Professions Santé Infirmier Infirmière N° 57 • août-septembre 2004
Actualité Santé 13
L
es pathologies de la prostate
s’expriment d’autant plus
fréquemment qu’elles se
situent au niveau de la soixantaine
et que l’espérance de vie tourne
aujourd’hui autour de 85 ans.
Les troubles gênants
Dans les deux sexes, les troubles mic-
tionnels et sexuels augmentent avec
l’âge. Hommes et femmes, presque à
égalité, connaissent des mictions noc-
turnes, une fréquence mictionnelle
accrue, un débit mictionnel qui
décroît, quelques impétuosités indé-
pendamment des facteurs alimen-
taires, médicamenteux et des
troubles du sommeil. Une des raisons
des mictions nocturnes étant l’inver-
sion de la diurèse. Ces troubles aug-
mentant avec l’âge, les examens
prostatiques vont être plus nombreux.
Cependant avant d’incriminer la pros-
tate devant une nycturie ou une pol-
lakiurie isolée et demander des exa-
mens complémentaires, il convient
de réaliser un calendrier mictionnel.
Même si son volume augmente et si
elle peut y participer, la prostate n’est
pas responsable de tous les troubles.
Ainsi, on sait qu’avec l’âge, les désirs
sexuels, les érections mais aussi le
volume de l’éjaculat diminuent pro-
gressivement. De plus, un grand
nombre de pathologies (HTA, dia-
bète, maladie de Parkinson, accidents
vasculaires cérébraux) surviennent et,
qui, en elles-mêmes ou du fait de
leurs traitements, peuvent provoquer
des troubles mictionnels.
L’hypertrophie bénigne
L’hypertrophie bénigne se définit
par une hyperplasie de la zone
transitionnelle touchant les glandes
comme le tissu stromal. Extrême-
ment fréquente, elle devient quasi
constante au-delà de 80 ans. Au
toucher rectal l’hypertrophie est un
peu moins fréquente qu’histologi-
quement. Les signes cliniques con-
cernent seulement une partie des
hommes présentant une hyper-
trophie, et la moitié des hommes
symptomatiques seront traités. Les
symptômes étant faibles ou modé-
rés, l’intensité de la gêne est va-
riable selon les patients. La sexua-
lité est perturbée en fonction de la
gène mictionnelle. Le volume pros-
tatique ne peut signifier si, à terme,
les ennuis symptomatiques seront
plus importants et entraîner alors
des besoins médicaux-chirurgicaux.
Certes, la maladie est évolutive,
d’autant plus si le taux de PSA est
élevé. Trois questions se posent
alors : les symptômes sont-ils en
rapport avec l’hypertrophie ? Sont-
ils gênants ? Peut-on prévoir qu’ils
vont évoluer ?
Le cancer prostatique
La prévalence du cancer prostatique
augmente et, en France, il de
vient le
premier cancer diagnostiqué chez
l’homme. En 2000, 40 000 hom
mes
furent diagnostiqués (dont la moitié
avait 74 ans) et 9 000 en sont
décédés. Le cancer prostatique est
beaucoup moins souvent à l’origine
de signes cliniques et encore moins
de décès. Il est présent sur 12 %
des pièces d’autopsies à 50 ans et
sur 39 % à partir de 70 ans.
L’incidence de morbidité est actuel-
lement de
290 hommes pour
100 000 à 60 ans
et de 269 à 70
ans. Quelles sont les personnes à
risques connus ? Les populations
noires et celles présentant des anté-
cédents familiaux multiples ou appa-
rus chez des ascendants ou des
frères jeunes. En bref, le traitement
est palliatif quand les signes cli-
niques sont présents, et préventif en
leur absence. La survie, tous stades
et grades confondus est de 80 % à
10 ans, de 90 % à 5 ans. La pro-
gression métastatique est à 5 ans
de 10 %, à 10 ans de 18 %, avec
un délai moyen de survenue de
13 ans. Le décès survient en
moyenne 2,5 ans après la survenue
des métastases. Cependant, chez un
homme jeune, l’espérance de vie à
10 ans est identique en l’absence
de cancer ou avec un cancer localisé
traité curativement.
Le rôle de la prévention et du
dépistage est donc posé. On pense
de plus en plus au rôle protecteur
de certains aliments ou nutriments
(légumes verts ou jaunes, soja,
carottes, poissons) oméga 3, vita-
mine E, sélénium et aux vertus des
régimes non hypercaloriques et de
l’activité physique.
ALP
Infos ...
Quand prescrire
le PSA ?
Le dosage de PSA
est utile au dépistage
et au diagnostic
précoce du cancer
de la prostate.
L’homme de plus de
50 ans et le patient
jeune présentant
un risque familial
significatif sont
concernés.
Cependant,
ce dépistage
et ce diagnostic
précoce ne
s’adressent
qu’aux patients
ayant une espérance
de vie supérieure à
10 ans, c’est-à-dire de
moins de 70 à 75 ans
et selon leur état
physiologique.
Le dosage de PSA
est également
indiqué dans
la surveillance
d’un patient traité
pour cancer
de la prostate.
Le dépistage par toucher rectal et le dosage régulier du PSA
devraient être systématiques chez les hommes de 50 à
75 ans pour permettre de détecter le cancer de la prostate
à un stade où les traitements sont encore efficaces.
Pathologies prostatiques
Plus nombreuses avec l’âge
Qu’est-ce que le PSA ?
Le PSA est une glycoprotéine de
bas poids moléculaire apparte-
nant au groupe des kallicréines.
L’expression du PSA est régulée
par les androgènes. Il est sécrété
quasi exclusivement par les cel-
lules épithéliales des glandes
périurétérales. Le PSA est spéci-
fique de l’épithélium sécrétoire
de la prostate et non d’une mala-
die de la prostate. Le PSA est nor-
malement présent dans le sérum
des hommes à un taux de l’ordre
du nanogramme par millilitre
(taux normal : deux à quatre
nanogrammes par millilitre).
L’élévation du taux sérique du PSA
varie en fonction du volume et de
la nature du tissu prostatique.
Ainsi, pour 1 g de tissu prosta-
tique normal correspond une élé-
vation de 0,3 nanogramme par
millilitre du taux sérique des PSA
alors que pour 1 g de tissu cancé-
reux, l’élévation serait de trois
nanogrammes par millilitre.