congrès RÉUNION coordonné par le Pr P.G. Steg Les études phares de l’ACC 2008 : HYVET, PERISCOPE et STRADIVARIUS Olivier Brevet* Chicago, 29 mars-1er avril 2008 HYVET : traitement de l’hypertension artérielle chez le patient âgé * Paris. La prise en charge médicamenteuse de l’hypertension artérielle a montré depuis plusieurs décennies son aptitude à prévenir certaines complications cardiovasculaires potentiellement fatales. Néanmoins, chez les sujets âgés de plus de 80 ans, les seules données disponibles montrent que malgré un risque d’AVC atténué, le risque fatal, toutes causes confondues, est augmenté. Pour éclaircir ce point, l’étude HYVET (HYpertension in the Very Elderly Trial) s’est intéressée aux bénéfices et aux risques potentiels du traitement de l’hypertension dans cette population de patients. Pour être inclus dans l’étude, les patients devaient être âgés de 80 ans au moins, et présenter une hypertension. Les terrains contre-indiquant l’utilisation des médicaments de l’étude et les patients souffrant d’hypertension secondaire, d’un antécédent d’accident hémorragique, d’une hypercréatininémie, d’une hypokaliémie ou d’une hyperkaliémie étaient exclus de l’étude. Après randomisation, les patients ont reçu un diurétique à libération prolongée (indapamide 1,5 mg LP) ou un placebo. Si l’objectif tensionnel de 150/80 mmHg n’était pas atteint, un inhibiteur de l’enzyme de conversion (périndopril 2 mg ou 4 mg) ou un placebo était rajouté au traitement. Le critère d’évaluation principal était la survenue d’un accident vasculaire cérébral mortel ou non, en excluant les accidents ischémiques transitoires. Les critères d’évaluation secondaires concernaient les décès quelle qu’en soit la cause, les décès d’origine cardiaque et les décès des suites d’un AVC. Réalisé en double insu sur une durée médiane de 1,8 an, ce travail propose une analyse des résultats de 3 845 patients, répartis en deux groupes présentant des caractéristiques similaires à l’entrée dans l’étude : un groupe recevant le traitement (n = 1 933) et un groupe placebo (n = 1 912). Après 2 ans de suivi, les résultats montrent que le traitement à base d’indapamide 1,5 mg LP réduit significativement la pression artérielle : – 29,5 mmHg sur la PAS et – 12,9 mmHg sur la PAD. L’analyse en intention de traiter met en évidence une réduction du nombre d’AVC de 30 % dans le groupe traité. En outre, la mortalité par AVC est diminuée de 39 %, la mortalité toutes causes confondues, de 21 %, les insuffisances cardiaques fatales ou non, de 64 % et la mortalité d’origine cardiovasculaire, de 23 %. Par ailleurs, les effets indésirables graves ont été plus fréquents dans le groupe placebo (358 contre 448, p = 0,001), mais aucun problème de tolérance n’est à noter sur le plan biologique, qu’il s’agisse de la créatinine ou du potassium, tout particulièrement (tableau). Ces résultats montrent l’intérêt du traitement par indapamide 1,5 mg LP (± périndopril) sur la réduction du risque de décès par AVC. De façon nouvelle et surprenante, le traitement actif diminue également le risque de décès toutes origines confondues. Cette étude est donc la première à démontrer clairement les bénéfices importants du traitement antihypertenseur chez les sujets âgés de 80 ans et plus, tant en termes de contrôle de la pression artérielle qu’en termes de prévention cardiovasculaire. Cet objectif a été atteint grâce à la stratégie basée sur l’indapamide 1,5mg LP. Les résultats de l’étude HYVET pourraient entraîner une modification des recommandations. 16 | La Lettre du Cardiologue • n° 416 - juin 2008 LC 416 JUIN 2008.indd 16 1/07/08 13:53:24 congrès RÉUNION Tableau. Principaux événements fatals et non fatals recensés dans la population ITT, d’après Beckett NS et al. N Engl J Med 2008;358:1887-98. Taux d’événements par an sur 1 000 personnes (%) [nombre d’événements] Groupe traité Groupe placebo HR non ajusté IC95 p Fatal ou non fatal 12,4 (51) 17,7 (69) 0,70 (0,49-1,01) 0,06 Décès des suites d’un AVC 6,5 (27) 10,7 (42) 0,61 (0,38-0,99) 0,046 Toutes causes 47,2 (196) 59,6 (235) 0,79 (0,65-0,95) 0,02 Non cardiaques ou cause indéterminée 23,4 (97) 28,9 (114) 0,81 (0,62-1,06) 0,12 Cardiovasculaires 23,9 (99) 30,7 (121) 0,77 (0,60-1,01) 0,06 Cardiaques 6,0 (25) 8,4 (33) 0,71 (0,42-1,19) 0,19 Arrêt cardiaque 1,5 (6) 3,0 (12) 0,48 (0,18-1,28) 0,14 Événement AVC Décès Fatal ou non fatal IDM 2,2 (9) 3,1 (12) 0,72 (0,30-1,70) 0,45 Arrêt cardiaque 5,3 (22) 14,8 (57) 0,36 (0,22-0,58) < 0,001 33,7 (138) 50,6 (193) 0,66 (0,53-0,82) < 0,001 Événement cardiovasculaire PERISCOPE et STRADIVARIUS Traitement médicamenteux du diabète et de l’obésité : implications en prévention cardiovasculaire Diabète de type 2 et obésité représentent des facteurs de risque majeurs de complications cardiovasculaires. Fréquemment associées, ces pathologies sont indirectement responsables de forts taux de mortalité dans les pays occidentaux, ce qui en fait une priorité de santé publique. Si les traitements pharmacologiques disponibles à l’heure actuelle permettent de contrôler efficacement les paramètres biologiques directement concernés par ces maladies, leur effet préventif sur des troubles, telle l’athérosclérose, apparaît comme limité. De récents travaux ont tenté d’apporter de nouvelles données sur ce point, à l’aide d’une technique d’imagerie intravasculaire novatrice. PERISCOPE : intérêt de la pioglitazone dans la prévention de l’athérosclérose En matière de prise en charge médicamenteuse du diabète de type 2, le contrôle de la glycémie constitue le principal objectif des traitements antidiabétiques oraux. À l’heure actuelle, de nombreuses études s’intéressent à d’autres aspects de ces traitements, en particulier à leur potentiel préventif vis- à-vis du risque cardiovasculaire. Dans cette optique, l’étude PERISCOPE (Pioglitazone Effect on Regression of Intravascular Sonographic Coronary Obstruction Prospective Evaluation) a comparé les effets de deux antidiabétiques oraux sur la progression de l’athérosclérose coronaire, grâce à l’ultrasonographie coronaire (IVUS : IntraVascular UltraSound), qui permet de mesurer le volume des plaques d’athérome. Les résultats de cette étude multicentrique de 18 mois ont été publiés récemment et concernent 543 patients diabétiques de type 2, traités par une sulfonylurée (glimépiride) ou par une thiazolidinedione (pioglitazone). Ces patients, âgés de 35 à 85 ans, devaient présenter un taux d’hémoglobine glyquée entre 6 et 9 % s’ils étaient déjà traités, et entre 6,5 et 10 % s’ils n’avaient pas encore reçu de traitement hypoglycémiant. Cependant, les patients traités par plus de deux antidiabétiques, ou ayant été traités par une thiazolidinedione dans les 12 dernières semaines étaient exclus de l’étude. Les caractéristiques démographiques étaient globalement similaires entre les deux groupes. La plupart des patients étaient en outre traités par d’autres médicaments reconnus dans la prévention des complications cardiovasculaires du diabète, tels les IEC ou les antagonistes du récepteur de l’angiotensine II. Au terme de l’étude, la réduction des taux d’hémoglobine HbA1c était comparable entre les deux groupes. En revanche, la hausse du taux d’HDLcholestérol était significativement plus importante dans le groupe pioglitazone (+ 5,7 mg/dl contre Retrouvez la présentation faite par le Dr A. Marquand de l’étude HYVET sur notre site www.edimark.fr La Lettre du Cardiologue • n° 416 - juin 2008 | 17 LC 416 JUIN 2008.indd 17 1/07/08 13:53:28 congrès RÉUNION coordonné par le Pr P.G. Steg + 0,9 mg/dl), tout comme la diminution du taux de protéine C-réactive (– 1,0 mg/l contre – 0,4 mg/l). Le volume moyen des plaques d’athérome, critère principal d’évaluation, a augmenté de 0,73 % avec le traitement par glimépiride. À l’inverse, le traitement par pioglitazone a permis de réduire de façon significative par rapport au glimépiride le volume moyen de 0,16 %. De même, la pioglitazone a montré une supériorité significative sur le glimépiride en ce qui concerne le critère d’évaluation secondaire. L’épaisseur maximale des plaques d’athéromes a en effet augmenté de 0,011 mm sous glimépiride, alors qu’elle a diminué de la même dimension sous pioglitazone. Par ailleurs, la fréquence des effets indésirables graves était comparable dans les deux groupes. Aussi, PERISCOPE est la première étude à mettre en évidence l’effet préventif de la pioglitazone sur l’athérosclérose. Toutefois, le mécanisme par lequel ce médicament exerce son action antiathérogène reste incertain, et semble indépendant de sa capacité à réguler la glycémie, malgré la différence de profil pharmacologique qui existe entre les deux traitements. Le diabète de type 2 étant associé à un ensemble de troubles métaboliques, il semble plus probable que les effets bénéfiques de la pioglitazone sur le bilan lipidique (augmentation de 16 % du HDLcholestérol et diminution de 15 % des triglycérides) soit à même d’expliquer son action dans la réduction de la progression de l’athérosclérose coronaire. STRADIVARIUS : effets du rimonabant sur la progression de l’athérosclérose Dans la plupart des pays industrialisés, l’obésité atteint un niveau de prévalence alarmant et génère de nombreuses complications métaboliques et cardiovasculaires. D’importants taux de LDLcholestérol, de faibles taux de HDL-cholestérol et une hypertriglycéridémie constituent effectivement un facteur favorisant le diabète de type 2 ou l’athérosclérose. Malgré le développement de nouvelles approches pharmacologiques dans le traitement de l’obésité, aucune thérapeutique ne semble avoir d’effet préventif sur de telles complications. L’étude STRADIVARIUS (the Strategy To Reduce Atherosclerosis Development InVolving Administration of Rimonabant – the Intravascular Ultrasound Study) a donc tenté de déterminer l’impact d’un antagoniste des récepteurs cannabinoïdes CB1 récemment commer- cialisé en France (rimonabant) sur la progression de l’athérosclérose. Cette étude prospective multicentrique réalisée en double insu contre placebo a fait appel à l’imagerie intravasculaire par ultrasonographie, une technique couramment utilisée depuis quelques années pour évaluer le volume des plaques d’athérome. S’adressant à des patients obèses, présentant un ensemble de troubles métaboliques ou étant des fumeurs réguliers, cette étude a néanmoins exclus les patients ayant subi une chirurgie visant à réduire leur poids, les diabétiques non contrôlés et les utilisateurs de cannabis ou d’autres traitements anorexigènes. Grâce à l’ultrasonographie, les investigateurs ont pu calculer le pourcentage volumique d’athérome de la zone vasculaire étudiée, qu’ils ont choisi comme critère d’évaluation principal. L’évaluation de volume total de l’athérome constituait quant à elle le critère secondaire d’efficacité. Après une première ultrasonographie au début de l’étude, 839 patients ont reçu une dose quotidienne de 20 mg de rimonabant (n = 417) ou un placebo (n = 422) pendant 18 à 20 mois, puis ont subi une nouvelle ultrasonographie. Les résultats de 676 patients ont pu être analysés et ont confirmé l’effet du rimonabant sur la perte de poids (– 4,3 kg), sur la réduction du tour de taille (– 4,5 cm) et de la triglycéridémie (– 20,5 %) et sur l’élévation du taux d’HDL-cholestérol (+ 22,4 %). Dans les deux groupes de patients, le pourcentage d’athérome a légèrement augmenté, sans différence significative entre le rimonabant et le placebo. Toutefois, sur le volume total d’athérome, une différence significative entre les deux groupes a été mise en évidence avec une diminution significative de 2,2 mm3 par rapport à la valeur de base chez les patients traités par l’antagoniste du récepteur CB1. Toutefois, les effets indésirables ont été plus fréquents chez les patients traités par rimonabant, notamment sur le plan psychiatrique. À travers cette étude, le rimonabant fait preuve d’une efficacité prometteuse contre l’obésité abdominale, ainsi que sur certains déterminants du syndrome métabolique. De façon surprenante, ce médicament réduit le volume total des plaques d’athérome, mais pas le rétrécissement du calibre des vaisseaux dû à ces plaques. De nouvelles études sont actuellement en cours pour mieux définir le rôle potentiel du rimonabant dans la prise en charge du patient obèse avec facteurs de risque cardiovasculaire et/ou métabolique. ■ 18 | La Lettre du Cardiologue • n° 416 - juin 2008 LC 416 JUIN 2008.indd 18 1/07/08 13:53:37 CO hyd mo don pris la f COK dan •p hép ET Ris Pré de kali Util ton le r rég d’in soit Con hyp IV), de Ass ET Pas ver Lié d’h d'u diu con PR CO pla the DEL Info