© Alix/Phanie
© CMEABG-UCBL/Phanie
U
n peu d’histoire. Dès l’anti-
quité, l’hygiène des Grecs
et des Romains avait un
sens purificateur tout en évoquant
aussi la volupté. En Orient, les bains
turcs ou les hammams, aujourd’hui
encore, mêlent rite de purification
religieux, plaisir et hygiène.
Au Moyen Âge, contrairement aux
idées répandues, on se baigne
beaucoup en ville, où l’hygiène
corporelle est très présente. Les
bains publics ou étuves permet-
tent aux hommes de se retrouver
et de se détendre dans un réel
lieu de plaisir. De même, partout
en Europe, on voit fleurir la mode
du bain et les latrines, vestiges de
la présence romaine. Mais, petit à
petit, les bains publics deviennent
des lieux mal fréquentés… Dans
la rue, l’hygiène est moins fla-
grante : c’est l’époque du “tout à
la rue” ! Excréments et eaux
usées s’y mêlent et nagent dans
les rigoles se trouvant au centre
des rues…
À la Renaissance, l’hygiène mar-
que une pause, en particulier à
cause d’une perception différente
du corps (il devient tabou) et de
l’apparition de maladies très graves
telles que la syphilis, qui se propa-
gent sans qu’aucun scientifique
puisse réellement expliquer pour-
quoi. On croit alors que l’eau pé-
nètre dans le corps par les pores
de la peau et transmet ainsi la
maladie. La peste fait aussi beau-
coup de ravages en Occident.
Aussi
pense-t-on qu’une couche
de crasse assure une protection
contre les maladies. La toilette cor-
porelle devient donc sèche. On
utilise uniquement un linge propre
pour frotter les parties visibles du
corps ! Paradoxalement, l’eau est
utilisée à des fins thérapeutiques :
associée à des plantes pour le
bain ou en décoction...
Le XVIII
e
siècle voit réapparaître les
latrines collectives dans les mai-
sons, et l’interdiction de jeter ses
excréments par la fenêtre (chose
qui était devenue pratique
courante !). De même, on incite les
habitants des villes à jeter leurs
ordures dans les tombereaux af-
fectés à cet effet. Parallèlement, la
chimie avance : en 1774, le chi-
miste suédois Carl Wilhem Scheele
découvre le chlore. Les scientifiques
découvriront plus tard que, mélangé
Hygiène
Une discipline scientifique à part entière
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
Sommaire
Infections nosocomiales
Le risque zéro n’existe pas, mais...
Sites opératoires
Comment diminuer l’incidence
des infections
Anesthésie
Rappel sur les risques infectieux
>> DOSSIER
HYGIÈNE
21
Si l’on veut définir l’hygiène, on peut dire, pour l’OMS, que
c’est “l’ensemble des mesures préventives de préserva-
tion de la santé”. Elle est devenue une composante
essentielle de notre vie, et même une raison majeure de
l’allongement de l’espérance de vie des habitants des
pays industrialisés. La notion d’hygiène a été étroite-
ment liée aux croyances populaires et aux coutumes. Elle
a évolué en même temps que l’état des connaissances
scientifiques et médicales. L’hygiène peut se raconter en
deux grandes périodes fondamentales séparées par la
révolution biologique qu’a été la découverte des micro-
organismes et de leur rôle dans les maladies.
>>
à l’eau, il blanchit les ob
jets (Claude
Berthollet) et, mélangé
à une solu-
tion de soude, il désinfecte (Antoine
Labarraque). L’eau de Javel vient de
faire son apparition !
Le XIX
e
siècle voit le renouveau de
l’hygiène. Les travaux d’urbanis
me
se développent. C’est le début du
tout-à-l’égout et, par ailleurs,
les
eaux usées, riches en azote, sont
utilisées pour faire fructifier la terre
tout en se purifiant (principe de
nitrification). C’est l’apparition des
premiers champs d’épandage.
Alors que les “water-closets” anglais
gagnent toute l’Europe, les pre-
mières expositions sur l’hygiène
ouvrent leurs portes.
Du côté des sciences
Depuis l’année 1590, où l’on met
au point les premiers microsco-
pes composés, en Italie et en
Hollande, c’est en 1674 que le
Hollandais Antony Van Leeuwen-
hoek décrit pour la première fois
des bactéries, sans savoir qu’elles
en sont, tout en semblant avoir
pressenti leur pouvoir infectieux.
En 1796, l’Anglais Edward Jenner
découvre le principe de la vaccina-
tion, en inoculant la vaccine de la
vache à des patients, d’où le nom
de vaccination. Et, en 1847, le
Hongrois Ignac Semmelweis
constate qu’une bonne hygiène
corporelle du médecin, en particu-
lier le lavage des mains entre deux
examens, évite au patient d’être
contaminé. Ainsi, les mesures
d’hygiène limitent la mortalité par
fièvre puerpérale. L’hygiène, syno-
nyme de prévention, est lancée.
En 1865, le Français Claude
Bernard définit les principes fon-
damentaux de la recherche scien-
tifique et, en 1867, l’Anglais Joseph
Lister invente le concept d’anti-
sepsie, qu’il applique à la chirur-
gie et à la désinfection des plaies
grâce à des produits iodés.
En 1873, l’Allemand Robert Koch
découvre le bacille responsable
de la tuberculose et qui portera
son nom (bacille de Koch).
Du côté des sciences, les progrès
deviennent considérables, notam-
ment grâce aux expériences de
Louis Pasteur, qui, en 1879, dé-
couvre le principe du vaccin au
moyen de cultures atténuées. À
mesure que l’on découvre de
nombreuses bactéries et leur rôle
clé dans les infections connues,
on comprend qu’il est possible de
s’en protéger.
Le lavage des mains et la toilette
quotidienne à l’eau et au savon
sont prônées dans le but essen-
tiel de vaincre les maladies conta-
gieuses (peste, choléra, typhoïde,
typhus, fièvre jaune). Toilette et
vaccination en seront les fers de
lance. Nouveau tournant en
1928, où l’Anglais Alexander
Fleming découvre la pénicilline.
Ce puissant bactéricide sera uti-
lisé bien plus tard comme antibio-
tique et, en 1938, René Dubos
extrait d’un micro-organisme du
sol le premier antibiotique connu.
Les conférences internationales
de la fin du XIXeaboutissent à la
mise en place d’un Office interna-
tional d’hygiène publique, qui
s’installe à Paris en 1907, et qui
deviendra l’OMS (Organisation
mondiale de la santé) en 1946.
Une lutte et une coopération
s’engagent contre les maladies
infectieuses. Lentement, la notion
d’hygiène s’ancre dans les esprits,
grâce notamment à son introduc-
tion dans les écoles. Mais il faut
lutter encore et toujours contre
les croyances et les habitudes,
l’idée du “propre et du sale”...
Si les fléaux d’antan semblent
éradiqués, ils resurgissent ça et là,
principalement dans les régions
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
sous-développées. Place aux
fléaux modernes et aux bactéries
résistantes.
Des progrès restent à faire
Certes, les progrès en biologie
ont permis de démonter les mé-
canismes de contaminations, d’in-
fections... Selon les pays, les habi-
tudes varient, mais l’hygiène
s’impose doucement. Cependant,
il semble encore aujourd’hui que
des progrès restent à faire : d’après
certaines enquêtes, le lavage des
mains au sortir des toilettes ne
semble pas toujours aller de soi
dans nos pays “évolués”. Et la
découverte des antibiotiques a
révélé un effet pervers. Si les
mesures d’hygiène ont permis de
circonscrire de terribles maladies
comme la syphilis, la peste, le
choléra ou la tuberculose, l’épo-
que moderne voit resurgir d’an-
ciens fléaux (la tuberculose) ou
en apparaître de nouveaux (sida,
sras...). Une hygiène nouvelle ou
renouvelée reste donc à inventer
pour le XXIesiècle.
Tous les micro-organismes
ne sont pas “mauvais”
Il serait inexact de considérer que
tous les virus, bactéries et champi-
gnons sont des micro-organismes
agressifs et invasifs pour le corps
humain. En fait, le corps humain
est normalement colonisé par un
grand nombre de germes qui
constituent la “flore commensale”.
L’hygiène corporelle doit donc être
une hygiène équilibrée.
Infos ...
Des chiffres
éloquents :
– 90 % des Français
ne se lavent pas les
mains avant de
prendre un repas,
les toilettes étant
surtout utilisées
après les repas.
– 25 % des Français
ne se lavent les mains
qu’à l’eau claire,
sans savon.
– 34 % des Français
ne se sèchent pas
les mains après
les avoir lavées.
– 25 % des individus
sont porteurs de la
bactérie Escherichia
coli sur leurs mains en
sortant des toilettes,
alors qu’ils n’étaient
que 4 % en y entrant.
Source : “études
menées par des chaînes
de restauration rapide”.
DOSSIER
22
>>
>> DOSSIER
© Fournier-Garo/Phanie
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
Un grand nombre de micro-orga-
nismes pathogènes impliqués
dans les problèmes d’hygiène
corporelle sont actuellement iden
-
tifiés. Ce sont principalement : des
bactéries (entérobactéries, staphy
-
locoques, corynébactéries, pro-
pionibactéries...), des champi-
gnons
(Malassezia furfur, Candida
albicans...)
, des virus (Herpès sim
-
plex virus, Papillomavirus...) et des
parasites (poux, acariens...).
Ces micro-organismes constituent
les deux grandes flores qui se
retrouvent à la surface du corps :
– la flore résidente, composée en
majorité de bactéries, se déve-
loppe dans les plis de la peau, les
conduits des follicules pilo-sébacés
et sur les muqueuses. Elle est
habituellement non pathogène,
et même parfois bénéfique ;
la flore transitoire, provenant
des personnes et des objets envi-
ronnants ou du tube digestif, peut
se révéler pathogène.
Une hygiène corporelle adéquate
permet de limiter l’expansion de
la flore de transition et de réduire
ainsi les risques de contamina-
tion, tandis que la flore résidente
se reconstitue rapidement.
Personnes à risque
Il convient de redoubler d’atten-
tion envers les populations dites
“à risque”, pour lesquelles une
banale contamination peut tour-
ner au drame. Il s’agit des bébés
(le nouveau-né est d’une sensibi-
lité toute particulière aux infec-
tions), des femmes enceintes (les
précautions élémentaires consis-
tent à avoir une bonne hygiène
corporelle et alimentaire), des
personnes âgées ou malades
(phénomènes d’immunodépres-
sion et d’immunosuppression).
Deux cibles sont incontournables ;
ce sont la peau et les muqueuses,
réservoirs divers et variés de mi-
crobes en tous genres.
La peau
La peau est le meilleur rempart
du corps contre les agressions
extérieures. Elle joue un rôle de
barrière vis-à-vis des modifica-
tions chimiques, physiques et
microbiologiques du milieu. Elle
est le siège d’un écosystème
microbien riche et varié qui joue
un rôle essentiel dans l’équilibre
de l’organisme. Les zones sèches
de la peau sont peu colonisées
par les microbes, contrairement
aux zones humides (de 100 à
108 bactéries/cm2). Les mains et
les ongles sont les cibles privilé-
giées de la contamination micro-
bienne, de par leur évidente
exposition.
Les mains accueillent de fait un
nombre considérable de micro-
organismes potentiellement pa-
tho
gènes, venus de l’extérieur ou
d’autres zones du corps, par
contact direct ou croisé, ou encore
par contamination aéroportée. Le
grand danger réside dans la facilité
avec laquelle elles vont les véhicu-
ler et contaminer tout ce qu’elles
vont toucher par la suite. Ce sont
les infections manuportées. C’est
pourquoi le lavage des mains est
primordial, et encore plus en mi-
lieu hospitalier, pour minimiser le
risque d’infection nosocomiale,
mais
aussi pour éviter toute toxi-
infection alimentaire par exemple.
Les autres zones de la peau sont
plus ou moins sensibles à la conta-
mination et au développement mi-
crobien, en fonction de leur locali-
sation et des conditions qui y
règnent (endroits humides, tels les
espaces interdigitaux des orteils,
l’aine et les aisselles, ainsi que les
autres régions pileuses, où les mi-
crobes trouvent un milieu forte-
ment nutritif, composé de sueur,
de sébum et de débris cellulaires).
Seuls le passage par les muqueu-
ses ou les lésions accidentelles,
fréquentes pendant l’enfance,
permettent aux microbes de pé-
nétrer dans l’organisme. Toute
lésion cutanée, même minime,
entraîne en effet une brèche dans
les défenses antimicrobiennes de
la peau. La flore transitoire et
même la flore commensale peu-
vent alors se révéler pathogènes.
Les tatouages et plus encore les
piercings, dont ceux aux oreilles,
sont des sites susceptibles d’être
colonisés et de s’infecter. Les soi-
gnants ne doivent pas oublier que
les bijoux présentent à leur sur-
face ou au niveau de la zone de
peau qu’ils occultent un milieu
potentiel important de culture
bactérienne.
Les muqueuses
Les muqueuses, qui regroupent
les membranes, tapissant les cavi-
tés de l’organisme, sont en per-
manence humectées de mucus.
Leur composition, leur tempéra-
ture, leurs sécrétions et leur pH
sont variables en fonction de leur
localisation (bouche, nez, yeux,
sexe…). Mais toutes représentent
un fort point d’ancrage des
microbes sur l’organisme.
La bouche est particulièrement
exposée en matière de contami-
nation des muqueuses. On y
trouve plus d’une centaine d’es-
pèces microbiennes différentes.
Une bonne hygiène buccale limi-
tera la formation de plaque et les
problèmes gingivaux, et, par la
même occasion, les problèmes
bucco-dentaires. Elle limitera
aussi
la contamination aéropor-
tée dont on fait profiter l’entou-
rage par le biais de la toux et
des éternuements lorsque l’on
ne place pas sa main devant sa
bouche.
Les muqueuses nasales sont une
pierre d’angle de la contamination
par le mucus. Filtre à air de l’orga-
nisme, elles sont d’une efficacité
redoutable et récupèrent les hôtes
indésirables dans le mucus qui les
tapissent. Plus que le risque infec-
tieux local, la transmission des
>>
>> DOSSIER
HYGIÈNE
23
© Burger-HIA Percy/Phanie
Grands brulés
germes, via les mains ou l’éternue-
ment, est donc à redou
ter, surtout
quand on sait que 80 % des virus
sont portés par les sécrétions
nasales passées sur les mains, et
qu’ils se réactivent après environ
6 heures. On trouve
pêle-mêle
tous les microbes en suspension
dans l’air, qu’ils proviennent de
projections humaines ou animales.
La muqueuse oculaire est, quant
à elle, protégée par les subs-
tances (lysozyme, immunoglobu-
lines...) contenues dans les lar-
mes, mais représente une porte
d’entrée potentielle pour les mi-
crobes. On évitera donc d’irriter
l’œil, en particulier pour les por-
teurs de lentilles de contact.
Le périnée est une zone sensible,
principalement chez la femme,
du fait de la conformation anato-
mique de la muqueuse et de la
proximité de la zone anale.
L’hygiène alimentaire
Aujourd’hui, la notion d’hygiène
s’est élargie. C’est un comporte-
ment sain en toutes circons-
tances. C’est pourquoi il convient
aussi d’avoir une alimentation
équilibrée, un rythme de vie régu-
lier, de bonnes phases de som-
meil et d’éviter l’abus de tabac,
d’alcool et autres drogues.
L’hygiène alimentaire est réguliè-
rement invoquée et souvent mise
en cause dans le contexte d’intoxi-
cations alimentaires, lesquelles
sont en constante augmentation
depuis une vingtaine d’années.
Cette augmentation est le fait :
d’une meilleure détection des
contaminations par les bactéries,
d’une plus grande quantité
du produit concerné, liée à l’in-
dustrialisation de la production
agro-alimentaire et à la centralisa-
tion des systèmes de distribution,
d’une hygiène insuffisamment
contrôlée aux différents niveaux
de la chaîne alimentaire.
Le risque pour le consommateur
demeure faible, mais serait encore
largement diminué par l’applica-
tion de règles d’hygiène simples
et efficaces.
Les aliments à risque
Certains aliments sont plus à risque
que d’autres. Dans les causes de
contamination, on retrouve princi-
palement : les œufs et les produits
dérivés (environ un tiers des
causes d’intoxication), les volailles
(tout particulièrement le poulet),
les aliments consommés crus (pré-
parations à base de poissons crus).
Une cuisson adéquate des aliments
doit accompagner une hygiène
rigoureuse afin de ne pas contami-
ner d’autres aliments qui, eux, ne
seront pas soumis à la cuisson.
La prévention des intoxications
passe par des mesures simples :
le poisson doit être soit cuit à
70 °C, soit congelé pendant
quelques jours à – 20 °C avant
une consommation crue.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
Pour la viande hachée, la contami-
nation est redistribuée au centre, et
seule une cuisson à cœur permet
l’élimination des bactéries. Par
ailleurs, dans le cas de la viande
hachée surgelée, il faut rappeler
que la cuisson doit être effectuée
sans décongélation préalable, qui
augmente le risque de multiplica-
tion bactérienne dans l’aliment.
Les fruits et les légumes sont rare-
ment la cause d’intoxications. Le
risque principal provient de la conta-
mination par un agent pathogène
extérieur, soit au moment de la cul-
ture, soit lors de leur manipulation.
Les micro-organismes
pathogènes dans l’aliment
On trouve une incroyable variété
de micro-organismes sur et dans la
nourriture. L’OMS a dénombré plus
de 250 types d’infections alimen-
taires. Deux types de bactéries ont
souvent été mentionnés dans les
cas les plus récents, à savoir les
salmonelles et les listeria.
Les salmonelles sont très large-
ment répandues dans la nature et,
même si leur présence s’étend à
tout le règne animal, elles concer-
nent particulièrement les popula-
tions avicoles. Elles sont présentes
dans le tube digestif de l’homme et
des animaux. Ces bactéries patho-
gènes spécifiques provoquent des
maladies à la suite de l’absorption
d’eau ou d’aliments contaminés
par des excréments (contamina-
tion de type féco-orale). Les salmo-
nelles sont une cause majeure de
mortalité infantile dans les pays en
voie de développement et consti-
Infos ...
Intégrer l’hygiène
La perception
de l’hygiène,
de ses applications
et des procédés
à employer
est extrêmement
variable d’un
individu à l’autre.
Il s’avère donc
primordial
d’instaurer
une certaine
uniformisation
de l’information sur
les comportements
à tenir pour intégrer
les notions
d’hygiène corporelle
dans un cycle
plus vaste
d’hygiène
de vie générale.
DOSSIER
24
>>
>> DOSSIER
L’hygiène des mains
Une bonne séquence doit com-
porter :
retrait des bagues et bijoux ;
– mouillage des mains avec de
l’eau tiède ;
lavage actif dans tous les
recoins et sous les ongles avec
un produit détergent du type
savon, pendant plus de trente
secondes. Il est important de
bien faire mousser pour décoller
les microbes ;
rinçage des mains ;
– essuyage des mains avec un
tissu propre.
Pour que les ongles aient le plus
de chances de rester propres,
ils est préférable qu’ils soient
courts, mais pas ras.
© Burger/Phanie
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
tuent un risque permanent dans
les pays industrialisés.
Le plus souvent, les salmonelles
entraînent des toxi-infections ali-
mentaires consécutives à l’absorp-
tion d’aliments contaminés (œufs
crus ou insuffisamment cuits,
mayonnaise, pâtisseries à la crème,
pâtés, viandes). L’ingestion de sal-
monelles ayant proliféré dans un ali-
ment peut entraîner une colonisa-
tion de la muqueuse intestinale
lorsque l’inoculum dépasse les
capacités de défense du tube diges-
tif, correspondant à une dose mini-
male infectante. Les signes de
contamination sont le plus souvent
des vomissements et des diarrhées,
qui rétrocèdent habituellement en 2
à 5 jours. Par contre, chez le nourris-
son, l’immunodéprimé ou le
vieillard, l’infection peut prendre un
aspect beaucoup plus sévère.
Les Listeria monocytogenes des
bactéries telluriques, sont très
répandues dans l’environnement
(sol, végétaux, eaux douces et
salées) et particulièrement résis-
tantes au milieu extérieur (plusieurs
années à 4 °C). Dans les ali
ments,
les Listeria monocytogenes
sont fré-
quentes dans les produits laitiers,
souvent fortement contaminés : lait
cru (45 % de contamination), fro-
mages (tant au lait cru qu’au lait
pasteurisé). La pasteurisation cor-
rectement réalisée détruit les liste-
ria. La contamination après pasteuri-
sation est imputable au défaut
d’hygiène lors de l’affinage. On
retrouve également les Listeria
monocytogenes dans les produits
carnés (contamination de 41 % des
viandes hachées surgelées, 32 %
des produits de charcuterie crue,
60 % des poissons fumés). Ces
bactéries se développent à une
température inférieure à 4 °C, d’où
les problèmes pour la conservation
prolongée des produits alimen-
taires. La survenue d’une infection à
la listeria semble dépendre de l’as-
sociation de différents facteurs :
une virulence particulière de cer-
taines souches, une contamination
par un inoculum massif, l’état
immunitaire de l’hôte. La porte
d’entrée est digestive.
La listériose est une maladie com-
mune à l’homme et à l’animal et
atteint principalement :
– les femmes enceintes. Elle est
bénigne pour la mère, mais pro-
voque avortements et accouche-
ments prématurés d’enfants in-
fectés souffrant de septicémie
précoce ;
les personnes âgées et les
immunodéprimés. Le taux de lis-
tériose chez ces malades est de
300 fois supérieur à celui de la
population normale.
Le rôle bénéfique de certaines
bactéries
Cependant, certaines bactéries
ont un rôle tout à fait bénéfique
dans le domaine alimentaire.
Pasteur, au cours de ses travaux
sur la fermentation, montre que
les responsables en sont des
micro-organismes. Il prouve petit
à petit que le lait, le jus de raisin,
la farine hydratée ne fermentent
que s’ils ont été en contact avec
des micro-organismes véhiculés
par l’air. En l’absence d’oxygène,
pour se nourrir, ceux-ci décompo-
sent ou “dégradent” partiellement
les molécules organiques, dont la
plus fréquente est le glucose. La
fermentation est donc une dégra-
dation partielle, et le produit res-
tant (alcool éthylique, acide lac-
tique…) transforme le goût et la
texture de l’aliment.
Dès 1908, les microbiologistes
reconnaissent les bienfaits des bac-
téries lactiques. De tous les aliments
fermentés, le yaourt est le plus
simple. À titre d’exemple le roque-
fort se fabrique à partir de lait de
brebis que l’on porte à une tempé-
rature de 32 °C et que l’on mélange
à de la présure, mélange de deux
enzymes, dont la pepsine. Celle-ci,
présente naturellement dans l’esto-
mac du jeune veau, permet de
transformer le lait dont celui-ci se
nourrit, afin qu’il puisse le digérer.
Pendant cette étape, on ajoute au
lait un champignon microscopique,
Penicillium roqueforti, qui appartient
au groupe des moisissures. Le fro-
mage est ensuite égoutté puis affiné
dans des caves. Ces caves consti-
tuent un microclimat idéal au déve-
loppement de ce champignon :
température constante de 8 °C et
taux d’humidité élevé.
Quant aux levures, leurs propriétés
reposent sur le phénomène naturel
de la fermentation, découvert et
utilisé dès l’Antiquité. Mais c’est
entre 1857 et 1863 que Louis
Pasteur – encore lui démontre le
rôle de la levure en tant que micro-
organisme responsable de la fer-
mentation. La levure du boulanger
est un champignon microscopique,
Saccharomyces cerevisiae
, que l’on
utilise principalement dans la fabri-
cation du pain, alors que la “levure
chimique”, le plus souvent à base
d’un dérivé de carbonate de
sodium, n’a rien à voir avec une
fermentation et ne fait pas interve-
nir de micro-organismes.
À tous les niveaux de la chaîne ali-
mentaire, un contrôle des plus rigou-
reux doit être effectué pour réduire
les risques de contamination. La
directive européenne 93/ 43,
concernant “l’hygiène des denrées
alimentaires”, établit la responsabilité
des industriels en ce qui concerne le
respect des principes généraux d’hy-
giène et l’obligation de réaliser des
autocontrôles au sein de leur entre-
prise. Responsable sur le plan juri-
dique de la qualité des aliments qu’il
met sur le marché, l’industriel doit
mettre en place des autocontrôles
fondés sur le principe de la méthode
HACCP (Hazard Analysis Critical
Control Points ou Analyse de danger
des points critiques). Cette méthode
consiste à déterminer, tout au long
de la chaîne de fabrication du pro-
duit, les étapes susceptibles de com-
porter un risque alimentaire (conta-
mination bactérienne, respect de la
chaîne du froid...) et à mettre en
place une procédure de contrôle de
ces étapes (vérifications de la tem-
pérature, du degré d’humidité, du
pH, analyses microbiennes...). La fai-
blesse d’un seul des maillons de la
chaîne de transformation peut suffire
à rendre défectueux l’ensemble de
celle-ci.
ALP
Source : Institut Pasteur
Ministère de la Santé
>> DOSSIER
HYGIÈNE
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