la lymphadénectomie est étendue isolément dans un premier temps, puis, dans les cas de stade pN1, il est possible soit d’étendre le champ d’irradiation aux ganglions pelviens, soit de ne pas réaliser de radiothérapie. ➤ Une radiothérapie prostatique et ganglionnaire pelvienne peut être associée à une hormonothérapie (sans lymphadénectomie préalable). ➤ Une hormonothérapie exclusive et immédiate peut être décidée. ➤ Il peut y avoir seule surveillance, et le traitement est différé, dans le cas où le patient est asymptomatique, si c’est son choix (le temps de doublement peut être pris en compte). En cas de stade pN1 Il n’y a pas de standard pour la prise en charge thérapeutique devant une tumeur T1-2 avec curage ganglionnaire positif. Le choix thérapeutique est donc ouvert : ➤ prostatectomie totale, si l’envahissement ganglionnaire est minime (inférieur à deux ganglions) ; ➤ radiothérapie externe de la loge et du pelvis (N+ confirmé après curage mené isolément) ; ➤ hormonothérapie adjuvante dans les deux options précédentes ; ➤ surveillance-traitement différé, dans le cas où le patient est asymptomatique, si c’est son choix (le temps de doublement peut être pris en compte). Références bibliographiques 1. Recommandations 2007 en onco-urologie. Cancer de prostate à haut risque. Prog Urol 2007;17(6);1181-7. 2. Klotz LH, Goldenberg SL, Jewett MA et al. Long-term followup of a randomized trial of 0 versus 3 months of neoadjuvant androgen ablation before radical prostatectomy. J Urol 2003;170:791-4. 3. Messing EM, Manola J, Yao I et al.; Eastern cooperative Oncology Group Study EST 3886. Immediate versus deferred androgen deprivation treatment in patients with nodepositive prostate cancer after radical prostatectomy and pelvic lymphadenectomy. Lancet Oncol 2006;7(6):472-9. 274 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 4. Futterer JJ, Heijmink SW, Scheenen TW et al. Prostate cancer localization with dynamic contrast-enhanced MR imaging and proton MR spectroscopic imaging. Radiology 2006;449-58. 5. Lecouvet FE, Geukens D, Stainer A et al. Magnetic resonance imaging of the axial skeleton for detecting bone metastases in patients with high-risk prostate cancer: diagnostic and cost-effectiveness and comparison with current detection strategies. J Clin Oncol 2007;25:3281-7. 6. Heinisch M, Dirisamer A, Loidl W et al. Positron emission tomography/computed tomography with F-18-fluorocholine for restaging of prostate cancer patients: meaningful at PSA < 5 ng/ml? Mol Imaging Biol 2006;8(1):43-8. 7. Heidenreich A, Ohlmann CH, Polyakov S. Anatomical extent of pelvic lymphadenectomy in patients undergoing radical prostatectomy. Eur Urol 2007;52(1):29-37. Cancer du rein métastatique : traitements ciblés P. Beuzeboc, S. Oudard État des lieux (encadré) Encadré. Pronostic, imagerie, traitements ciblés. ➤ Classifications de Motzer (2004) et de Heng (2009) ; ➤ évaluation par imagerie dynamique (écho-doppler avec microbulles, scanner et IRM) ; ➤ en première ligne métastatique, en cas de : – pronostic bon ou intermédiaire : sunitinib ou bévacizumab/ interféron, – mauvais pronostic : sunitinib ou temsirolimus ; ➤ en deuxième ligne métastatique, après immunothérapie : sorafénib ; ➤ en deuxième ligne après antiangiogénique : évérolimus. Les autorisations de mise sur le marché délivrées pour le sunitinib, le sorafénib, le temsirolimus, l’association bévacizumab + interféron et, plus récemment, pour l’évérolimus, reposent sur les résultats d’études de phase III dont les principales caractéristiques sont résumées ci-dessous. Études de phase III des formes avancées en première ligne Sunitinib versus interféron (1) Sept cent cinquante patients ont été stratifiés en fonction du taux de lacticodéshydrogénase (LDH), du performance status (PS) [ECOG 0-1] et de la présence d’une néphrectomie. Le bras A (375 patients) a reçu un traitement par sunitinib 50 mg/j pendant 4 semaines, suivi de 2 semaines de repos. Le bras B (375 patients) recevait de l’interféron α à la dose de 3 000 000 UI × 3, la première semaine, de 6 000 000 UI la deuxième semaine et de 9 000 000 UI ensuite. Les traitements étaient suivis jusqu’à progression. Le taux de réponse (évaluation centralisée indépendante) était respectivement de 31 % (103/335) et de 6 % (20/327) [p < 0,001]. La médiane de