Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
tuent un risque permanent dans
les pays industrialisés.
Le plus souvent, les salmonelles
entraînent des toxi-infections ali-
mentaires consécutives à l’absorp-
tion d’aliments contaminés (œufs
crus ou insuffisamment cuits,
mayonnaise, pâtisseries à la crème,
pâtés, viandes). L’ingestion de sal-
monelles ayant proliféré dans un ali-
ment peut entraîner une colonisa-
tion de la muqueuse intestinale
lorsque l’inoculum dépasse les
capacités de défense du tube diges-
tif, correspondant à une dose mini-
male infectante. Les signes de
contamination sont le plus souvent
des vomissements et des diarrhées,
qui rétrocèdent habituellement en 2
à 5 jours. Par contre, chez le nourris-
son, l’immunodéprimé ou le
vieillard, l’infection peut prendre un
aspect beaucoup plus sévère.
Les Listeria monocytogenes des
bactéries telluriques, sont très
répandues dans l’environnement
(sol, végétaux, eaux douces et
salées) et particulièrement résis-
tantes au milieu extérieur (plusieurs
années à 4 °C). Dans les ali
ments,
les Listeria monocytogenes
sont fré-
quentes dans les produits laitiers,
souvent fortement contaminés : lait
cru (45 % de contamination), fro-
mages (tant au lait cru qu’au lait
pasteurisé). La pasteurisation cor-
rectement réalisée détruit les liste-
ria. La contamination après pasteuri-
sation est imputable au défaut
d’hygiène lors de l’affinage. On
retrouve également les Listeria
monocytogenes dans les produits
carnés (contamination de 41 % des
viandes hachées surgelées, 32 %
des produits de charcuterie crue,
60 % des poissons fumés). Ces
bactéries se développent à une
température inférieure à 4 °C, d’où
les problèmes pour la conservation
prolongée des produits alimen-
taires. La survenue d’une infection à
la listeria semble dépendre de l’as-
sociation de différents facteurs :
une virulence particulière de cer-
taines souches, une contamination
par un inoculum massif, l’état
immunitaire de l’hôte. La porte
d’entrée est digestive.
La listériose est une maladie com-
mune à l’homme et à l’animal et
atteint principalement :
– les femmes enceintes. Elle est
bénigne pour la mère, mais pro-
voque avortements et accouche-
ments prématurés d’enfants in-
fectés souffrant de septicémie
précoce ;
– les personnes âgées et les
immunodéprimés. Le taux de lis-
tériose chez ces malades est de
300 fois supérieur à celui de la
population normale.
Le rôle bénéfique de certaines
bactéries
Cependant, certaines bactéries
ont un rôle tout à fait bénéfique
dans le domaine alimentaire.
Pasteur, au cours de ses travaux
sur la fermentation, montre que
les responsables en sont des
micro-organismes. Il prouve petit
à petit que le lait, le jus de raisin,
la farine hydratée ne fermentent
que s’ils ont été en contact avec
des micro-organismes véhiculés
par l’air. En l’absence d’oxygène,
pour se nourrir, ceux-ci décompo-
sent ou “dégradent” partiellement
les molécules organiques, dont la
plus fréquente est le glucose. La
fermentation est donc une dégra-
dation partielle, et le produit res-
tant (alcool éthylique, acide lac-
tique…) transforme le goût et la
texture de l’aliment.
Dès 1908, les microbiologistes
reconnaissent les bienfaits des bac-
téries lactiques. De tous les aliments
fermentés, le yaourt est le plus
simple. À titre d’exemple le roque-
fort se fabrique à partir de lait de
brebis que l’on porte à une tempé-
rature de 32 °C et que l’on mélange
à de la présure, mélange de deux
enzymes, dont la pepsine. Celle-ci,
présente naturellement dans l’esto-
mac du jeune veau, permet de
transformer le lait dont celui-ci se
nourrit, afin qu’il puisse le digérer.
Pendant cette étape, on ajoute au
lait un champignon microscopique,
Penicillium roqueforti, qui appartient
au groupe des moisissures. Le fro-
mage est ensuite égoutté puis affiné
dans des caves. Ces caves consti-
tuent un microclimat idéal au déve-
loppement de ce champignon :
température constante de 8 °C et
taux d’humidité élevé.
Quant aux levures, leurs propriétés
reposent sur le phénomène naturel
de la fermentation, découvert et
utilisé dès l’Antiquité. Mais c’est
entre 1857 et 1863 que Louis
Pasteur – encore lui – démontre le
rôle de la levure en tant que micro-
organisme responsable de la fer-
mentation. La levure du boulanger
est un champignon microscopique,
Saccharomyces cerevisiae
, que l’on
utilise principalement dans la fabri-
cation du pain, alors que la “levure
chimique”, le plus souvent à base
d’un dérivé de carbonate de
sodium, n’a rien à voir avec une
fermentation et ne fait pas interve-
nir de micro-organismes.
À tous les niveaux de la chaîne ali-
mentaire, un contrôle des plus rigou-
reux doit être effectué pour réduire
les risques de contamination. La
directive européenne 93/ 43,
concernant “l’hygiène des denrées
alimentaires”, établit la responsabilité
des industriels en ce qui concerne le
respect des principes généraux d’hy-
giène et l’obligation de réaliser des
autocontrôles au sein de leur entre-
prise. Responsable sur le plan juri-
dique de la qualité des aliments qu’il
met sur le marché, l’industriel doit
mettre en place des autocontrôles
fondés sur le principe de la méthode
HACCP (Hazard Analysis Critical
Control Points ou Analyse de danger
des points critiques). Cette méthode
consiste à déterminer, tout au long
de la chaîne de fabrication du pro-
duit, les étapes susceptibles de com-
porter un risque alimentaire (conta-
mination bactérienne, respect de la
chaîne du froid...) et à mettre en
place une procédure de contrôle de
ces étapes (vérifications de la tem-
pérature, du degré d’humidité, du
pH, analyses microbiennes...). La fai-
blesse d’un seul des maillons de la
chaîne de transformation peut suffire
à rendre défectueux l’ensemble de
celle-ci.
ALP
Source : Institut Pasteur
Ministère de la Santé
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