28 DOSSIER Sel et santé >> DOSSIER Des besoins toujours dépassés Infos ... Les effets néfastes du sel Dans un rapport paru en février 2004, les experts font le point sur les effets de ce composé sur la santé : il est impératif de diminuer notre consommation de sel. Car le sel augmente les problèmes d’hypertension artérielle, directement corrélée aux problèmes cardiovasculaires. De manière moins directe, le sel est également associé aux problèmes d’ostéoporose, voire dans l’apparition de cancers digestifs. En attendant les réponses aux questions posées sur la relation causale entre les ingestats sodés et l’élévation de la pression artérielle dans la population générale, il paraît circonspect de “saler à point” la viande comme les légumes et de limiter la consommation des aliments très salés en raison des nécessités sécuritaires et organoleptiques. L a relation entre l’importance de notre alimentation en sel et l’HTA fait l’objet de débats vifs entre les partisans de la restriction sodée dans la population générale et ceux qui s’inquiètent d’une image trop négative du sel. Ces derniers mettent l’accent sur la prépondérance de facteurs génétiques dans la sensibilité au sel et le niveau de la pression artérielle (PA). Le caractère héréditaire de la PA a été démontré par les études familiales : environ 30 % de la variance de la PA est d’origine génétique et 50 % d’origine environnementale. En outre, on observe une ressemblance intrafamiliale pour des variations de PA suivant des modifications de charge salée aiguë ou chronique. Fait intéressant, il a été démontré que tous les gènes qui sont responsables de formes d’HTA transmissible selon un mode mendélien sont des gènes impliqués dans la régulation de l’homéostasie hydrosodée et du tonus vasculaire. Selon les études prospectives portant sur 52 populations, les sujets ayant les ingestats sodés élevés ont une tendance à être hypertendus. Toutefois la ration Na/K semble être également importante. En réalité la recherche génétique ne permet de répondre que partiellement aux questions posées sur les liens entre apport sodé et pression artérielle. Il importe en effet d’intégrer ces données dans le cadre de l’alimentation occidentale favorisant le surpoids et de prendre en considération d’autres facteurs de risque cardiovasculaires (stress, excès des lipides et d’alcool, tabac) qui sont susceptibles d’agir en synergie avec l’abus du sel alimentaire. D’après le Pr Xavier Jeunemaître (Paris), « il ne fait guère de doute que l’apport sodé de notre alimentation est un des facteurs d’en- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005 vironnement influençant le niveau de pression artérielle ». Dans les formes essentielles d’HTA, les gènes de susceptibilité sont probablement nombreux, interactifs avec d’autres gènes et avec l’environnement, c’est dire la complexité des interactions gènesenvironnement. Par conséquent, chez chaque individu la régulation de l’effet de notre environnement sera plus ou moins fine et plus ou moins efficace. Des réactions variables On sait que les réactions de l’organisme à l’apport sodé sont très variables d’un sujet à l’autre. L’organisme sain peut faire face à de grandes variations d’apport en sel sans qu’apparaissent un œdème ou une modification de la pressions artérielle. Selon certains auteurs, les reins (en bon état) devraient traiter des ingestats sodés dans la plage de 5 à 16 g/jour ; d’ailleurs les Indiens d’Amérique centrale s’accommoderaient d’apports sodés atteignant 13 g/j sans devenir hypertendus avec l’âge ou l’urbanisation de leur mode de vie. Des études ont montré que chez les sujets normotendus la baisse de la tension artérielle obtenue par la consommation des fruits et légumes (augmentation des apports en potassium) et des produits laitiers (calcium) peut être supérieure à celle obtenue par la réduction de l’apport en sel ; par contre, chez les sujets sensibles au sel (qui éliminent plus lentement le sel) et chez les sujets hypertendus, la diminution de l’ingestion de sodium est considérée comme un élément important de la lutte contre l’HTA. À la suite des recommandations de l’AFSSA qui préconisent une diminution des apports sodés, le ministère de la Santé s’est engagé en 2002 à faire réduire de 5 % par an la teneur en sel des aliments vendus dans le commerce. L’industrie agroalimentaire devrait poursuivre ses efforts dans le sens de la restriction sodée. Cela est un impératif puisque le sel est utilisé tant pour des raisons organoleptiques que technologiques. En attendant, si l’on veut changer l’habitude de manger trop salé, il suffit de ne pas saler systématiquement avant d’avoir goûté, d’utiliser d’autres exhausteurs du goût (épices, herbes) et de consommer avec modération, notamment, charcuterie, fromages à pâtes cuites et plats préparés industriellement. LC Une substance minérale indispensable Le sel est indispensable à la vie. Substance minérale la plus répandue dans l’univers, le sel est dissous dans l’eau des océans à raison de 30 g/l et le sérum sanguin en contient 8 g/l. C’est un aliment à part entière. Théoriquement les besoins physiologiques sont satisfaits à raison de 2 g/jour (pour maintenir l’homéostasie NaCl dans l’organisme). Cependant il s’est révélé que l’ingestion moyenne des Français est de l’ordre de 8 g/ jour, et de 12 g/jour chez les gros consommateurs. Le sel a joué un rôle essentiel pendant des siècles dans la préparation et la conservation des aliments car il possède un effet bactériostatique. Rappelons aussi que le sel participe à la prévention de masse étant donné que les pouvoirs publics l’ont choisi comme vecteur des apports en iode et en fluor.