La Lettre du Pneumologue - Vol. X - n° 5 - septembre-octobre 2007
Compte-rendu de congrès
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Compte-rendu de congrès
Résection bronchique sans sacrice parenchymateux
D’après la communication de J.F. Régnard (service de chirurgie
thoracique, Hôtel-Dieu, Paris).
Les tumeurs neuroendocrines, et plus particulièrement les
tumeurs carcinoïdes, siègent fréquemment sur les bronches
proximales (bronche principale, carène) ; elles posent dans ces
conditions un problème thérapeutique a priori plus difficile,
devant faire envisager une pneumonectomie. Ces lésions sont
en fait souvent purement endobronchiques et peuvent parfois
être accessibles à une résection bronchique et/ou carénaire
sans sacrifice parenchymateux.
Nous avons décrit 8 cas de résection bronchique sans sacrifice
parenchymateux dans cette indication. Il s’agissait de 4 hommes
et 4 femmes, d’un âge moyen de 42 ans (25 à 63 ans). Cinq de ces
patients ont eu dans un premier temps une bronchoscopie inter-
ventionnelle avec résection par thermocoagulation de la lésion.
Cinq résections de la bronche principale gauche, deux résections
de la bronche principale droite avec réimplantation du poumon
sous-jacent et une résection de la bifurcation trachéo-carénaire
avec double réimplantation pulmonaire ont ainsi été réalisées. Sur
le plan histologique, il s’agissait d’une tumeur carcinoïde typique
dans six cas, d’une tumeur carcinoïde atypique dans un cas et
d’un carcinome neuroendocrine à grandes cellules dans un cas.
Il s’agissait dans six cas d’une atteinte purement endobronchique
avec une lésion qui ne dépassait pas le chorion, et dans deux cas
d’une atteinte trans- et péribronchique (carcinoïde typique N2 et
carcinoïde atypique N0). Un curage ganglionnaire médiastinal a
systématiquement été réalisé ; sept lésions étaient N0 et une lésion
(tumeur carcinoïde typique récidivante) était N2.
Les suites opératoires ont été simples dans tous les cas. Les
contrôles fibroscopiques précoces et à distance n’ont pas
montré de sténose anastomotique. Aucun de ces patients n’a
présenté de récidive de sa tumeur neuroendocrine.
Dans un travail plus ancien (1997), nous avions rapporté
18 résections bronchiques sans sacrifice parenchymateux pour
tumeur carcinoïde (17 typiques, 1 atypique) sur une période de
trente ans. Le suivi moyen était de 145 mois. Aucune récidive
locale n’avait été constatée chez ces patients. Un seul patient
porteur d’une tumeur carcinoïde atypique avait développé des
métastases hépatiques, dont il était décédé.
En conclusion, une résection bronchique sans sacrifice paren-
chymateux est parfois possible dans les tumeurs proximales.
Cette chirurgie est actuellement bien réglée sur les plans tech-
nique et ventilatoire. Elle peut être réalisée avec un risque
opératoire faible.
Un excellent contrôle local de la maladie peut ainsi être obtenu,
comme en témoigne l’absence de récidive locale.
Critères diagnostiques des carcinomes
neuroendocrines à grandes cellules
et facteurs pronostiques
D’après la communication de T. Molina (service d’anatomie et
de cytologie pathologiques, Hôtel-Dieu, Paris).
Le carcinome neuroendocrine à grandes cellules (CNEGC)
est une variante des carcinomes à grandes cellules, selon la
classification OMS 2004. Toutefois, les critères diagnostiques
de cette entité sont basés sur le concept des tumeurs neuro-
endocrines bronchopulmonaires. Ces tumeurs regroupent
ainsi les carcinomes à petites cellules, les CNEGC, les carci-
noïdes atypiques et les carcinoïdes typiques.
Cinq critères diagnostiques majeurs sont nécessaires pour
affirmer le diagnostic de CNEGC (voir encadré).
Encadré.
Critères majeurs pour le diagnostic de carcinome neuro-
endocrine à grandes cellules.
1. Une architecture neuroendocrine (nids, rosettes, palissades, travées)
2. Un nombre élevé de mitoses : 11 ou plus pour 2 mm2 (environ 10 champs à
fort grandissement), avec une médiane en général de 70.
3. De larges plages de nécrose.
4. Des aspects cytologiques de carcinome non à petites cellules : cellule de
grande taille (plus que le diamètre de 3 lymphocytes), faible ratio nucléo-
cytoplasmique, chromatine vésiculeuse, grossière ou ne et/ou nucléole bien
visible. Quelques cas ont une chromatine ne sans nucléole, mais sont de
grande taille, avec cytoplasme abondant.
5. Un phénotype immunohistochimique démontrant la diérenciation neuro-
endocrine (expression de la chromogranine A, synaptophysine, CD56).
Une expression nette d’au moins un des trois marqueurs est nécessaire.
L’importance d’isoler cette entité est notamment liée à des
courbes de survie proches de celles des carcinomes à petites
cellules et différentes de celles des carcinoïdes. La discussion
d’une chimiothérapie de type carcinome à petites cellules se pose
alors, dans les formes aussi bien opérables que non opérables.
Des cinq critères diagnostiques majeurs découlent des
diagnostics différentiels difficiles. Les trois principaux sont
représentés par les carcinoïdes atypiques, les carcinomes à
petites cellules et les carcinomes à grandes cellules.
Le carcinome à grandes cellules est par définition un
diagnostic d’exclusion d’un carcinome constitué de plages de
cellules tumorales polygonales avec un noyau vésiculeux et
un nucléole proéminent, un cytoplasme abondant sans diffé-
renciation malpighienne ou glandulaire sur le plan histolo-
gique. Ainsi, l’architecture neuroendocrine de la prolifération
tumorale va constituer l’un des critères majeurs du diagnostic
différentiel, et l’immunohistochimie devra confirmer la diffé-
renciation neuroendocrine. Cependant, les critères permet-
tant d’affirmer l’architecture neuroendocrine sur le seul plan
morphologique font parfois l’objet de controverses entre
pathologistes. Ainsi, l’OMS différencie le CNEGC des carci-
nomes à grandes cellules avec différenciation neuroendocrine,
entité considérée comme provisoire, où seule l’immunohisto-
chimie, mais non la morphologie, montre la nature neuroen-
docrine de la prolifération tumorale. D’autre part, il peut y
avoir, parfois, des CNEGC combinés, associant dans 10 %
au moins de la tumeur un adénocarcinome ou un carcinome
épidermoïde, à cellules géantes et/ou fusiformes.
Entre le CNEGC et le carcinome à petites cellules, le problème
diagnostique se pose principalement sur des biopsies de petite
taille où l’architecture ne peut s’évaluer de façon rigoureuse.