cependant en tirer un impact pronos-
tique, même si la coexistence de plus
de deux aberrations paraît défavo-
rable (20). La survenue de cancer
colique est liée à des mutations
secondaires, soit à une instabilité
chromosomique, soit à une instabilité
des microsatellites sans que l’on
sache si le mode de mutation a une
conséquence clinique sur la présen-
tation ou l’évolutivité des tumeurs
qu’elle détermine. En étudiant
607 cancers du côlon chez des
patients de moins de 50 ans, Gryfe et
al. ont montré que l’existence d’une
instabilité des microsatellites (retrou-
vée dans 17 %) était un facteur pré-
dictif d’évolution plus favorable et
avec une plus faible extension méta-
statique (6). Dans une étude portant
sur 10 tumeurs coliques, le profil pro-
téique de la matrice cellulaire des cel-
lules cancéreuses se révélait différent
de celui des cellules des tissus péri-
tumoraux ou coliques normales,
confirmant, d’une part, les diffé-
rences d’expression du génome
tumoral et, d’autre part, l’intérêt
éventuel de la connaissance de ces
profils protéiques dans le diagnostic
précoce et le dépistage (1).
La cyclooxygénase de type 2
(COX-2), surexprimée en cas d’adé-
nome et d’adénocarcinome colique,
carcinome gastrique et œsophagien,
semble avoir un rôle certain dans la
carcinogenèse même si ses méca-
nismes sont encore mal connus : acti-
vation de la prolifération cellulaire
favorisant la dysplasie, inhibition de
l’apoptose, augmentation des pro-
priétés invasives des cellules tumo-
rales, accroissement de la néoangio-
genèse… L’action des anti-COX-2
dans une indication préventive reste
bien sûr à prouver même si leur rôle
semble intéressant mais incomplet
dans la prévention des adénomes
coliques en cas de polypose familiale
adénomateuse (23) et l’utilisation de
Rofecoxib®25 mg par jour semble
diminuer l’apparition de la dysplasie
sur œsophage de Barrett (11).
Du point de vue préventif
et diagnostique
Sans insister sur l’endoscopie faisant
l’objet d’un chapitre particulier, il
paraît illusoire de parler de cancéro-
logie digestive sans rappeler le rôle
fondamental de cette technique dans
la prévention, le diagnostic et le trai-
tement des cancers digestifs. Ce rôle,
prouvé par le passé, a, quoi qu’on en
dise, un très bel avenir. De nombreux
travaux mettent en évidence l’intérêt
croissant de la chromoendoscopie,
de la magnification, de la spectro-
scopie et de la tomographie de cohé-
rence optique couplée à l’endosco-
pie dans le diagnostic précoce des
lésions néoplasiques tant œsopha-
giennes ou gastriques que coliques,
notamment en matière de lésions
planes. La coloscopie de dépistage
chez les patients aux antécédents per-
sonnels ou familiaux de polypes adé-
nomateux ou de néoplasie colique est
chose admise (conférence de consen-
sus). Le dépistage de la population
générale est plus discuté, mais Lie-
berman et al. incitent, dans deux
études de grande puissance, à pro-
poser la coloscopie systématique
dans cette indication, en montrant
notamment que l’association d’un
Hémoccult®et d’une rectosigmoïdo-
scopie laissent échapper une lésion
néoplasique avancée du côlon droit
dans 24 % des cas… (14, 15). La
conclusion de l’éditorial du New
England accompagnant la seconde
publication est édifiante lorsqu’au
terme d’une revue des cinq princi-
pales raisons qui n’ont pas fait rete-
nir la coloscopie dans les “guide-
lines” du dépistage colique (absence
de niveau de preuve suffisant, risque
de non adhésion des patients à un
examen désagréable, sévérité des
effets secondaires éventuels de la
technique, coût élevé, inadéquation
entre les besoins et les moyens en
homme et en matériel), elle propose
une coloscopie systématique à tout
sujet de 50 ans, asymptomatique et
sans antécédent, avec un contrôle à
10 ou 15 ans en cas d’examen néga-
tif... (3).
Cette attitude n’étant pas retenue par
tous, l’intérêt du dépistage du cancer
côlon par Hémoccult II®est démon-
tré pour la troisième fois par une étude
danoise effectuée entre 1985 et 2002
sur 30 967 sujets âgés de 45 à 75 ans.
La réalisation d’un test systématique
tous les deux ans avec coloscopie en
cas de positivité permet de diminuer
le taux de mortalité par cancer du
côlon par rapport à un groupe
contrôle. Le risque relatif est à 0,82 et
diminue à 0,70 avec un suivi de 7 ans,
mais rejoint celui des témoins en cas
d’arrêt prématuré du suivi (9). Com-
bien d’études seront-elles nécessaires
avant d’institutionaliser ce type de test
de dépistage, peu coûteux et certai-
nement plus simple que les méthodes
de détection par biologie moléculaire
de mutation de gènes dans les selles
(analyse de p53 et de K-ras) (4) ?
La TEP (tomographie par émission de
positrons) confirme dans deux études
son rôle fondamental dans le dia-
gnostic de récidive de cancer colique
chez des patients ayant eu un premier
traitement chirurgical curateur et pré-
sentant une élévation isolée de l’anti-
gène carcino-embryonnaire (ACE).
Cet examen est proposé au terme d’un
bilan morphologique complet (colo-
scopie, TDM abdomino-pelvien, scin-
tigraphie osseuse, IRM) négatif.
Libutti et al. retrouvent chez
26 patients, une récidive dans 94 %
des cas et précise sa localisation dans
81 % des cas (13). Taïeb et al. dia-
gnostiquent une récidive dans 79 %
des cas permettant une prise en charge
chirurgicale chez 18 patients dont 16
résections complètes (24). Ces études
n’évaluent pas le bénéfice d’un dia-
gnostic plus précoce en termes de sur-
vie, mais permettent d’affirmer son
intérêt dans la stratégie thérapeutique:
laparotomie à visée d’exérèse com-
plète si une lésion résécable a été
repérée ou s’il y a discussion d’un
traitement systémique si aucune
31
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (17), n°1 - janvier-février 2003
RétroSPECTIVE
PerSPECTIVE
2
0
0
1
-
2
0
0
2